LES CONSPIRATRICES
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Description

LES CONSPIRATRICES une nouvelle de Gérard DAMION Dans cette France giscardienne qui vit ses derniers mois en cette année 1980, le couple LABREUILLE est ce qu'il est convenu d'appeler un couple parisien brillant et moderne ,plutôt aisé et sans enfants : un superbe duplex dans le XIV° arrondissement, deux voitures, une Alfa Roméo pour lui, une mini Austin pour elle, sans oublier la petite maison de campagne en Picardie...On peut les voir très souvent aux vernissages, aux réceptions et cocktails mondains. Il faut dire que Frédéric (Fred pour les intimes) est un écrivain en passe de devenir célèbre. Son dernier ouvrage « La petite fille en bleu » s'est vendu à des milliers d'exemplaires. Un vrai succès, et son éditeur attend avec impatience le prochain roman. Avec son physique de Don Juan, ce beau brun, grand et mince a ce qu'il convient d'appeler une certaine élégance naturelle. Il aurait pu multiplier les aventures avec toutes ces minettes qui gravitent autour de lui, mais non, il est toujours resté d'une fidélité exemplaire vis à vis de celle qu'il aime plus que tout au monde. Quant à son épouse, Claire, c'est une très jolie femme. Adorable brunette aux yeux verts, cheveux mi-longs, toujours vêtue à la dernière mode, elle aurait pu faire une carrière de mannequin.

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Publié le 07 janvier 2014
Nombre de lectures 264
Langue Français

Extrait

LES CONSPIRATRICES
une nouvelle de
Gérard DAMION Dans cette France giscardienne qui vit ses derniers mois en cette année 1980, le couple
LABREUILLE est ce qu'il est convenu d'appeler un couple parisien brillant et moderne ,plutôt
aisé et sans enfants : un superbe duplex dans le XIV° arrondissement, deux voitures, une Alfa
Roméo pour lui, une mini Austin pour elle, sans oublier la petite maison de campagne en
Picardie...On peut les voir très souvent aux vernissages, aux réceptions et cocktails mondains. Il
faut dire que Frédéric (Fred pour les intimes) est un écrivain en passe de devenir célèbre. Son
dernier ouvrage « La petite fille en bleu » s'est vendu à des milliers d'exemplaires. Un vrai succès,
et son éditeur attend avec impatience le prochain roman. Avec son physique de Don Juan, ce beau
brun, grand et mince a ce qu'il convient d'appeler une certaine élégance naturelle. Il aurait pu
multiplier les aventures avec toutes ces minettes qui gravitent autour de lui, mais non, il est toujours
resté d'une fidélité exemplaire vis à vis de celle qu'il aime plus que tout au monde.
Quant à son épouse, Claire, c'est une très jolie femme. Adorable brunette aux yeux verts,
cheveux mi-longs, toujours vêtue à la dernière mode, elle aurait pu faire une carrière de mannequin.
Propriétaire d'un petit magasin de lingerie féminine, dans un quartier chic à proximité des Champs-
Elysées, elle a une clientèle fidèle, des touristes également, et les affaires marchent plutôt bien.
Enjouée et dynamique, elle est toujours partante pour faire la fête. Bref un couple très sympathique
et sans histoires.
Juste un petit détail en ce qui concerne Frédéric : il a ce qu'il convient d'appeler une cardiopathie
congénitale due à un rétrécissement de l'aorte, malformation bien supportée, certes, mais un
contrôle régulier s'avère indispensable. Ce qui l'ennuie le plus,ce sont toutes ces petites choses qui
lui sont fortement déconseillées : les sports un peu trop virils nécessitant un effort intense, les
attractions foraines aux sensations extrêmes, et bien sûr les émotions fortes...
Assis à son bureau, Frédéric réfléchit à ce que pourrait être son futur roman ? Une histoire
d'amour, une intrigue policière, un récit d'aventures ? Il hésite, et il sait que son éditeur le presse.
C'est alors qu'il lui revient en mémoire un drame épouvantable survenu en 1900, dans un petit
village du Berry, Saint-Julien-les-Champs, du côté de Chambon, la « grande » ville. Une jeune et
jolie jeune fille d'une vingtaine d'années, alors qu'elle rentrait au domicile familial, fut agressée,
assommée, traînée dans un champ, puis violée et étranglée.La jeune victime avait pour nom
Catherine...LABREUILLE Et cette histoire, Frédéric la connaît dans les moindres détails, et pour
cause : Catherine était la petite sœur de son grand-père Maximilien, et c'est ce dernier qui, il y a
bien des années, lui a raconté le drame et toutes ses conséquences. Son père, Pierre LABREUILLE
lui en avait touché quelques mots, sans plus.Par la suite, il a lui-même effectué des recherches en se
rendant aux Archives Départementales afin de consulter les journaux de l'époque, et en
questionnant les membres les plus âgés de sa famille.
C'était dans le courant de l'été de l'année 1900, le dimanche 29 juillet très précisément. Il
faisait une chaleur étouffante. Catherine LABREUILLE, 20 ans, était une jeune fille ravissante et
très élégante. Célibataire et pas pressée de se marier, elle vivait chez ses parents à la ferme du
«Bois-Moreau ». Son père Maximilien et sa mère Alexandrine étaient de modestes agriculteurs,
habitués à travailler durement, mais à la maison, on ne se plaignait pas. Quant à Catherine, la vie
agricole n'était pas sa tasse de thé, c'est pourquoi elle s'était faite engager comme employée de
maison (on disait à l'époque domestique) à la ville, chez un couple de gros commerçants en grains.
Sérieuse et travailleuse, ne rechignant pas à la tâche, elle donnait entière satisfaction à ses patrons.
1 Ce dimanche là, Catherine qui avait congé, avait justement rendez-vous à Chambon avec sa
meilleure amie, Rachel, avec laquelle elle devait passer la journée . Et la voilà partie à pied pour la
ville. 6 ou 7 kilomètres à parcourir ce n'est pas la mer à boire, ça ne lui pose pas de problème, elle a
l'habitude.

Et la journée se passe admirablement bien. Après une longue ballade à travers les rue
commerçantes de la ville, et une promenade jusqu'à l'étang pour jeter quelques bouts de pain aux
canards, retour chez son amie Rachel pour une petite collation. Les heures passent vite, du coup il
commence à se faire tard. La nuit ne va pas tarder à tomber, aussi Rachel lui propose de rester
dormir chez elle.
– - Ce n'est pas prudent de prendre la route à cette heure tardive. Je préfère que tu
passes la nuit ici et puis demain matin tu seras plus vite arrivée à ton travail.
- Tu es gentille mais j'ai promis à mes parents de rentrer ce soir. S'ils ne me voient
pas rentrer, ils vont s'inquiéter.- Moi à ta place je ne serais pas rassurée. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver.
- Que veux tu qu'il m'arrive ? Et puis je connais cette route par cœur. Faisons
nous la bise et j'y vais.- N'empêche, je ne serais pas tranquille.

Et la voilà partie. Pas grand monde dans les rues à cette heure tardive, et la nuit est tombée. Mais
Catherine n'est pas du genre à se laisser impressionner. Après pratiquement une bonne heure de
marche la voici rendue à l'entrée du bourg de St-Julien-les-Champs. Encore une vingtaine de
minutes et elle arrivera à la ferme de ses parents. Des habitants vont effectivement la voir passer
dans le bourg vers 21 heures, mais après, plus rien. On dirait qu'elle s'est volatilisée. Il faut dire que
la ferme du Bois-Moreau se trouve à la sortie du village, en direction de Villebriou, et que, sur cette
portion de route, les habitations se font rares.
Le lendemain matin, les parents de Catherine constatent qu'elle n'est pas rentrée, mais ils ne
s'inquiètent pas outre mesure, pensant qu'elle a dû coucher chez son amie. Mais, lorsqu'ils vont
apprendre par celle-ci que Catherine est bien partie la veille au soir, l'inquiétude commence à les
gagner. Des recherches sont entreprises, sans résultat, et finalement les gendarmes de Chambon
sont avertis de la disparition. Durant deux jours, des investigations sont entreprises et des battues
organisées avec l'aide des habitants du village, en vain.
Le 1er août un cultivateur, alors qu'il travaille dans son champ, au lieu dit « La Gravière »,
remarque que son chien fait sans cesse des allées-venues vers un endroit très précis, tout en aboyant.
Intrigué, il va voir, et découvre avec horreur le corps à moitié décomposé d'une jeune fille, dans une
touffe de genêts. Les autorités sont aussitôt prévenues. Les gendarmes, le maire, le garde-champêtre
se rendent sur les lieux, et force est de constater que le cadavre en question est bien celui de la jeune
Catherine LABREUILLE. Les vêtements sont en désordre, le sac à main, le chapeau et l'ombrelle,
éparpillés montrent qu'il y a eu lutte et que la malheureuse s'est défendue jusqu'à la limite de ses
forces.
2 Dans le village et dans toute la région, l'émotion est considérable. Qui a pu faire çà ? Sans doute
un de ces vagabonds qui envahissent de plus en plus les campagnes et rendent la contrée peu sûre.
C'était du moins l'avis des habitants et de la presse locale.
L'autopsie est pratiquée et révèle que la jeune fille a été agressée, assommée, violée puis
étranglée. Dignes dans le malheur, les parents de Catherine vont voir un village tout en communion
avec eux, soudé, et partageant leur douleur. Après l'autopsie, le corps est rendu à la famille, et les
obsèques peuvent avoir lieu. C'est un cortège interminable qui quitte le « Bois-Moreau » pour se
rendre à la petite église qui sonne le glas. Et chacun de se signer en passant près de l'endroit maudit.
Il est vrai que les jours suivant, des événements étranges s'y seraient produits : c

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