Pragmatique, situation d énonciation  et deixis - article ; n°26 ; vol.7, pg 34-58
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Pragmatique, situation d'énonciation et deixis - article ; n°26 ; vol.7, pg 34-58

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Description

Langages - Année 1972 - Volume 7 - Numéro 26 - Pages 34-58
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Dieter Wunderlich
Jenny Grumbach
Pragmatique, situation d'énonciation et deixis
In: Langages, 7e année, n°26, 1972. pp. 34-58.
Citer ce document / Cite this document :
Wunderlich Dieter, Grumbach Jenny. Pragmatique, situation d'énonciation et deixis. In: Langages, 7e année, n°26, 1972. pp.
34-58.
doi : 10.3406/lgge.1972.2084
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1972_num_7_26_2084Dieter Wunderlich
PRAGMATIQUE,
SITUATION D 'ENUNCIATION ET DEIXIS
Traduit par Jenny Grumbach г.
Ce texte est issu d'une communication que j'ai faite en octobre 1968
au troisième colloque de grammaire generative de Stettenfels. Cette
communication parut sous une forme remaniée dans le Papier n° 9 de la
chaire de linguistique de l'Université de Stuttgart. Depuis, j'ai pris connais
sance d'une série de nouveaux travaux sur ce sujet (entre autres : Sadock
1968, Kummer 1968, Bellert 1968, 1969, Searle 1969) qui sont à l'origine
de la nouvelle conception de la représentation des données pragmatiques
que j'ai aujourd'hui. C'est pourquoi, en plus d'une série de corrections
évidentes, j'ai complètement réécrit le chapitre 5 sur les rapports entre
syntaxe et pragmatique. Septembre 1969.
1.0. Décrire la compétence liriguistique des locuteurs d'une langue, ce
n'est pas seulement formuler les conditions de bonne formation syntaxique
et sémantique auxquelles doivent satisfaire les phrases ou les fragments
de texte. Il ressort déjà du modèle sémiotique tel que le concevait Morris
ou Carnap que le domaine des phénomènes dits sémantiques ne peut se
dégager de la totalité des manifestations du domaine de la compétence
linguistique que par des abstractions appropriées. La théorie de la tota
lité de ce domaine, la pragmatique, contient, outre les conditions de
bonne formation que doivent remplir les chaînes de signaux linguistiques,
certaines conditions d'adéquation auxquelles doit satisfaire la production
de tels signaux dans des situations d'énonciation données pour qu'ils
soient effectivement compris. Il ne s'agit nullement de phénomènes
relevant de la performance linguistique, c'est-à-dire de cas réels d'utilisa
tion d'un système de règles syntaxico-sémantique intériorisé, mais avant
tout des conditions (tout aussi générales et intériorisées) qui doivent être
remplies par une situation d'énonciation pour que certains énoncés y
soient possibles et y aient un sens.
1.1. Récemment Bierwisch et Kiefer (1968) ont de nouveau attiré
l'attention sur le fait que, si l'on veut considérer la description du lexique
d'une langue comme ne relevant que du domaine de la sémantique, on
est contraint de tracer une frontière plus ou moins arbitraire entre
1. Je tiens à remercier Bernadette Remy pour l'aide qu'elle m'a apportée pour
cette traduction. L'article traduit ici est marqué <A 6.22> dans la bibliographie.
(N.D.T.). 35
l'expérience purement linguistique et toute expérience extra-linguistique,
encyclopédique, c'est-à-dire liée au contexte pragmatique.
Faut-il, par exemple, admettre dans l'entrée lexicale de baleine un
trait [est un mammifère] ou [est un poisson] ou n'admettre ni l'un ni
l'autre? Selon la solution retenue, la phrase
(1) 2 la baleine est un mammifère
est analytique, contradictoire ou synthétique. On peut certes se décider
pour l'une ou l'autre des solutions, mais alors on ne peut pas rendre
compte du fait que la phrase (1), par exemple, peut être analytique pour
son énonciateur, alors qu'elle peut être contradictoire ou synthétique
le récepteur qui dispose d'un autre état de connaissances. Après avoir
entendu énoncer (1), ce récepteur peut modifier son lexique, soit en
changeant ou en complétant une entrée déjà existante de baleine, soit
en associant seulement alors une représentation sémantique à la repré
sentation phonologique de baleine.
En conséquence : Une partie des relations sémantiques n'a pas à être
insérée de façon définitive dans le lexique d'un locuteur, ni à ne pas l'être.
On ne peut que postuler leur présence ou leur absence en fonction de
certaines situations d'énonciation et fonctions de communication, dans
ce cas particulier en fonction des expériences et des connaissances du
locuteur.
1.2. Le contexte pragmatique joue un rôle similaire dans les processus
sémantiques qui établissent la signification d'une phrase. La phrase
(2) ou bien tu viens, ou bien tu ne viens pas
se verra probablement attribuer dans une description linguistique qui ne
tient pas compte de la pragmatique le prédicat « toujours vrai ». Mais si
l'on inclut les contextes dans lesquels (2) est exprimé, (2) peut alors
signifier :
a) exemple de tautologie,
b) jugement d'indifférence du locuteur porté sur une action (future)
de l'interlocuteur,
c) ordre donné par le locuteur à l'interlocuteur de se décider pour
l'une des deux actions mentionnées,
d) question alternative du locuteur à (avec mise en
demeure implicite d'énoncer une phrase du type je viendrai ou je
ne viendrai pas et de faire en sorte que cette phrase soit vraie).
Les significations b à d de la phrase (2) mettent chaque fois en jeu des
relations entre le locuteur et l'interlocuteur. En b cette relation est d'ordre
cognitif et n'est pas liée à l'interlocuteur, comme le montre la phrase (3)
(3) ou bien Monique vient, ou bien elle ne vient pas
qui admet une interprétation relative à une action d'une personne nom
mée Monique 3. En с et d la relation est de type performativo-communicatif
(ordre, ou question avec mise en demeure de répondre) et elle est liée à
2. Nous conservons la numérotation des exemples et des paragraphes de l'original
malgré les coupures. ( N.D.T.).
3. La phrase (3) a trois significations : a) exemple de tautologie, b) jugement
d'indifférence du locuteur porté sur une action (future) d'une personne nommée 36
l'interlocuteur. Les relations entre locuteur et interlocuteur dans les
significations b à d ne valent que pour le moment de renonciation.
L'expression d'étonnement
(4) ah, tu es encore là (?)
implique par contre également une relation qui était établie avant le
moment de renonciation. La signification de la question peut être approx
imativement paraphrasée comme suit : le locuteur exprime son étonnement
de ce que sa supposition (ou son attente) antérieure, relative à une action
de l'interlocuteur, se révèle fausse 4.
La question (4) n'est pas une vraie question 5 : normalement le locu
teur n'attend pas oui comme réponse mais bien plutôt que l'interlocuteur
justifie pourquoi il est encore là.
Le fait que les descriptions de la signification de phrases telles
que (2) ou (4) contiennent au moins la personne du locuteur n'est pas la
conséquence de la présence des pronoms personnels de la première ou
de la deuxième personne. La preuve en est fournie pour (2) par la phrase (3)
qui ne peut être exprimée que dans un contexte de dialogue ou comme
exemple de tautologie. Dans des récits ou des textes narratifs, dans le
squels la personne du locuteur n'est pas pertinente, la phrase (3) peut tout
au plus être utilisée comme citation (ou bien aussi à l'intérieur d'un
monologue intérieur). Pour (4) c'est la phrase (5) qui en fournit la preuve.
(5) ah, Monique est encore là
En situation de « discours 6 », la phrase ne peut signifier que : le locuteur
exprime son étonnement de ce que sa supposition (ou son attente) anté
rieure, relative à une action de la personne nommée Monique, se révèle
fausse. (5) ne peut toutefois pas être adressée à Monique elle-même.
2.0. Nous allons dans la suite limiter le contexte pragmatique à la
situation d'énonciation liée à un énoncé. Nous ne considérerons donc pas :
a) les présupposés conceptuels qui sont la conséquence d'expériences
particulières (du type : baleine comporte ou non un trait sémantique
[est un mammifère]);
b) les relations cognitives ou communicatives antérieures à la situa
tion d'énonciation (par ex. du type : « le locuteur a supposé avant le
moment de renonciation que... »)
Dans le cadre de cette restriction, on peut énumérer

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