Les fouilles de Siga - article ; n°1 ; vol.54, pg 108-141
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1937 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 108-141
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Grimal
Les fouilles de Siga
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 54, 1937. pp. 108-141.
Citer ce document / Cite this document :
Grimal Pierre. Les fouilles de Siga. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 54, 1937. pp. 108-141.
doi : 10.3406/mefr.1937.8701
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1937_num_54_1_8701FOUILLES DE SIGA LES
J'ai été appelé, au printemps de l'J.'-iH, à exécuter des fouilles sur
remplacement présumé de Siga1. On considère généralement que
cette ville numide, l'antique capitale de Syphax2, était située au
lieu dit « Takembrît », sur la commune mixte de Montagnac (arron
dissement d'Oran), dans la propriété appartenant à M. Baptiste
Barret. Il y a là, en effet, sur la rive gauche de la Tafna, à quatre
kilomètres de son embouchure, des ruines signalées depuis long
temps3; jamais, pourtant, elles n'avaient été l'objet de fouilles
systématiques, et leur identification repose surtout sur des textes
anciens.
ils nous apprennent que Siga se trouvait à moins de mille stades
à l'est de la Moulouïa4, soit à moins de deux cents kilomètres. De
1 Que M. L. Lesc.hi, directeur des Antiquités de l'Algérie, qui a bien
voulu me désigner au Gouvernement général pour cette mission, trouve
ici l'expression de ma gratitude, ainsi que pour les conseils qu'il n'a
cessé de me prodiguer. Les remerciements les plus vifs sont dus égal
ement à M. Baptiste Barret, propriétaire du domaine de Siga, pour sa
large et charmante hospitalité ; à M. le conservateur du Musée munici
pal d'Oran; à Mme et au docteur Vincent, d'Oran; à M. l'administra
teur de Montagnac, et à tous ceux dont le concours m'a précieusement
aidé dans cette entreprise.
2 Strabon, XVII, y (p. 829) : « ... Il y a la ville de Siga, à moins de
mille stades (de la Moulouïa)... la capitale de Syphax; elle est détruite
maintenant. » "ΙΊστι οέ πό'/,ις Σίγα έν χιλίοις τταοίοις άπο των λεχθέντων ορών,
ί*ασίλε:ον Σόφακος · κατε'σπατται δε νΰν, et Pline, //. Ν., V, 2,19:« Siga oppi
dum, ex averso Malaccae in Hispania sitac, Syphacis regia. »
3 Cf. St. Gsell, Allas archéologique de V Algerie, XXXI (Tlemcen), n° 1.
Voir la carte au Ι/ 50.000e, n° 208 iBéni-Saf). Siga n'a jamais fait l'objet
d'aucune étude : il n'y a que des allusions dispersées.
'* Strabon, loc. cit., ci-dessus, note 2. LF.S FOUILLES DK SMÏA
plus, nous savons par Seylax que la ville « était sur le fleuve (du
même nom) » et que, « devant le fleuve », il y avait » Γ ile d'Aera1 ».
Or, à moins de deux cents kilomètres à l'est de la Moulouïa, seule
la Tafna répond à ces conditions. Enfin, Γ Itinéraire d'Antonin
confirme cette conclusion : la distance qu'il indique entre la Mou-
Fl(i. 1. Sl<ÎA Κι LA VALLÉE I)K LA T.\FNA.
louïa'et Siga^est de 10S milles, soit environ lfid kilomètres : chiffre
suffisamment approché, si l'on suit les détours de la còte, et d'ac
cord avec Strahon. De plus, il distingue entre Siga et le port de
Siga2, qu'il dit être distants de trois milles l'un de l'autre : ce sont
1 Geog. Groeci minores, I, p. 'Jlt (MüllerJ, III : -ί'γη πό/t; vi tm τ:οταμω,
κ»ί τΛ<> ~'ί\, ποταμού, νήτος "Ακρα. Peut-être le nom de l'île se rapporte-t-il
à ce qui suit.
2 Itinéraire, 12, 8; 1:5, 1. On ne peut s'appuyer sur la distance qui
sépare Fortuit Caecilii et Siga, tant que l'identification de cette ville
n'est pas certaine. LES FOUILLES DE SIGA 110
bien trois milles qui séparent les ruines en question de la côte.
Tous les témoignages concordent donc pour les désigner.
Cependant, deux autres hypothèses ont été proposées : celle de
Mannert, d'après Léon l'Africain, en faveur de Nédroma1, et celle
de M. Teissier, en faveur de Sidi-Samegram, qui est un petit cap
à quatre kilomètres à l'ouest de la Tafna2.
La première hypothèse est tombée quand on a constaté que
Xédroma ne possédait pas le moindre vestige antique3. Quant à la
seconde, elle ne tient pas non plus : l'interprétation de Y Itinéraire
sur laquelle s'appuie M. Teissier est parfaitement arbitraire. Siga
n'est pas forcément sur la côte même, comme on nous le dit, et cela
ne saurait résulter du texte, tel que nous le lisons. Sans cela, pour
quoi cette distinction entre le port et la ville? De plus, jamais
aucun ileuve n'a coulé à Sidi-Samegram .: le témoignage de Scylax,
qui n'est même pas cité, suffirait à exclure l'identification proposée,
si elle n'était déjà condamnée par les faits4.
Les trouvailles modernes, dont M. Teissier ne tient aucun
compte, viennent confirmer les conclusions tirées des textes. Le
premier propriétaire français de Siga, M. Milsom, s'était adonné à
1 Cf. Aliiller, Numismatique de l'ancienne Afrique, ,'j vol., Copenhague,
1870-1878, III, p. l',2.
2 Note sur les ruines situées au lieu dit « S idi Samegram », Revue afri
caine, I'j27, p: 250 et suiv.
3 St. Gsell, op. cit., XXX (Nemours;, n° :;.
4 La còte, à Sidi Samegram, est parfaitement inhospitalière : jamais
elle n'a pu abriter la station phénicienne dont parle M. Teissier, tandis
qu'à quatre kilomètres s'ouvrait l'estuaire de la Tafna, si favorable à
un établissement (cf. ci-dessous;. M. Teissier prétend avoir trouvé des
ruines sur le cap ; il parle d'iine ville dont les rues seraient encore visibles.
Confiant dans ses indications, je me suis rendu sur les lieux et, par deux
fois, j'ai dû m'en retourner sans avoir rien vu. Le site est sauvage, le
terrain en pente abrupte et croulant, et il n'est pas sans danger de longer
la falaise. Dans l'antiquité, il ne devait pas en être autrement. De plus,
Sidi Samegram est entièrement coupé de l'arrière-pays par un massif
montagneux : entre la falaise et lui s'étend une petite vallée très étroite
et infestée de moustiques. \
]
]
]
I.KS KOtllLLKS DK SKJA 1 I 1
la recherche des antiquités ; il reste de ses efforts de nombreux
amas de débris sur le terrain, des trous à demi comblés, mais je
n'ai pu découvrir la moindre trace d'une note laissée sur les résul
tats obtenus. Quoi qu'il en soit, le souvenir a survécu d'un fra
gment de milliaire, où est nommée Siga * :
RES F S FPi
A SIGA M
I
Ce texte serait décisif [tour l'identification des ruines, s'il était
publié de façon plus satisfaisante, et si nous connaissions exacte
ment les circonstances de sa trouvaille. Il apporte cependant un
indice qui n'est pas négligeable.
Plus récemment, M. Albertini a publié une autre inscription,
qui serait tout à fait concluante, si elle était complète : malheu
reusement, le nom de Siga se cache dans une lacune2.
Dans ces conditions, le principal argument reste encore la pré
sence, au point désigné par les textes, de ruines importantes : sans
doute, les « recherches » de M. Milsom ont bouleversé le terrain en
trop d'endroits, et il est certain aussi que la mise en valeur actuelle
a demandé des sacrifices nécessaires. Néanmoins, il est possible de
se rendre compte qu'il y avait là une ville.
1 C. I. L., VIII, 22630 : « trouvé par Milsom sur sa terre près de la
Tafna ». S'il s'agit d'un milliaire, il faut lire : lies P(ublica) S(igensium)
p(ecunia) plublica), au prix de deux légères corrections. — II se peut que
l'inscription ait été lue correctement et que nous soyons en présence
d'une borne de propriété : lies signifierait : « possession », et le nom du
propriétaire f-e dissimulerait dans les initiales dont ce mot est suivi. Cf.
J. Carcopino, in Rev. afr., 1914, p. .'{42-:544 ; pI M. Durry, in Rev . Et. anc,
1927, p. 286-294.
2 Bulletin (VOran, LIV, fase. 195 : Pro salute D[(omini) niostri) Imper
ator is) Caes(aris)] M. Aureli Anto\_n.ini pii j'eliris Augi usti)] thermos
An\tonini(inas] res p(iiblicu) inuni[cipi Sigensis] devota [numi ni maies-
taiique...]. (lette dédicace de thermes à Élagabal provient du domaine de
Siga ; mais il m'a <:té impossible de me faire désigner l'endroit précis par
les auteurs eux-mêmes de cette découvprte. 112 LES FOUILL

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