Les stéréotypes et la contagion des idées - article ; n°1 ; vol.123, pg 105-124
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Description

Langue française - Année 1999 - Volume 123 - Numéro 1 - Pages 105-124
Marc DOMINICY, Les stereotypes et la contagion des idées In a series of books and articles, Dan Sperber has developed a cognitive theory that distinguishes between « intuitive » and « reflective » beliefs. It is argued here that a reflective belief necessarily contains (or « induces ») at least one « unanalized » concept. This hypothesis allows for a treatment of reflective beliefs which does not
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Dominicy
Les stéréotypes et la contagion des idées
In: Langue française. N°123, 1999. pp. 105-124.
Abstract
Marc Dominicy, Les stereotypes et la contagion des idées
In a series of books and articles, Dan Sperber has developed a cognitive theory that distinguishes between « intuitive » and «
reflective » beliefs. It is argued here that a reflective belief necessarily contains (or « induces ») at least one « unanalized »
concept. This hypothesis allows for a treatment of reflective beliefs which does not reduce them to a particular variety of ordinary
beliefs, while leading to a better account of evocation. Indeed, evocation can now he seen as a central (nonmodular) mechanism,
in which the processing of an unanalized concept involves the exploration of the « stereotype » assigned to it. In this perspective,
« stereotypes » are set of beliefs located in the central system, and should not be confused with (modular) « prototypes ». Marc
Dominicy, Les stereotypes et la contagion des idées
In a series of books and articles, Dan Sperber has developed a cognitive theory that distinguishes between « intuitive » and «
reflective » beliefs. It is argued here that a reflective belief necessarily contains (or « induces ») at least one « unanalized »
concept. This hypothesis allows for a treatment of reflective beliefs which does not reduce them to a particular variety of ordinary
beliefs, while leading to a better account of evocation. Indeed, evocation can now he seen as a central (nonmodular) mechanism,
in which the processing of an unanalized concept involves the exploration of the « stereotype » assigned to it. In this perspective,
« stereotypes » are set of beliefs located in the central system, and should not be confused with (modular) « prototypes ».
Citer ce document / Cite this document :
Dominicy Marc. Les stéréotypes et la contagion des idées. In: Langue française. N°123, 1999. pp. 105-124.
doi : 10.3406/lfr.1999.6299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1999_num_123_1_6299Marc DOMINICY
Université Libre de Bruxelles
LES STEREOTYPES ET LA CONTAGION DES IDEES
Dans La contagion des idées (1996), Dan Sperber reformule sa théorie de l'inte
rprétation symbolique (cf. Sperber 1974, 1975, 1979ab, 1982) en distinguant, parmi les
croyances, deux catégories essentielles : les « croyances intuitives » et les « croyances
reflexives » l. Ce « dualisme des croyances » (pour s'exprimer comme Recanati 1997 :
93) permet de caractériser en termes cognitifs les inputs du « dispositif symbolique » :
en effet, c'est à partir des « croyances reflexives » que se déclenchera le processus
d'« évocation » (1996 : 97-102, 118-135). J'entends commenter ici ces propositions de
manière critique, afin de mieux fonder ou d'éclaircir certaines des thèses que j'ai pu
avancer dans le cadre de ma propre « théorie de l'évocation » 2. Je serai amené, entre
autres choses, à introduire une dichotomie entre « prototype » et « stéréotype » qui me
semble indispensable si l'on veut comprendre le statut que revêt la parole « poétique »
dans l'exercice du langage naturel.
1. Croyances intuitives et croyances reflexives
1.1. Je commencerai par définir ce que j'appelle une « croyance potentielle
intuitive » (en abrégé : « СРГ »). Admettons, sans plus de discussion, qu'il existe un
« langage de la pensée » , dont les unités atomiques sont des « concepts » capables de se
combiner en des « représentations conceptuelles ». Une С FI est alors une représentat
ion conceptuelle d'un genre particulier : il s'agit d'une « représentation proposition-
nelle » (en abrégé : « RP »), susceptible d'être (tenue pour) vraie ou fausse. En d'autres
termes, une CPI n'est pas une représentation « publique » — par exemple, un énoncé ou
une phrase d'un langage « public », naturel (comme le français) ou artificiel (comme
Prolog) — mais un élément de l'ensemble infini des RP qui se laissent construire dans le
langage de la pensée.
1. Sperber a considérablement varié dans sa manière de nommer, et de (re)présenter, les
croyances qu'il a fini par appeler « reflexives ». Dans un premier temps (1974 : 113, 1975 : 404), il
a parlé de « représentations conceptuelles mises entre guillemets » ou « défectueuses » ; ensuite
(1982 : 69-80), de « semi-propositionnelles » ou de « croyances représentationnel-
les ». Ces flottements terminologiques tiennent, en partie, au fait que la croyance peut être vue
comme un contenu ou comme une attitude.
2. Sur ce sujet, voir Dominicy (1995c, 1997, 1998), où l'on trouve toutes les références
antérieures ; cf. aussi Aroui (1996), Choi-Diel (1998), Gouvard (1995, 1996), Michaux (1998).
105 Dès l'abord, il faut maintenir une différence nette et explicite entre les RP et les
propositions. Ces dernières ne sont pas des représentations conceptuelles du sujet
pensant, mais des entités du monde pensé par ce sujet (par exemple, dans une approche
modale classique, des ensembles de mondes possibles). Quoique cet usage ne s'accorde
guère avec la pratique courante des linguistes, il nous permettra d'envisager qu'une RP
puisse, dans certains cas, ne pas se voir correspondre une et une seule proposition (soit
que cette RP ne se voie correspondre aucune proposition, soit qu'elle s'en voie corres
pondre plusieurs).
Pour la facilité de l'exposé, je noterai les énoncés ou phrases d'un langage public en
italiques (par exemple : « Napoléon est mort à Sainte-Hélène »), et les RP en capitales
romaines (par : « NAPOLÉON EST MORT À SAINTE HÉLÈNE »). En contexte de
citation métalinguistique (dans un métalangage public;) ou métareprésentationnelle
(dans le langage de la pensée), ces notations seront flanquées de guillemets ordinaires
romains. Conformément à l'usage courant, j'utiliserai aussi ce type de guillemets pour
la citation non métalinguistique des paroles d'autrui. Cependant, comme à l'habitude,
j'omettrai les guillemets quand les représentations métalinguistiquement ou métarepré-
sentationnellement citées apparaissent sous forme d'exemples numérotés.
1.2. La notion de « croyance effective intuitive » (en abrégé :« CEI ») ne saurait se
définir sans référence à un esprit К et donc au sujet SK dans le cerveau duquel E se
trouve implanté. Une CEI (pour E, et donc pour S, ) est une CPI satisfaisant à l'une des
deux conditions qui suivent. Soit elle figure telle quelle dans une base de données de E
que Ton appelle communément « boîte à croyances » ; soit elle peut être inférée par E
des CEI figurant déjà dans sa boîte à croyances. Toute CEI de la boîte à croyances doit
être (ou avoir été) focalisée au moins une fois par la conscience « reflexive ». Par contre,
une CEI inferable ne doit pas nécessairement être (ou avoir été) l'objet d'une telle
focalisation — ni, a fortiori, s'exprimer (ou avoir été exprimée) par un énoncé d'un
langage public. Par exemple, jusqu'au moment où j'ai écrit ce texte, ma CET qu'il n'y a
pas d'acacias sur la planète Mars était restée soustraite à la focalisation et à l'expression
(Sperber 1996 : 120). En affirmant cela, on ne contredit pas la thèse cartésienne que
toute CEI est « consciente » (Dominicy 1984 : 33-39). En effet, il faut maintenir une
distinction de principe entre deux strates de « conscience ». La conscience « non-
réflexive » a accès à toute CEI, de même qu'elle a accès, dans l'instant du moins, à toute
perception ou proprioception ; d'où notre capacité à « reconnaître » à la fois les CEI
inférables, et certaines de nos expériences pereeptuelles (d'un goût, d'une odeur,...) ou
proprioceptives (d'une crampe au bras gauche, d'une position particulière de notre
tête,...). Cette « reconnaissance », indispensable à notre survie, ne saurait se confon
dre avec la focalisation que prend en charge la conscience reflexive lorsque, par
exemple, nous estimons invraisemblable un récit parlant des acacias qui peuplent la
106 planète Mars, lorsque nous nous remémorons les eiroonstances dans lesquelles telle o

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