Populisme et nationalisme - article ; n°1 ; vol.56, pg 34-47
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1997 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 34-47
Populism and nationalism, Guy Hermet.
As of late 18th century, nation and people have been used synonymously by the founders of today's representative regimes. Populism and nationalism are the outgrowths of these two terms, and their marriage, that the French revolutionaries saw to during the founding period of political modernity, has remained valid throughout the 20th c. There were three different types of populism in Europe in the 1930s in which the expressions of ethnically-based national-populism cannot be reduced to the phenomenon of Nazism alone: the first was an additive of political discourse to foment the people's wrath ; the second, carried by in- tellectuals, proposed the political promotion of the humiliated masses by means they laid claim to; and the third one focussed on the real or imagined ethnic solidarity of an old-stock population. Added to these were the North and South-American populisms, whose study shows to what point the desire to control the political intervention of the masses was the unifying element of a generic national-populism.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Hermet
Populisme et nationalisme
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°56, octobre-décembre 1997. pp. 34-47.
Abstract
Populism and nationalism, Guy Hermet.
As of late 18th century, nation and people have been used synonymously by the founders of today's representative regimes.
Populism and nationalism are the outgrowths of these two terms, and their marriage, that the French revolutionaries saw to
during the founding period of political modernity, has remained valid throughout the 20th c. There were three different types of
populism in Europe in the 1930s in which the expressions of ethnically-based national-populism cannot be reduced to the
phenomenon of Nazism alone: the first was an additive of political discourse to foment the people's wrath ; the second, carried
by in- tellectuals, proposed the political promotion of the humiliated masses by means they laid claim to; and the third one
focussed on the real or imagined ethnic solidarity of an old-stock population. Added to these were the North and South-American
populisms, whose study shows to what point the desire to control the political intervention of the masses was the unifying element
of a generic national-populism.
Citer ce document / Cite this document :
Hermet Guy. Populisme et nationalisme. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°56, octobre-décembre 1997. pp. 34-47.
doi : 10.3406/xxs.1997.4490
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1997_num_56_1_4490POPULISME ET NATIONALISME
Guy Hermet
Le mariage du populisme et du natio des mêmes manipulations du discours
nalisme trouve son origine au 18e siècle politique y compris lorsqu'elles sont de
chez les inventeurs des systèmes repré signe opposé, les premières se réclamant
d'une identité national- populaire bafouée sentatifs démocratiques. Guy Hermet
nous propose une lecture de son util par les professionnels de la démocratie,
isation au 20e siècle à travers la planète. et les secondes accablant du péché de
populisme toute personne qui douterait
de la nécessité de réserver le monopole Le populisme et le nationalisme ne
du pouvoir à ces mêmes professionnels font pas que se confondre dans les
au nom du principe que le peuple, incacondamnations qui les frappent. Ils
pable de se gouverner lui-même si peu sont les produits des mêmes mésavent
que ce soit, ne peut le faire qu'au travers ures du langage et des passions humain
de ses représentants élus et réélus jusqu'à es, les dérivés honteux de termes nobles
- le peuple et la nation - revêtus d'une leur dernier souffle.
valeur toujours positive en ce qui
concerne le premier, et à peine entachée O LA CONFUSION DES ORIGINES
maintenant de quelque suspicion en ce
qui a trait au second. De plus, au-delà Symbolique ou brutalement naturelle,
du vocabulaire, l'un et l'autre procèdent la mort des rois n'a pas fait que désen
surtout de la généalogie indissociable de chanter la légitimité du pouvoir monar
leurs significations premières. À partir de chique en transformant ses sujets en
la fin du 18e siècle, la nation et le peuple citoyens réputés maîtres de leur consen
ont été synonymes pour les fondateurs tement à être gouvernés. La décapitation
des régimes représentatifs dont les démoc de Charles 1er d'Angleterre en 1649, plus
raties présentes sont issues, et ils le res tard l'assassinat de Gustave III de Suède
tent d'ailleurs dans la mesure où les deux en 1792, l'exécution de Louis XVI en
1793, le meurtre de Paul 1er de Russie notions modernes de nationalité et de
citoyenneté se lient l'une et l'autre au en 1801 ou, dans un registre moins exter
principe de la souveraineté populaire. minateur, les dépositions humiliantes de
Enfin, il va également de soi que l'oppro Charles IV d'Espagne ou de Gustave IV
bre qui pèse sur le populisme comme Adolphe de Suède en 1808-1809 ont
sanctionné par surcroît l'avènement sur le nationalisme se justifie au regard
34 .
POPULISME ET NATIONALISME
d'une légitimité de remplacement à la peuples et d'un sentiment de solidarité
raison plus artificieuse encore que celle excluant ceux-ci en définitive. Ce travail
des princes. Soit de celle qui, se récl de rééducation s'est toutefois opéré de
amant d'une souveraineté populaire abso deux manières. Dans les pays libéraux,
lue en théorie, s'est pourtant trouvée l'élargissement de la citoyenneté dans un
enfermée au sein d'un État rebaptisé État déjà existant mais soudain déifié s'est
Nation sans qu'il ait substantiellement appuyé sur une pratique populiste qui
changé dans son assise territoriale et sa consistait à convaincre les masses
puissance coercitive, et où aussi cette jusqu'alors appelées à la soumission de
souveraineté n'a été reconnue dans la ce qu'elles s'étaient transformées en
pratique qu'à la condition expresse d'être acteurs politiques, le danger inhérent à
déléguée à des mandataires différents de cette révélation se trouvant balancé par
la population ordinaire conviée unique le contre-feu d'une contrainte de solidar
ment à les élire. Cette doctrine restrictive ité d'autant plus efficace qu'elle serait
a maintenu intacte la distinction de «nationaliste», imbue du bonheur ineffa
nature des dirigeants vis-à-vis des gou ble d'appartenir à sa propre nation plutôt
vernés cependant que, comme prix de qu'à toute autre. En revanche, dans le
son passage du statut de sujet des rois contexte plus autoritaire que libéral
à celui de souverain symbolique de lui- d'États à créer comme l'Empire allemand
même, le peuple s'est vu imposer le tout juste unifié, l'urgence de la «natio
nalisation» accélérée d'identités fragmentdevoir moral d'investir son sentiment
d'appartenance primordial dans le cadre ées au niveau politique aussi bien que
d'un pays soumis à une autorité régnant religieux a fait que l'argument populiste
en son nom sur un espace présenté s'est simplifié, qu'il a porté avant tout
désormais comme naturel. Aucune sur la solidarité culturelle de la populat
échappatoire n'a été admise pour qui ion afin de remédier à la lenteur trop
aurait souhaité «consentir» autrement. grande de l'entreprise de rassemblement
Certes, les peuples de l'Europe de et de sublimation civiques.
l'Ouest et de l'Amérique du Nord ont La source première de ces programmes
connu des régimes variés au 19e et au éducatifs demeure pourtant la même.
début du 20e siècle : régimes républicain, Dans les deux cas, elle procède du projet
impérial ou monarchique-libéral alternés que les révolutionnaires français esquis
en France ; parlementaire et royal en sent dès 1787 avec des pamphlets qui,
Grande-Bretagne, en Belgique, aux Pays- assimilant le tiers état, le Peuple et la
Bas ou sur le tard en Scandinavie 1 ; répub Nation2 de façon interchangeable, leur
licain, fédéral et présidentiel aux États- attribue une souveraineté exclusive
Unis ; monarchique-autoritaire en Allema confirmée par l'article III de la Déclarat
ion des droits de l'homme et du citoyen gne ou, encore, démocratique, localiste
et patricien à la fois en Suisse. Mais, du 26 août 1789. Mais il est vrai que
quelles qu'aient été leurs institutions, cette inspiration commune constitue,
tous se sont vu inculquer par l'État un aussi, la source de la discorde qui va
corps de valeurs destinées à les impré présider partout aux cheminements anta
gner de l'école à la caserne ou à la guerre gonistes du national-civisme et du nati
d'une identité nourrie de l'exaltation de onal-populisme. Car très vite, quand il di
leur particularisme vis-à-vis des autres spose que « la Nation, de qui seule
2. Le plus notoire étant bien entendu celui de l'abbé Sieyès,
1. Les pays Scandinaves ne sortent véritablement de l'Ancien diffusé en 1789 (Qu'est-ce que le tiers état? Paris, PUF, 1982
Régime qu'à partir des années I860. (1789)).
35 :
GUY HERMET
émanent tous les pouvoirs, ne peut les pre, plus ardents et par conséquent aussi
exercer que par délégation», l'article II plus heureux dans leurs penchants et
de la Constitution du 3 septembre 1791 leurs buts»3. Cependant, il faut attendre <

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