Les dernières semaines à Oran - article ; n°1 ; vol.26, pg 11-25

Journal Dugénéraljosephkatz

Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 1992 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 11-25
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MATERIAUX_POUR_L-HISTOIRE_DE_NOTRE_TEMPS
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 61
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Général Joseph Katz
Les dernières semaines à Oran
In: Matériaux pour l'histoire de notre temps. 1992, N. 26. pp. 11-25.
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Katz Joseph. Les dernières semaines à Oran. In: Matériaux pour l'histoire de notre temps. 1992, N. 26. pp. 11-25.
doi : 10.3406/mat.1992.404861
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1992_num_26_1_404861:
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K » . Les dernières semaines à Oran
mais est recalé à l'oral pour avoir soute ville est en rébellion ouverte 420 000 Journal Joseph du Général Katz nu les théories de de Gaulle et de Gudé- habitants répartis entres les communaut
rian Il sera aisément reçu dès que la és européenne et arabe, en nombre à II convient d'abord que les officiers guerre sera terminée. peu près égal, sur 35 kilomètres carrés. obéissent, car cette obéissance La guerre éclate, il se bat dans les La quasi totalité des Européens soutienn'est pas une qualité de leur état, Ardennes, puis sur la Marne où il bloque nent l'OAS qui impose au besoin sa loi mais leur état même. Sans elle, ils par la force et l'assassinat. On ne peut n'existent plus. pendant 24 heures un régiment motorisé
ennemi. Son régiment a 26 tués et plus déménager sans sa permission, sous Lettre de Louvois au comte de 50 blessés, il est grièvement blessé. peine de mort. Le refus de cotiser est d'Auvergne, colonel général
de la cavalerie Sa compagnie est citée à l'ordre de l'Aausssi puni de mort ou de l'incendie de
rmée. A l'automne 1940, il est dans un son domicile. Le FLN a beaucoup de Autour du 1er janvier 1907, un peine à "tenir" les Musulmans, l'OAS régiment à Sète. C'est là que la dissolu
nourrisson fut découvert sous le tion de l'Armée d'Armistice le trouve fin cherche par tous les moyens l'affront
porche de l'Assistance Publique Novembre 1942. Sa blessure s'est rou ement qui obligerait l'Armée à intervenir dans le 5e arrondissement de Paris. Le verte, il se retire dans l'Allier mais partici et rendrait caducs les accords de ces
fonctionnaire de service lui donna le pe à la résistance avant de rejoindre la sez-le-feu.
nom de Joseph Katz, sous lequel lui fut 1ère Armée à la libération. Sa carrière C'est dans une atmosphère de folie
établi un "certificat d'origine". se poursuit dans les états-majors jus collective que le général Katz prend off
A l'âge de trois mois il fut confié à des qu'à son départ en Août 1956, dans le iciellement le commandement du secteur
paysans pauvres et illettrés d'un village sud algérien. Avec moins d'un millier Oran, le 28 Février à 0 heure. La garni
de l'Allier. d'hommes il pacifie la plus grande partie son d'Oran compte un peu plus de
A partir de six ans il dut aller chaque de l'Atlas saharien. Il reçoit 3 citations à 1 8000 hommes, encadrés par des appel
jour, à pied, en sabots, par tous les l'ordre de l'Armée, la cravate de Comés, en majorité oranais. Elle doit désor
temps, à l'école du village, distante de mandeur de la Légion d'Honneur et Cha- mais être tenue en dehors de la lutte.
trois kilomètres. ban-Delmas le nomme Général en Avril Les effectifs dont dispose Katz sont
Excellent élève, éveillé et intelligent, il 1958 malgré l'opposition de l'Etat-Major d'environ 6000 hommes, en y compren
passa brillamment le certificat d'études à de l'Armée. ant les 1000 policiers du corps urbain,
dix ans. On ne le lui remit que deux ans Le 13 Mai il est à Laghouat, il estime qui passeront en majorité à l'OAS. Les
plus tard, à l'âge légal que la seule solution est le recours à de 5000 autres sont des gendarmes
Le directeur de l'Assistance Publique Gaulle, mais il interdit à ses officiers mobiles et des CRS. Une partie est prise
refusa de laisser cet enfant exception d'entrer dans les Comités de Salut par les servitudes et les gardes sta
nellement doué poursuivre ses études Public, les activistes veulent l'arrêter, on tiques, après déduction des repos, c'est il ne convenait pas qu'un enfant trouvé lui enlève son commandement. Rentré à 1000 hommes dont il peut disposer,
fût instruit. Il va faire toutes sortes de Paris il apprend qu'il ne fait plus partie de moins que l'effectif normal des gardiens métiers subalternes domestique dans l'Armée d'Algérie. Les activistes font la de la paix en temps normal. un château, élève horticulteur, puis A son arrivée à Oran, le lieutenant- loi rue Saint Dominique et demandent moniteur, aide-jardinier, garçon maçon- son renvoi de l'Armée, sans l'obtenir. Il colonel Rançon a déjà été tué par l'OAS, plâtrier, et bientôt chef de chantier, car il passe un an à l'Institut des Hautes déchiqueté par une bombe de fort sait spontanément lire les plans En Etudes Militaires. A l'automne il est calibre placée sous son lit. même temps il pratique les sports, il est nommé à la subdivision de Perpignan. Notre état-major parait ignorer encore finaliste en course à pied du Grand Prix Profondément républicain, il écrit "Je les techniques de la contre-guérilla. Le
des Jeunes en 1925. fais partie d'une génération pour laquelle poste de commandement du secteur Ne figurant sur aucun registre d'état- l'Armée avait pour mission de servir la cohabite avec la Préfecture de police
civil il aurait pu échapper à la conscript Nation sous les ordres du gouvernement située dans une cuvette, bordée par un
ion, il se présenta spontanément au légal et ne devait en aucun cas se dres lacis de ruelles étroites. L'OAS a, depuis conseil de révision et fut appelé en 1 927 l'automne 1961 cloisonné toute la ville, ser contre la loi de l'Etat, tant que celui-ci
dans l'Infanterie. Il n'a pratiquement rien elle dispose d'informateurs partout et de pouvait librement émaner de la souve
lu depuis l'école et a perdu toute notion la complicité générale de la population, raineté populaire". Après le putsch
d'orthographe Il est cependant admis intoxiquée par une propagande incesd'Avril 1 961 il rappelle publiquement que
au peloton des élèves-caporaux et en sante. L'organisation de l'OAS ne sera l'Armée ne peut être qu'aux ordres du
sort premier. Son destin est tracé, sa vie jamais complètement appliquée sur le gouvernement de la République.
bascule. terrain, chacun de ses nombreux comLe 1 5 Février 1 962, quatre jours après
Caporal instructeur, puis sergent, il mandos d'action travaille selon l'humeur le début des entretiens des Rousses qui
reste dans l'armée et prépare l'école de de son chef. Tous se rejoignent dans un préparent les pourparlers d'Evian, un
Saint Maixent. Reçu au concours de coup de téléphone lui annonce qu'on va but commun multiplier les attentats
1931, il quitte l'école avec un très bon lui confier le commandement du secteur contre les musulmans pour augmenter
classement. Il obtient ses deux bacalau- d'Oran, le plus difficile. Il accepte, appre le fossé entre les communautés et pro
réats avec la mention "très bien" et chois voquer une riposte massive de la populnant que c'est le général Ailleret, Com
it Paris où il pourra parfaire sa format mandant supérieur Interarmée à ation arabe, exaspérée. Quelques off
ion intellectuelle. Il est admissible en Alger, qui le réclame. iciers déserteurs s'efforcent de "faire
basculer" des régiments dans la déso- 1933 à l'Ecole Supérieure de Guerre, Quant il arrive à Oran le 19 Février la 12
militaires sont enlevés dans les dépôts
bien entendu avec la complicité du per
sonnel de souche française d'Algérie.
Oran a le visage d'une ville en état de
siège, non à cause de la présence de
nos unités, insuffisantes pour la quad
riller, mais en raison du climat de peur
qui y règne. Les derniers Musulmans
vivant encore en quartier européen se
réfugient chez les leurs et les Euro
péens, pris de folie, affirment leur résolu
tion de lutter jusqu'au bout, de tout
détruire, de tout brûler s'il leur faut partir.
Pourquoi ces débordements, pour
quoi cette atmosphère de guerre civile ?
Parce que les responsables civils et mili
taires de la zone ne peuvent pas se faire
entendre par ceux qu'ils o