Lu à la télévision. Lecture du magazine A2 - Antiope vidéo - article ; n°25 ; vol.5, pg 85-117
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Description

Réseaux - Année 1987 - Volume 5 - Numéro 25 - Pages 85-117
1) Environ les deux tiers des lecteurs se plaignent de manquer de temps pour lire. Et, à plus forte raison, pour noter des renseignements. Mais plus encore qu'insuffisant, le temps d'affichage leur apparaît arbitraire. 2) Utilisant, lorsque cela correspond à leur style de lecture, les points de repère et les moyens de balisage que leur offre le magazine -sommaires, pagination, titres, bandeaux de bas-de-page etc- les lecteurs perçoivent peu les logos, qui leur semblent souvent insuffisamment explicites et utilisables. 3) Les styles de lecture sont directement liés aux différences de sexe. Notamment en raison des contraintes et des normes éthiques particulières qui concernent les femmes. Ainsi la lecture parallèle s'avère-t-elle le style proprement féminin. 4) Enfin, à des téléspectateurs qui puisent dans la télévision une image de l'animation de la vie, qui entretiennent avec elle un lien qu'ils apparentent à la chaleur d'une relation inter-personnelle, et qui en attendent une information sérieuse mais qui sait ne pas toujours se prendre au sérieux, Antiope vidéo apparaît comme une réalité austère, froide et impersonnelle. Trop.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Grumbach
Lu à la télévision. Lecture du magazine A2 - Antiope vidéo
In: Réseaux, 1987, volume 5 n°25. pp. 85-117.
Résumé
1) Environ les deux tiers des lecteurs se plaignent de manquer de temps pour lire. Et, à plus forte raison, pour noter des
renseignements. Mais plus encore qu'insuffisant, le temps d'affichage leur apparaît arbitraire. 2) Utilisant, lorsque cela
correspond à leur style de lecture, les points de repère et les moyens de balisage que leur offre le magazine -sommaires,
pagination, titres, bandeaux de bas-de-page etc- les lecteurs perçoivent peu les logos, qui leur semblent souvent insuffisamment
explicites et utilisables. 3) Les styles de lecture sont directement liés aux différences de sexe. Notamment en raison des
contraintes et des normes éthiques particulières qui concernent les femmes. Ainsi la lecture parallèle s'avère-t-elle le style
proprement féminin. 4) Enfin, à des téléspectateurs qui puisent dans la télévision une image de l'animation de la vie, qui
entretiennent avec elle un lien qu'ils apparentent à la chaleur d'une relation inter-personnelle, et qui en attendent une information
sérieuse mais qui sait ne pas toujours se prendre au sérieux, Antiope vidéo apparaît comme une réalité "austère", "froide" et
"impersonnelle". Trop.
Citer ce document / Cite this document :
Grumbach Michel. Lu à la télévision. Lecture du magazine A2 - Antiope vidéo. In: Réseaux, 1987, volume 5 n°25. pp. 85-117.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1987_num_5_25_1262LU A LA TÉLÉVISION.
LECTURE DU MAGAZINE A2 - ANTIOPE VIDÉO
MICHEL GRUMBACH
© CNRS temps de lire, c'est d'abord, pour la majorité des lecLe
teurs, le manque de temps.
En effet, plus encore qu'une simple régression du codex au
volumen, c'est-à-dire au rouleau interdisant le feuilletage mais
permettant au moins le retour en arrière, Antiope vidéo paraît dépossé
der radicalement l'écrit de ce que l'on considère habituellement comme
son essence : à savoir la permanence de la trace. Scripta manent .
L'écrit retrouve ici la fugacité de la parole. Le lecteur doit aLtron-
ter un texte irréversible et volatile.
C'est ensuite, en raison de l'absence de la parole, un sujet
strictement dépendant de la lecture, c'est-à-dire du seul canal visuel,
pour trier et choisir dans le flux permanent des messages, là où toute
son expérience la plus familière de téléspectateur le porte à s'en
remettre de façon prédominante au canal auditif. Difficultés et sugges
tions des lecteurs sont révélatrices du rôle capital de la communica
tion orale à la télévision.
C'est, encore, ou ça peut être, "un temps perdu", un temps
pris au travail, une figure de l'oisiveté. Un temps pris à l'occupation
quelconque que tout individu moralement estimable se doit de témoigner.
Certains y étant d'ailleurs plus tenus que d'autres.
Enfin, parce que ce nouveau média apparaît dépourvu de tous
les attraits qui font le plaisir de la télévision, c'est le déconcerte-
ment de téléspectateurs dont les attentes foncières -compagnie, commu
nication ou divertissement- se voient radicalement remises en cause.
87 FAUTE DE TEMPS
Pour quelques uns trop long, le temps ď at fichage des pages
s'avère, pour un plus grand nombre, trop court : près des deux tiers
des lecteurs se plaignent ae manquer de temps pour lire. Mais ce qui
montre la généralité de la difficulté, c'est que même les sujets qui
ont suffisamment de temps pour lire tiennnent presque tous à souligner
leur virtuosité personnelle :
"Je vous dis ce qu'il m'avrive : c'est que le temps de
live le haut y je suis pas arrivée en bas que pof la page
saute. Il y en a une autre qui se présente. Alors j'ai pas
le temps de lire tout entièrement ."(F ; 77; Secrétaire-
dactylo retraitée)
"Au début j'ai même rouspété. Pourtant j'ai pas écrit,
j'ai pas téléphoné. Je crois pas (..) parce que j'ai dit bon
dieu on voit bien qu'ils ont jamais fait de cinéma les gars
qui tiennent l'appareil . C'est trop rapide la projection. ..
il faut leur signaler ce truc-la. !" (H; 80; Opérateur-
projectionniste cinéma retraité)
Le temps fait particulièrement défaut lorsqu'il faut noter
une adresse ou un renseignement. Et les lecteurs en sont d'autant plus
étonnés ou choqués qu'ils voient là la vocation même d'Antiope vidéo.
Il manque encore lorsque la page comporte un grapnique ou des "chif
fres" :
"Si on prend des notes, par exemple, on n'a pas le temps.
Il faut lire et prendre des notes en même temps. Parce que
c'est fait pour ça, pour qu'on donne des informations et
pouvoir relever son information hein ? Il faut avoir un
petit bloc devant soi et puis on n'a pas le temps de lire et
de noter. Ca c'est trop rapide." (H; 63; Expert-comptable
retraité).
"Il y a des fois où il me manque quelques lignes a lire.
Ca ça arrive fréquemment. Quand il y a des longs textes ou
88 quand il y a des explications, des chiffres ou quelque chose
comme ça (..) Peut-être cinq ou dix secondes de plus ça me
permettrait d'aller au bout de la phrase." (F; 23; Agent
PTT)
Mais surtout, ce qui soulève le plus l'incompréhension et
la réprobation des lecteurs, c'est la durée constante des temps d'affi
chage, c'est-à-dire le défaut de proportion avec la longueur du texte
que la page comporte. Parfois connue comme telle, le plus souvent igno
rée, cette constance suscite un sentiment d'absurdité parce qu'elle
engendre, au plan de la perception, une durée d'affichage subjective
qui paraît arbitraire ou, pire, inversement proportionnelle à la
quantité de texte à lire : beaucoup de temps pour une ligne ; peu pour
douze :
"Le temps de passage a l'antenne n'était pas toujours syn
chronisé avec le nombre de lignes. Quelquefois c'est très
rempli du haut en bas et il y a pratiquement le même temps
de lecture que s'il n'y a que trois lignes." (H; 59; Cadre
supérieur retraité)
"Ca dépend, c'est pas régulier. Des fois, on a le temps,
des fois pas. Il faudrait en parler aux techniciens."
(H; 82; Ingénieur retraité)
"C'est plutôt une question de lignes. Parce que des fois,
il y a quatre lignes bon c'est vite lu. Par contre des fois
il y a douze lignes, bon on vient de lire quatre lignes, on
a pris le temps de les lire. Puis quand il y a douze lignes
ben le temps de se reprendre la cadence, ça y est c'est pas
sé." (H; 28; Chauffeur PTT)
Affronté à un temps d'affichage subjectif arbitraire ou
absurde, le lecteur s'efforce en général de donner un sens au paradoxe.
Il y parvient au prix de l'image d'Antiope vidéo : effet de la mauvaise
gestion du temps de l'émission ? Des partis pris de la rédaction ? De
la sournoiserie publicitaire et commerciale ? De l'incompétence des
techniciens ? :
89 "Il y a des moments, c'est trop long, des moments, c'est
trop court ... J'avoue que j'ai du mal et a chaque coup j'ai
été court-circuité a la moitié du message ... la raison je
pense que je la comprends (..) Si, par exemple, la totalité
de l'émission Météo doit durer tant de temps et effective
ment qu'il y a tant de messages a passer alors badaboum ils
défilent. Seulement alors le résultat il est pas brillant.
Mais pas uniquement la Météo, ça dépend des moments. Il y a
des textes qui restent longtemps et des textes qui passent
plus vite." (H; 65; Ingénieur retraité)
"II y a des choses que vous n'avez* même pas le temps de
lire, ça y est c'est passé. Et qui sont intéressantes. .. Ca
va terriblement vite. Et puis par contre des choses qui
s' éternisent par que Platini a placé un but. Par contre, un
fait divers assez prenant comme par exemple l'histoire du
S. A. С ou les choses comme ça qui sont beaucoup plus, à mon
humble avis, capitales pour voir combien lea- gens peuvent
être odieux les uns envers les autres ; par contre ça passe
vite." (F; 59; Femme au foyer) beaucoup trop
"On offre quelque chose a lire : il est donc très utile
que l'on fasse attention que quand il y

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