Les islamistes, la démocratie et la question palestinienne en Jordanie après juillet 1988 - article ; n°1 ; vol.68, pg 133-150
19 pages
Français

Les islamistes, la démocratie et la question palestinienne en Jordanie après juillet 1988 - article ; n°1 ; vol.68, pg 133-150

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
19 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue du monde musulman et de la Méditerranée - Année 1993 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 133-150
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yann Le Troquer
Les islamistes, la démocratie et la question palestinienne en
Jordanie après juillet 1988
In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°68-69, 1993. pp. 133-150.
Citer ce document / Cite this document :
Le Troquer Yann. Les islamistes, la démocratie et la question palestinienne en Jordanie après juillet 1988. In: Revue du monde
musulman et de la Méditerranée, N°68-69, 1993. pp. 133-150.
doi : 10.3406/remmm.1993.2561
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1993_num_68_1_2561Yann Le Troquer
LES ISLAMISTES, LA DÉMOCRATIE ET
LA QUESTION PALESTINIENNE EN JORDANIE
APRÈS JUILLET 1988
"17 Presse, l'attaque Avril Jérusalem). d'un 1991 commando : un agriculteur de deux de hommes 32 ans, venu Gédéon de Jordanie Ezra, a sur été le tué kiboutz et trois de Newé personnes Ur" (Agence blessées France après
Un membre du commando a été abattu par l'armée israélienne tandis que le second a réussi à
s'enfuir. Le premier portait une pièce d'identité de populaire jordanienne et un tract du Hamas.
Le général Danny Yatom commentait :
"Cette attaque terroriste prouve que les autorités jordaniennes sont de moins en moins capables
d'empêcher des infiltrations à partir de leur territoire, en dépit de leurs efforts" (AFP, Jérusalem,
17-04-1991).
Mosche Arens ajoutait le lendemain :
"Nous avons plusieurs fois signifié aux Jordaniens que ces infiltrations terroristes étaient intolé
rables. Ou bien le message n'a pas été suffisamment entendu à Amman, ou bien les autorités jorda
niennes sont incapables d'agir. Dans les deux cas, nous devons prendre les mesures qui s'imposent"
(AFP, Jérusalem, 18-04-1991).
Coté jordanien, on s'abstenait de tout commentaire officiel sur cette seconde action en deux jours,
suivie, le jour même du discours du ministre israélien de la Défense, d'une nouvelle attaque ame
nant le général Barak, chef d'état-major israélien, à préciser :
"La stratégie mise en œuvre par l'armée israélienne au Sud Liban contre des groupes terroristes ne
peut s'appliquer en Jordanie où les autorités s'efforcent d'empêcher des infiltrations en territoire
israélien même si elles n'y parviennent pas. (...) D faudra trouver un accord avec les Jordaniens pour
qu'ils renforcent le contrôle de la ligne de cessez-le-feu et parallèlement il faudra renforcer nos dis
positifs défensifs "(AFP, Jérusalem, 18-04-1991).
RE.M.M.M. 68-69, 1993/2-3 134 / Yann Le Troquer
De cet "incident frontalier" d'avril 1991, diverses conclusions se dégageaient : visiblement, Israël
et la Jordanie étaient en phase pour limiter les tensions dues à des éléments échappant au contrô
le des deux autorités étatiques, et avaient une politique, une stratégie commune sur la question.
Visiblement aussi, la Jordanie se trouvait confrontée au problème délicat de sa relation de "bon voi
sinage" avec l'ennemi, par le fait d'actes commis par des citoyens jordaniens au nom des principes
éternels et sacrés de la libération d'une terre sainte de l'islam, la Palestine.
Questions aussi : quelle était l'identité de ces nouveaux combattants de la foi ? Comment la Jordanie
organisait-elle ses relations avec les mouvements dits islamistes, précisemment sur la question de
la Palestine ? Quelle fut, en ces années 90 et surtout après la rupture légale et administrative des
liens avec la rive Ouest du Jourdain en juillet 1988, la relation de la Jordanie à la Palestine en tant
qu'entité séculière mais également en tant que terre sacrée de l'islam ? Autrement dit, comment la
monarchie hachémite géra-t-elle le rapport entre ses intérêts d'Etats et ses devoirs religieux ?
I. L'islam jordanien,
les islamistes et le pouvoir Hachémite
"L'islam est la religion de l'Etat et l'arabe sa langue officielle" énonce l'article 2, chapitre I de
la Constitution jordanienne. Différents autres paragraphes ajoutent :
"Les Jordaniens doivent être égaux devant la loi. Il ne doit y avoir aucune discrimination parmi eux
au regard de leurs droits et devoirs sur la base de la race, de la langue ou de la religion" (chapitre 2,
article 6, § i).
"L'Etat doit garantir le libre exercice de toutes les formes de culte ou de rite religieux en accord avec
les coutumes observées dans le Royaume, sauf si celui-ci est incompatible avec l'ordre public ou la
moralité" (article 14).
Egalité des hommes devant l'Etat quel que soit le Dieu de leur choix à l'exception d'un citoyen
particulier, le chef du pouvoir exécutif (chapitre 4), le roi, qui dans les prérogatives de l'article 28
(e) se voit lié par une exigence religieuse particulière :
"Nulle personne ne peut monter sur le trône sans être musulman, saint d'esprit et né d'une épouse
légitime et de parents musulmans"1.
Quels sont donc les acteurs de l'islam en Jordanie, acteurs légaux (détenteur de l'exécutif,
détenteurs ou aspirants au législatif), mais également acteurs de l'ombre, groupuscules et, dans la
limite de nos informations, population ?
1 - L'islam des descendants du Prophète
Dans un communiqué officiel du 27 juillet 1940, le roi Abdullah demandait à son Premier
ministre de donner des ordres interdisant aux femmes de sortir de leur maison sans porter la robe
et le voile islamiques2. Près de cinquante années plus tard, l'islam pratiqué par son petit-fils Hussein,
s'il est resté attaché à la morale générale de sa religion, à son exercice et à sa défense, apparaît incon
testablement moins strict quant à l'exercice de pratiques qui lui sont liées. Le Palais lui même
offre la présence d'une reine occidentalisée, américaine d'origine machréhine.
L'islam d'Hussein se veut un islam moderne.
"Le slogan de retour vers l'islam est incorrect, le véritable slogan est celui d'une progression vers l'islam"
(Hussein de Jordanie, conférence de presse du 10-1 1-1989 à Amman, Le Monde du 12-1 1-1989, Paris).
Il n'est pas de message qui ne soit précédé d'un appel "au nom de Dieu, le Miséricordieux et le
Compatissant"3, et la référence à la descendance hachémite pourra être rappelée lorsqu'un souci de
légitimité religieuse apparaîtra. Les islamistes, la démocratie et la question palestinienne... / 135
"Comme Hachémite et Arabe musulman, j'ai le sentiment, plus qu'à n'importe quel moment dans le
passé, que j'ai le devoir d'appeler le peuple jordanien, ici et à l'étranger, à défendre notre foi, l'islam,
et à arrêter toute atteinte visant à déformer ou faire du tort à cette religion tolérante"(Hussein devant
le Sénat, Jordan Times, 05-07-1993, Amman).
Laissant à ses gouvernements le soin de gérer le quotidien délicat des contradictions entre
l'interprétation de l'esprit de l'islam et sa pratique quotidienne dans la société jordanienne4, le roi
Hussein et la famille royale toute entière présentent le visage d'un islam modéré, respectueux des
droits de l'homme, laissant à chacun le choix de ses croyances et les protégeant : le souci accordé
à la minorité chrétienne en Jordanie, au-delà du libre exercice des cultes, se manifeste par l'attr
ibution de 9 des 80 sièges du Parlement, soit 1 1 % alors que la communauté chrétienne ne consti
tue que 4 à 5 % de la population totale du pays.
Agissant avec toute la force de sa popularité sur la scène intérieure, il appelle son gouvernement
à donner une attention toute particulière à
"L'éducation, l'enseignement supérieur, la culture, les Awqaf et Affaires islamiques, les secteurs de
la jeunesse, (...) organisations nécessitant logique et sciences plus qu'ignorance et superstition, (...)
institutions ayant la responsabilité morale de diriger leur attention loin de la bigoterie, du sectarisme
et du régionalisme" (Hussein de Jordanie, lettre de désignation au Premier ministre Al Majali du 20-
05-1993, Jordan Times, 30-05-1993, Amman).
Au niveau international, il trouve en son frère cadet, le prince héritier Hassan, un ambassadeur
apprécié des capitales occidentales, fidèle défenseur d'un islam démocratique et humaniste, à com
prendre et à respecter :
&qu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents