Les constructions nominales et l élaboration d un lexique-grammaire - article ; n°1 ; vol.69, pg 5-27
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Les constructions nominales et l'élaboration d'un lexique-grammaire - article ; n°1 ; vol.69, pg 5-27

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Description

Langue française - Année 1986 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 5-27
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Gaston Gross
M. Robert Vives
Les constructions nominales et l'élaboration d'un lexique-
grammaire
In: Langue française. N°69, 1986. pp. 5-27.
Citer ce document / Cite this document :
Gross Gaston, Vives Robert. Les constructions nominales et l'élaboration d'un lexique-grammaire. In: Langue française. N°69,
1986. pp. 5-27.
doi : 10.3406/lfr.1986.6360
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1986_num_69_1_6360Gaston Gross Robert Vives
Université Pans XIII Université Pans VIII
et L.A.D.L. et L.A.D.L.
LES CONSTRUCTIONS NOMINALES
ET L'ÉLABORATION D'UN LEXIQUE-GRAMMAIRE
La méthode employée au L.A.D.L. pour l'étude systématique du
lexique français, consiste à rendre compte de l'emploi des mots dans le
cadre des structures de phrases. Pour l'analyse des verbes, ou plus exac
tement des emplois de verbes, la structure considérée est celle de l'e
xtension maximale, en termes de compléments « significatifs ». Pour le
verbe recouvrir, par exemple, cette est de la forme :
No recouvrir N, de N2
=: Luc recouvre la table d'une nappe
A partir de cette structure, on étudiera les phrases dérivées (transfor
mations, restructurations) construites autour de cet emploi de recouvrir,
telles que :
N2 recouvrir N,
=: Une nappe recouvre la table
N, être recouvert de N2
= : La table est recouverte d'une nappe
La structure d'extension maximale d'un verbe, ainsi que ses transformées,
permettent de calculer les propriétés syntaxiques et sémantiques de toutes
les phrases dans lesquelles figure le verbe recouvrir, comme dans :
Luc aime la nappe qui recouvre cette table
Luc voit que la table est recouverte d'une nappe
De la même façon, les adjectifs sont étudiés en position d'attribut après
le verbe être, dans leur extension maximale :
=■ Luc Vft être est fier de N, ce choix (Picabia 1976) même procédure est appliquée aux expressions figées : La
Nu lécher les bottes de V,
et à certains adverbes ou expressions adverbiales ;
S,, boire rjoulûment
V,, à la régalade
Pour les noms, la catégorie la plus nombreuse, le L.A.D.L. a adopté le
même principe : le niveau d'analyse minimum est la phrase et non pas
le mot \ que ce soit pour les déverbaux (V-n), les adjectivaux (Adj-n) et
de façon générale les substantifs prédicatifs. Soit voyage, fierté, migraine,
angoisse, autorisation :
a) Luc (fait un + est en) voyage
Luc est d'une grande fierté
Luc a la migraine
Luc est dans l'angoisse à ce sujet
Luc a Г autorisation de partir
Ces phrases rendent compte respectivement des groupes nominaux :
b) le voyage de Luc
la fierté de Luc
la migraine de Luc
Vanqoisse de Luc à ce sujet
l'autorisation de Luc
Cette position, d'inspiration harrissienne, est originale par rapport aux
travaux de la grammaire generative en ce que les nominalisations ne
sont pas considérées comme des transformations de phrases (verbales)
en syntagmes nominaux (P — » SN) mais comme des relations transfor-
mationnelles non orientées entre deux phrases.
Les travaux sur les noms ont eu comme point de départ la nomi-
nalisation. Il nous a donc paru utile de donner en 1. quelques points de
repère sur les différents traitements qui ont été proposés des constructions
nominales des verbes. Nous présentons en 2. les notions théoriques et
les outils dont nous nous servons, pour aborder en 3. les problèmes
linguistiques qui sont posés actuellement dans l'étude des noms.
1. Récapitulation de quelques analyses
1.1. La grammaire generative
II était dans la logique de la grammaire generative de donner un
statut syntaxique à la nominahsation, traditionnellement traitée jus-
1. Dans une telle perspective, une linguistique du mot n a donc guère de justification ni même de
signification. alors dans une perspective uniquement morphologique. La nomina- qu
lisation était conçue comme un processus de dérivation aboutissant, à
laide d'affixes. à la création d'unités lexicales (léqer-lêgèreté ; décider-
décision; svmpathie- sympathique ). Cette présentation ne rendait pas compte
du fait que les deux éléments peuvent avoir des propriétés syntaxiques
différentes : ainsi, par exemple, la disposition des actants est inverse si
on passe de sympathie à sympathique :
Paul a de la sympathie pour Eve
Eve est sympathique a Paul
Les études transformationnelles ont toutes en commun de définir la
nominalisation comme la transformation d'une phrase en un syntagme
nominal. C'est déjà la position de Lees 1960:65 qui précise les contraintes
spécifiques mises en jeu par ces opérations (effacement du génitif, appar
ition de l'article, etc.) :
He drew the picture rapidly (source-sentence)
His rapid drawing of the picture (first nominal)
The of the (deleted subject)
Cette approche théorique a été adoptée pour le français par J. Dubois et
a donné lieu, par la suite, à de nombreux développements. N. Chomsky
1967 modifie et raffine cette analyse pour l'anglais en opposant les nomi
naux gérondifs aux nominaux dérivés. Les nominaux gérondifs du type :
John s refusing the offer
sont considérés comme des transformations régulières à partir d'une
phrase-source :
John refuses the offer
Quant aux nominaux dérivés, ils se comportent comme des noms et. à
ce titre, figurent dans la base (hypothèse lexicaliste). Cette solution s ex
plique par la position de Chomsky à propos du « caractère idiosyncratique
de la relation qu'entretiennent le nominal dérivé et le verbe qui lui est
associé... [Ce caractère idiosyncratique] a été si souvent remarqué quil
est superflu d'en discuter. Voir par exemple les nominaux laughter, marr
iage, construction, actions, adventices, resolution, belief, doubt, conversion,
permutation, etc. qui possèdent leur propre contenu sémantique et qui
sont reliés sémantiquement aux formes de base de façon diverse ».
(Chomsky 1975:82.) Est rejetée, du coup, la solution qui consiste à ana
lyser la tête nominale du syntagme comme verbe nominalisé parce que
« cette solution exigerait le recours à des verbes abstraits automatique
ment sujets à la nominalisation ».
En fait. Chomsky ne retient comme possibilité d'effacement que
cr Ile de avoir et de être : John's table
dériverait de la structure sous-jacente :
The table [John has a table]
Par exemple, pour rendre compte de John's refusal to leave ou de John's
invention of better mousetrap, « il faudrait postuler des verbes abstraits
subissant obligatoirement certaines transformations, démarche dou
teuse » (Chomsky 1972:103). Nous verrons plus loin que le problème posé
par Chomsky peut recevoir une solution naturelle, sans recours à des
termes abstraits 2. Cela exige qu'on donne à la nominalisation un tra
itement théorique différent.
1.2. Travaux allemands
K. E. Sommerfeld et H. Schreiber 1977:5 dans leur dictionnaire des
substantifs ont recours aux transformations pour expliquer la nominal
isation. « Les groupes nominaux... sont en état de rassembler sous une
forme raccourcie et économique le contenu d'une phrase entière. » Cepen
dant les auteurs ne donnent aucune indication sur la nature des opé
rations qui permettent de passer d'une phrase à un syntagme nominal.
Dans leur dictionnaire qui se réclame explicitement de la théorie de la
valence, ne figure que l'environnement de droite des substantifs qu'ils
étudient. L'analyse se fait en structure de surface et sans relation avec
une phrase simple.
Voici quelques exemples :
Das Interesse das Jungen am Fussballspiel 3
Die Sorge des Mannes um die Zukunft
Die Genehmigung der Polizei zur Einreise
Die Ahnlichkeit zwischen Vater und Sohn
La description du seul environnement de droite du substantif ne permet
de rendre compte ni de la nature de la relation avec le substantif qui
suit ni de la nature de la préposition. Le recours aux Funktionsverben
(verbes supports) leur aurait permis d'éviter ces inconvénients.
2. Rappelons qu'en anglais le problème a souvent été posé a propos, en particulier, des « picture
nouns ».
3. Nous donnons ici une traduction littérale permettant de rendre compte de la construction
allemande :
L'intérêt du garçon pour le football
Le souci de l'homme à propos

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