Les compléments nominaux du verbe dire - article ; n°63 ; vol.15, pg 75-97
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Description

Langages - Année 1981 - Volume 15 - Numéro 63 - Pages 75-97
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacqueline Giry-Schneider
Les compléments nominaux du verbe dire
In: Langages, 15e année, n°63, 1981. pp. 75-97.
Citer ce document / Cite this document :
Giry-Schneider Jacqueline. Les compléments nominaux du verbe dire. In: Langages, 15e année, n°63, 1981. pp. 75-97.
doi : 10.3406/lgge.1981.1877
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1981_num_15_63_1877Jacqueline GlRY-SCHNEIDER
Université Paris VIII et L.A.D.L.*
LES COMPLÉMENTS NOMINAUX DU VERBE DIRE
(Reconstruction de leur forme predicative sous-jacente)
Comme d'autres constructions verbales déjà étudiées *, celle du verbe dire a des
propriétés syntaxiques qui peuvent varier selon le choix lexical du complément direct.
La construction ici décrite a la forme
No dit Ni (E + à N2)
Cette apparente simplicité recouvre en fait des relations syntaxiques et sémantiques
diverses comme le montrent les phrases
(1) Jean dit des (compliments + malices + énormités + bêtises + boniments)
(E + à Marie)
(2) Jean dit (le nom de la rue + le mot de passe + l'heure + la vérité) ( E + à
Marie)
On reconnaît dans les phrases (2) la construction mentionnée sous le nom de
question cachée, notamment par Baker 1968, 1970, et par Grimshaw 1977 ; leur
analyse consiste à ramener le complément direct à une interrogation indirecte (Jean
dit à Marie quel est le nom de la rue). Ce type de phrase ne sera pas étudié ici ; il
est simplement évoqué pour mettre en lumière le caractère particulier des phrases (1).
On pourrait soutenir que la différence entre ces deux types de phrases est simple
ment syntaxique, car il suffit de modifier le déterminant et d'ajouter de Nhum pour
qu'un complément de type (1) soit interprété comme question cachée :
Jean dit des (compliments + absurdités) à Marie dit à Marie les (compliments + absurdités) de Paul
II sera question plus loin de ces deux modifications qui sont loin d'être minimes
bien qu'elles ne concernent « que » des termes déterminant Ni. Nous voulons sim
plement souligner pour l'instant que tous les compléments directs de dire ne peuvent
avoir les deux sens qui apparaissent dans les phrases (1) et (2) ; les compléments (le
nom de la rue + le mot de passe + l'heure + la vérité), n'ont que le sens de ques
tion cachée. Il y a donc bien une délimitation lexicale précise qui reste à étu
dier entre ces deux types de substantifs délimitation que seule une liste
extensive des compléments de dire peut fixer.
Autre particularité : il existe parallèlement aux compléments des phrases (1) des
groupes nominaux (GN) de la forme
le N, de No (E + à N2)
= : Les (absurdités + énormités + etc.) de Jean [amusent Тот]
Les compliments de Jean à Marie [amusent Тот]
Ces GN ont le même sens que la phrase avec dire. Par contre, les GN parallèles aux
phrases de type (2), quand il en existe, n'ont pas le même sens que la phrase avec
dire :
Le (nom + mot de passe + heure + vérité) de Jean [amuse Тот]
* ERA n° 247 du C.N.R.S., associée aux Universités Paris 7 et Paris VIII.
1. Par exemple celle des verbes à double analyse (Daladier 1978 ; Giry- Schneider 1978b ;
Gross 1976 ; La Fauci 1981).
75 On pourrait parler soit de deux verbes dire, soit de deux types de combinaison dire
N. Nous justifierons la seconde hypothèse.
A l'intuition, le verbe dire de la question cachée aurait le sens d'informer ; il est
d'ailleurs paraphrasable par des verbes comme révéler, avouer ; sens et paraphrase
qu'il n'a pas avec malices ou boniments :
Jean révèle (l'adresse de Jean + le mot de passe + l'heure + la vérité) à Marie
*Jean des (malices + boniments) à Marie
Ce qui est spécifié avec amabilités, malices, boniments, ce n'est pas le contenu des
paroles dites, mais leur ton ou leur valeur telle qu'elle est appréciée par le locuteur :
différence bien connue entre les choses qu'on dit et la manière de dire. Dire l'heure,
cela concerne ce qui est dit, même si ce n'est pas explicite ; dire des compliments
spécifie le caractère des paroles dites. Que ces termes aient à voir avec la subjectivité
du locuteur dans la mesure où ils expriment des jugements ne fait pas de doute —
mais dépasse le cadre strictement syntaxique et lexical de cette étude.
Dernière précision : ce travail s'inscrit dans le cadre de recherches menées sur les
relations précises (syntaxiques et lexicales) qui existent entre un verbe et ses argu
ments. Non seulement un N se ramène à une construction privilégiée à verbe sup
port, mais encore sa relation avec le verbe principal peut varier selon le choix de ce
verbe. Ainsi dans la phrase
Max a de l'affection pour Luc
(exemple de Gross, ce volume, p. 39), il n'y a qu'un seul prédicat (avoir est un verbe
support ; la définition de ce terme est rappelée un peu plus loin).
Mais dans la phrase
Max perd son affection pour Luc
deux prédicats : Max perd Nj et Max a de l'affection pour Luc :
Max perd l'affection qu'il avait pour Luc
L'analyse des compléments nominaux du verbe dire est un exemple de cette
décomposition (ou plutôt reconstruction) d'un TV en termes de prédicat et d'argu
ments, et de l'étude du rapport qui existe entre ce prédicat et le verbe principal. Elle
a en outre pour effet de montrer que la notion connue de restriction de sélection est
absolument inadéquate.
Quatre points seront développés dans cette étude :
1. des arguments syntaxiques pour montrer que dire a des propriétés qui le disti
nguent des verbes « ordinaires » et le rapprochent des verbes supports comme faire
ou commettre.
2. des arguments pour soutenir que le vrai complément de dire est paroles ou mots ;
à savoir un substantif approprié selon la théorie de Harris 1974, 1976.
3. une extension de cette analyse des compléments de dire aux autres verbes de
parole ; certains n'ont que des compléments question cachée, comme avouer, indi
quer, d'autres fonctionnent comme dire, avec les deux types de compléments ment
ionnés précédemment.
4. une analyse de la source des groupes nominaux compléments de verbes quelcon
ques comme dans la phrase.
J'ai entendu les vantardises de ce gamin
Ces GN auraient pour source la construction de dire qui nous intéresse ; cette des
cription se rattache donc aux études de nominalisation par réduction de verbe support
déjà effectuées par Daladier 1978 (exemple : [Paul déplorej l'agression de Max =
[Paul déplore] l'agression que Max a commise). Mais avec dire, il y aurait effac
ement de deux verbes et d'un N approprié.
Les données qui forment le soubassement de cette étude sont extensives ; comme Ni
peut être un nom associé à un verbe, ou à un adjectif, ou un nom plus complexe, ces
noms sont recensés dans trois listes :
— une liste de Nj —: V-n établie à partir des tables de verbes du L.A.D.L.
76 Guillet, Leclère 1976a, b ; Gross 1975) ; (consolations, compliments, etc.), (Boons,
cf. § 2.1.2 ; 2.2.2.
— une liste de I\ i =: Adj-n obtenue à partir des tables d'adjectifs admettant les
verbes supports avoir et être (Meunier 1977) ; (civilités, tendresses, etc.) ;
cf. §2.1.1 ; 2.2.1.
— une liste de formes difficiles à spécifier ; notons-les N[ =: X (merci, au revoir,
etc.), cf. § 1.6, recensées dans le Dictionnaire du Français Contemporain.
Nous ne saurions trop insister sur le fait que cette étude n'aurait pas été possible
sans l'existence de ces tables -. La classification des verbes et des adjectifs constitue
un outil de vérification des hypothèses d'une grande efficacité. De plus, la systémati-
cité des données donne une garantie que ne peuvent jamais présenter les études faites
sur des exemples isolés dont la représentativité n'est pas connue.
1. Propriétés syntaxiques de la construction No dit Nj à N2
Nous mentionnerons ici un ensemble de propriétés syntaxiques qui distinguent
très nettement dire de verbes quelconques comme apprécier ou imiter. Ces propriétés
existent notamment dans les constructions à verbe support comme faire ou commett
re, mais on les rencontre aussi avec d'autres verbes ; elles ne caractérisent pas un
ensemble défini de verbes, du moins dans l'état actuel des recherches, mais elles ser
vent à analyser des relations syntaxiques et sémantiques entre un verbe, ses sujets et
s

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