Les formes gérondives dans Les .XV. joies de mariage et autres textes du XVe siècle - article ; n°149 ; vol.37, pg 25-36
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Les formes gérondives dans Les .XV. joies de mariage et autres textes du XVe siècle - article ; n°149 ; vol.37, pg 25-36

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Description

Langages - Année 2003 - Volume 37 - Numéro 149 - Pages 25-36
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Odile Halmøy
Les formes gérondives dans Les .XV. joies de mariage et autres
textes du XVe siècle
In: Langages, 37e année, n°149, 2003. pp. 25-36.
Citer ce document / Cite this document :
Halmøy Odile. Les formes gérondives dans Les .XV. joies de mariage et autres textes du XVe siècle. In: Langages, 37e année,
n°149, 2003. pp. 25-36.
doi : 10.3406/lgge.2003.2430
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2003_num_37_149_2430Odile Halm0y
Université de Bergen
LES FORMES GERUNDIVES DANS
LES .XV. IOIES DE MARIAGE
ET AUTRES TEXTES DU XVe SIÈCLE
1. Préambule
Les observations qui suivent s'intègrent dans un travail plus ambitieux
dont l'objectif est de cerner l'émergence et l'évolution du gérondif en français.
Le gérondif est défini ici comme le syntagme adverbial composé du
morphème en (marqueur de gérondif, dont on dit en général que c'est une
préposition), et de la forme verbale invariable en -ant (en riant, en faisant). Ce
syntagme constitue indéniablement une originalité du français, dans la
mesure où il n'a d'équivalent morphologique et syntaxique exact ni en latin
ou dans les autres langues romanes, ni dans les langues germaniques (voir à
ce propos par exemple Haspelmath & Kônig 1995). Il est donc légitime de se
demander quand et comment le gérondif a fait son apparition en français. On
étudie traditionnellement de pair les formes verbales en -ant (adjectif dit
« verbal », participe présent et gérondif), considérées « comme un bloc globa
lement peu différencié » (Lecointe, 1997 : 10). La situation est particulièrement
épineuse dans l'ancienne langue, où il est difficile de cerner ce qui fait la
spécificité de chacune des formes. Comme le soulignent justement Picoche et
Marchello-Nizia (1989 : 269) : « Avant le XVIIe siècle, la distinction entre gérondif,
participe présent et adjectif verbal n'est pas pertinente, car d'une part avec valeur de
"gérondif", la forme en -ant peut s'employer sans préposition, d'autre part l'accord se
fait même lorsque la forme en -ant a valeur verbale ; c'est l'Académie qui en 1679
formule les règles d'accord de ses différents emplois ». Martin et Wilmet, traitant
plus spécifiquement du moyen français, ne disent pas autre chose (1980 :
216) : « La situation du MF est plus complexe. Le gérondif est encore loin d'être
exclusivement prépositionnel, alors que le critère de l'invariabilité n'est plus aucune
ment opératoire. Dans ces conditions, il est presque impossible défaire le départ entre
gérondif et participe ».
Pour tenter d'élucider le mystère de l'émergence et de la propagation spec
taculaire du gérondif en français, il n'est donc pas très fructueux de partir des
25 formes latines et de voir comment elles ont évolué au cours des siècles. Il me
semble plus prometteur d'adopter la démarche inverse, de partir de la situa
tion en français actuel et de centrer les recherches sur les syntagmes qui
présentent une ressemblance de forme avec le gérondif moderne, quitte à
accorder provisoirement moins d'importance aux autres formes en -ant,
fléchies ou non (participes présents ou adjectifs déverbaux). Ce parti pris est
évidemment réducteur, et il n'est pas sans poser problème, mais il permet de
ne pas s'enliser dans le « magma » des formes en -ant.
Je propose donc de regarder de plus près un certain nombre de textes de la
littérature française pour voir comment, d'un texte à l'autre, le « gérondif » -
forme en -ant, toujours précédée de la particule en - se manifeste, gagne du
terrain, pour réussir finalement à s'imposer comme l'une des formes syntaxi
ques les plus vivaces et les plus répandues du français moderne (FM). J'ai déjà
effectué dans cette optique quelques petites études ponctuelles, dont une sur
un texte de la première moitié du XIIIe siècle, le Roman de Tristan en prose
(tome I, quelque 300 pages), deux sur des textes du XVIe siècle, le Livre I des
Essais de Montaigne (environ 300 pages également), et Gargantua et le Tiers
Livre de Rabelais (quelque 350 pages dans l'édition de la Pléiade). Je m'inté
resserai dans cette petite étude à la situation au XVe siècle, et tout particulièr
ement aux gérondifs des .XV. joies de mariage. Le texte, d'auteur inconnu,
datant de la première moitié du siècle, compte 120 pages. Vu le petit nombre
de gérondifs relevés, j'y ajouterai les gérondifs du Livre des .III. Vertus, de
Christine de Pisan, texte que l'on date généralement de 1405 (226 pages). Ce
petit échantillon de la première moitié du XVe sera complété par un relevé des
gérondifs des vingt premières pages des Cent Nouvelles Nouvelles (entre 1456 et
1467), qui constituent le résumé des nouvelles du recueil, texte de prose égale
ment, écrit dans une langue extrêmement simple et dépouillée, sans artifice
littéraire.
J'ai effectué un relevé exhaustif des formes gérondives de ces trois textes -
ou plus exactement des séquences présentant une ressemblance formelle avec
le gérondif français moderne. Cet article se présente de la sorte comme un
inventaire commenté des gérondifs de ces textes. Je commencerai par consi
dérer les gérondifs du Livre des .III. Vertus, m'arrêtant plus longuement sur
ceux des .XV. joies de mariage présentés dans leur intégralité, pour finir par du résumé des Cent Nouvelles Nouvelles. Le commentaire portera surtout
sur les ressemblances et les différences de comportement des formes relevées
par rapport au comportement des gérondifs du FM, tel que je l'ai décrit dans
Halmoy (1982), mais aussi par rapport à ceux du roman de Tristan, et à ceux
de Montaigne et Rabelais (Halmoy 1988, 1994 et 2001). Un bilan fera le point
sur les acquis essentiels. On trouvera en annexe le relevé alphabétique des
verbes en jeu dans les différents textes.
26 2. Le Livre des ЛИ. Vertus (1405) : 226 pages, 73 occurrences
de gérondifs
2.1. Les verbes en jeu
Le texte comporte 73 occurrences de gérondifs, soit un peu moins d'une
occurrence toutes les dix pages. Le relevé comprend les coordinations par et
ou par ou, pour lesquelles le morphème en n'est pas répété, mais figure en
facteur commun au début du syntagme :
l'ancienne dame lui en tendra plait en le ramentevant et devisant les bons moz qu'elle lui
aura ouy dire de l'amour qu'il a d'elle (.III. Vertus, 97)
Ces 73 occurrences se répartissent sur 37 verbes différents, le texte comport
ant de nombreux « doublets » : en attendant (x 2) ; en concluant (x 2) ; en disant
(x 9) ; en donnant (x 2) ; en faisant (x 12) ; en gardant (x 3) ; en se levant (x 2) ; en
louant (x 3) ; en parlant (x 3) ; en pensant (x 5) ; en riant (x 2). Il s'agit de verbes
très courants, à l'époque comme en FM - en disant, en faisant, en pensant. Un
seul verbe a disparu : en ramentevant.
Certains gérondifs ont une syntaxe différente de celle du FM. C'est le cas
de la forme en faisant (12 occurrences), pour laquelle on trouve entre la parti
cule en et le verbe des expansions autres que les pronoms clitiques et la négat
ion, que n'admet plus le FM. Remarquons notamment la séquence en ce
faisant, impossible actuellement (alors que l'on trouve avec le participe
présent de nos jours encore la suite figée archaïque ce faisant) :
toute gent a qui en bien faisant selon qu'a elle appertendra a se mesler, pourra aidier
(.III. Vertus, 32)
gardera sa paix a son pouvoir en bien faisant (.III. Vertus, 125)
en ce faisant (.III. Vertus, 38, 128)
si ne puez porter ne soustenir ta maistresse en péchiez faisant (.III. Vertus, 127)
Le gérondif en disant, qui vient en seconde position pour ce qui est de la
fréquence, est suivi soit d'une complétive objet, soit d'un objet nominal ou
d'un discours direct :
Nostre Seigneur l'excusa en disant : Marie, tu es moult diligent. . . (.III. Vertus, 25)
et seront ses premieres paroles adreçans à Dieu, en disant : Daigne nous, Sire, garder ceste
journée de pechi. . . (.III. Vertus, 47)
parlera a eulx maintes fois par bel, en disant par doulces paroles qu'il ne leur vueille anuier
(.III. Vertus, 85)
et de pou de chose fera grant conte et grant feste en disant qu'il n'est riens si bon ne si bel

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