Pour une description sémantique et morpho-syntaxique du participe français et allemand - article ; n°149 ; vol.37, pg 71-85
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Description

Langages - Année 2003 - Volume 37 - Numéro 149 - Pages 71-85
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Angela Lipsky
Pour une description sémantique et morpho-syntaxique du
participe français et allemand
In: Langages, 37e année, n°149, 2003. pp. 71-85.
Citer ce document / Cite this document :
Lipsky Angela. Pour une description sémantique et morpho-syntaxique du participe français et allemand. In: Langages, 37e
année, n°149, 2003. pp. 71-85.
doi : 10.3406/lgge.2003.2433
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2003_num_37_149_2433Angela Lipsky
Université Dokkyo (Tokyo)
POUR UNE DESCRIPTION SEMANTIQUE
ET MORPHO-SYNTAXIQUE DU PARTICIPE
FRANÇAIS ET ALLEMAND
1 . Le participe présent en français et la notion de procès
D'un point de vue morphologique, le participe présent est une forme
verbale qui ne varie ni en personne ni en temps et n'a pas de sujet grammati
cal. Pour la décrire d'un point de vue sémantique, les grammaires font appel
à la notion de « procès en cours de déroulement ». г
Si cette forme impersonnelle peut évoquer un procès, c'est parce qu'elle
implique, à un niveau logique, une relation avec un agent du même genre que
celle qui s'établit entre le sujet et le prédicat formé à partir d'un verbe fini.
Selon Gérard Moignet, le verbe exprime des procès « puisqu'il implique
ensemble la notion d'un comportement et celle d'un être concerné par ce
comportement. Ainsi existe en système la catégorie de la personne, que la
référence à l'acte de langage, dès que l'évocation du temps est en cause, divers
ifie selon un défilé systématique... » (1981 : 61). Quant aux participes et à
l'infinitif (le « mode quasi-nominal »), Moignet suppose que « l'image du
temps n'est pas associée à la représentation de la personne particulière : la
personne y est unique et virtuelle » (1981 : 64).
Il faut dire qu'en discours l'agent logique de tout procès dénoté par une
forme en -ant est identifié contextuellement. Dans les emplois dits « adject
ivaux » du participe présent l'agent logique est représenté par le (pro)nom par
rapport auquel le participe a une fonction d'épithète (Un homme portant un
costume gris...), une fonction d'apposition (Craignant d'être en retard, il est déjà
parti) ou une fonction d'attribut du complément d'objet (Je la trouvai lisant dans
le jardin). Dans la proposition participiale (Le soir tombant, nous sommes partis),
l'agent logique du procès occupe exactement la place du sujet.
1. Exemples de grammaires récentes : Grammaire méthodique du français (1994 : 341), Grammaire du
français (1994 : 388).
71 On évite de parler de « sujet » d'une forme impersonnelle, car elle ne peut
avoir de fonction de prédicat, mais on peut admettre que ces formes contien
nent ou impliquent une « personne ». Hervé Curât, qui étudie aussi bien l'infi
nitif que les participes, établit même un rapport entre la « personne » et la
représentation temporelle du procès. Alors que l'infinitif ne peut que
présenter l'image d'un « procès potentiel, en instance » (1991 : 83) parce que la
3e personne qu'il contient représente uniquement l'événement lui-même et
non pas un agent logique 2, la 3e personne des participes représente un
« actant (agent ou patient) » : « De ce fait, cette personne des participes leur
impose de trouver un support extérieur, d'où le caractère adjectival de leur
champ fonctionnel » (Curât, 1991 : 92). Le participe présent « montre un
procès en opération » : « il montre à la fois une partie du procès déjà accomp
lie et une partie à accomplir ». Curât en déduit que « son support extérieur
sera donc support d'un procès opératif. Ce n'est pas pour autre chose que le
support du participe présent est toujours compris être cet agent que présup
pose tout lexeme de type événement » (1991 : 95).
Il me paraît essentiel d'approfondir la question de savoir comment un
même constituant nominal peut être à la fois support extérieur et représenter
l'agent logique du procès, ne serait-ce que parce qu'elle est en rapport avec la
particularité du participe de posséder des propriétés du verbe et de l'adjectif.
En examinant toutes les relations qui s'établissent entre le nom représentant
l'agent logique et la forme du participe, on est naturellement amené à s'inte
rroger sur la nature exacte du procès qu'évoque une forme du participe
présent.
À cet égard, on doit constater que les descriptions en termes de « procès
progressif » ou de « procès en cours de déroulement » sont relativement
vagues et peuvent induire en erreur. Elles laissent penser que le participe
présent sert toujours à souligner la durée ou le développement progressif de
l'action. En réalité, il s'emploie aussi pour des faits tout à fait ponctuels
(exemple 1) et a surtout cette fonction de relier le procès à un autre et de servir
d'explication (ex. 1 et 2). L'action de « répondre à une convocation » dans
l'exemple 2 ne peut certainement pas être envisagée dans son déroulement.
(1) Explosant en plein centre ville, la bombe a fait beaucoup de victimes.
(2) Répondant à la convocation de M. Moldo (. . .), je me suis retrouvée assise dans une
petite salle surchauffée à écouter des gens parler pendant des heures... (Agnès
Desarthe, Les Bonnes Intentions)
2. Pour Curât, les formes quasi-nominales, en tant que mots, ont un rang de 3e personne (1991 :
79). Il note au sujet de l'exemple « Souffler n'est pas jouer » : « si la 3e personne de est dénonce
bien une 3e personne de souffler, celle-ci ne prévoit pas un souffleur mais un soufflage, c'est-à-dire
l'événement lui-même. » (1991 : 82). Pour une autre approche du « sujet de l'infinitif » voir
S. Rémi-Giraud (1988) qui parle d'un « actant interne » de l'infinitif.
72 on admet que le participe présent partage avec l'imparfait Fréquemment,
l'aspect dit sécant 3 qui indique que le procès est observé de l'intérieur, sans
que l'on puisse en distinguer le début ou la fin. À mon sens, on peut dégager
encore d'autres points communs en poussant plus loin l'analyse des
propriétés des procès au participe et à l'imparfait.
Oswald Ducrot (1995 : 572) définit l'opposition perfectif-imperfectif (appli
cable à l'opposition passé composé-imparfait) en termes de rapport entre la
période qui est thème de l'énoncé et celle où se situe le procès : « Au perfectif,
le procès est intérieur à la période dont on parle. L'imperfectif marque le
rapport inverse : le procès englobe le thème (ou, au moins, lui est
coextensif) ». Ainsi Ducrot montre que l'énoncé À l'arrivée de Paul, Jean criait
signifie que « l'arrivée se produit pendant les cris : le thème sélectionne un
moment de l'événement - sans exclure que ce moment puisse, dans la réalité,
constituer la totalité de l'événement ».
On peut décrire de la même façon la relation entre un procès au participe
et le procès de la proposition principale. L'exemple Criant de toutes ses forces,
Jean sortit de la pièce indique que la sortie se produit pendant les cris. Autre
ment dit, le procès principal (comparable au « thème » de Ducrot) sélectionne
un moment du procès au participe sans qu'on ait d'autres informations sur les
limites de ce procès.
En plus, le participe présent en tant que forme impersonnelle ne peut
situer à lui seul le procès dénoté dans le temps, l'ancrage temporel dépend
d'un autre procès évoqué dans l'énoncé. L'imparfait est certes une forme
personnelle du verbe mais ne peut pas situer temporellement des événements.
Généralement, un énoncé à l'imparfait a besoin d'un « thème temporel », qui
peut être constitué par un autre procès ou des indications du type à l'époque,
autrefois, etc. (cf. Anscombre 1992 : 45/46). Pour cette raison, l'imparfait est
parfois qualifié de « non-temps » ou d'« inactuel ».
De ce fait, l'im

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