Remarques sur les quartiers juifs de la Rome antique - article ; n°1 ; vol.57, pg 72-94
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Remarques sur les quartiers juifs de la Rome antique - article ; n°1 ; vol.57, pg 72-94

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1940 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 72-94
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Suzanne Collon
Remarques sur les quartiers juifs de la Rome antique
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 57, 1940. pp. 72-94.
Citer ce document / Cite this document :
Collon Suzanne. Remarques sur les quartiers juifs de la Rome antique. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 57, 1940. pp.
72-94.
doi : 10.3406/mefr.1940.7312
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1940_num_57_1_7312REMARQUES
sun
LES QUARTIERS JUIFS DE LA ROME ANTIQUE
La colonie judaïque de Rome, qui ne peut manquer d'intéresser
tous ceux qui étudient l'influence des groupements étrangers sur la
civilisation latine ou qui s'efforcent d'éclaircir la question si com
plexe des origines chrétiennes, a été depuis longtemps l'objet
d'études générales1 ou de monographies. Nous essayons aujour
d'hui de grouper tous les renseignements connus ou toutes les hypot
hèses plausibles sur l'emplacement, les limites, l'histoire ou les
subdivisions paroissiales des différents quartiers juifs de Rome.
Quelle idée nous formons-nous de ces quartiers? L'état des docu
ments qui nous sont parvenus est si fragmentaire, si déficient, qu'il
est fort utile, avant que de les utiliser, de fixer quelques notions
générales sur la répartition des Juifs romains, sorte de cadre où
viendront naturellement s'insérer les détails plus précis que nous
recueillerons à toutes les sources utilisables.
Existait-il à Rome un ghetto, c'est-à-dire un quartier où les
Juifs, refoulés, se voyaient dans l'obligation de résider? Rien de
semblable n'apparaît. Nous avons examiné cette question d'assez
près depuis les origines de la colonie juive jusqu'à Septime-Sévère.
Durant ce laps de temps, les Juifs furent souvent persécutés, leurs
1 Les principales études générales sont celles de Berliner, Geschichte
der luden in Rom, 1893 ; Vogelstein und Rieger, Geschichte der luden in
Rom, 1896; Schürer, Geschichte des judischen Volkes im Zeitalter Iesu
Christi, 1901 ; J. Juster, Les Juifs dans t'Empire romain, 1914. REMARQUES SUR LES QUARTIERS JUIFS DE LA ROME ANTIQUE 73
privilèges plus ou moins réduits1, leur colonie chassée 2, leurs syna
gogues dépouillées 3, mais rien ne laisse soupçonner qu'ils subirent
jamais l'obligation du ghetto.
Avant que de conclure que la Ville entière s'offrait à leur coloni
sation, il convient d'examiner la question du pomoerium. Les
Juifs s'installaient volontiers autour de leur synagogue. C'est tout
au moins le cas en ce qui concerne Alexandrie 4. On en déduit parf
ois qu'il n'existait pas de quartier juif là où il ne pouvait s'élever
de synagogue, c'est-à-dire à l'intérieur d'une enceinte pomoeriale.
C'est, en effet, la théorie d'Ambrosch 5 que les sacra étrangers
étaient interdits en dedans du pomoerium. D'abord, la théorie
d'Ambrosch appelle peut-être quelques corrections. Les cultes
étrangers furent parfois tolérés dans la ville sacrée. En 217 av. J.-C,
un temple à la Vénus du mont Éryx 6 fut voué sur le Capitole ;
quant au culte d'I sis, il s'installa si bien sur ce même Capitole que
les consuls l'en durent chasser en 58, 54, 50 et 48 av. J.-C, et Au
guste lui-même en 28 7.
En second lieu, aux époques où le pomœrium fut respecté, rien
n'empêchait les Juifs d'habiter en deçà de ses limites et néanmoins
de bâtir au delà leurs maisons de prières. Ce fut probablement le
1 Par Vespasien (établissement du fiscus Judaicus) : Flavius Josephe,
Β. J ., VII, 6, 6 (entre autres) ; — par Domitien, Dio Gass., 67, 14 ; Sué
tone, Dom., XV ; — par Hadrien : Hist. Aug., Had., XIV ; — par Anto
nin le Pieux : Modestin au Dig., XLVIII, 8, 11.
2 Par Tibère : Philon, Leg. ad Caïum, 24-159 ; par Claude : Suétone,
Claude, XXV.
3 Par Gn. Cornelius Hispallus vers 140 av. J.-C. : Valère-Maxime, I,
31, et I, 33, et par Tibère : Suétone, Tibère, XXXVI.
4 Philon, Leg. ad Caïum, 20-134.
5 Sur le pomoerium, cf. Saglio et Pottier, Dictionnaire des Antiquités,
art. pomoerium. — Platner-Ashby, Topographical dictionary..., art. Po
moerium. — Jordan, Hermes, VI, 1872, p. 316, et tout récemment l'ar
ticle de Michel Labrousse dans les Mélanges de Rome de 1937.
6 Liv. XXII, 9 ; XXIII, 31.
7 Cf. Saglio et Pottier, op. cit., art. Isis, qui donne les références. 74 REMARQUES SUR LES QUARTIERS JUIFS
cas de Subure que desservit une synagogue au delà de Y agger1.
Quel aspect revêtit cette colonisation juive? Fut-elle répartie
,' ^s ///>\7/?/( SeSÇCs/canieuses)
Je Mars Champ (f SaeptaJuli&ffii
SynaaoaufuO^ Agrippa Β. yV\SPons Agrippes
^-Flumentana { \
i^r . .. . ι y
MìJ ~\
„ Temple <* FonsIoriunaQ
Y 1
l<uv4lwhal>iU L fur* βσ-encie <Zc S.^uIILlls juwdaji /
quelques également 1 Cf. infra, régions dans p. Fig. chaque 87 précises, 1 des sqq. . — quartiers quartier, laissant Emplacement juifs ou intactes rassemblée approximatif a rome de & Catacombe Sebastiano vastes au Je contraire parts »\ ^ du terri- dans LA ROME ANTIQUE 75 DE
toire romain? Ni l'une ni l'autre hypothèse ne parait exacte. Il en
Fig. 2. — Répartition des catacombes
et monuments funeraires juifs a r'omë
— enceinte d'Aurélien.
X 3 = Frey, Corp. I. J., inscr. n° 3.
N. — Ce travail est fait d'après le Corpus Inscr. Jud. du P. Frey.
Un certain nombre d'inscriptions manquent, soit que le P. Frey
ne puisse déterminer leur lieu d'origine, soit qu'il ne nous ait
pas été possible de le retrouver sur les cartes dont nous dispo
sions
Celles dont la position nous parait probable mais non certaine
portent un point d'interrogation.
fut certainement de Rome comme d'Alexandrie. Dans cette der
nière ville, à ce que rapporte Philon, deux quartiers sur cinq REMARQUES SUR LES QUARTIERS JUIFS 76
étaient si remplis de Juifs qu'ils en avaient reçu le nom de quart
iers judaïques1. Mais les autres quartiers, pour être moins peuples
par l'envahissante colonie, n'en étaient point exempts. Quelques
Juifs isolés y demeuraient encore. C'est ainsi très probablement
que la question se présente à Rome. Partout on peut rencontrer
des Juifs, surtout de ceux, assez rares, à qui leur fortune permet
n'importe quel choix 2. Mais, dans un certain nombre de quartiers,
la population s'agglomère et constitue de véritables centres juifs.
Il s'agit surtout des quartiers commerçants. La majorité des Juifs
romains sont des gens pauvres (le style, l'ornementation, la gravure
de leurs épitaphes en témoignent3) et beaucoup d'entre eux s'o
ccupent de négoce 4.
Nous allons donc nous efforcer de localiser, limiter ceux de ces
centres juifs de Rome que nous pouvons connaître ou soupçonner
et en fixer d'aussi près que possible l'histoire et la répartition pa
roissiale.
1 Philon, In Flaccum, 8, 55 : πέντε μοΐραι της πόλεως είσίν, επώνυμ
οι των πρώτων στοιχείων της έγγραμάτου φωνής · τούτων δύο Ίουδαικαί λέγονται
δια το πλείστους 'Ιουδαίους εν ταύτ&ις κατοικεΐν · οίκοϋσι δε καί εν ταΐς αλλαις
ουκ ολίγοι σποράδες.
2 Tels qu'Agrippa, le roi bohème, que Philon nous montre (dans sa
Légation à Caîus, 35, 269 et suiv.) malade de frayeur au fond de sa
magnifique résidence — ou tels que ces nobles Romains convertis, Fla
vius Clemens et Flavia DomitiUa, qui subirent le martyre sous Domitien
(Suétone, Dom., XV) — ou tels que les nombreux Juifs qui ne consent
irent pas à se faire ensevelir à la catacombe commune et dont on
retrouve les monuments funéraires çà et là autour de Rome. Cf. Frey,
Corpus, passim.
8 Frey, Corpus Inscriptionum Judaicarum, Rome, 1936 (qui donne les
photographies de la plupart des textes). Remarquez que les dignitaires
des synagogues eux-mêmes ne sont pas d'un rang social plus élevé que
leurs paroissiens.
4 Philon, Leg. ad Caium, 8, 57 ; Frey, inscriptions 109-210; Actes,
XVIII, 3. Cf. encore les établissements juifs à Porto, Ostie, Pouz-
zoles (apud Frey, op. cit.), à Délos {Mélanges Holleaux, 1913) et, d'une
façon générale, dans tous les ports méditerranéens (Juster, op. cit., I,
p. 179 à 209). DE LA ROME ANTIQUE 77
Le Trastevere
La forteresse du judaïsme romain, ce fut le Trastevere. Là, ins
tallés dès la fondation de leur colonie, ils s'implantèrent, se multi
plièrent et se fortifièrent pendant toute l'éte

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents