Paroles de militaires : les « Libres réflexions sur la défense » dans la revue Armées d aujourd hui, 1986-1996 - article ; n°1 ; vol.51, pg 58-74
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Paroles de militaires : les « Libres réflexions sur la défense » dans la revue Armées d'aujourd'hui, 1986-1996 - article ; n°1 ; vol.51, pg 58-74

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Mots - Année 1997 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 58-74
PALABRAS DE MILITARES : LAS «LIBRES REFLEXIONES SOBRE LA DEFENSA» EN LA REVISTA «ARMÉES D'AUJOURD'HUI », 1986-1996 La institución militar organiza para sus miembros un espacio paradojal de libre reflexion dentro de un dispositivo de control. Éste espacio discursivo aparece comme un lugar de definición de la comunidad militar en el cual los intervinientes elaboran su territorio social et su etos comunitario.
THE WORDS OF THE MILITARY: «FREE REFLEXIONS ABOUT DEFENSE» IN THE REVIEW «ARMÉES D'AUJOURD'HUI », 1986-1996 The military institution provides its members with a paradoxical space of free thought within a deployment of control. This discursive space appears as a place of definition of the military community, in which those involved develop their social territory and their communal ethos.
PAROLES DE MILITAIRES: LES «LIBRES RÉFLEXIONS SUR LA DÉFENSE» DANS LA REVUE «ARMÉES D'AUJOURD'HUI», 1986- 1996 L'institution militaire ménage à ses membres un espace paradoxal de libre réflexion pris dans un dispositif de contrôle. Cet espace discursif apparait comme un lieu de définition de la communauté militaire, où les intervenants élaborent leur territoire social et leur ethos communautaire.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Anne Paveau
Paroles de militaires : les « Libres réflexions sur la défense »
dans la revue Armées d'aujourd'hui, 1986-1996
In: Mots, juin 1997, N°51. pp. 58-74.
Résumé
PAROLES DE MILITAIRES: LES «LIBRES RÉFLEXIONS SUR LA DÉFENSE» DANS LA REVUE «ARMÉES D'AUJOURD'HUI»,
1986- 1996 L'institution militaire ménage à ses membres un espace paradoxal de libre réflexion pris dans un dispositif de
contrôle. Cet espace discursif apparait comme un lieu de définition de la communauté militaire, où les intervenants élaborent leur
territoire social et leur ethos communautaire.
Resumen
PALABRAS DE MILITARES : LAS «LIBRES REFLEXIONES SOBRE LA DEFENSA» EN LA REVISTA «ARMÉES
D'AUJOURD'HUI », 1986-1996 La institución militar organiza para sus miembros un espacio paradojal de libre reflexion dentro
de un dispositivo de control. Éste espacio discursivo aparece comme un lugar de definición de la comunidad militar en el cual los
intervinientes elaboran su territorio social et su etos comunitario.
Abstract
THE WORDS OF THE MILITARY: «FREE REFLEXIONS ABOUT DEFENSE» IN THE REVIEW «ARMÉES D'AUJOURD'HUI »,
1986-1996 The military institution provides its members with a paradoxical space of free thought within a deployment of control.
This discursive space appears as a place of definition of the military community, in which those involved develop their social
territory and their communal ethos.
Citer ce document / Cite this document :
Paveau Marie-Anne. Paroles de militaires : les « Libres réflexions sur la défense » dans la revue Armées d'aujourd'hui, 1986-
1996. In: Mots, juin 1997, N°51. pp. 58-74.
doi : 10.3406/mots.1997.2406
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1997_num_51_1_2406PAVEAU0 Marie-Anne
Paroles de militaires :,
les « Libres réflexions sur la défense »
dans la revue Armées d'aujourd'hui, '
1986-1996 . .
En 1986 parait une note du ministre de la Défense qui établit
un espace officiel d'expression pour les militaires : « Afin de
répondre au besoin de discussion et de débat sur les problèmes de
défense, qui existe au sein de l'institution militaire, j'ai décidé la
création d'une revue particulièrement ouverte à la libre expression
des militaires d'activé des Armées, de la Gendarmerie et de la
Délégation Générale pour l'Armement. Cette publication, sous le
titre Libres réflexions sur la défense, aura la forme d'un cahier
spécial encarté dans la revue Armées d'aujourd'hui ' ». Discussion,
débat, libre expression, libres réflexions, autant de termes qui
tranchent avec les désignants habituels de la parole dans l'armée,
« Grande Muette » aussi officiellement que légendairement soumise
au fameux «devoir de réserve2».
L'existence de cette rubrique semble donc a priori paradoxale :
une institution, dont une des structures fondamentales est le contrôle
étroit de l'expression tant écrite qu'orale de ses membres, décide
de la création d'un espace de « Libres Réflexions » (LR) dans un
cadre institutionnel. Mais c'est justement ce cadre institutionnel qui
° Université de Cergy-Pontoise 8, Le Campus — Avenue du Parc, 95033 Cergy-
Pontoise cedex.
1. Instruction ministérielle n°2367 du 17 janvier 1986; désormais IM 2367. Les
appelés du contingent sont considérés comme personnel d'activé.
2. « Les opinions ou croyances, philosophiques, religieuses ou politiques sont
libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu'en dehors du service et avec
la réserve exigée par le statut militaire» {Statut général des militaires, art. 7, 1972,
modifié en 1975).
58 Mots, 51, juin 97, p. 58 à 74 peut dénouer le paradoxe : nous voudrions montrer que la création
de ce lieu de parole participe de la gestion institutionnelle du
discours dans Г armée et que le discours des militaires est à la fois
un dit du groupe et un dire sur le groupe. On ne peut guère, en
effet, séparer le fonctionnement du groupe de celui de son discours ;
c'est même le discours du groupe qui contribue à le constituer en
tant que tel1. Autrement dit cette rubrique peut apparaître comme
un champ discursif où se disent les pratiques énonciatives, les
représentations sociales et culturelles, voire les conflits d'un groupe
qui parle dans les limites d'une liberté prescrite. Territoire langagier,
cette rubrique construit dans le discours son territoire social.
Pour cerner la nature de cette liberté d'expression institutionnelle,
nous avons dépouillé les 556 contributions parues dans Armées
d'aujourd'hui (ADA) entre février 1986 et juin 1996 2. Nous y
avons relevé et analysé les manifestations des locuteurs et destinat
aires discursifs, et les segments verbaux susceptibles de définir une
spatialité et une temporalité propres aux militaires. Dans cette
perspective, les contenus thématiques n'ont pas été des critères
discriminants, et nous n'avons relevé, dans toutes les contributions,
que les éléments qui nous semblaient participer de cette construction
territoriale de la communauté. Nous n'avons pas non plus adopté
le critère de la fréquence pour nos relevés : toute occurrence, même
unique, a pour nous un intérêt dans la mesure où elle est rendue
officielle par l'autorisation institutionnelle et la publication dans une
revue dépendant du ministère de la Défense.
Après avoir examiné les caractéristiques qui font de la rubrique
un champ d'appropriation et de contrôle du discours par l'institution,
nous verrons que le discours des LR est un discours sur la
militante3, sur l'identité groupale du locuteur développant une
vision spatiale de sa communauté. Nous terminerons par l'étude de
1. Sur cette question voir, par exemple, D. Maingueneau, Nouvelles tendances en
analyse du discours, Paris, Hachette, 1987, p. 39 et « Le " tour " ethnolinguistique
de l'analyse de discours» dans Langages, 105, Paris, Larousse, 1991, p. 114-125.
2. №107 à 211 (ces numéros identifient entre parenthèses la provenance des
énoncés cités). Le format de chaque LR est de 7 500 signes maximum. Nous avons
aussi disposé des papiers refusés entre 1992 et 19% (les précédents n'ont pas été
gardés), ainsi que des registres tenus par la rédaction sur toute la période, fournis
par le rédacteur en chef d'ADA que nous remercions de son aimable collaboration.
3. Nous appelons militante l'ensemble des marqueurs (professionnels, juridiques,
sociaux, idéologiques, culturels, corporels) attachés au statut militaire, qui est selon
nous autant un métier qu'un mode d'être. Sur ce point, voir notre thèse de doctorat :
«Le langage des militaires. Éléments pour une ethnolinguistique de l'armée de terre
française », Paris 4-Sorbonne, 1994, exemplaire dactylographié, p. 13.
59 la temporalité particulière tracée dans le discours des LR, qui révèle
une vision crépusculaire du monde, nourrie de références à un âge
d'or antérieur, règne des valeurs du groupe.
La parole militaire entre expression et répression
Le paradoxe de la liberté d'expression institutionnelle
Les articles sont soumis à une « Haute Autorité » présidée par
le chef du Contrôle général des armées, et qui réunit les inspecteurs
généraux des armées et le directeur de l'Institut des hautes études
de défense nationale. Cette commission a été récemment doublée
par un comité de lecture propre au SIRPA (décision prise en juin
1996). Deux organismes examinent donc dorénavant les contributions
des militaires et peuvent les « refuser » ou les « approuver » (termes
de l'instruction ministérielle) ou demander des modifications. Selon
les registres fournis par le SIRPA, il s'agit d'améliorations formelles
ou de suppressions de passages « ouvrant la porte aux polémiques ».
Selon le rédacteur en chef, les LR sont refusées car elles sont
rédigées en « mauvais français », manquent d'intérêt, ne concernent
pas les problèmes de défense ou présentent le risque de nourrir des
débats interminables. Nous avons pu vérifier ce dernier motif: en
mai

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