Notes d'archéologie et d'architectures orientales: 9. - Une maison anatolienne abandonnée. Etude architecturale et archéologique - article ; n°1 ; vol.74, pg 15-32

J.-C. Margueron

Description

Syria - Année 1997 - Volume 74 - Numéro 1 - Pages 15-32
Driving on the road from Konya to Ankara along the Salt Lake of Anatolian Plateau, the attention of the author was drawn by an abandoned mud brick house in course of désintégration. The existence of two levels clearly visible by two rows of windows and the curious lack of stairway leads him to seek all clues of a former means of going up to the second storey. Following up his analysis, he attempts an evaluation of the nature and the appearance of ruin's remains at the end of the decay. Finally he asks himself about the conclusions that may be drawn by an archaeological analysis of these remains.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 10
• Langue: Français
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Extrait

J.-C. Margueron
Notes d'archéologie et d'architectures orientales: 9. - Une
maison anatolienne abandonnée. Etude architecturale et
archéologique
In: Syria. Tome 74, 1997. pp. 15-32.
Abstract
Driving on the road from Konya to Ankara along the Salt Lake of Anatolian Plateau, the attention of the author was drawn by an
abandoned mud brick house in course of désintégration. The existence of two levels clearly visible by two rows of windows and
the curious lack of stairway leads him to seek all clues of a former means of going up to the second storey. Following up his
analysis, he attempts an evaluation of the nature and the appearance of ruin's remains at the end of the decay. Finally he asks
himself about the conclusions that may be drawn by an archaeological analysis of these remains.
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Margueron J.-C. Notes d'archéologie et d'architectures orientales: 9. - Une maison anatolienne abandonnée. Etude
architecturale et archéologique. In: Syria. Tome 74, 1997. pp. 15-32.
doi : 10.3406/syria.1997.7511
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1997_num_74_1_7511NOTES D'ARCHEOLOGIE
ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES
PAR
Jean-Claude MARGUERON
9. — UNE MAISON ANATOLIENNE ABANDONNÉE
ÉTUDE ARCHITECTURALE ET ARCHÉOLOGIQUE
DESCRIPTION DE LA MAISON À la mi-novembre 1995, je rentrais en France en
DANS SON ÉTAT ACTUEL voiture avec Béatrice Muller. L'itinéraire choisi
empruntait la route qui joint Konya à Ankara en
Procédés d'analyse longeant la rive occidentale du Lac Salé. À une
dizaine de kilomètres au nord de Cihanbeyli, mon L'impossibilité où j'étais de réaliser un relevé
attention a été attirée par une maison abandonnée complet et précis avec plans et dessins des parois, près d'un petit village nommé Dalma Kuyu, dominé m'a conduit à noter un certain nombre de dimenspar le tell Korka Hûyiik.
ions considérées comme directrices et significaL'aspect d'abandon et de délabrement d'une tives, puis à prendre d'assez nombreuses photos de maison en terre encore debout et surmontée d'un
l'édifice sous des angles divers et en géométral. étage (fig. 1, 2, 3 et 4) m'a fait m 'arrêter pour aller
Bien entendu, dans ce dernier mode de prise de vue, l'observer de plus près et de façon détaillée.
je ne pouvais espérer me trouver exactement au Cet examen effectué sans avoir à ma disposition
centre de la façade, car la hauteur de celle-ci dépasstous les instruments nécessaires à une bonne invest
ait le double de ma personne. igation (absence de décamètre, impossibilité de
trouver une échelle, brièveté du temps disponible), Néanmoins, en prenant les photographies avec
a cependant permis des observations de grand un recul important et en tenant compte, au moment
intérêt, tant sur l'architecture elle-même que sur les des analyses graphiques, des lignes de fuite accen
processus de destruction : il ouvre ainsi la voie tuées dans les parties hautes, il m'a été possible,
d'abord à une réflexion sur ce qui peut subsister une fois revenu en Europe, d'étudier le bâtiment à d'une maison une fois qu'elle a été ruinée, ensuite partir d'un système de carroyage où l'unité sur la formation des tells, enfin sur les éléments qui métrique pouvait être reportée de façon significasubsisteront pour un jugement archéologique.
tive. Il est évident que l'on ne saurait prétendre Grâce à l'amitié d'O. Aurenche qui conduit une
avec une telle méthode à une précision absolue étude ethnoarchéologique en Anatolie, j'ai pu avoir
mais, compte tenu de mes objectifs, je pense que le accès à une imposante documentation comparative
résultat peut être considéré comme globalement qu'il m'a autorisé à utiliser dans cet article : je l'en
satisfaisant (fig. 5 et 6). remercie vivement1.
1. Voir en particulier M. BAZIN, O. AURENCHE et meeting on modem Ottoman Studies and the Turkish Republic,
Leyde, 1989, p. 47-57. S. SADLER, "Approche de l'habitat rural turc dans la moyenne
vallée de l'Euphrate", Proceedings of the 2nd International
Syria, LXXIV, 1997, p. 15 à 32 16 J.-C. MARGUERON [Syria LXXIV
Fig. 1. — Façades sud et est.
Fig. 2. — Façades nord et ouest. NOTES D'ARCHÉOLOGIE ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES 17 1997]
Fig. 3. — Façade ouest.
Fig. 4. — Façade est. i
.
18 J.-C. MARGUERON [Syria LXXIV
FACE SUD
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FACE NORD _Q ■© — O I O -o-o
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FACE OUEST Fig. 5. — Étude des façades par le procédé du FACE carroyage. EST NOTES D'ARCHEOLOGIE ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES 19 1997]
Fig. 6. — Les façades telles qu'elles apparaissent sur les photos. 20 J.-C. MARGUERON [Syria LXXIV
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REZ-DE-CHAUSSÉE
Z m
ÉTAGE
Fig. 7. — Plans du rez-de-chaussée et de l'étage.
D'autre part je n'ai pas eu la possibilité d'occupation. La couverture apparaît plate (mais
d'atteindre le niveau supérieur du fait de l'absence avec une pente suffisante pour permettre l'écoul
de tout escalier et parce qu'aucun moyen sur place ement des eaux) et est constituée de roseaux très
ne me permettait de me hisser jusqu'à lui ; sur serrés, en léger surplomb par rapport au nu du mur
certaines questions cette documentation est donc (fig. 8).
lacunaire. Les murs de briques crues ont une épaisseur de
55 cm et sont installés sur une base de moellons en C'est Anne Horrenberger, la fidèle dessinatrice
pierre, haute de deux assises visibles ; il a pu en de la mission de Mari, qui a effectué les dessins de
exister plus, mais l'état du contact entre le mur et le cet article, dans des conditions qui n'étaient pas
sol ne permet pas d'être plus précis sur ce point. très faciles et je l'en remercie vivement.
Le sol du niveau inférieur est en terre battue.
Structure générale (fig. 1-4 et 6) La hauteur totale du bâtiment, évaluée à partir
des données graphiques, est de peu supérieure à 5 m. La maison se présente sous la forme d'un parall
élépipède très allongé qui occupe une aire de 10 x La séparation entre les niveaux inférieur et supé
4m (fig. 7). L'axe long est orienté est-ouest, la rieur se situe à 2m (sous les points d'appui des
façade méridionale est celle qui assure les relations poutres). Le diamètre des poutres est d'une quin
avec l'extérieur. Le double alignement d'ouvert zaine de centimètres et l'entraxe est environ de
ures, de petites dimensions au niveau inférieur, 50 cm. Sur les poutres reposent des nattes et, par
beaucoup plus développées au niveau supérieur, dessus, de la terre. Il n'a cependant pas été possible
d'observer la nature du sol du 1er étage. met en évidence l'existence de deux niveaux NOTES D'ARCHEOLOGIE ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES 21 1997]
REZ-DE-CHAUSSÉE
ÉTAGE
Fig. 8. — Plans de poutraison du niveau 1 et de la couverture.
Un chaînage en bois, clairement visible chaque niveau inférieur sous la forme d'une ouverture de
fois que l'enduit extérieur a disparu, fait le tour du forme grossièrement semi-circulaire (fig. 10). Il n'a
bâtiment à la hauteur du sommet des fenêtres du malheureusement pas été possible de savoir de
niveau supérieur (fig. 9). façon sûre si un second foyer avait été aménagé au
Une excroissance, qui occupe le centre de la niveau supérieur, ce qui n'est nullement impossible
compte tenu du fait que ce n'est que largement au- paroi orientale sur une largeur d'environ 1,75 m
tout en se rétrécissant vers le haut, apparaît comme dessus du plancher que commence l'amincissement
une conduite de cheminée ; Tâtre a été repéré au de la conduite. 22 J.-C. MARGUERON [Syria LXXIV
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Fig. 9. — Études des boiseries. 1997] NOTES D'ARCHÉOLOGIE ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES 23
beaucoup plus clair que les briques. Un enduit, mieux conservé, recouvrait les parois
intérieures ; il était blanchi grâce à un lait de chaux.
Pour les poutres des deux niveaux (fig. 10), pour
le chaînage et pour les encadrements de fenêtres et
de portes, il faut compter 252 m linéaires de bois
d'une quinzaine de centimètres de diamètre. Ce
chiffre ne tient pas compte des quantités nécess
aires pour la plate-forme, l'escalier, l'auvent et