Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule romaine sous le Haut-Empire - article ; n°2 ; vol.102, pg 541-571

Burnand Yves

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 2 - Pages 541-571
Yves Burnand, Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule romaine sous le Haut-Empire, p. 541-571. Pour quelques villes de Gaule l'épigraphie permet de connaître une série appréciable de magistratures municipales : c'est le cas à Nimes et à Vienne, à Lyon dans une moindre mesure. Leur examen montre l'existence de carrières municipales différemment structurées et à l'intérieur de chacune la possibilité de parcours personnels également différents. Ceux-ci paraissent correspondre à l'existence de clivages sociaux dans ce personnel dirigeant, avec un milieu dominant installé dans les échelons supérieurs du cursus municipal et un groupe moins favorisé confiné dans les premiers échelons de celui-ci. La recherche dans l'état-civil des membres de ces groupes de corrélations onomastiques dues à des liens (v. au verso) de parenté pourrait fournir une approche d'explication, car si elles sont peu nombreuses entre les deux groupes de dirigeants ainsi distingués elles apparaissent au contraire assez fréquentes à l'intérieur de chacun d'eux.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 43
• Langue: Français
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Extrait

Yves Burnand
Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule
romaine sous le Haut-Empire
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 541-571.
Résumé
Yves Burnand, Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule romaine sous le Haut-Empire, p. 541-571.
Pour quelques villes de Gaule l'épigraphie permet de connaître une série appréciable de magistratures municipales : c'est le cas
à Nimes et à Vienne, à Lyon dans une moindre mesure. Leur examen montre l'existence de carrières différemment
structurées et à l'intérieur de chacune la possibilité de parcours personnels également différents. Ceux-ci paraissent
correspondre à l'existence de clivages sociaux dans ce personnel dirigeant, avec un milieu dominant installé dans les échelons
supérieurs du cursus municipal et un groupe moins favorisé confiné dans les premiers échelons de celui-ci. La recherche dans
l'état-civil des membres de ces groupes de corrélations onomastiques dues à des liens
(v. au verso) de parenté pourrait fournir une approche d'explication, car si elles sont peu nombreuses entre les deux groupes de
dirigeants ainsi distingués elles apparaissent au contraire assez fréquentes à l'intérieur de chacun d'eux.
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Burnand Yves. Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule romaine sous le Haut-Empire. In: Mélanges de
l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 541-571.
doi : 10.3406/mefr.1990.1678
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1990_num_102_2_1678YVES BURNAND
PERSONNEL MUNICIPAL DIRIGEANT
ET CLIVAGES SOCIAUX EN GAULE ROMAINE
SOUS LE HAUT-EMPIRE
Les inscriptions font connaître pour un certain nombre de villes de la
Gaule romaine - et non pour toutes, loin de là - le nom de certaines
magistratures municipales et la personnalité de ceux qui les ont exercées.
Elles ne permettent qu'assez rarement de reconstituer la structure du
cursus de la cié et de disposer de données prosographiques suffisantes
pour tenter une étude sociale des titulaires des charges. Parmi ces cas
plus favorisés, nous avons retenu ceux de trois cités : deux communautés
indigènes ayant fait l'objet d'une promotion municipale, Vienne et Nimes;
une colonie romaine de fondation, Lyon. Elles nous ont paru fournir un
champ approprié à une enquête sur le caractère, homogène ou non,
ouvert ou fermé, de leur personnel municipal à l'époque du Haut-Empire.
I - DES CARRIÈRES MUNICIPALES DIFFÉREMMENT
STRUCTURÉES
Dans chacune des trois cités retenues, l'enquête couvre l'ensemble
des honorati de cette cité. Elle inclut donc les personnages ayant fait état
de la seule qualité de décurion (effectif, et non honoraire, ornamentarius)
et ceux aussi qui ont revêtu un sacerdoce municipal à l'exclusion de toute
magistrature1. N'ont pas été pris en compte, en revanche : d'une part les
1 Les titulaires de prêtrises qui n'ont pas exercé de magistrature ont été écartés
par G. Rupprecht, Untersuchungen zum Dekurionenstand in dem nordwestlichen
Provinzen des römischen Reiches, en vertu même du libellé de sa recherche, à notre
avis trop restrictif.
MEFRA - 102 - 1990 - 2, p. 541-571. 542 YVES BURNAND
personnages dont l'appartenance au personnel dirigeant municipal ne
peut être assurée avec certitude, par suite soit du caractère défectueux de
l'inscription qui les fait connaître, soit de l'interprétation hasardeuse d'un
texte2; d'autre part les magistrats et les prêtres d'une partie seulement de
la cité, plus nombreux à Vienne en raison de la vaste étendue du territoire
de celle-ci3. Chaque tableau a été dressé de façon à ce qu'à chaque éche
lon du cursus ceux qui sont attestés seulement à cet échelon soient nett
ement distingués de ceux qui le sont à d'autres. Les anonymes ont reçu
une numérotation particulière, du fait qu'ils ne livrent aucune donnée
onomastique utile pour le second volet de cette enquête ; enfin le nom des
chevaliers a été mis en relief par l'emploi de majuscules.
A Vienne
La cité viennoise, recouvrant le territoire du peuple des Allobroges
du rebord oriental du Massif Central au lac Léman et aux grandes vallées
alpines, offre la série de fonctions municipales la plus riche, la plus comp
lexe aussi car la documentation permet de discerner non seulement un
2 Comme exemples du premier cas, on citera : dans la cité de Vienne l'hypothé
tique Coelius Isidorus (CIL, XII, 2215) et l'incertain M. Marullius (ou Masvinnius)
(ibid., 2438), dont les pierres sont d'une lecture trop peu sûre pour ranger le pre
mier parmi les édiles, le second au nombre des duumvirs; dans la cité de Nimes
l'Anonyme de ibid., 3308, pour lequel la restitution [omnibus] hono\rib(us) functi],
avancée avec réserve par O. Hirschfeld, ibid., p. 246, paraît très aventureuse, ou
encore l'Anonyme de ibid., 3300, dont les restes insignifiants de l'inscription ne
permettent pas de déterminer s'il a exercé le quattuorvirat ou le sévirat; à Lyon,
enfin, il est plus raisonnable de penser que la lacune finale des deux dernières
lignes de la dédicace de la fontaine antique de Choulans (M. Le Glay et A. Audin,
Récentes découvertes épigraphiques à Lyon, dans Notes d'épigraphie et d'archéologie
lyonnaises, Lyon, 1976, p. 6-20, plus particulièrement p. 10-11 = AE, 1976, 424) a
mutilé l'indication du surnom de chacun des deux dédicants plutôt que celle d'un
ethnique ou d'un titre municipal (cf. notre recension dans Cahiers d'histoire,
XXIII, 1978, p. 370). Comme exemples du second cas, on retiendra seulement à
Nimes les quatre personnages unis dans une dédicace aux Nymphes (CIL, XII,
3109), pour lesquels l'idée qu'il pourrait s'agir du collège des quattuorvirs est due à
O. Hirschfeld, ibid., p. 382, sans qu'il y ait de raison valable de l'avancer.
3 Préfets de pagi : CIL, XII, 1872, 2395; - magistrats de uici : ibid., 2492, 2611
(les decemlecti d'Aix-les-Bains, ibid., 2461 et AE, 1934, 165, étaient peut-être davan
tage les représentants d'une sorte d'association de propriétaires fonciers qu'à pro
prement parler des magistrats de uicus); prêtres locaux: CIL, XII, 2340, 2561, et
peut-être 2499. PERSONNEL MUNICIPAL DIRIGEANT ET CLIVAGES SOCIAUX EN GAULE 543
changement de statut - du statut de colonie latine à celui de colonie
romaine -, mais aussi une modification de l'organisation municipale. Si la
relation entre ce double fait n'a pas toujours été perçue4, elle est cepen
dant généralement admise à la suite de O. Hirschfeld5, sans que les
détails en aient toujours été clairement précisés6. Mais l'accord n'est pas
unanime sur l'époque de ce double changement : on a de solides raisons
de penser qu'il fut de peu antérieur à Claude, soit de l'extrême fin du
principat de Tibère soit plutôt du règne de Caligula7, encore que récem
ment A. Pelletier l'ait daté de l'avant-dernière décennie du Ier siècle8 av.
4 A. Allmer, Inscriptions antiques et du Moyen Âge de Vienne en Dauphiné,
Vienne, I, 1875, p. 183-185, d'ordinaire plus perspicace, paraît avoir considéré les
institutions municipales viennoises comme ayant constitué dès l'origine un bloc
homogène; s'il n'a jamais prétendu que «les magistrats supérieurs de Vienne s'ap
pelaient indifféremment quattuorviri ou duoviri » (opinion que lui a attribuée à tort
Ch. Morel, Genève et la colonie de Vienne, p. 53, n. 1) et s'il a bien observé, au
contraire, que les inscriptions quattuorvirales étaient «relativement anciennes»
(IAV, p. 183), du moins lui a-t-il paru s'agir d'une simple question de différence
d'appellation selon l'époque, sans rapport avec un changement d'organisation mun
icipale. Plus récemment, A. Degrassi, Quattuorviri in colonie romane e in municipi
retti da duoviri, dans Scritti vari di antichità, I, p. 128, a bien estimé que le passage
du quattuorvirat au duumvirat révélait une modification de la constitution municip
ale, mais sans lier celle-ci au changement du statut juridique de la cité.
5 O. Hirschfeld, CIL, XII, p. 218, col. 2; il faut noter que la même année (1888)
que ce dernier, et indépendamment de lui, Ch. Morel Genève