Ruhin, lieu de pélerinage musulman de la Syrie du Nord au XIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.30, pg 89-107
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Ruhin, lieu de pélerinage musulman de la Syrie du Nord au XIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.30, pg 89-107

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Description

Syria - Année 1953 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 89-107
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Sourdel
Ruhin, lieu de pélerinage musulman de la Syrie du Nord au XIIIe
siècle
In: Syria. Tome 30 fascicule 1-2, 1953. pp. 89-107.
Citer ce document / Cite this document :
Sourdel Dominique. Ruhin, lieu de pélerinage musulman de la Syrie du Nord au XIIIe siècle. In: Syria. Tome 30 fascicule 1-2,
1953. pp. 89-107.
doi : 10.3406/syria.1953.4958
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1953_num_30_1_4958RUHIN,
LIEU DE PÈLERINAGE MUSULMAN DE LA SYRIE DU NORD
AU XIIIe SIÈCLE
PAR
DOMINIQUE SOURDEL
La localité de Rulnn, citée par divers auteurs arabes comme l'un des
plus célèbres lieux de pèlerinage de la Syrie du Nord au xme siècle, attira
jadis l'attention de Clermont-Ganneau; mais une notice d'Ibn as-Sihna, la
seule connue à cette époque, ne put lui suffire à déterminer, ni la situation
topographique de l'endroit, ni la nature des manifestations religieuses qui
semblaient s'y être perpétuées (1). L'on avait depuis lors renoncé à ident
ifier ce site (2).
Pourtant Rulnn est un village connu des habitants du Gabal Sam* an.
Appelé plutôt Mashad Rûlrin, ou Mashad Turmânïn parce que ses terres
appartiendraient aux villageois de Turmânïn (3), il est situé au pied du Gabal
Barakât, à une heure de marche environ de Tell 'Adé, et son nom figure sur
la carte au 1/50.000 de la région (4). Il y subsiste divers vestiges archéolo-
antiquités du Gabal Sam'an qui me fit visiter f1) Ch. Clermont-Ganneau, Les inscriptions
de Cheikh Barakât in Études d'archéologie orient le site en décembre 1950. L'appellation mashad
ale, II (1897), pp. 35-54. tend à supplanter le terme araméen de Rïïhin
(2) R. Dussauo ne mentionne pas Rùhfn (cf. E. Littmann, Zeitschrifl fur Semitistik, 1,
dans sa Topographie historique de la Syrie pp. 166 et s.) selon un processus attesté en
antique et médiévale (Paris, 1927). Cl. Cahen, Syrie pour d'autres toponymes.
La Syrie du nord à l'époque des croisades (Paris, (4) Carte du Levant, éd. 1942, feuille El Ham
mam. Voir également maintenant G. Tcha- 1940), p. 156, n. 23, signale d'après Ibnal-'Adim
le site « inconnu » de Rûhin dans le Gabal lenko, Villages antiques de la Syrie du Nord
Laylun. H. C. Butler, dans Syria, Publicat (B. A. H. Beyrouth, 1953), pi. CLV. Sur la
ions of the Princeton University Archaeological carte XII de la Topographie de R. Dussaud
Expedition to Syria, II B (Leyde, 1909), ne figure, en B 3, à l'emplacement de Rûhîn, un
signale pas RUhïn, son itinéraire le menant village nommé Meshat, forme turque de l'arabe
directement de Kfellïïdïn à Tell 'Adé. mashad, qui représente certainement notre
(3) II m'a été indiqué par le gardien des localité. SYRIA 90
giques, susceptibles d'être mis en rapport avec les renseignements d'époque
médiévale. Cette constatation m'amena à reprendre l'examen des sources
littéraires et à tâcher d'éclaircir le caractère d'un lieu de pèlerinage, à demi
oublié après avoir connu, au temps des croisades, une vogue toute particulière.
Les sources arabes. — Les textes anciens qui citent Rïïhïn appartiennent,
soit à des ouvrages généraux comme le Guide des lieux de pèlerinage
d'al-Harawi et le Dictionnaire Géographique de Yâqïït, soit aux chroniques et
descriptions d'Alep et de sa région, œuvres d'Ibn al-'Adïm, Ibn Saddâd et
Ibn as-Sihna. A l'exception de la compilation tardive attribuée à Ibn
as-Sil.ma, ils datent tous de la même époque (xiie-xine siècles) et s'accordent
pour placer à Rïïhïn un lieu de pèlerinage important, tout en donnant à son
sujet des détails plus ou moins riches et parfois un peu différents.
'AU b. abï Bakr al-Harawi (m. 611/1213) compte Rïïhïn parmi les endroits
qu'il a visités (1).
« À Rûhïn, village du district d'Alep, tombeau de Quss b. Sd'ida et de ses
deux amis quil pleura en ces vers :
0 mes amis, éveillez-vous...
Ne savez-vous pas que je suis à Sam' an, esseulé, et que je n aurai plus
jamais d'amis tels que vous ?
Je fais une libation de vin sur vos tombes (2)...
On dit quil s'agit de Sam1 un as-Safâ et de Sam'ân, mais en réalité Sarnùn
aySafa est enterré à Rome la Grande... »
Yâqïït (m. 626/1229) consacre à Rïïhïn la notice suivante (3) :
« Village du mont Lubnàn (sic), proche d'Alep. Au pied de la colline, beau
mashad que Von visite et où se trouve, dit-on, la tombe de Quss b. Sà'ida al-Iyàdi;
c'est là un maîhad recherché par les pèlerins qui y font des vœux; il possède un
bien waqf. Uon dit quil y a à Rûhin la tombe de Sam1 fin as-Safâ, mais ce nest
pas exact... (suivent : l'argument précédent d'al-Harawi, emprunt textuel
bien que sans référence explicite à l'auteur, puis trois vers d'al-Buhturi sati-
risant les prêtres et les diacres de Rïïhïn).
I1) Kitâb az-ziyàrât (Damas, 1953) pp. 5-6. al-Agâni (éd. Bïïlâq), XIV, p. 41, 1. 5-9.
(2) Les vers cités ici se retrouvent, avec (3) Mu1 gam al-buldan (éd. Wûstenfeld, Leip-
quelques variantes de détail, dans le Kitâb zig, 1866-1873), II, p. 829. LIEU DE PÈLERINAGE MUSULMAN 91 RUHIN,
Kamal ad-dîn 'Umar Ibn al-'Adïm (m. 660/1262) cite également Ruhîn
dans un chapitre de son Histoire d'Alep, pour lequel il semble avoir larg
ement utilisé les renseignements d'al-Harawi (1) :
« À Rûhin, village du mont Sam' an, beau mashad et, à côté de V oratoire
qui en fait partie, trois tombes. On dit qu'il s'agit. . . (emprunt textuel à al-Harawi
sans référence). »
' Izz ad-dîn Ibn Saddâd (m. 684/1285) s'étend sur Rïïhïn .beaucoup plus
longuement (2) :
[42 a] « Au village de Rûfiîn, dans le mont Sam* an, mashad où se trouvent
trois tombes. Celle du milieu est celle de Quss b. Sâ'ida al-Iyâdi, qui est connu
pour son éloquence proverbiale et dont le Prophète a dit... (hadith relatant
l'épisode de la foire de 'Ukâz).
[43 a] On raconte encore de Quss le récit que voici, dû à un homme des *Abd
al-Qays : au temps de ma jeunesse je suivis un jour à la trace un chameau qui
s'était enfui. Traversant une région déserte, ..., j'arrivai soudain auprès d'une
source murmurante, avec un jardin très vert et un grand arbre au pied duquel
était assis un jeune homme tenant une baguette à la main. Je m'approchai et le
saluai; il me rendit le salut et je lui demandai quel était son nom. « Quss », répond
it-il. Puis vinrent boire à la source des lions en grand nombre et, chaque fois
que l'un d'eux repartait, ayant bu avant son tour, Quss le frappait de sa baguette
en disant : « Attends qu'ait bu celui qui te précédait ». Je fus alors pris d'une
grande frayeur, mais Quss se tourna vers moi et me dit: « N'aie pas peur » (3).
11) Bugyat at-talab, ms. Istanbul, Aya sofia entouré de lions, et chaque fois qu'un lion rugis
sait contre son compagnon, Quss le frappait 3036, fol. 93.
de la main en disant : Attends qu'ait bu celui 12) Al a'iâq al-hatïra, première partie, ms.
qui te précède. Alors je m'éloignai, mais Quss Vaticane ar. 730, fol. 42 a-44 b. Cf. Bulletin
d'études orientales, XIII, p. 85 n. 1. me dit : N'aie pas peur. Et voici que je me
(3) Une anecdote semblable se retrouve dans trouvai devant deux tombes entre lesquelles
le K. al-Agânï d'al-Isbahâni (m. 356/967), était un oratoire ; je lui demandai quelles
XIV, pp. 40-41, sous la forme d'un hadith étaient ces tombes. Celles de deux de mes
remontant à Ibn al-Kalbi (m. 206/821-822) compagnons qui sont morts, me répondit-il;
et à Ibn 'Abbâs : « Un homme dit : O Pro je me suis fait entre elles un oratoire où je
phète, j'ai vu Quss faire une chose merveill rends un culte à Dieu, de façon à être près
euse. — Quoi donc ? — Alors que j'étais sur d'&ux. » — Même tradition, selon les mêmes
une montagne du nom de Sam'an, un jour où autorités, dans les Sunan d'An-Nisâ'i (m. 303/
il faisait très chaud, je rencontrai Quss b. Sâ'ida 915), p. 596 (éd. Dilly) et dans le Nïïr an-nibrâs
à l'

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