Tentative de saisie et de reproduction du sens.  - article ; n°1 ; vol.61, pg 100-120
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Description

Langue française - Année 1984 - Volume 61 - Numéro 1 - Pages 100-120
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Françoise Ravaux
Tentative de saisie et de reproduction du sens.
In: Langue française. N°61, 1984. pp. 100-120.
Citer ce document / Cite this document :
Ravaux Françoise. Tentative de saisie et de reproduction du sens. In: Langue française. N°61, 1984. pp. 100-120.
doi : 10.3406/lfr.1984.5185
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1984_num_61_1_5185Françoise Ravaux
Université de Richmond (USA)
TENTATIVE DE SAISIE
ET DE REPRODUCTION DU SENS
Aspects et compromis d'une pédagogie
de la traduction
0.1. On ne peut aborder la question de la traduction sans prendre parti,
peu ou prou, dans les discussions qui opposent théoriciens ou praticiens,
selon qu'ils donnent la priorité au mot à mot, au « sens », ou encore à
l'esthétique propre du traducteur et de son époque '. Les choses se
compliquent encore avec l'intervention des sciences du langage, et les
contraintes propres, par exemple, au doublage des films, à la traduction
simultanée, aux bandes dessinées, et à la traduction automatique par
ordinateur.
Toutefois, les questions essentielles restent les mêmes, concernant :
— le degré de fidélité au texte d'origine, et la part d'interprétation 2
et d'indépendance qui revient au traducteur;
— la relation entre l'expression et le contenu ;
— l'équilibre interne des réseaux de signification du texte d'origine 3;
—entre le contenu spécifique des énoncés et ce à quoi ils
visent 4;
1. Tony Harrison, l'un des traducteurs de Racine, n'a pas hésité dans sa traduction de Phèdre, à
transposer action et personnages du contexte de la Grèce Antique à celui de l'Inde coloniale (traduction
non publiée, la pièce traduite a été représentée en 1976). Juri Lotman, dans La struttura del testo poetico
Milan : Musia, 1972, attire l'attention sur la difficulté qu'aura le lecteur à respecter ces deux éléments
ainsi qu'à saisir l'interaction des différents niveaux du texte.
2. C'est un des problèmes que Juri Lotman mentionne dans l'ouvrage précédemment cité.
3. A ces complexités s'ajoutent une multiplicité de problèmes : y a-t-il des limites à ce qui est
traduisible? quelles sont-elles? Y a-t-il des « vides » sémantiques? Comment les combler ou les ignorer?
Voir à ce sujet les articles suivants : Raymond Van den Broeck, « The Limits of Translatability Exemplified
by Metaphor Translation », et « Semantic " Voids " as a Problem in the Translation Process », dans
Poetics Today, vol. 2:4, 1981, pp. 73-87 et pp. 61-71.
4. Dans The Implied Reader (Baltimore and London : The Johns Hopkins Press, 1974), Wolfgang
Iser remarque que l'énoncé vise quelque chose qui est au-delà de son contenu spécifique. Il y a donc
perte de dimension si le traducteur se contente de ne considérer que ce (p. 277).
100 — la prééminence du langage de départ ou du langage d'arrivée5;
— l'objet textuel sur lequel porte la traduction : le texte lui-même,
ou un méta-texte construit préalablement par la traduction? Faut-il,
enfin, bâtir une grammaire de la décision traductrice du lecteur-traduc
teur-auteur ?
0.2. Chaque nouvelle théorie propose une réponse à un ou plusieurs de
ces problèmes mais semblent en générer d'autres. Les théories les plus
satisfaisantes font plus ou moins figure de compromis. Sans résoudre les
dualités, elles semblent les déplacer.
0.2.1. Comme l'avait fait Jakobson, Alexander Ludskanov 6 voit la nécess
ité d'introduire le concept de transformation sémiotique dans une théo
rie de l'activité traductrice. Selon Ludskanov, la traduction est une acti
vité consistant à remplacer des signes encodant un message par des signes
d'un autre code préservant une information invariante selon un système
de référence donné. Toute traduction consiste en un processus sémiosé-
mantique profond, une analyse (reconnaissance, décodage) nécessitant un
système de référence. Pour tout traducteur ou personne bilingue, ce de référence est un méta-langage dans lequel la connaissance de
la langue naturelle de départ, et de la langue naturelle d'arrivée doit
être encodée ainsi que la connaissance de la réalité reflétée par les deux
langues.
Dans son article « Translation and Transformation 7 », Terry Eagle-
ton précise même que l'activité traductrice commence par la création
d'un méta-texte ou translation reading qui est une lecture interlinguis
tique tenant déjà compte des restrictions ou idiosyncrétismes de la langue
d'arrivée.
0.2.2. Pour Henri Meschonnic 8, la traduction n'est pas paraphrase ni
méta-langage, elle est activité de langage, la signifiance prend le pas sur
la signification. Le texte produit n'est pas un énoncé monosémique mais
garde sa richesse polysémique. Il est, à son niveau translinguistique « ce
qu'est un je-ici-maintenant au niveau linguistique, c'est-à-dire shifter,
opérateur de glissement, indéfiniment métamorphosable, indéfiniment
porteur du rapport avec un lecteur toujours nouveau, malgré le vieilli
ssement de la langue 9 ».
Henri Meschonnic propose donc une théorie de la traduction qui
serait une poétique expérimentale, une poétique de renonciation et il
envisage la traduction comme une activité de re-énonciation de la part
d'un sujet historique.
0.3. Il ne s'agit pas ici de trancher ou de porter des jugements définitifs
sur ces différentes positions, mais de les prendre en considération au
5. Gideon Toury propose une théorie de la traduction orientée sur le texte d'arrivée dans son article
« Translated Literature : System, Norm, Performance. Toward a TT -Oriented Approach to Literary
Translation », dans Poetics Today, vol. 2:4, 1981, pp. 9-27.
6. « A Semiotic Approach to the Theory of Translation », dans Language Sciences, vol. 35, April,
1975.
7. Dans Stand, 19(3), pp. 72-77.
8. Henri Meschonnic, Pour la poétique, II, Paris, Gallimard, 1973.
9. Op. cit., p. 337.
101 moment de l'élection d'une méthode pédagogique relative à la pratique
de la traduction.
0.3.1. Les positions théoriques et épistémologiques suivantes ont été
adoptées :
— L'activité traductrice est un dynamisme, une activité de transfor
mation.
— C'est une activité intersémiotique.
—une ré-énonciative dans le sens suivant : le texte de
départ est le produit (l'énoncé) d'une activité dynamique (renonciation),
la traduction ou texte d'arrivée est un produit correspondant (l'énoncé
d'arrivée) d'une activité dynamique parallèle s'efforçant de re-produire
l'activité originelle. L'activité de ré-énonciation est soumise
à des contraintes actualisées dans l'énoncé de départ. Le domaine des
contraintes virtuelles (de la façon dont le locuteur du texte de départ a
mobilisé la langue en vue d'un acte individuel de parole), situé en deçà
de l'actualisation, n'est pas du ressort du traducteur. Le sujet de l'énon-
ciation ne sera pas considéré en tant que sujet historique, social, psy
chologique, mais dans sa relation avec le produit de son énonciation
(l'énoncé). Aussi l'énonciateur sera-t-il envisagé en tant qu'instance vir
tuelle se manifestant seulement par l'exercice spécifique d'une compétence
sémiotique et d'une compétence discursive actualisées dans l'énoncé. Il
est certain que le sujet de la ré-énonciation, le traducteur, s'inscrira
également dans le produit de son énonciation.
— Le texte de départ est considéré comme une entité, un objet textuel
fini, élaborant son propre réfèrent, ses propres codes et sous-codes d'in
terprétation.
— L'activité traductrice sera dirigée d'abord sur l'élaboration d'un
méta-texte qui ne consistera pas en une paraphrase du niveau discursif
mais en une série de textualisations actualisant les différents niveaux
sémantiques et syntaxiques, du texte de départ. Le traducteur doit s'e
fforcer de faire intervenir ces textualisations aussi fréquemment que pos
sible car elles rendront compte de la complexité polysémique du texte,
de son dynamisme en tant que gén

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