Le réflexe antifasciste. Les comités de lutte contre le fascisme et la guerre dans le Loiret (1934-1936) - article ; n°1 ; vol.58, pg 55-69
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Le réflexe antifasciste. Les comités de lutte contre le fascisme et la guerre dans le Loiret (1934-1936) - article ; n°1 ; vol.58, pg 55-69

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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1998 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 55-69
The Anti-fascist Reflex. The Anti-fascist and Anti-war Committees in the Loiret (1934 - 1936), François Marlin.
In the Loiret, a French département (administrative division) with a radical leaning, an incredibly vital anti-fascist Committee was set up following February 6, 1934. Directed by communists, it nevertheless included many socialists and radicals. It managed to inaugurate a Popular Front in the rank and file in 1935 before falling victim to the divisions that occurred within the Rassemblement populaire after the 1936 electoral victory.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Marlin
Le réflexe antifasciste. Les comités de lutte contre le fascisme et
la guerre dans le Loiret (1934-1936)
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°58, avril-juin 1998. pp. 55-69.
Abstract
The Anti-fascist Reflex. The Anti-fascist and Anti-war Committees in the Loiret (1934 - 1936), François Marlin.
In the Loiret, a French département (administrative division) with a radical leaning, an incredibly vital anti-fascist Committee was
set up following February 6, 1934. Directed by communists, it nevertheless included many socialists and radicals. It managed to
inaugurate a "Popular Front" in the rank and file in 1935 before falling victim to the divisions that occurred within the
Rassemblement populaire after the 1936 electoral victory.
Citer ce document / Cite this document :
Marlin François. Le réflexe antifasciste. Les comités de lutte contre le fascisme et la guerre dans le Loiret (1934-1936). In:
Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°58, avril-juin 1998. pp. 55-69.
doi : 10.3406/xxs.1998.3744
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1998_num_58_1_3744:
LE REFLEXE ANTIFASCISTE
LES COMITÉS DE LUTTE CONTRE LE FASCISME
ET LA GUERRE DANS LE LOIRET (1934-1936)
François Marlin
Comment le département du Loiret, qui dépassa même parfois les objectifs
symbole de la France tranquille du déclarés des dirigeants nationaux du mou
radicalisme, a-t-il pu devenir l'un des vement.
laboratoires de pointe de l'antifascisme
rassembleur et militant ? François Marl O UN DÉPARTEMENT RADICAL in nous montre ici, par le menu, tous
les épisodes de cette période qui, du Durant l'entre-deux-guerres, le Loiret ne
6 février 1934 au Front populaire, fut fut en rien une terre de recrutement pri
si décisive pour l'histoire de la gauche vilégiée pour les groupements d'extrême
et de ses malentendus. gauche en général et communistes ou
communisants en particulier. Le départe
Au début de l'année 1936, le Comité ment demeurait essentiellement rural en
antifasciste du Loiret était, avec envi 1931, 64,1 % de sa population vivait dans
ron 6000 adhérents, la première des communes de moins de 2 000 habit
organisation politique du département, et ants, une seule ville dépassait 50 000 habit
aussi l'une des plus influentes. En février, ants, Orléans (7l6l6 habitants), une autre
un délégué du Comité national Amsterdam- 10 000 habitants, Montargis (12 859). L'agri
Pleyel, auquel le comité départemental était culture demeurait le secteur d'activité domin
affilié, le salua comme «l'un des plus ant, occupant 44,5 % de la population
beaux et des plus actifs qui existent» en active, alors que les industries de transfo
France. rmation n'en employaient que 26,1 %.
Si l'on considère Amsterdam-Pleyel Dans ce département représentatif d'une
comme une organisation inféodée au Parti France «moyenne», la vie politique était, à
communiste, chargée uniquement de mett gauche, largement dominée par le Parti
re en œuvre la tactique du «front commun radical. Le Parti communiste regroupait au
à la base», ce succès du mouvement anti début des années 1930 moins de 200 adhér
fasciste auprès d'une population connue ents selon nos estimations, et les candidats
pour sa prudence en matière politique a communistes obtinrent des résultats déce
de quoi surprendre. Mais l'exemple du Loi vants lors des élections législatives de 1932 :
ret semble montrer qu 'Amsterdam-Pleyel de 3 à 7,6 % par rapport aux inscrits selon
recouvrit une réalité beaucoup plus les circonscriptions pour une moyenne de
4,5 %. Les «couronnes extérieures» du parti complexe qu'on ne le dit souvent, réalité :
FRANÇOIS MARLIN
était un « radical d'extrême gauche » ; le (ARAC, Secours rouge international, Asso
ciation des Amis de l'URSS) ne rencont «Jeune-Turc » Jean Zay surtout vit ses posi
raient aucun succès, les réunions qu'elles tions renforcées après son élection comme
organisaient n'attiraient que quelques dizai député d'Orléans en 1932. Presque tous
nes d'auditeurs à Orléans. les dirigeants radicaux du Loiret affirmaient
Le Parti socialiste-SFIO connut une leur préférence pour l'Union des Gauches,
période plus heureuse, puisqu'il parvint à l'alliance avec les socialistes. Cela se jus
faire élire à la deputation l'un de ses memb tifiait du point de vue tactique, les candi
res en 1924, 1928 et 1932. Mais les appa dats radicaux ayant parfois besoin des voix
rences étaient trompeuses : les socialistes ne socialistes pour «triompher de la Réaction».
devaient ce succès qu'à la bonne volonté Mais l'orientation de la Fédération radicale
radicale. Eugène Frot fut élu la première paraissait aussi correspondre aux souhaits
fois sur une liste de Cartel puis réélu à de la majorité des sympathisants et élec
Montargis en tant que « candidat unique des teurs radicaux d'un département où le cl
Républicains», dans une circonscription où ivage droite-gauche demeurait une réalité.
la supériorité radicale ne pouvait être mise
en doute. Dans l'ensemble du département, O LE TRAUMATISME DU 6 FÉVRIER
la SFIO ne comptait alors aucun élu can
tonal et ne contrôlait aucun conseil munic Dans ce département où les radicaux se
ipal! Déjà peu importante au début des définissaient comme les républicains, sou
années 1930, la Fédération socialiste du Loi cieux de défendre les institutions, la laïcité,
ret connut en outre une grave crise en 1932- la paix face à une «réaction nationaliste et
1933- Eugène Frot, suivi par la plupart des cléricale», les événements du 6 février 1934
responsables locaux, abandonna la SFIO. causèrent un véritable traumatisme. C'est à
Ne demeurèrent fidèles au parti de Montargis que l'émotion fut la plus grande:
Léon Blum que quelques dizaines de mili le ministre de l'Intérieur du gouvernement
tants vraiment actifs, pour la plupart favo Daladier, accusé d'avoir ordonné la fusil
rables aux tendances d'extrême gauche. lade, n'était autre qu'Eugène Frot, le député
Le Loiret était depuis la fin du 19e siècle du lieu. Les Montargois en étaient sûrs, les
un fief du Parti radical. Sur le plan électoral, «fascistes» parisiens allaient organiser une
sa domination était des plus nettes : en expédition pour s'en prendre à celui que
1932, étaient radicaux 3 députés du Loiret les «républicains» qualifiaient alors de «sau
sur 5, 3 sénateurs sur 3, 23 conseillers veur de la République». Le dimanche 11 fé
généraux sur 31... Dans certaines régions vrier, la psychose s'était installée, ainsi que
du département, l'hégémonie radicale était l'avoua l'hebdomadaire radical Le Gâti-
totale ; dans d'autres, et à Orléans en par nais 1
ticulier, les radicaux voyaient leurs posi
«...La fièvre, par degrés, s'accentua. On ne tions contestées par la droite. mangeait guère, on dormait encore plus mal.
La doctrine radicale traditionnelle avait L'effervescence s'emparait des plus timorés ...
de quoi séduire un électorat largement Des commerçants ne nous celèrent point qu'ils
composé de «petits» cultivateurs, de «petits» se hâteraient de mettre leurs volets et de quitter
Montargis où ne se présageait rien de bon ... commerçants, de «petits» artisans, de «pet
Dans un quartier que nous ne désignerons pas its» patrons. Mais depuis le début des
plus particulièrement, on tenait en réserve pics, années 1920, la Fédération radicale du Loi pioches et scies passe-partout. Si les Camelots
ret se situait nettement à la gauche du parti. viennent par la route, disait-on, on leur fera
Cette tendance pouvait s'expliquer par un beau barrage...».
l'influence personnelle de quelques hom
mes : Pierre Dézarnaulds, député de Gien, 1. Le Gâtinais, 17 février 1934.
56 LE REFLEXE ANTIFASCISTE
Dans le reste du département, la tension membre au même titre que ceux que l'on
demeura moindre. Mais l'émotion n'en était allait s'employer à former dans les autres
pas moins immense. Il fallut attendre la communes du département2.
fin du mois d'avril pour que les autorités La propagande effectu&

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