La lecture à portée de main
Description
Informations
Publié par | damefourmi0104 |
Publié le | 18 avril 2015 |
Nombre de lectures | 11 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 9 Mo |
Extrait
L’atelier de Lison de Caunes
Pousser la porte du 22 rue Mayet dans le VIème arrondissement de Paris et pénétrer dans l’univers de Lison. C’est le silence qui saisit. La quiétude du lieu. La lumière est douce. Le temps ici s’arrête. Il se fait apaisement et sérénité. Les secondes ne sont plus comptées, elles s’égrènent en un tic-tac tranquille. C’est ici que Lison officie. Penchée sur sa table de travail, ses outils à portée de main. Son grand-père, le décorateur André Groult, veille sur elle un léger sourire aux lèvres. Dans une confiance sereine… par-delà les temps.
Au pas suivant, comme ces trésors cachés par les portes fermées, c’est la cour qui s’offre à vous.
Le sol est pavé.
L’été, la treille doit offrir une ombre rafraîchissante.
Le vert domine.
La nature et l’espoir.
Un second atelier se cache ici.
C’est un océan de couleurs qui frappe le regard, entre dans le ventre et fait briller la lumière de l’intérieur. C’est un sourire qui s’étire. Le rire vient juste après.
Bonne humeur.
Bien-être.
Le rythme du printemps après la trop longue nuit de l’hiver. Les couleurs de Lison entraînent les jambes dans leurs joyeuses mélodies. Elles prennent possession du corps.
Envie de murmurer, de dire, de chanter
que la vie rêvée dans l’atelier de Lison est bien jolie.
Dans son atelier, Lison de Caunes a d’abord restauré des objets et meubles anciens avant de travailler sur ses propres créations.
La précision du geste...
La sûreté de la main...
Paravent réalisé par André Groult
pour l’Exposition des Arts Décoratifs de 1937
Deux mètres par deux mètres cinquante de paille blonde.
Douce et charnelle.
Brin brut sorti de terre.
Matière sensuelle domestiquée.
Aplatie et collée. La main se fait caresse. La paille tourbillonne et la main de l’homme la colle dans des sens différents et compose une scène champêtre. La paille elle-même redessine ce qu’elle a été. Une botte debout qui repose au soleil. Par la maîtrise de l’artiste elle retrouve ses origines et sa naissance.
Pointent un clocher et les toits des maisons.
Quelques fleurs qui bordent une rivière. Le soleil darde des rayons coupés par le coin du paravent. Leur lumière diffuse au-delà. Ils viennent éclairer la cheville de celle qui se déshabille derrière les panneaux. Ils ne sont pas matière morte qui absorbe et empêche le regard. Ils sont prolongement et lumière. Regardez bien, par transparence, vous verrez le tissu léger et fluide d’une lingerie tombée à terre.
Ombre chinoise du désir.
Ce paravent est le premier pas.
Boîte-lampion en carton (XVIIème siècle)
Collection Lison de Caunes
Le ruban est usé. On imagine les mains fines tirant sur la ficelle pour ouvrir cette boîte. Posée sur une coiffeuse, entre le miroir sur pied et la poudre de riz. Elle a peut-être contenu des bijoux. Ou des secrets cachés dans les accordéons de papier. Les cinq pétales de chaque fleur ont chacun une nuance de doré. Du jaune lumineux du soleil à la profondeur du bois.
Des trèfles à cinq feuilles.
C’est la nature et l’impossible.
Le réalisme et l’enfance.
Petite boîte à couvercle bombé (XVIIème siècle)
Collection Lison de Caunes
Les couleurs de l’automne.
Bientôt le froid va venir.
La terre va durcir.
Les arbres vont perdre leurs feuilles. La luminosité va faiblir. La nuit va triompher. C’est l’instant chatoyant avant l’hibernation. Avant la promesse d’un nouveau printemps. Alors dans cette boîte, la main de l’homme enferme le vivant et la lumière. Elle replie le couvercle pour ne rien perdre de la nature en devenir. Dans cette petite boîte d’à peine dix centimètres de longueur, elle enferme tout ce qui pousse à l’air libre. Elle préserve la liberté du dedans. Les fleurs de paille s’échappent du vase. Refusant la contrainte. Elles se jouent de l’espace et du temps. Elles se posent, libres, sur de la soie grise.
Doux cocon.
La paille et la soie.
L’alliance de deux mondes.
Pour attendre le renouveau.
Les couleurs de Lison
Du rouge le plus sombre au noir le plus brillant, Lison de Caunes a à cœur de travailler et de proposer de nouvelles couleurs. Sous les doigts de Lison, la paille se donne et se laisse voir sous de multiples facettes…
La paille est beige mordoré.
Les croissants chauds des petits-déjeuners d’été.
La paille est orange.
L’instant au soleil couchant qui illumine et éblouit avant de s’éteindre pour quelques heures de sommeil.
La paille est bleu nuit.
Un appel à la sensualité et à la caresse.
La paille est brune.
Un canapé devant une cheminée dans un chalet au cœur de l’hiver.
La paille est grise.
Les trottoirs brillants, mouillés par la pluie.
La paille est vert d’eau.
Une promenade sur un chemin humide de rosée qui serpente autour d’un ruisseau.
La paille est fushia.
Une robe fluide et légère sur un corps qui s’éveille.
Écran de cheminée en marqueterie de paille
Création 1998 © Lison de Caunes
Du vert au rouge.
Au milieu, deux vagues de violet et rose.
De la terre au ciel.
De la tige qui pousse jusqu’à la réflexion de la lumière au soleil couchant. C’est toute l’histoire de la marqueterie de paille dans cet écran de cheminée. Du travail de la main, de la coupe à la teinture jusqu’au raffinement d’un intérieur.
La lumière absorbe et filtre.
Elle est l’extérieur et l’élément constitutif.
Au-dedans et au-dehors.
Elle est passerelle.
Convergence et diffraction.
Les brins de seigle, aplatis et collés, s’élancent vers le haut dans un mouvement arrondi qui n’a pas de fin. Les vagues de couleur rappellent l’infini. L’horizon, ligne horizontale et rougeoyante. Cette paille sortie de terre sur laquelle il suffit de souffler pour détruire les murs, porte en elle assez de force pour faire rempart au feu. Elle est brindille qui se consume et écran de cheminée. Écran, écrin. Pour protéger le foyer d’une braise ou d’une chaleur trop vive. Les enfants jouent devant, apaisés et tranquilles.
Sécurité et force.
Brillance et transparence.
Jouer de la nature pour faire face aux éléments.
Sac «Kelly» marqueté pour Hermès
Création 2002 © Lison de Caunes