Recherches sur le système de dévolution du patrimoine familial à Zagora, une commune proto-industrielle du mont Pélion oriental (ca 1750-1850) - article ; n°1 ; vol.110, pg 243-253
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Recherches sur le système de dévolution du patrimoine familial à Zagora, une commune proto-industrielle du mont Pélion oriental (ca 1750-1850) - article ; n°1 ; vol.110, pg 243-253

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 243-253
Socrates D. Petmezas, Recherches sur le système de dévolution du patrimoine familial à Zagora, une commune proto-industrielle du mont Pélion oriental (ca 1750-1850), p. 243-253. Pendant la période étudiée, la pression démographique entraîne l'émigration mais aussi le développement des activités extra-agricoles puis des cultures commerciales spéculatives. La monétarisation des échanges et les fortes différenciations sociales qui l'accompagnent semblent avoir peu affecté la dévolution des biens fonciers, qui reste réglée par le père de famille et favorise la ligne agnatique paternelle. Par contre le système de dotation des filles s'est profondément transformé; parallèlement à la diffusion des activités marchandes on voit disparaître les anciens échanges matrimoniaux et se répandre le système de la «trahoma», par lequel la dot en argent versée par le père de la fiancée finance les entreprises du gendre et reste sa propriété.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Socrates Petmezas
Recherches sur le système de dévolution du patrimoine familial
à Zagora, une commune proto-industrielle du mont Pélion
oriental (ca 1750-1850)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 110, N°1. 1998. pp. 243-253.
Résumé
Socrates D. Petmezas, Recherches sur le système de dévolution du patrimoine familial à Zagora, une commune proto-
industrielle du mont Pélion oriental (ca 1750-1850), p. 243-253.
Pendant la période étudiée, la pression démographique entraîne l'émigration mais aussi le développement des activités extra-
agricoles puis des cultures commerciales spéculatives. La monétarisation des échanges et les fortes différenciations sociales qui
l'accompagnent semblent avoir peu affecté la dévolution des biens fonciers, qui reste réglée par le père de famille et favorise la
ligne agnatique paternelle. Par contre le système de dotation des filles s'est profondément transformé; parallèlement à la
diffusion des activités marchandes on voit disparaître les anciens échanges matrimoniaux et se répandre le système de la
«trahoma», par lequel la dot en argent versée par le père de la fiancée finance les entreprises du gendre et reste sa propriété.
Citer ce document / Cite this document :
Petmezas Socrates. Recherches sur le système de dévolution du patrimoine familial à Zagora, une commune proto-industrielle
du mont Pélion oriental (ca 1750-1850). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 110, N°1. 1998.
pp. 243-253.
doi : 10.3406/mefr.1998.4554
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1998_num_110_1_4554SOCRATES D. PETMEZAS
RECHERCHES SUR LE SYSTÈME DE DÉVOLUTION
DU PATRIMOINE FAMILIAL À ZAGORA,
UNE COMMUNE PROTO-INDUSTRIELLE
DU MONT PÉLION ORIENTAL (CA 1750-1850)
i.
La commune de Zagora, bourgade de quelque 4 500 habitants au dé
but du XIXe siècle, était composée de 5 paroisses et était le chef-lieu d'un
groupe de sept communes du mont Pélion oriental (d'une population d'en
viron 10 000 habitants adonnés au travail de la laine depuis le dernier
quart du XVIIIe siècle) (Petmezas 1989). La partie orientale du Mont Pé
lion, sur la péninsule de Magnésie, est une région boisée, peu propice à l'
élevage, et dont l'agriculture de subsistance était déjà déficitaire au XVIIe
siècle. L'habitat était relativement dispersé, les maisons de pierre étant bâ
ties dans des bouquets d'arbres fruitiers et de châtaigniers à proximité de
la forêt. La physionomie de ces communes est marquée par les origines du
peuplement à partir d'un mouvement collectif de colonisation et de dé
boisement des pentes orientales de la montagne. Conditions de peuplement
rudes, demandant la collaboration de groupes plus larges que l'unité do
mestique. D'où une tradition locale de forte solidarité et de cohésion des
communes dans tous les aspects de la vie économique et sociale. D'où, en
core, l'importance, au début du XXe siècle, du contrôle collectif de la
commune sur l'accès des individus aux terres boisées et non défrichées.
Puisque les revenus d'origine agricole ne pouvaient suffire aux besoins
de la famille paysanne, les unités domestiques se sont très tôt engagées
dans des activités extra-agricoles. Le travail de la soie y était déjà important
au début du XVIIIe siècle et il assurait aux familles de paysans une partie
importante de leurs revenus. Cette structure économique avait permis à la
petite région de connaître une période d'expansion démographique explo
sive tout au long du XVIIIe et des premières décennies du XIXe siècle. Au
début du XIXe siècle, la densité générale de la population se montait à 58
habitants par km2, contre 10 habitants par km2, peut-être, dans la plaine de
Thessalie. Le régime foncier constituait l'autre différence importante entre
MEFRIM - 110 - 1998 - 1, p. 243-253. 244 SOCRATES D. PETMEZAS
la plaine continentale et les montagnes du littoral oriental de la Thessalie.
Dans la plaine, les familles paysannes exploitaient en métayage des terres
abondantes mais souffraient, semble-t-il, sous la domination des grands
propriétaires musulmans, tandis que les populations de montagne étaient
composées de petits propriétaires. Le développement des activités supplé
mentaires était la seule voie ouverte aux de montagne. Le tra
vail de la soie, les activités de marine marchande (pendant une brève péri
ode avant le milieu du XVIIIe siècle) et l'émigration au début du XVIIIe
siècle, le travail de la laine depuis le dernier quart du même siècle, et l'olé
iculture depuis le début du XIXe siècle, étaient autant de solutions vers le
squelles se tournaient les familles paysannes.
Le travail de la laine comportait trois éta'pes différentes. Les femmes
préparaient et tissaient la laine importée au village tandis que les hommes,
temporairement installés dans quelques centres urbains de l'Empire Otto
man, fabriquaient sur place, ou comme tailleurs itinérants, des manteaux
de bure de laine appelés kapotès. Tout le système de fabrication était
contrôlé par une classe de riches négociants installés à Constantinople qui
finançaient la production et dont les familles, restées aux villages, accapa
raient les charges communales. Ces familles de notables et de négociants
contrôlaient les finances communales et étaient le seul recours de crédit
possible pour les paysans pauvres. En effet, à côté de deux groupes sociaux
(négociants et artisans), un troisième était celui des cultivateurs-petits pro
priétaires du village dont seules les femmes étaient engagées dans les pre
mières étapes de transformation de la laine et de la soie. D'ailleurs, durant
la première moitié du XIXe siècle, il semble que la population de Zagora
peut être classée en deux autres groupes. Un groupe de ménages plus so
lidement enracinés dans la société zagoriote, c'est-à-dire des ménages plus
aisés, avec des noms de famille portés par plusieurs chefs de famille dans la
commune, et dont on retrouve la trace dans les deux registres (1836 et ca.
1854) d'imposition agricole (v. infra)) et un autre groupe, plus volatile, des
ménages moins aisés, peu insérés dans le système de parentés et d'alliances
matrimoniales de la commune parce que probablement installés récem
ment dans la commune (Petmezas 1993), pendant son âge d'or proto
industriel.
Le milieu du XIXe siècle coïncide avec la crise aiguë qui mit fin aux ac
tivités industrielles dans les communes du Pélion oriental. À cette brève pé
riode de misère une autre a succédé caractérisée, d'un côté, par l'émigra
tion massive et quasi définitive vers les centres urbains de la Méditerranée
orientale (Smyrne, Alexandrie et Egypte) et, de l'autre, par une reprise
agricole due à l'essor de l'oléiculture et à l'expansion des cultures de pr
imeurs et de fruits (pommes, châtaignes, etc.) pour les marchés urbains DÉVOLUTION DU PATRIMOINE FAMILIAL À ZAGORA 245
desservis par les nouvelles lignes de bateaux-vapeur. Dorénavant, la popul
ation stagne (tout en montrant une haute densité de population générale),
mais la région est toujours restée ouverte au monde extérieur, conservant
ainsi un caractère polyvalent, flexible et innovateur. Il est important de
souligner le développement précoce de l'enseignement dans la commune et
le niveau relativement haut de l'éducation aussi bien des groupes domi
nants que des groupes moyens (artisans et fabricants). Les activités
commerciales ont profité de ce phénomène mais ce n'est pas un hasard si
l'émigration du XVIIIe siècle comprenait aussi des intellectuels cherchant
des charges ecclésiastiques, des postes d'enseignant auprès des familles
aristocratiques de Phanariotes ou un emploi dans l'administration de l'É
glise et des principautés danubiennes. La pluriactivité et l'adaptabilité des
familles paysannes, leur haut niveau culturel et leur ouverture d'esprit à
toute innovation économique, la pérennité de l'existence d'une classe de
notables sûre

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