Le Saint-Siège, l Église orthodoxe et la Russie soviétique. Entre mission et diplomatie - article ; n°1 ; vol.105, pg 267-297
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1993 - Volume 105 - Numéro 1 - Pages 267-297
Giuseppe M. Croce, Le Saint-Siège, l'Église orthodoxe et la Russie soviétique. Entre mission et diplomatie, p. 267-297'. Au lendemain de la Révolution bolchevique le Saint-Siège essaie de tirer profit de la chute de l'autocratie tsariste et de la faiblesse de l'Église orthodoxe pour réorganiser les structures du catholicisme et tenter une implantation «missionnaire» en Russie. En dépit des difficultés liées à l'énorme désarroi moral et économique de l'ancien empire, ainsi qu'aux méfiances de la plupart des puissances occidentales, et à la réaction des milieux de l'émigration russe, la diplomatie vaticane ne renoncera pas aux tentatives de nouer des relations avec le gouvernement soviétique. Les deux épisodes les plus importants de cette politique pontificale, éclairés ici grâce à de nouveaux documents, sont la mission vaticane de secours à la Russie affamée, et les contacts de mgr Pizzardo, pendant la (v. au verso) Conférence internationale de Gênes, avec Lloyd George, Barthou, d'autres hommes politiques européens, et Tchitchérine, plénipotentiaire soviétique.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Giuseppe Maria Croce
Le Saint-Siège, l'Église orthodoxe et la Russie soviétique. Entre
mission et diplomatie
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 105, N°1. 1993. pp. 267-297.
Résumé
Giuseppe M. Croce, Le Saint-Siège, l'Église orthodoxe et la Russie soviétique. Entre mission et diplomatie, p. 267-297'.
Au lendemain de la Révolution bolchevique le Saint-Siège essaie de tirer profit de la chute de l'autocratie tsariste et de la
faiblesse de l'Église orthodoxe pour réorganiser les structures du catholicisme et tenter une implantation «missionnaire» en
Russie. En dépit des difficultés liées à l'énorme désarroi moral et économique de l'ancien empire, ainsi qu'aux méfiances de la
plupart des puissances occidentales, et à la réaction des milieux de l'émigration russe, la diplomatie vaticane ne renoncera pas
aux tentatives de nouer des relations avec le gouvernement soviétique.
Les deux épisodes les plus importants de cette politique pontificale, éclairés ici grâce à de nouveaux documents, sont la mission
vaticane de secours à la Russie affamée, et les contacts de mgr Pizzardo, pendant la
(v. au verso) Conférence internationale de Gênes, avec Lloyd George, Barthou, d'autres hommes politiques européens, et
Tchitchérine, plénipotentiaire soviétique.
Citer ce document / Cite this document :
Croce Giuseppe Maria. Le Saint-Siège, l'Église orthodoxe et la Russie soviétique. Entre mission et diplomatie. In: Mélanges de
l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 105, N°1. 1993. pp. 267-297.
doi : 10.3406/mefr.1993.4256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1993_num_105_1_4256GIUSEPPE M. CROCE
LE SAINT-SIÈGE, L'ÉGLISE ORTHODOXE
ET LA RUSSIE SOVIÉTIQUE
ENTRE MISSION ET DIPLOMATIE (1917-1922)*
à Olivier Clément
La nouvelle de la déchéance de la monarchie tsariste, en février 1917,
fut accueillie par le Vatican sans aucun déplaisir1, et cela pour deux raisons
évidentes, l'une ancienne et l'autre plutôt récente.
Tout d'abord la Cour pontificale n'avait point oublié que le régime auto
cratique était le principal responsable de la situation difficile de la majorité
des fidèles de l'Église romaine dans l'immense empire russe2. En second lieu,
avec la chute des Romanov prenaient fin les ambitions de la Russie d'ac
croître son influence en Palestine, aux dépens des intérêts catholiques3, et,
surtout, de s'installer à Constantinople, substituant la croix orthodoxe au
croissant turc sur le dôme de l'ancienne basilique de Sainte-Sophie. Le rêve
* Abréviations : AAEESS : Archives de la Congrégation des affaires ecclésias
tiques extraordinaires; AMAE : Archives du Ministère des affaires étrangères (Paris);
ASMAE : Archivio storico del Ministero degli affari esteri (Rome); ASV : Archivio se
greto Vaticano; Nunz. : Nunziatura; Pos. et min. : Positiones et minutae; r. : rubri
ca : s : série; s.s. : sous-série; SS : Secrétairerie d'État (Segreteria di Stato).
1 Cf. R. Rémond, Les Églises et la politique extérieure, dans Opinion publique et
politique extérieure, Rome, 1984, p. 325; É. Fouilloux, Vatican et Russie soviétique
(1917-1939), dans Relations internationales, 27, 1981, p. 304; R. Morozzo Della
Rocca, Le Nazioni non muoiono. Russia rivoluzionaria, Polonia indipendente e Santa
Sede, Bologne, 1992, p. 13, 21.
2 Sur les conditions des catholiques romains dans la Russie des tsars, voir,
outre l'ouvrage vieilli, mais encore irremplacé, de A. Boudou, Le Saint-Siège et la
Russie. Leurs refations diplomatiques au XIXe siècle, I-II, Paris, 1922-1925, les nomb
reuses références de J. Hajjar, Le Vatican, la France et le catholicisme oriental
(1878-1914). Diplomatie et histoire de l'Église, Paris, 1979, p. 80-114, 327-348, ainsi
que de Morozzo Della Rocca, Le Nazioni, op. cit., p. 25-28.
3 Hajjar, Le Vatican, op. cit., p. 105-114; D. Hopwood, The Russian presence in
Syria and Palestine (1843-1914). Church and Politics in the Near East, Oxford, 1969.
MEFRIM - 105 - 1993 - 1, p. 267-297. 268 GIUSEPPE M. CROCE
séculaire russe était en effet devenu un véritable cauchemar pour le Vatican,
qui, en mars 1915, lorsque paraissait imminente l'occupation alliée de
Constantinople, pressentit le Gouvernement français pour qu'il s'efforce de
se faire assigner Sainte-Sophie, en la « rendant » au culte catholique de rite by
zantin, pour le cas où elle cesserait d'être une mosquée4. Une année plus tard,
en avril-mai 1916, le Saint-Siège - par le truchement du cardinal Hartmann,
archevêque de Cologne, et du prélat Marchetti Selvaggiani, chargé de mission
en Suisse - proposa au Kaiser Guillaume II d'intervenir pour renforcer la
place de Constantinople avec des troupes bulgares, ce qui permettrait à la
Turquie d'intensifier ses efforts militaires contre les Russes5.
4 Sur cette initiative vaticane, qui sera suivie par une autre tentative, avec des
objectifs analogues, en 1919, l'on peut voir G. M. Croce, La badia greca di Grottafer-
rata e la rivista «Roma e l'Oriente». Cattolicesimo e Ortodossia fra unionismo ed
ecumenismo (1799-1923), (Storia e attualità, XII/2), II, Cité du Vatican, 1990, p. 266-
282. Voir aussi Morozzo Della Rocca, Le Nazioni, op. cit., p. 41-43, E. Goldstein,
Holy Wisdom and British foreign policy, 1918-1922 : the St. Sophia redemption agita
tion, dans Byzantine and Modern Greek Studies, 15, 1991, p. 36-64, surtout p. 47-59.
5 Les buts et la portée de la démarche du Saint-Siège, dont l'essentiel a été pré
senté par Morozzo Della Rocca {Le Nazioni, op. cit., p. 43-45; Id., Benedetto XV e
Costantinopoli : fu vera neutralità?, dans Cristianesimo nella storia, 14, 1993, p. 375-
384), peuvent être cependant précisés et nuancés grâce à une documentation inédite
conservée aux archives de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordi
naires. Le secrétaire d'État, cardinal Gasparri, aurait décidé d'intervenir auprès du
Kaiser après avoir reçu de source sûre («da buona fonte») que la France et l'Angle
terre ne voyaient pas sans inquiétude une éventuelle occupation russe de Constanti
nople, et qu'elles étaient donc disposées à permettre l'envoi de troupes bulgares dans
la métropole turque, et à neutraliser une possibile opposition grecque. Le cardinal
supputait que le succès de cette manœuvre brouillerait les deux puissances occident
ales avec la Russie et entraînerait la fin de la guerre. Si Guillaume II entrait dans les
vues du Saint-Siège («conviene in tale proposito»), celui-ci se chargerait d'en aviser
le gouvernement français pour faire donner le feu vert à l'opération. Le Kaiser fit sa
voir au Vatican, par l'intermédiaire du cardinal Hartmann, son accord de principe,
tout en émettant des réserves sur l'accueil que les Turcs feraient à la proposition de
recevoir des garnisons bulgares dans leur capitale. Guillaume II craignait aussi un
piège de la part des Alliés dont il redoutait une offensive générale imminente. Le 8
mai, cependant, mgr Marchetti Selvaggiani recevait du secrétaire de Hartmann la ré
ponse du Kaiser qui avait consulté son État Major et qui déclarait : «Man hat die
freundlichen Mitteilungen mit dankbaren Interesse entgegen genommen. Es wird
jede Massnahme unterstützt werden, die, ohne die Interessen der eigenen Verbündet
en zu verletzen, geeignet ist, Russland's Hoffnungen auf Erfolge in Kleinasien zu
zerstören und damit das Ende des Krieges zu beschleunigen». Mais Gasparri, qui
entretemps avait probablement mesuré tous les risques de sa démarche, manifeste
ment en opposition avec la neutralité hautement annoncée par le Saint-Siège, et n'a
vait pas reçu de garanties suffisantes de la part des Alliés, décida de suspendre son
initiative. Cf. AAEESS Germania, 386, doss. «Costantinopoli ai Bulgari?»; ASV Arch. SAINT-SIÈGE, L'ÉGLISE ORTHODOXE ET LA RUSSIE SOVIÉTIQUE 269 LE
En juillet 1917, quelques mois après l'installation du gouvernement pro
visoire de Petrograd, qui s'était fait représenter au Vatican par un chargé d'af
faires, Alexandre Lyssakovsky6, eut lieu, dans l'une des salles du Palais Apost
olique, une réunion des cardinaux membres de la section orientale de «Pr
opaganda Fide» et de la Congrégation des affaires ecclésiastiques
extraordinaires7. Ce congrès d'éminentissimes cons

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