Théodore Roosevelt et l avènement de la présidence médiatique aux États-Unis - article ; n°1 ; vol.51, pg 15-26
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1996 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 15-26
Theodore Roosevelt and the emergence of the media-dominated presidency in the United States, Serge Ricard.
American presidents did not wait for the invention of the radio or television to try to influence public opinion. As of the late 19th century, Theodore Roosevelt aimed at charming the increasingly powerful written press. Attempting to draw attention to his excentric personality rather than to his not very reformist home accomplishments, Roosevelt succeeded brilliantly in planting false confidences and discreet allusions, calculated leaks, and diversionary tactics. This strategy made public opinion an actor on the political stage, a given that later on has weighed heavily on the functioning of American democracy.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Ricard
Théodore Roosevelt et l'avènement de la présidence médiatique
aux États-Unis
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°51, juillet-septembre 1996. pp. 15-26.
Abstract
Theodore Roosevelt and the emergence of the media-dominated presidency in the United States, Serge Ricard.
American presidents did not wait for the invention of the radio or television to try to influence public opinion. As of the late 19th
century, Theodore Roosevelt aimed at charming the increasingly powerful written press. Attempting to draw attention to his
excentric personality rather than to his not very reformist home accomplishments, Roosevelt succeeded brilliantly in planting false
confidences and discreet allusions, calculated leaks, and diversionary tactics. This strategy made public opinion an actor on the
political stage, a given that later on has weighed heavily on the functioning of American democracy.
Citer ce document / Cite this document :
Ricard Serge. Théodore Roosevelt et l'avènement de la présidence médiatique aux États-Unis. In: Vingtième Siècle. Revue
d'histoire. N°51, juillet-septembre 1996. pp. 15-26.
doi : 10.3406/xxs.1996.4454
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1996_num_51_1_4454THEODORE ROOSEVELT
ET L'AVÈNEMENT DE LA PRÉSIDENCE
MÉDIATIQUE AUX ÉTATS-UNIS
Serge Ricard
Les présidents américains n'ont leur mise, leurs gestes, et s'entourer pour
attendu ni l'invention de la télévision, ce faire de spécialistes de la médiatisation.
ni l'arrivée au pouvoir de Ronald Rea Ronald Reagan aurait été dans les
gan pour user — ou abuser — des années 1980 le «grand communicateur»,
médias. Bien avant son petit-cousin efficace héritier de décennies de savoir-
Franklin, Theodore Roosevelt s'employa faire radiophonique et télévisuel, et de
à séduire ou à menacer une presse surcroît pur produit de l'industrie holl
écrite permettant à l'opinion publique ywoodienne. C'est oublier le long règne
de devenir un acteur à part entière sur sans partage de la page imprimée en poli
la scène politique. tique. C'est oublier également le rôle pré
curseur en communication d'un lointain
On pourrait croire que l'art de la prédécesseur républicain de l'ancien
communication politique aux acteur de série B. Grand communicateur,
États-Unis commença avec l'appar lui aussi, voire manipulateur hors pair,
ition de la radio dans les années 1920 tacticien surdoué de l'exposition médiati
et 1930 - on songe au père Coughlin, le que comme arme politique, Theodore
prêtre des ondes, au président Franklin Roosevelt, au début du siècle, sut magis
Roosevelt, inventeur des causeries au coin tralement tirer parti d'une presse en mutat
du feu - et parvint à maturité avec l'écran ion pour maintenir la Maison-Blanche à
cathodique*. Certes, la télévision, qui la une des journaux pendant toute la
devait bientôt concurrencer puis final durée de sa présidence1.
ement détrôner la «TSF», nous a, de longue
date, habitués à l'État-spectacle perman O À LA RECHERCHE DES GROS TITRES
ent. Le verbe ne suffit plus à faire recette
La première moitié du 19e siècle voit la électorale depuis la révolution de l'image ;
les politiques, en acteurs complets, doi presse nord-américaine se diversifier et se
vent également soigner leur apparence, moderniser dans les grandes métropoles
de l'Est. Par exemple, Lynde M. Walter
* Mes recherches en vue du présent article ont été grande crée le Boston Transcript, qui constitue ment facilitées par la bourse que m'a accordée le Roosevelt
Study Center de Middelburg (Hollande) auquel j'exprime ici
ma gratitude. Je tiens également à remercier Wallace Dailey, 1. Peu après son arrivée au pouvoir, il prit, comme on le
conservateur de la •Theodore Roosevelt Collection • à Harvard, sait, l'initiative d'officialiser, par ordre présidentiel, le nom cou
de son précieux concours à chacun de mes passages. ramment donné au siège de l'exécutif, la • Maison-Blanche -.
15 SERGE RICARD
la première expérience de journalisme On pourrait citer d'autres réussites, certes
moins spectaculaires : Charles A. Dana et véritablement populaire; James Gordon
Bennett fonde le New York Herald et le New York Sun, Wilbur F. Storey et le
Chicago Times, Henry Watterson et le Horace Greeley, son principal rival, le
Louisville Courier-Journal, William Rock- New York Tribune, Henry J. Raymond
hill Nelson et le Kansas City Star, White- donne naissance au New York Times. Une
law Reid et le New York Tribune. La presse «provinciale» se développe égale
modernisation, comme toujours, a ses ment, promise à un certain avenir: le
mauvais et ses bons côtés. La mise en Springfield Republican de Samuel Bowles,
commun de certains moyens (ou «syndile Louisville Journal àz George D. Prentice,
cation», en particulier la reprise d'édito- le Chicago Tribune de Wilbur F. Storey.
riaux de grands organes de la côte Est Et pourtant, en I860, le journal le plus
par divers quotidiens de moindre imporrépandu dans l'Amérique profonde reste
tance dans le reste du pays), la constitul'hebdomadaire local1. En mai 1848, six
tion de chaînes de journaux, entraînent journaux new-yorkais s'associent pour
une certaine uniformisation de la presse, constituer l'embryon de la future «New
de même que la rationalisation et la centYork Associated Press» et contrôler le
ralisation de la collecte des nouvelles par réseau télégraphique, portant ainsi un
les agences portent en germe la banalirude coup au journalisme régional. Mais
sation, sinon la bureaucratisation, du le télégraphe ne suffit plus à couvrir les
reporter4. En revanche, la cartellisation événements; les responsables de presse
s'accompagne, au tournant du siècle, les plus dynamiques comprennent l'impor
d'une professionnalisation du journaltance cruciale du témoin oculaire placé
isme. Les reporters, mieux formés, au cœur de l'action et contribuent ainsi
obtiennent salaire fixe et garantie de à l'avènement du reporter, dont la fonc
l'emploi. Signe des temps, l'Université tion bouleverse une profession traditio Columbia décide en 1903 de construire nnellement attachée au journalisme «litté
une école supérieure de journalisme, raire». Par ailleurs, le partage des rôles se
inaugurée neuf ans plus tard, et l'Universprécise au niveau de la gestion ; le propriét ité du Missouri lance en 1908 le premier aire du journal n'est plus le rédacteur en programme d'études dans ce domaine5.
chef, mais un homme d'affaires séparé de La logique du profit pousse à accroître
ce dernier par plusieurs intermédiaires2. les recettes de la publicité par l'augment
La fin du 19e siècle, riche en innova ation des tirages. Pour attirer les public
tions techniques, met l'information à itaires, il faut séduire toujours plus de
l'heure industrielle avec la naissance lecteurs, mais il convient, à cette fin, de
d'empires de presse, dont les plus connus, répondre à leur attente, fût-ce par la fa
parce que les plus puissants à l'époque, lsification des faits, pratique que le jour
sont ceux de Joseph Pulitzer, repreneur nalisme à sensation systématise6. Or les
inspiré du New York World en 1883, et goûts du public ont changé, de nouveaux
de William Randolph Hearst, devenu pro lecteurs sont apparus, tels les immigrants
priétaire du New York Journal en 1895 et les femmes ; les Américains s'intéressent
«pour battre Pulitzer à son propre jeu»3.
4. B. A. Weisberger, op. cit., p. 121-155; C. P. Wilson, op.
1. Bernard A. Weisberger, The american newspaperman, cit., p. 24-33-
Chicago, The University of Chicago Press, 1961, p. 88-120. 5. George Juergens, News from the White House: the presi
2. Christopher P. Wilson, The labor of words : literary pro dential press relationship in the progressive era, Chicago, The
fessionalism in the progressive era, Athens, The University of University of Chicago Press, 1981, p. 10-11.
6. C. P. Wilson, op. cit., p. 35-37 ; Frank L. Mott, American Georgia Press, 1985, p. 17-39 ; B. A. Weisberger, op. cit., p. 114-
119. journalism. A history: 1690-1960, New York, Macmillan, 1941,
3. B. A. Weisberger, op. cit., p. 136-143. f éd. 1962, p. 538-541.
16 :
THEODORE ROOSEVELT, PREMIER PRÉSIDENT MÉDIATIQUE
de plus en plus à la vie personnelle des personnage, par le subtil alliage d'un
célébrités, ils réclame

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