Les colorants, outils indispensables de la Révolution biologique et thérapeutique du XIXe siècle - article ; n°348 ; vol.93, pg 487-504
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2005 - Volume 93 - Numéro 348 - Pages 487-504
Dyes, indispensable tools for the 19th century's Biologic and Therapeutic Revolution.
Bom from growing organic chemistry laboratories, dyes were extensively used par textile industry before to be applied in field of biology and therapeutics. Besides their interest for diagnostic techniques due to cell visualization (Virchow, Papanicolaou), dyes allowed scientists to propose scientific hypothesis founding, in conjunction with new microscopy tools, modem basis for biology : tissue constitution, cellular and sub cellular structure, s.o. One of the brightest illustrations of these progresses is the birth of neuronal theory which due to silver print of brain tissue allowed to see intimacy of cerebral structures et propose an operating scheme (Golgi, Cajal). Therapeutic progresses bom from dyes chemistry are multiple. First concentrated on the research of antimalarial drugs (Ehrlich) following the use of methylene blue, then generally, anti-infectious drugs, they gave birth to various chimiotherapeutic families: antiseptics, antiparasitic drugs, antibacterial, among which one of the most spectacular illustrations remain sulphonamides preparation.
Issus de la chimie organique naissante, les colorants ont été largement utilisés par l'industrie textile avant de connaître de multiples applications dans le domaine de la biologie et de la thérapeutique. Outre leur intérêt dans le domaine du diagnostic grâce à la visualisation des cellules (Virchow, Papanicolaou), les colorants ont fondé les expérimentateurs à proposer des hypothèses scientifiques établissant, grâce à l'apport de nouveaux outils de microscopie, les bases de la biologie moderne : constitution des tissus, structure des cellules, éléments subcellulaires, etc. Une des illustrations les plus éclatantes de ces progrès est la naissance de la théorie neuronale qui, grâce à la l'empreinte argentique du tissu nerveux permit de visualiser l'intimité des structures cérébrales et de proposer un schéma de fonctionnement (Golgi, Cajal). Les progrès thérapeutiques issus de la chimie des colorants sont nombreux. D'abord concentrés sur la recherche d'antipaludéens (Ehrlich) à la suite de l'emploi du bleu de méthylène, puis plus largement d'anti-infectieux, ils donnèrent naissance à diverses classes chimiothérapeutiques : antiseptiques, antiparasitaires, antibactériens, etc. dont une des illustrations les plus spectaculaires reste la préparation des sulfamides.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Chast
Les colorants, outils indispensables de la Révolution biologique
et thérapeutique du XIXe siècle
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 93e année, N. 348, 2005. pp. 487-504.
Citer ce document / Cite this document :
Chast François. Les colorants, outils indispensables de la Révolution biologique et thérapeutique du XIXe siècle. In: Revue
d'histoire de la pharmacie, 93e année, N. 348, 2005. pp. 487-504.
doi : 10.3406/pharm.2005.5894
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2005_num_93_348_5894Abstract
Dyes, indispensable tools for the 19th century's Biologic and Therapeutic Revolution.
Bom from growing organic chemistry laboratories, dyes were extensively used par textile industry before
to be applied in field of biology and therapeutics. Besides their interest for diagnostic techniques due to
cell visualization (Virchow, Papanicolaou), dyes allowed scientists to propose scientific hypothesis
founding, in conjunction with new microscopy tools, modem basis for biology : tissue constitution,
cellular and sub cellular structure, s.o. One of the brightest illustrations of these progresses is the birth
of neuronal theory which due to silver print of brain tissue allowed to see intimacy of cerebral structures
et propose an operating scheme (Golgi, Cajal). Therapeutic progresses bom from dyes chemistry are
multiple. First concentrated on the research of antimalarial drugs (Ehrlich) following the use of
methylene blue, then generally, anti-infectious drugs, they gave birth to various chimiotherapeutic
families: antiseptics, antiparasitic drugs, antibacterial, among which one of the most spectacular
illustrations remain sulphonamides preparation.
Résumé
Issus de la chimie organique naissante, les colorants ont été largement utilisés par l'industrie textile
avant de connaître de multiples applications dans le domaine de la biologie et de la thérapeutique.
Outre leur intérêt dans le domaine du diagnostic grâce à la visualisation des cellules (Virchow,
Papanicolaou), les colorants ont fondé les expérimentateurs à proposer des hypothèses scientifiques
établissant, grâce à l'apport de nouveaux outils de microscopie, les bases de la biologie moderne :
constitution des tissus, structure des cellules, éléments subcellulaires, etc. Une des illustrations les plus
éclatantes de ces progrès est la naissance de la théorie neuronale qui, grâce à la l'empreinte
argentique du tissu nerveux permit de visualiser l'intimité des structures cérébrales et de proposer un
schéma de fonctionnement (Golgi, Cajal). Les progrès thérapeutiques issus de la chimie des colorants
sont nombreux. D'abord concentrés sur la recherche d'antipaludéens (Ehrlich) à la suite de l'emploi du
bleu de méthylène, puis plus largement d'anti-infectieux, ils donnèrent naissance à diverses classes
chimiothérapeutiques : antiseptiques, antiparasitaires, antibactériens, etc. dont une des illustrations les
plus spectaculaires reste la préparation des sulfamides.487
Les colorants, outils indispensables
de la Révolution biologique É
et thérapeutique du XIXe siècle u
par François Chast * E
Jusque dans les années 1830, l'industrie des teintures n'utilisa que des colo
rants naturels, extraits de substances minérales (sels de cobalt, de fer, de
manganèse...), végétales (pastel, safran, alizarine, indigo...) ou animales
(cochenille, gale du Kermès, murexide). Le bleu de Prusse, découvert en 1774,
était, à la fin du XVIIIe siècle, le seul colorant de synthèse disponible. Mais,
grâce à Claude-Louis Berthollet (1748-1822), depuis 1786, on savait aussi décol
orer, en utilisant l'eau de Javel, puis d'autres oxydants comme l'eau oxygénée,
les peroxydes ou les perborates l.
Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que la synthèse de colorants artificiels
devint possible. Ces nouvelles substances n'auraient pas vu le jour sans le déve
loppement vertigineux de la chimie organique. En 1824, Michael Faraday (1791-
1868) avait isolé le benzène, hydrocarbure monocyclique et, dix ans plus tard,
lors d'un essai de distillation de la houille, Friedlieb Runge (1794-1867) parvint
à extraire le phénol, le thymol, la quinoléine, qui servirent de base à la synthèse
de nouvelles structures chimiques, comme l'acide picrique (2,4,6-trinitrophénol),
magnifique colorant jaune d'or. Peu après, il découvrit l'aniline, autre dérivé du
benzène, mais présentant une fonction aminée réactive, qui permettait d'obtenir
un bleu éclatant une fois traité par de 1' hypochlorite, première étape de ce qui
serait plus tard, les colorants de la famille de l'aniline2. Dès les années 1835 à
1840, d'autres hydrocarbures, le naphtalène, 1' anthracene, la quinoléine furent
extraits du goudron de houille, puis du pétrole 3.
C'est à une réaction analogue, réalisée par le plus grand des hasards que la chi
mie organique offrit une de ses plus belles réussites à l'industrie naissante des colo
rants artificiels. La mauvéine, fut obtenue, à son insu, par William Henry Perkin
* 1 place du Parvis Notre-Dame, 75181 Paris cedex 04
[Ce texte aurait dû paraître dans le n° 347 de la Revue en partie consacré à l'histoire des colorants.]
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LIB, N° 348, 4e TRIM. 2005, 487-504. 488 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
(1838-1907). En 1856, ce jeune chimiste cherchait à obtenir de la quinine, très uti
lisée contre les fièvres, et dont la matière première extraite de l'écorce de quinquina
menaçait de s'épuiser 4 ou, pour le moins, coûtait de plus en plus cher. Le hasard
le mit en présence d'un produit curieux, résultat de l'oxydation de l'aniline par le
bichromate de potassium (en présence de traces de o- et/7-toluidine). Tout chimiste
averti eût écarté cette substance poisseuse. Or, Perkin, en même temps naïf et ins
piré, « reprit » cette pâte au moyen d'alcool, et observa alors, dans son cristallisoir,
une dissolution spectaculaire conduisant à un liquide rouge écarlate, qui laissa sur
sa chemise des taches violettes indélébiles. La mauvéine est née. Dès l'année sui
vante, Perkin déposa un brevet et créa une fabrique où sa teinture, baptisée
« pourpre d'aniline », fut produite en abondance. Il réussit douze ans plus tard, avec
l'aide de C.J.P. Graebe (1841-1927), la synthèse de 1' alizarine 5. Mais dès 1862, sa
fortune avait été assurée. En effet, cette année-là, la Reine Victoria apparut à la
Royal Exhibition, vêtue d'une robe dont la teinte devait tout à la mauvéine. Les
meilleurs clients de Perkin, toutefois, furent les Français, les soyeux lyonnais,
notamment, qui firent du violet la couleur à la mode durant tout le Second Empire.
L'un des grands défis de l'époque consistait justement à produire des colo
rants stables, utilisables par l'industrie de la soie. C'est la raison pour laquelle la
réaction de diazotation (consistant à faire réagir en milieu acide, une amine aro
matique avec l'acide nitreux pour donner un composé diazoïque), découverte par
Johann Peter Griess en 1858, fut si importante pour l'industrie textile (réaction
de coloration réalisée au « cur » de la fibre), avant d'être si importante pour
d'autres secteurs de la vie sociale.
Plusieurs chimistes relèvent ce défi dans la seconde moitié du siècle :
Emmanuel Verguin, qui en 1859, à Lyon, synthétisa la fuchsine (rouge
Magenta) ; Carl Alexander Von Martius (1838-1920) et Lightfoot qui dévelop
pèrent en 1862 le brun Bismarck premier azoïque soluble et le noir d'aniline qui
fut obtenu en 1863 par action de l'aniline sur la fibre de coton ; Charles Lauth
(1836-1913), qui par oxydation de la diméthylalanine obtint en 1866 un magnif
ique violet de méthyle ou « violet de Paris » puis, avec Baubigny parvint au vert
de méthyle en 1872 ; Karl Graebe (1841-1927) et Karl Libermann, chimistes
allemands, qui produisirent en 1868 1' alizarine artificielle, permettant de se pas
ser du colorant naturel ; Zacharie Roussin (1827-1894), pharmacien chimiste en
chef du Val-de-Grâce, qui en 1876 prépara une série d'« azoïques », dérivés du
naphtalène dont l'importance serait capitale. Parmi d'autres percées importantes
figura la découverte du bleu de méthylène par Heinrich Caro (1834-1910) en
1876, le vert malachite par Dobner et Fis

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