Les travaux français sur l histoire de Rome et de l Italie au moyen âge, depuis le début du XXe siècle - article ; n°1 ; vol.52, pg 5-28
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Les travaux français sur l'histoire de Rome et de l'Italie au moyen âge, depuis le début du XXe siècle - article ; n°1 ; vol.52, pg 5-28

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1935 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 5-28
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Halphen
Les travaux français sur l'histoire de Rome et de l'Italie au
moyen âge, depuis le début du XXe siècle
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 52, 1935. pp. 5-28.
Citer ce document / Cite this document :
Halphen Louis. Les travaux français sur l'histoire de Rome et de l'Italie au moyen âge, depuis le début du XXe siècle. In:
Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 52, 1935. pp. 5-28.
doi : 10.3406/mefr.1935.7254
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1935_num_52_1_7254LES TRAVAUX FRANÇAIS
SUR
L'HISTOIRE DE ROME ET DE L'ITALIE
AU MOYEN AGE
DEPUIS LE DÉBUT DU XXe SIÈCLE1
Au moment où, sur la bienveillante recommandation de M. Emile
Mâle, la désignation flatteuse de M. Galassi-Paluzzi me vaut l'hon
neur redoutable de parler devant vous au nom des médiévistes fran
çais pour qui Rome est devenue une seconde patrie, me sera-t-il per
mis d'évoquer, en commençant, la mémoire de l'illustre prélat — j'ai
nommé Mgr Duchesne — qui m'accueillit voici plus de trente ans
chez vous et m'introduisit le premier dans cette Rome pontificale qui
commande toute l'histoire du moyen âge européen :
Roma caput mundi, rerum suprema potestas
Sa science, sa critique acérée, où son sourire venait mettre une
note d'ironie, sa bonne grâce enjouée régnaient alors au deuxième
étage du palais Farnese, lieu d'asile de notre École d'archéologie et
d'histoire. Tout jeune Français qui arrivait dans la Ville Éternelle
trouvait en lui non seulement le conseiller le plus sûr, en même
temps que le plus discret, mais aussi le meilleur introducteur qu'on
pût rêver dans l'histoire de la Rome médiévale. Sa monumentale
édition du Liber pontificalis (1886-1892), enrichie d'un commentaire
aujourd'hui encore inégalé, son pittoresque et malicieux petit volume
1 Conférence faite en italien à Y Istituto di Studi romani de Rome, le
16 mars 1935. LES TRAVAUX FRANÇAIS 6
sur les Premiers temps de l'État pontifical (1898) qui en formait le
prolongement, sa belle étude sur les Origines du culte chrétien
(1889), ses savants articles des Mélanges d'archéologie et d'histoire
commandaient à la fois l'admiration déférente et la confiance affec
tueuse. Tout en préparant le premier volume de son Histoire an
cienne de rÉglise, il avait pris en main l'édition du Liber cen-
suum de C Eglise romaine, qu'une mort prématurée avait empêché
son ami Paul Fabre de mener à bien. Ainsi Rome de toutes parts
l'avait conquis. Il n'y avait pas seulement acquis droit de cité : le
vieux clerc breton, comme il aimait à se nommer, avait fini par
s'identifier avec elle, et c'était une rare fortune pour l'apprenti his
torien venu des bords lointains de la Seine que de se sentir dès le dé
barqué placé sous un tel patronage. Tu duce, tu maestro...
Excusez-moi si je m'attarde à ces souvenirs, au lieu de vous jeter
d'emblée dans les détails du rapport technique que vous attendez ;
mais je ne puis m'empêcher d'évoquer encore ici, avant d'entrer au
cœur de mon sujet, un petit fait personnel assez caractéristique, me
semble-t-il, de l'esprit dans lequel les historiens français, à la suite
de Mgr Duchesne, ont abordé l'histoire de Rome et de l'Italie depuis
le début du siècle.
Bien novice alors — mais, après tout, n'est-on pas un éternel no
vice? — je venais à peine, en fin de journée, d'arriver du nord, tout
étourdi du voyage et ne connaissant de votre passé que ce que j'avais
lu dans les livres, quand incontinent Mgr Duchesne m'entraîna d'au
torité vers le Capitole pour y admirer le lever de lune sur le Forum
et entrevoir ainsi d'abord, dans le clair-obscur d'une nuit étoilée, le
vaste ensemble des ruines glorieuses dont ma pensée était appelée à
se nourrir. C'était une leçon — la plus délicate et la plus sage : l'es
prit critique ne devait étouffer chez l'historien ni le sens du beau, ni
surtout le sens des ensembles.
A pareille école, sur le sol italien, les médiévistes français se sont
appliqués, en effet, à se garder de l'érudition stérile, refermée sur SUR L HISTOIRE DE ROME ET DE L ITALIE AU MOYEN AGE 7
elle-même, à ne jamais perdre de vue les ensembles. Aussi leur l
abeur se laisse-t-il assez aisément ramener à quelques lignes direc
trices.
Et d'abord l'histoire même de la papauté, sur laquelle les travaux
de Mgr Duchesne avaient déjà jeté une si éclatante lumière, n'a cessé
d'être au premier plan de leurs préoccupations. Notre Ecole d'ar
chéologie et d'histoire s'est si bien spécialisée dans ce genre d'études
que, voici quelque trente ans, c'était plaisanterie courante, chaque
fois qu'un jeune médiéviste était désigné pour y partir, de lui poser
cette question : « Et quel est votre pape? » Avoir son pape, ce n'était
pas nécessairement en étudier la vie et l'histoire : à en croire
certains — et là était la malice — le cas n'était pas rare de ceux qui
limitaient volontiers leur ambition à transcrire ou analyser les bulles
du pontife sur lequel leur choix s'était porté.
Car notre École de Rome avait pris la courageuse résolution de
fournir d'abord aux historiens les textes d'archives sans lesquels
l'histoire de la papauté et de la Rome pontificale risquait de tourner
éternellement dans le même cercle. De là cette grande entreprise des
Registres des papes commencée en 1884, mais préparée dès 1877, au
lendemain du jour où le libéralisme éclairé du cardinal Pitra, puis
celui de Léon XIII permirent pour la première fois à un étranger —
un Français, de religion protestante, Elie Berger — d'accéder d'une
façon régulière aux précieux parchemins du Vatican. L'œuvre n'a
cessé de progresser depuis lors, et quoique le rythme de la publica
tion ait été plus lent qu'on n'eût souhaité, elle n'en représente pas
moins dès aujourd'hui une masse de près de soixante gros volumes
in-quarto d'une typographie très compacte.
Dans l'immense et magnifique série de registres où la chancellerie
pontificale transcrivait avec une régularité admirable pour l'époque
les bulles expédiées aux quatre coins de la chrétienté, l'École fran- 8 LES TRAVAUX FRANÇAIS
çaise de Rome, proportionnant son dessein à ses forces, a de bonne
heure fait un choix. Mais, pour limité qu'il soit, le programme
qu'elle s'est fixé est imposant : tous les registres depuis Grégoire IX
jusqu'à Benoît XI, c'est-à-dire pendant près de quatre-vingts années,
et quelles années! celles de Grégoire IX lui-même, d'Innocent IV, de
Boniface VIII — et, pour le temps des papes d'Avignon, toutes les
lettres dites communes et au moins celles des lettres closes, patentes,
secrètes ou curiales qui se rapportent à la France, le seul pontificat
de Clément V excepté, comme ayant déjà fait l'objet d'une autre pu
blication. Qu'on songe aussi aux événements décisifs qui se pressent
durant cette longue période de la « Captivité de Babylone », à ceux
notamment qui ont marqué le pontificat d'un Jean XXII ou celui
d'un Clément VI, triomphateur de Louis de Bavière; qu'on songe à
l'œuvre accomplie en Avignon par une lignée de papes soucieux de
faste et épris d'art; qu'on songe enfin au prix dont il a fallu le
payer : la fiscalité écrasante qui en fut la rançon et qui, plus que
tout le reste, contribua à discréditer le Souverain Pontificat dans
l'esprit des contemporains, et l'on mesurera sans peine l'intérêt pr
imordial de cette masse énorme de documents dont la divulgation est
due aux membres de notre École de Rome, aidés fraternellement et
inlassablement par quelques chapelains de Saint-Louis-des-Français.
Venus, comme eux, à Rome, de toutes les provinces, de tous les dio
cèses de France, pour s'entraîner pareillement aux grands travaux
d'érudition, ces jeunes prêtres ont rivalisé sur ce point de zèle avec
leurs camarades laïques. Mais l'œu

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