Le secteur privé dans l agriculture soviétique - article ; n°2 ; vol.4, pg 83-105
26 pages
Français

Le secteur privé dans l'agriculture soviétique - article ; n°2 ; vol.4, pg 83-105

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
26 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue de l'Est - Année 1973 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 83-105
of agricultural labour, except for some southern and southeastern regions, makes itself felt in both sectors.
In the long run, Soviet policy makers continue to envisage the withering away of the private sector. Contrary to their assertions, some pressure is still being applied to speed up tis process. But as such pressure is mild in comparison to that of Krushchev's time, and as economic factors make the private sector indispensable for some time to come, the withering away is not a prospect for the immediate future.
L'article décrit certains aspects fondamentaux du secteur privé dans l'agriculture et l'alimentation soviétiques. En valeur absolue, la production brute de ce secteur a augmenté de 17 °/o de 1964 à 1971 ; en quantités physiques, cependant, il convient de diminuer ce chiffre (on ignore de combien) pour tenir compte des accroissements de prix. La part du secteur privé dans l'ensemble de l'agriculture soviétique est tombée à 29% en raison d'une croissance plus élevée du secteur socialiste. Au total, la croissance du secteur privé a été moins importante que ne l'attendaient les planificateurs soviétiques.
On ne peut considérer que ces données sont exactes statistiquement étant donné les problèmes qui se posent pour les rassembler et les comparer, mais elles indiquent de manière correcte les tendances du développement. Les troupeaux privés ont augmenté lentement jusqu'en 1967 puis repris leur tendance à la baisse comme avant 1964. Ce sont surtout les animaux appartenant aux kolkhoziens qui ont été affectés par cette diminution et non ceux des autres propriétaires privés qui possèdent moins de bétail par famille. Ceci résulte de la diminution et du vieillissement de la population kolkhozienne pendant que les autres propriétaires privés, dont les travailleurs des sovkhoz, augmentaient en nombre. Un tableau identique se dégage en ce qui concerne l'agriculture privée. Les non-kolkhoziens fournissent aujourd'hui près de la moitié de la production privée totale. De ce fait, il n'est plus possible de se concentrer essentiellement sur les lopins individuels et les animaux possédés par les kolkhoziens quand on étudie le secteur privé dans l'agriculture soviétique.
Quant à l'influence du marché sur l'agriculture privée, on peut dire que 1/5 de sa production est vendue sur le marché. En réalité cette part n'est pas négligeable puisque les paysans ukrainiens n'en vendaient pas autant avant la collectivisation. En outre, le marché des produits alimentaires, ses prix et ses insuffisances, influencent les quantités que les ménages tendent à produire pour leur consommation propre.
L'interdépendance et la division du travail entre les secteurs privé et socialisé sont très importants et indispensables à l'un et l'autre. Cet aspect a souvent été négligé par les observateurs occidentaux — et, jusqu'à récemment — par les auteurs soviétiques également. Les producteurs privés vendent des quantités appréciables de lait et de bétail à l'Etat (essentiellement à travers les kolkhoz et les sovkhoz aidant ainsi ces derniers à réaliser leur plan de livraisons) et d'autres produits (œufs, pommes de terre) aux coopératives de consomation semi-étatiques. En retour, ils achètent à l'Etat et aux fermes collectives de jeunes animaux, notamment des cochons de lait et des agneaux, et reçoivent du secteur public les deux-tiers des aliments dont ils ont besoin pour les animaux sous forme de paiement en nature ou de droit de ramasser du foin et de faire paître leur animaux dans les prés de l'Etat.
Il y a aussi interdépendance en ce qui concerne la main-d'œuvre : si la main-d'œuvre agricole valide consacre un faible pourcentage de son temps de travail aux lopins privés, les personnes qui ne sont pas employées de manière permanente par le secteur étatique — encore qu'elles lui soient indispensables comme travailleurs saisonniers — trouvent une activité et des revenus dans le secteur agricole privé. Le revenu issu d'une heure de travail dans le secteur privé est à peu près égal à celui du secteur étatique; donc, il ne stimule pas les paysans à délaisser ce dernier secteur. Contrairement à ce qui a souvent été dit (mais la plupart des auteurs soviétiques compétents ne soutiennent plus cette opinion), la concurrence entre les deux secteurs est faible en ce qui concerne la main-d'œuvre. Cependant, le manque croissant de main-d'œuvre agricole, sauf dans certaines régions du Sud et du Sud-Est, se fait sentir dans les deux secteurs.
A long terme, les dirigeants soviétiques continuent à envisager la disparition du secteur privé. Contrairement à leurs affirmations, certaines pressions sont encore exercées pour accélérer ce processus. Mais ces pressions sont légères par rapport à celles de l'époque de KhruScev et le secteur privé reste indispensable économiquement pour les années qui viennent. De ce fait, sa disparition ne saurait survenir dans un futur proche.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Karl-Eugen Wdekin
Le secteur privé dans l'agriculture soviétique
In: Revue de l'Est. Volume 4, 1973, N°2. pp. 83-105.
Citer ce document / Cite this document :
Wădekin Karl-Eugen. Le secteur privé dans l'agriculture soviétique. In: Revue de l'Est. Volume 4, 1973, N°2. pp. 83-105.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0035-1415_1973_num_4_2_1147Abstract
of agricultural labour, except for some southern and southeastern regions, makes itself felt in both
sectors.
In the long run, Soviet policy makers continue to envisage the withering away of the private sector.
Contrary to their assertions, some pressure is still being applied to speed up tis process. But as such
pressure is mild in comparison to that of Krushchev's time, and as economic factors make the private
sector indispensable for some time to come, the withering away is not a prospect for the immediate
future.
Résumé
L'article décrit certains aspects fondamentaux du secteur privé dans l'agriculture et l'alimentation
soviétiques. En valeur absolue, la production brute de ce secteur a augmenté de 17 °/o de 1964 à 1971
; en quantités physiques, cependant, il convient de diminuer ce chiffre (on ignore de combien) pour tenir
compte des accroissements de prix. La part du secteur privé dans l'ensemble de l'agriculture soviétique
est tombée à 29% en raison d'une croissance plus élevée du secteur socialiste. Au total, la croissance
du secteur privé a été moins importante que ne l'attendaient les planificateurs soviétiques.
On ne peut considérer que ces données sont exactes statistiquement étant donné les problèmes qui se
posent pour les rassembler et les comparer, mais elles indiquent de manière correcte les tendances du
développement. Les troupeaux privés ont augmenté lentement jusqu'en 1967 puis repris leur tendance
à la baisse comme avant 1964. Ce sont surtout les animaux appartenant aux kolkhoziens qui ont été
affectés par cette diminution et non ceux des autres propriétaires privés qui possèdent moins de bétail
par famille. Ceci résulte de la diminution et du vieillissement de la population kolkhozienne pendant que
les autres propriétaires privés, dont les travailleurs des sovkhoz, augmentaient en nombre. Un tableau
identique se dégage en ce qui concerne l'agriculture privée. Les non-kolkhoziens fournissent
aujourd'hui près de la moitié de la production privée totale. De ce fait, il n'est plus possible de se
concentrer essentiellement sur les lopins individuels et les animaux possédés par les kolkhoziens
quand on étudie le secteur privé dans l'agriculture soviétique.
Quant à l'influence du marché sur l'agriculture privée, on peut dire que 1/5 de sa production est vendue
sur le marché. En réalité cette part n'est pas négligeable puisque les paysans ukrainiens n'en vendaient
pas autant avant la collectivisation. En outre, le marché des produits alimentaires, ses prix et ses
insuffisances, influencent les quantités que les ménages tendent à produire pour leur consommation
propre.
L'interdépendance et la division du travail entre les secteurs privé et socialisé sont très importants et
indispensables à l'un et l'autre. Cet aspect a souvent été négligé par les observateurs occidentaux — et,
jusqu'à récemment — par les auteurs soviétiques également. Les producteurs privés vendent des
quantités appréciables de lait et de bétail à l'Etat (essentiellement à travers les kolkhoz et les sovkhoz
aidant ainsi ces derniers à réaliser leur plan de livraisons) et d'autres produits (œufs, pommes de terre)
aux coopératives de consomation semi-étatiques. En retour, ils achètent à l'Etat et aux fermes
collectives de jeunes animaux, notamment des cochons de lait et des agneaux, et reçoivent du secteur
public les deux-tiers des aliments dont ils ont besoin pour les animaux sous forme de paiement en
nature ou de droit de ramasser du foin et de faire paître leur dans les prés de l'Etat.
Il y a aussi interdépendance en ce qui concerne la main-d'œuvre : si la main-d'œuvre agricole valide
consacre un faible pourcentage de son temps de travail aux lopins privés, les personnes qui ne sont
pas employées de manière permanente par le secteur étatique — encore qu'elles lui soient
indispensables comme travailleurs saisonniers — trouvent une activité et des revenus dans le secteur
agricole privé. Le revenu issu d'une heure de travail dans le secteur privé est à peu près égal à celui du
secteur étatique; donc, il ne stimule pas les paysans à délaisser ce dernier secteur. Contrairement à ce
qui a souvent été dit (mais la plupart des auteurs soviétiques compétents ne soutiennent plus cette
opinion), la concurrence entre les deux secteurs est faible en ce qui concerne la main-d'œuvre.
Cependant, le manque croissant de main-d'œuvre agricole, sauf dans certaines régions du Sud et du
Sud-Est, se fait sentir dans les deux secteurs.
A long terme, les dirigeants soviétiques continuent à envisager la disparition du secteur privé.
Contrairement à leurs affirmations, certaines pressions sont encore exercées pour accélérer ce
processus. Mais ces pressions sont légères par rapport à celles de l'époque de KhruScev et le secteurprivé reste indispensable économiquement pour les années qui viennent. De ce fait, sa disparition ne
saurait survenir dans un futur proche.secteur privé Le
dans l'agriculture soviétique
Karl-Eugen WÂDEKIN*
En 1972, la récolte a été extrêmement mauvaise et on pouvait lire
parfois dans la presse soviétique que les « contrôleurs populaires »
(narodnye kontrolery) étaient employés pour empêcher les vols de blé,
assez fréquents semble-t-il, notamment au moment du transport des
céréales dans les greniers. On a volé du blé non seulement pour le
consommer mais également pour le vendre1. Des personnes privées
auraient aussi, il s'agit évidemment d'habitants des villes, acheté ou volé
des quantités considérables de pain pour en nourrir le bétail leur appar
tenant en propre2. Ces actes, dans certains cas, furent punis d'empri
sonnement même si le pain n'avait pas été volé mais acheté dans les
magasins3. Ces rapports montrent que la situation critique en ce qui
concerne le blé porte moins sur l'approvisionnement en pain que sur
celui en fourrages. Elle se fait sentir surtout pour le bétail privé dont
le rôle, même dans les villes, n'a pas cessé d'être considérable.
En raison de la sécheresse qui a sévi dans de nombreuses régions
de la Russie européenne, la récolte de pommes de terre a été elle aussi
très faible. Le gouvernement s'est efforcé de compenser ce manque en
achetant des pommes de terre aux producteurs privés. Il en avait fait
de même en 1971 mais ses appels ont été particulièrement pressants
en 1972, notamment dans les régions qui n'avaient pas subi la sécher
esse4. Selon une information du Ministère de l'agriculture, on a fixé
des prix maximum (il semble que les prix augmentaient sur les marchés
(*) Professeur à l'Université de Giessen, Zentrum fur kontinentale Agrar-und Wirts-
chaftsforschung.
(1) SeVskaja Éizn\ 15 août 1972, p. 2.
(2) Ibid., 12 septembre 1972, p. 2.
(3) Neue Zurcher Zeitung, 25 octobre 1972.
(4) SeVskaja Éizn\ 23 et 28 septembre 1972.
83 Karl-Eugen Wâdekin
libres) et on a incité les administrations locales à exercer certaines
pressions sur les producteurs privés en ordonnant que « les pommes
de terre, achetées à la population dans les conditions déterminées,
devront être prises en compte dans la réalisation du plan d'Etat, par
district, région (territoire) et république1». En ce qui concerne les
légumes et cucurbitacées, c'est dès le printemps 1972, qu'on a dirigé
l'attention sur le potentiel productif des parcelles privées2-
L'année catastrophique de 1972, qui suivait une année elle-aussi peu
favorable du point de vue des récoltes, a fait tout particulièrement
ressortir ce qui est valable également pour les années normales, de nos
jours comme dans le passé : la production agricole sur les petites
parcelles individuelles, à l'aide du bétail appartenant au producteur
privé, continue à jouer un rôle important dans l'alimentation de la
population soviétique ; elle reste indispen

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents