Qanawat. L' Ensemble basilical de Qanawat (Syrie du sud) - article ; n°3 ; vol.59, pg 257-318

Jean-Luc Biscop, Gh. Amer, Jean-Pierre Sodini, Jacqueline Dentzer-Feydy

Description

Syria - Année 1982 - Volume 59 - Numéro 3 - Pages 257-318
62 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 22 Mo

Extrait

Gh. Amer
Monsieur Jean-Luc Biscop
Jacqueline Dentzer-Feydy
J.-P. Sodini
Qanawat. L' Ensemble basilical de Qanawat (Syrie du sud) "
In: Syria. Tome 59 fascicule 3-4, 1982. pp. 257-318.
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Amer Gh., Biscop Jean-Luc, Dentzer-Feydy Jacqueline, Sodini J.-P. Qanawat. L' Ensemble basilical de Qanawat (Syrie du sud)
". In: Syria. Tome 59 fascicule 3-4, 1982. pp. 257-318.
doi : 10.3406/syria.1982.6773
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1982_num_59_3_6773L'ENSEMBLE BASILICAL DE QANAWAT
(SYRIE DU SUD)
PAR
Gh. Amer, J.-L. Biscop, J. Dentzer-Feydy, J.-P. Sodini1
Les deux façades conservées dans le complexe de Qanawat, façade ouest de l'église ouest,
façade nord de l'église est, ont très tôt retenu l'attention des archéologues qui ont traité de la Syrie
du Sud, notamment E.G. Rey, M. de Vogué, H.C. Butler, R.E. Brunnow-A.v. Domaszewski2.
A.M. Schneider3 fit plus tard quelques remarques intéressantes sur ces bâtiments, mais il fallut
attendre une période toute récente pour voir l'attention des spécialistes se concentrer à nouveau sur
eux sans qu'ils livrent toutefois des relevés plus précis, se contentant généralement d'ajouter des
détails au plan de M. de Vogué ou de proposer des restitutions hypothétiques4. Pourtant, les
fouilles menées il y a quelques années par la Direction des Antiquités de Suweidâ3 et la
présentation d'ensemble qui en est résultée invitaient à un réexamen général où les parties
Churches in Syria, Princeton, 1929, pp. 15 et s. et p. 24; 1. J.P. Sodini et J.L. Biscop se sont occupés, au cours
Id., «Nabatean temple plans and the plans of Syrian des missions de juillet 1974 et 1980, de l'articulation des
churches», in Studien zur Kunst des Ostens = Mélanges principaux bâtiments et de la restitution des phases
Strzygowski, Wien, 1927, pp. 9-16; R.E. Brunnow-A.v. chrétiennes essentiellement. J. Dentzer-Feydy s'est intéres
Domaszewski, Provincia Arabia, III (Strasbourg, 1908), sée aux phases antérieures et aux remplois intégrés dans
pp. 118 et 132, qui citent les voyageurs antérieurs. Aussi, les édifices d'époque chrétienne. P. Voûte a fait des
N.P. Kondakov, Voyage archéologique en Syrie et en observations sur les dallages. Des renseignements concer
Palestine, Saint-Pétersbourg, 1904, pp. 88-91, pi. XI-XIV; nant les incriptions nous ont été donnés par M. Sartre et
R. Dussaud-F. Macler, Mission dans les régions désertiD. Feissel. M. Gh. Amer, directeur de la circonscription
ques de la Syrie moyenne, Paris, 1903, p. 20. archéologique de Suweidâ3, qui a bien voulu accepter le
projet de cette étude, s'est consacré à la publication des 3. A.M. Schneider, Bericht ùber eine Reise nach Syrien
fouilles qu'il a menées récemment à l'est de l'ensemble und Jordanien, Akad. d. Wiss., Gôttingen, 1952, pp. 19
basilical (voir plus loin, pp. 276-280). et s.
4. M. Restle, notice «Hauran», dans Rbk, II, col. 973- 2. E.G. Rey, Voyage dans le Haouran, Paris, 1860, p.
976; P. Grossmann, KairoMitt, 26, 1974, p. 80. Sur le 129, pi. V; M. de Vogué, Syrie centrale, Paris, 1865-1877,
problème des remplois, cf. F.W. Deichmann, Bayer. pp. 59-60, pi. 19-20; H.C. Butler, Architecture and other
Akad. Wiss., 1975, pp. 45-46. arts, New-York, 1904, pp. 357-361 et 402-408; Id., Early
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nouvellement dégagées seraient intégrées, où les différentes phases seraient plus rigoureusement
étudiées que par le passé et où la part des remplois serait nettement définie. Tels sont les objectifs
que se sont assignés les rédacteurs de cette notice qui ne prétend nullement être une publication
définitive.
L'ensemble comprend à l'ouest une première basilique flanquée au nord d'une sorte de grand
porche, puis à l'est un grand portique donnant sur une seconde basilique. Contre cette basilique
sont accolées différentes salles, dont un tombeau, cependant que des bâtiments ont pris place au
nord-est de l'ensemble, du moins dans l'état actuel des fouilles (PI. 1).
1. La basilique ouest (PI. 2 et 3)
Elle occupe un bâtiment romain antérieur orienté nord-sud de 16 m de large et de 20,5 m de
long5, dont elle a conservé le tracé des murs d'enveloppe au nord, au sud et à l'est, non sans les
remanier profondément, et dont elle a repoussé à l'ouest les limites. Les raccords entre cette façade
ouest, qui est une construction paléochrétienne, et les murs primitifs sont très visibles au sud
(Fig. 6), comme au nord (Fig. 5, parement nord). Cette façade (Fig. 3, 4, 7 et 8) se présente au
rez-de-chaussée comme un accès monumental pourvu de trois portes sculptées, précédé d'une
plate-forme et d'un escalier. La porte centrale comme les deux portes latérales, plus petites et
identiques, sont des remplois: les seuils sont constitués par des blocs d'architrave d'époque
romaine pour les portes latérales et par un bloc de corniche d'époque pré-provinciale (ier s. de
notre ère) pour la porte centrale. Certains blocs de piédroit ont été sciés pour s'adapter aux assises
du mur adjacent. Le chambranle de la porte centrale doit se situer par son décor dans la première
phase de construction après le rattachement de la région à la Province dé Syrie (93-94 de notre
ère), donc sans doute dans la première moitié du IIe siècle6. La croix au centre du linteau est une
réfection paléochrétienne. Il en est certainement de même pour les croix au centre des linteaux des
portes latérales. Ces dernières ont une mouluration et un décor de rinceaux de fruits divers assez
peu représentés dans la région, donc difficiles à dater, mais certainement d'époque impériale et
païenne. Ces portes sont surmontées de plates-bandes de décharge ornées de croisillons en relief,
d'époque pré-provinciale selon toute vraisemblance7. Toujours en façade, les niveaux du rez-de-
chaussée et des tribunes sont séparés par un couronnement en partie remployé (au centre) et en
partie taillé pour cette façade (sur les côtés). Le niveau des tribunes est percé de cinq fenêtres: une
fenêtre couverte d'un arc mouluré, à l'aplomb de la porte centrale, flanquée de deux fenêtres
5. Toutes les mesures indiquées sont prises à l'intérieur inscription des années 124-125 de notre ère, Waddington
des édifices sans inclure l'épaisseur des murs. 2330; CIG 4612; Provincia Arabia, III, pp. 116-118;
Butler, Publications of the Princeton University Archaeol6. Le rinceau de vigne qui orne le chambranle se
ogical Expeditions to Syria in 1904-1905 and 1909, Leyde, rattache à une série représentée entre autres au temple de
Architecture, 1916, II A, 5, p. 347. Mushennef, que plusieurs indices permettent de dater
aussi dans les premières décennies du IIe siècle. De même, 7. Cf. l'architrave du péristyle du temple de Suweidâ5;
on retrouve un traitement de la feuille de vigne absolu Butler, Architecture, 1904, pp. 327-334, et l'architrave
ment identique, et sans doute des mêmes mains, sur isolée conservée au musée de Suweidâ5 sous le n° 385.
l'édifice dit «el-Medresah» de Qanawât daté par une L'ENSEMBLE BASILICAL DE QANAWÂT 259 1982]
rectangulaires, et deux autres, rectangulaires, à l'aplomb des portes latérales. L'homogénéité de la
construction à ce niveau, comme la structure des baies et le détail de la mouluration, permettent de
supposer que cet ensemble de fenêtres a été conçu et taillé pour cette façade, et non remployé. On
trouve des organisations tout à fait semblables au premier étage des façades de certaines grandes
maisons de la région, dont la période la plus intense de construction est probablement à situer
entre le me et le VIe siècle (à Inkhil, Nawâ, Kafr Shams, etc.). Sur la face interne du mur ouest se
trouvent des corbeaux, deux à chaque extrémité du mur, un de part et d'autre de la porte
principale (Fig. 9). Sur les photographies anciennes (notamment Fig. 28), on remarque sur toute
la largeur du mur, dans des portions maintenant détruites, une série de consoles juxtaposées
formant un encorbellement continu destiné à recevoir les dalles de couverture de la dernière travée
occidentale. Au-dessus, le mur s'élevait encore sur un mètre environ pour charger la queue des