Neyrand (Gérard), Rossi (Patricia) – Monoparentalité précaire et femme-sujet ; n°1 ; vol.150, pg 147-150

Chantal Zaouche-Gaudron

Description

Revue française de pédagogie - Année 2005 - Volume 150 - Numéro 1 - Pages 147-150
4 pages

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• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 2005
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• Langue: Français

Extrait

suisse. L’ouvrage s’intéresse alors à un volet inexploré de l’activité de Jullien : celle qu’il déploie, sous la Restaura- tion, avec les philanthropes, les chrétiens libéraux et les saint-simoniens notamment, pour défendre l’instruction du peuple, l’enseignement élémentaire et non seulement la méthode pestalozzienne mais encore la méthode mutuelle (chapitre 5). Enfin, un dernier chapitre examine les travaux de « l’homme de méthode » : celui-ci cherche tantôt à rationaliser la vie par unEssai sur l’emploi du temps, tantôt à rationaliser l’éducation en s’appuyant sur la phrénologie du docteur Gall, puis en formant le projet de « la science de l’éducation » et de l’éducation compa- rée, tantôt à rationaliser les sciences mêmes en dressant le tableau de leurs différences et de leurs convergences pour les rendre plus utiles et améliorer le sort de l’hu- manité.

Ces multiples «destinées »qui s’entrecroisent, ces divers intérêts et conceptions pédagogiques, philoso- phiques ou scientifiques, Marie-Claude Dieulevin les situe en détail dans leur contexte historique, politique et idéologique ;plus précisément encore, elle s’emploie à identifier les traditions contraires dont Jullien se récla- mait, les cercles sociaux dans lesquels il était engagé et les divers courants qui ont influencé ses conceptions de l’éducation. C’est aussi l’intérêt de cet ouvrage que de brosser un tableau des conceptions éducatives qui, de la e Révolution aux tout débuts de la IIRépublique, se cris- tallisent en quelque sorte dans l’œuvre de Jullien.

Le lecteur se sent cependant quelque peu perplexe face aux palinodies, aux ruptures, mais aussi aux conti- nuités décrites dans le livre. Sans doute ne peut-il être que troublé par les reniements et les fidélités, anciennes et nouvelles, de Jullien, par son parcours sinueux — qui paraît à la fois lointain et proche de celui de bien de nos contemporains –, par sa vie que la mort n’a pu transfor- mer en destin. Mais il l’est plus encore par son œuvre composite dont il peine à saisir, sinon la cohérence, du moins la consistance. Si, en effet, Marie-Claude Dieule- vin lui propose des clefs d’interprétation « externes » qui permettent de saisir les contraintes historiques et les influences qui ont pesé sur cette œuvre, ainsi que les res- sorts psychologiques de son auteur, elle lui fournit trop peu de clefs de compréhension de l’œuvre elle-même. Ainsi, Jullien a une vision politique de l’éducation puisque celle-ci vise à former et transformer indissolu- blement les hommes et la Cité, à introduire plus de jus- tice dans la société; mais sur quelles conceptions poli- tiques et philosophiques fonde-t-il sa ou ses conceptions de l’éducation, comment peut-il notamment concilier le principe « jacobin » de la volonté générale et le principe libéral de respect des libertés et des droits de la personne humaine — ou du moins, passer d’une référence à

l’autre ?Comment comprendre les tensions qui traver- sent ses travaux pédagogiques, sans les réduire en invo- quant une sorte de permanence de la personne de Jul- lien, perpétuellement héritier des Lumières et jacobin, même lorsqu’il se fait philanthrope et libéral? Jullien a une vision plus composite encore de « la science de l’édu- cation »et de «l’éducation comparée» qu’il projette, le premier, d’édifier (notons, au passage, qu’il n’est pas l’in- venteur du syntagmescience de l’éducation, emprunté à l’idéologue Destutt de Tracy) ; mais quelle cohérence et quelle consistance y a-t-il dans ses théorisations, quelle est la pertinence de ses observations ou de ses descrip- tions de l’Institut d’Yverdon et des catégories qu’il retient pour comparer les établissements d’éducation ou pour comparer les sciences? Ces questions, parmi d’autres, restent ouvertes, et certains pourront regretter que la figure, fascinante s’il en est, de Marc-Antoine Jul- lien rejette par trop dans l’ombre sa problématique œuvre pédagogique.

Jacqueline Gautherin UMR Éducation et politiques Université Lumière-Lyon 2/INRP

NEYRAND (Gérard), ROSSI (Patricia). –Monoparen- talité précaire et femme sujet. – Ramonville Saint-Agne : Erès, 2004. – 236 p.

G. Neyrand poursuit dansMonoparentalité précaire et femme sujetle travail qu’il avait engagé dans son précé- dent ouvrageL’enfant, la mère et la question du père, et qui se prolonge depuis peu par un autre écrit intitulé Préserver le lien parental. Dans le premier de cette « trilo- gie »,G. Neyrand avait déjà le souci de débattre avec d’autres champs disciplinaires pour approfondir notions, concepts et théories en matière de système familial, pa- rental et conjugal. Dans les deux suivants, le débat subsis- te et s’élargit puisque c’est dorénavant avec des auteurs cliniciens et psychanalystes qu’il poursuit son œuvre, et notamment pour celui-ci, avec P. Rossi psychologue clini- cienne, psychanalyste. La démonstration réalisée par G. Neyrand et P. Rossi qui recourt à plusieurs champs dis- ciplinaires dont la sociologie et la psychanalyse mais aussi la psychologie, l’histoire et l’anthropologie suscite de nombreuses interrogations. Le débat contradictoire au sein des psychanalystes et/ou entre les disciplines et sous- disciplines est-il seulement le «révélateur d’un change- ment de paradigme en matière d’analyse familiale» comme le proposent les auteurs ? N’est-il pas aussi le révélateur de notre obligation à œuvrer de manière conjointe pour traiter de la complexité familiale ? Il est vrai que les pro- fonds bouleversements qui affectent le système familial

Notes critiques 147