Etude Union Nationaleq u a l i t a t i v e des Associations Familiales Ecouter les familles pour mieux les comprendre numéro3 L’absentéisme scolaire Point de vue des jeunes « absentéistes » et de leurs parents. L’absentéisme, une réalité fort différente des a priori A l’occasion de l’examen du projet de loi concernant Ecouter sans juger l’absentéisme scolaire, l’UNAF a réaffirmé qu’elle ne par- Cependant, il est nécessaire de bien prendre la part de tageait pas la vision d’un absentéisme scolaire engendré responsabilité des établissements scolaires, comme par la « démission » des parents. l’avait déjà souligné l’UNAF en 2003 lors de sa partici-Pour mieux comprendre cependant ce qui motive ces pation au rapport de Luc Machard sur ce thème. Car comportements absentéistes de la part des jeunes contrairement à ce que préconise la Circulaire n°2004-collégiens ou lycéens et comment réagissent leurs 054 du 23 mars 2004, tous les établissements (loin s’en parents, nous avons en effet réalisé une étude quali- faut) ne semblent pas : prévenir immédiatement les tative approfondie auprès des enfants que la loi peut parents, instaurer une relation de confiance, un « dialo-considérer comme « absentéistes », c’est-à-dire « volon- gue avec les familles », « dialoguer avec le jeune pour le tairement » absents au moins quatre demi-journées par responsabiliser », appliquer les sanctions préconisées. mois, ainsi que de leurs parents. Il faut les écouter car Il existe une ...
L’absentéismescolaire Point de vue des jeunes « absen et de leurs parents. L’absentéisme une réalité ort diérente des a priori A l’occasion de l’examen du projet de loi concernant Ecouter sans juger l’absentéisme scolaire, l’UNAF a réaffirmé qu’elle ne par - ependant,il est nécessaire de bien prendre la par d tageait pas la vision d’un absentéisme scolaire engendré t e parla«démission»desparentslr’espaiotndsaéjbàilistoéulidgensélé’tUaNblAisFseenmentsslcoorlsaidreess,acpoarmtimcie-our mieux comprendre cependant ce qui motive ces av comportements absentéistes de la part des jeunes pation au rapport de uc acard sur ce tème ar collégiens ou lcéens et comment réagissent leurs contrairement à ce que préconise la irculaire n°-parents,nousavonseneffetréaliséuneétudequali-fautdunesemmabrlsentpa,stousprleésveéntiarbliismsemméedinattsemloeinnts’leenstative approfondie auprès des enfants que la loi peut considérer comme « absentéistes », c’est-à-dire « volon - parents, instaurer une relation de confiance, un « dialo -tairement » absents au moins quatre demi-journées par gueavec les familles », « dialoguer avec le jeune pour le mois,ainsiquedeleursparentslfautlesécoutercarrleesxpiostnsabileisdeirff»é,raepnpcleiqtruèesrnleetstseaenncttrieoncsepqruéicsoenpisaésseesaula réalité est bien différente des discours et des idées e un reçueslcaol«lèsgceoleatriatuélobcléiegato’iersetl»ejruesflqeut’àdelaandisffeétrleenc«edeenvtorierRegarder au-delà edx’aisstseiduunitém»aanuq-dueelàdeceltatertéétusduercmeonqtureeld’oonncaattuesnsidqdu’eilsdes statistiques jdeeulnaesreasup-doenlsàadbeilisatainosndeal’laisbseirdtuéitést-edlelel’atoutuojonuormsigeé-etteétude,dontvoicilasntèse,montrequel’absen-rableàcetâgeetquelleposition«édeucative»attend-ontéisme touce tous les milieux sociaux et que son am -pleur va sans doute bien au-delà de ce qu’en disent les des parents dans ce cas-là statistiques n effet, celles-ci ne prennent en compte que Pour les aider à l’absentéisme « non excusé » et non la totalité de l’absen -reprendre téisme « volontaire » le cemin de l’école oncernant les jeunes et leurs motivations, il existe une onsidérant que l’absentéisme peut-être risqué pour très grande diversité de cas et toute généralisation serait réductriceesparentsquantàeuxsontsouventaffec-lceojuerusnue,nimquêemeetacuolncceéret,él’dU’aNdAuFlteessti«méecqolueeesteuplaruenntdsis»-tés par ce comportement de leurs enfants, et ils tentent autour du jeune et un traitement au cœur même du lieu de mettre en place des actions pour lutter contre celui- privilégié qu’est l’établissement scolaire permettra que ci, même s’ils se montrent souvent démunis face à l’in -fluencedesautresélèves,faceauxdiversesrebellionsc’eausxsi-cdiuriteéprseconlnaeirnetns’éersitepusaesfmaecnulttlaeticve,eilmfianudtelel’réacpolelde l’adolescence… Un soutien, une aide à la parentalité pe er seraientdoncparfoisutileséettatbelinsisreumnendtiss,coeunrsseicgonaénrtes,ntmeétdiraess,ppoonlsitaibqlueparents, es, experts de l’éducation… François Fondard Président de l’UNAF
Union Nationale des Associations Familiales
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L’absentéisme scolaire point de vue des jeunes « absentéistes » et de leurs parents. Étude réalisée par Patricia Humann et Servane Martin, Pôle Éducation petite enfance à l’UNAF, avec la collaoration de ém uilleu, administrateur de l’UNAF ontact pumannunaffr
bjectis et métode dCa’ensstspaarmaéitlleoudroslougnieeqdueaslitsaetuilvees.sonstitduoantcioéntsuddi’éaebssentéismeCette étude a pour objectif études qui demande aussi le oint d’analyser le vécu et la perception p par les jeunes d’une part et par de vue des parents concernés. ous avons par ailleurs réalisé des en leurs parents d’autre part de leurs tretiens uniquement à aris et région comportements absentéistes au entretiens semidirectifs en pro parisienne, la population scolaire collège et au lycée, qu’il s’agisse fondeur en face à face rurale étant, selon les études, moins d’un absentéisme « perlé » ou plus • parents d’ absentéistes de à toucée par l’absentéisme scolaire. fréquent. Il s’agit donc à la fois de ans mères, pères es lieu d’abitation et les établis mieu comprendre pourquoi les • jeunes d’ absentéistes de à sements fréquentés collège, et sur jeunes « font l’école buissonnière ans. tout lycée général et tecnologique » et comment les parents en sont ur ces entretiens, nous avons et lycée professionnel, eu égard au informés et agissent, et d’analyser rencontré binômes composés différences de tau d’absentéisme re le vécu et le ressenti des uns et des d’un jeune absentéiste et d’un de ses levés par les rapports officiels sont autres face à ce pénomène. parents intervieés séparément, par ailleurs variés de même que les ’intérêt de l’étude et son « origina jeunes absentéistes entretien seul, catégories socioprofessionnelles des lité » face à d’autres études résident parents d’absentéistes entretien seul. familles.
épartition des situations en fonction du tpe d’étalissement scolaire cée Professionnel ollè e 7 8 15 cée énéral et tecnoloiue
épartition des situations par nomre de demiournées manuées par mois 20 17 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0
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demiournées à demiournées et demiournées Nbre de demi-journées manquées par mois Etablissements Lycée Collège
Paris ème ème ème ème ème ème ème collèes et lcées pulics et privés
Les premiers motis invoqués pour epliquer les absences ne doivent pas occulter les raisons plus proondes
es eunes et les parents intervieés évouent en premier lieu uelues motifs pouvant epliuer leursasences«Soitenemesuispasrévei l ée,soiten’aipasenvie,soitesuisfatiuée» ependant, au out de uelue temps d’entretien, des raisons plus profondes apparaissent
Caque élève, en fonction de sa Ces jeunes peuvent être au collège ’absentéisme peut être unique personnalité, de son rapport à et en situation d’écec, ce qui inter ment ciblé sur une matière pour l’école, de l’établissement dans roge sur le collège unique. Ils peu lequel l’élève écoue particulière lequel il se trouve, de son contete vent être en filière professionnelle ment ou sur toutes les matières. familial et du scéma éducatif de et, quoiqu’assidu à leur stage, reje ses parents, est dans une situation terla partie téorique de leur for Il peut aussi avoir lieu plus spécifi quasi unique. mation. quement au moment des contrôles, oute généralisation dans ce do quand l’élève a le sentiment de ne maine paraît donc réductrice et ne Ces jeunes et leurs parents expri -pas avoir compris, de ne pas être permet pas de bien comprendre la ment leur faible motivation pour apte. prolématique de l’absentéisme. l’école : Il nous a cependant été pos « Elle n’aime pas son lycée, elle quniecaactpitveitétopurtaetilq’éunéeeràgil’eeteétripeeurrn’aime pas les cours. Elle n’a rsiebnlceodnteréreesgroduapnesrltersoissitugartaionndssjamais aimé les cours. Ce n’est pas amuetmsaannsqudeoutd’eapupnétéeqnucielibrviesfàavciesune spécialiste de l’école, une spé-groupes cialiste de la lecture, tout ça. » fdaetigl’uéecoelteu,npaebustenetnéigsemnedr«erpoduerslae» LE GROUPE 1 : Ils pointent le sentiment d’« umi reposer . les élèves en dificulté liation»desjeunesconcernantlescouuarns,dilislspenuevemntanêqtrueen«tppraésselnetsmauvaises notes répétées et les re scolsaitirueatisur marques négatives des professeurs, absent » et ne pas être attentifs ons souvent perçues comme «injustes». « Les Maths, je ne comprends Il peut s’agir de difficulté dans une «Dèsquejelèvelamain,ellertiioennsd…utçoauta,rrliavegépoasmàétrrieen,trleersdfraancs-matière souvent une matière fon ne m’interroge pas, mais si je ne mon cerveau. Alors quand elle dit « damentale comme les matéma lève pas la main, elle m’interroge. les fractions » moi je suis hors du Après, ça fait baisser ma moyenne. tiques ou au contraire de difficultés Elle n’explique pas du tout, en cours et je joue avec mes stylos… globales, voire d’écec scolaire condui plus. » Je décroche.» sant parfois l’élève à une situation de décrocage.Ilseprimentaussileurdécourageuessayerdesortirducourstoutenment, le sentiment de ne pas pro restant dans l’établissement par dCaenssjeduesnefislièpreeus,vednetssêétrrieesa,udelsycéétae,gressermalgréleurseffortsemeerimep.leallerfréquemmentàl’infir blissements au niveau manifeste « Je suis l’avant dernière de la ment trop élevé pour eu. our ces classe. L’Histoire par exemple, je Certains des jeunes intervieés ont jeunes, on peut alors s’interroger sèche parce que c’est trop dur, il un « andicap » scolaire comme la sur leur orientation qui manifeste faut tout apprendre par cœur et il y dysortograpie ou la dysleie, ce ment n’est pas adaptée. a beaucoup de pages ». qui eplique leurs difficultés.
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Les parents sont la plupart du temps tout à fait conscients des raisons profondes des absences de leur enfant. Les conséquences de ces absences sont évidemment graves : les notes chutent quelques jeunes se désco -larisent. our en sortir, les jeunes et leurs parents réflécissent parfois à une nouvelle orientation. « CAP coiffure je me demande si c’est un vrai choix finalement ou si c’est parce qu’elle était adoles-cente. Elle aimait bien se pompon-ner, se maquiller, les garçons tout ça. Je suis en train de me renseigner en ce moment. Il y a peut-être un problème d’orientation à la base. Je me demande si elle a vraiment choisi sa voie, c’est un ensemble de paramètres .» n fin de ème , la filière profession nelle peut apparaître comme une « bouée de secours » pour ces jeunes qui n’aiment pas l’école « Je vais choisir la DP6 pour décou-vrir des métiers, je voudrais tra-vailler rapidement » LE GROUPE 2 : u mal-être adolescent au dificultés psciques situations sur Certains jeunes « sècent » les cours ponctuellement ou plus durable ment car ils vivent une période de mal-être plus ou moins aigu . Ce peutêtre uniquement une « crise d’adolescence » qui semble asse classique, mais des problèmes familiau, une maladie, des difficul tés psyciques peuvent se surajou ter et engendrer des périodes de véritable déprime et de fuite. lus rarement, une pression scolaire forte que certains jeunes n’arri vent plus à gérer peut conduire au surmenage et à l’absentéisme .
es effets sont souvent les mêmes rébellions ou pleurs, difficultés de dialogue avec les parents, « portes qui claquent » et cours manqués. es situations vécues par des adolescents interrogés relevaient de l’ide sociale à l’enfance. Les premiers motifs invoqués par les jeunes pour expliquer leurs absences perlées ou plus impor -tantes sont souvent la fatigue la déprime qui fait qu’ils ont du mal à se lever le matin. Ils sont par ailleurs particulière ment sensibles à la sévérité de cer tains professeurs « En seconde, un prof qui la terrori-sait un peu, qui la bloquait. Elle a fait un blocage sur cette matière. » ’autres citent la pression de l’école qui les fatigue « Fatigue et pression. On lui de-mandait des devoirs qui duraient très longtemps, qui demandent énormément de recherches pré-alables. Et le même jour, il y a eu deux contrôles donc ils craquent, les enfants ! Il faut préparer les concours qui sont en même temps que le bac. Tous les mercredis après-midi, elle prépare Sciences po. Elle était très très fatiguée, et puis épuisée, elle pleurait, elle ne pouvait plus y aller. » n voit aussi, plus particulière ment dans ce groupe, beaucoup d’adolescents qui se coucent trop tard minuit, du matin car ils travaillent ou sont appés par l’or dinateur , jeu en réseau, jeu vidéo… Ils reconnaissent une certaine « addic tion » à cette « vie sur l’ordinateur » jugée plus intense, vécue comme plus rice, même au plan relationnel, et sans contrainte « Une grande partie de ma vie se passe sur ma planète, c’est un peu une dépendance. C’est pour gar-
der le contact avec les gens et je fais des nouvelles connaissances tous les jours et des fois on se ren-contre, on fait des groupes Word of Warcraft. » Les raisons plus profondes de ces périodes d’absence sont de l’ordre : • u malêtre et de la rébellion ado lescente visàvis des parents, de l’institution scolaire « Elle avait son petit copain au té-léphone le soir, elle pleurait, elle se trouvait moche. Il n’y a rien qui allait quoi. Elle disait « Regardez votre vie ! Vous n’êtes pas mieux que moi ». Enfin, elle nous critiquait sur tout. On ne savait rien faire. On faisait tout de travers. On était les parents les plus odieux du monde Elle était violente verbalement, elle claquait les portes. Elle hurlait. » • e la fuite « suractivité » en deors de l’école, comme si la vraie vie était ailleurs … • e la déprime « Elle est parfois gaie, parfois dé-primée, enfin plus souvent dépri-mée que gaie, en fait.» • e dépressions plus graves « Il s’est renfermé sur lui-même. On a eu de gros problèmes avec son père qu’il ne voit plus depuis 5 ans. Q. a fait une tentative de suicide et depuis, il a décroché. » Ces jeunes ont souvent des difficultés avec le groupe « classe ». Certains sont influençables : des adolescents, plus jeunes que les autres élèves de leur classe et bons élèves, veulent montrer, par leur comportement absentéiste, qu’ils appartiennent au groupe « Je me laisse entrainer par les autres, parce que sinon, cela fait un peu faible. Ça fait celui qui est sur le côté, qui dit « Non je n’ai pas envie d’aller avec vous, je vais tra-vailler moi, je reste là ». C’est dur,
2 / L’épidémiologiste Marie Couet déclare dans un article du Monde Magaine du 2 juillet 2 ue le stress scolaire, plus réuent dans l’enseigne ment général ue proessionnel demeure tabou et u’il existe un lien entre stress à l’école et dépression.