Lecture de la loi de séparation du 9 décembre 1905 à la lumière de l’actualité - article ; n°1 ; vol.78, pg 54-60
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Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2005 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 54-60
Double revolution for political power as for religion: Marianne emancipated from God and God regaining his status of mere spiritual belief without a temporal domination. This separation represents a progress which allows the mutual freeing of religions and political power while promoting an authentic equality between believers, atheists and agnotics. That is in brief the general emancipation which realizes the secular separation of the Church and the State. Religious and political orders mutually free themselves and each of them redefine itself in its own domain. The law of December 9th 1905 is really a Separation law corresponding to Victor Hugo’s phrase The State at State’s and the Church at Church’s” in 1850 in his speech against the Falloux law which organized the controlling of clergy over school. The principles of a secular new Foundation reminded in this article are point of reference.
Double révolution pour le pouvoir politique, comme pour la religion: Marianne émancipée de Dieu, et Dieu reprenant son statut d’objet de simple croyance spirituelle, sans domination temporelle. Progrès que représente cette séparation, qui permet l’affranchissement mutuel des religions et du pouvoir politique tout en promouvant une égalité authentique entre les divers croyants, les athées et les agnostiques. Telle est en résumé l’émancipation générale que réalise la séparation laïque de l’État et des Églises. L’ordre du religieux et l’ordre du politique s’affranchissent mutuellement, et se redéfinissent chacun dans son domaine propre. La loi du 9 décembre 1905 est bien une loi de séparation, correspondant à la formule de Victor Hugo: «L’État chez lui et l’Église chez elle» en 1850, dans son discours contre la loi Falloux qui organisait le contrôle du clergé sur l’école. Les principes de la refondation laïque rappelés dans cet article font donc référence.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

L
e Dieu des croyants délié de César. César lais-
sant la place à Marianne. Marianne émancipée de
Dieu, et Dieu reprenant son statut d’objet de simple
croyance spirituelle, sans domination temporelle.
Double révolution, donc. Pour le pouvoir politique,
comme pour la religion. Marianne a pris la place de
César : l’instance traditionnelle de domination s’est effa-
cée derrière la figure allégorique du peuple souverain,
se donnant à lui-même sa propre loi, et se fondant
comme cité, ou république : réalité commune à tous.
Marianne, la République, se délie du dieu des croyants
car elle est soucieuse de faire droit à l’égalité de tous,
croyants, athées ou agnostiques. Simultanément, le dieu
des croyants prend le large, en rejetant tout contrôle
politique sur les affaires proprement religieuses. Bref, la
République assure désormais la liberté de conscience et
l’égalité entière sans distinction d’options spirituelles.
Telle est en résumé l’émancipation générale que réalise
la séparation laïque de l’État et des Églises.
Le sens général
de la séparation laïque
Il faut prendre la mesure de l’immense progrès que
représente cette séparation, qui permet l’affranchisse-
ment mutuel des religions et du pouvoir politique tout
en promouvant une égalité authentique entre les divers
croyants, les athées et les agnostiques. Les religions ont
ainsi la chance de se recentrer sur la démarche spiri-
tuelle qu’elles revendiquent. Elles doivent pour cela
renoncer à leur quête traditionnelle de privilèges
publics et de pouvoirs reconnus. Quant à l’humanisme
athée ou agnostique, il sort enfin de l’opprobre dans
lequel le maintenait le pouvoir théologico-politique tra-
ditionnel, et jouit désormais de l’égalité des droits que
permet l’abolition de toute hiérarchie entre les options
spirituelles. Le pouvoir politique se fait ainsi plus
conforme à l’universalité qu’exprime si bien le beau
mot de république,
res publica
, chose commune à tous.
Aujourd’hui, plus que jamais, la séparation laïque est
garante d’un monde commun à tous par-delà les diffé-
rences. Face à la montée des communautarismes, des
fanatismes politico-religieux, elle assure et fonde simul-
tanément la concorde et la libre définition de soi, loin
des identités figées qui prétendent enfermer les hommes
dans des différences exclusives les unes des autres.
L’ordre du religieux et l’ordre du politique s’affran-
chissent mutuellement, et se redéfinissent chacun dans
son domaine propre. Nulle hostilité n’en résulte, nulle
complicité non plus. Il n’y a pas à parler en la matière
de « neutralité positive » de l’État à l’égard des reli-
gions, pas plus qu’à l’égard des humanismes athée ou
agnostique. Le latin
neuter
, étymologie de neutralité,
veut dire « ni l’un ni l’autre ». Il implique de l’instance
politique neutre une extériorité par rapport aux parties
que représentent les diverses options spirituelles.
Marianne n’est pas arbitre des convictions spirituelles,
dont elle assure la coexistence sans se laisser influen-
cer par l’une d’entre elles. C’est un contresens sur la
laïcité que de voir en elle une option spirituelle parmi
d’autres. Laïcité ne rime ni avec athéisme reconnu ni
avec religion reconnue.
La neutralité ainsi comprise signifie que la sphère
publique n’a pas à se définir comme pluriconfession-
nelle, mais, rigoureusement, comme non confession-
nelle. Il y a bien rupture avec toutes les formes anté-
rieures de rapport entre religion et politique. Il n’est
Lecture de la loi de séparation
du 9 décembre 1905
à la lumière de l’actualité
Henri RENA-RUIZ
H
ENRI
PENA-RUIZ
est maître de conférence à l’Institut
d’études politiques de Paris et professeur agrégé de philosophie en
Khâgne (classe supérieure classique) au lycée Fénelon. Philosophe
et écrivain défendant les valeurs de solidarité, il est devenu un spé-
cialiste des questions de laïcité qu’il pose comme fondement de
l’universalité. C’est à ce titre qu’il a été, en 2003, l’un des vingt
sages de la commission sur la laïcité présidée par Bernard Stasi.
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