Tombeaux antiques de Syrie du Sud - article ; n°1 ; vol.60, pg 83-99

Annie Sartre

Description

Syria - Année 1983 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 83-99
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1983
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Annie Sartre
Tombeaux antiques de Syrie du Sud
In: Syria. Tome 60 fascicule 1-2, 1983. pp. 83-99.
Citer ce document / Cite this document :
Sartre Annie. Tombeaux antiques de Syrie du Sud. In: Syria. Tome 60 fascicule 1-2, 1983. pp. 83-99.
doi : 10.3406/syria.1983.6832
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1983_num_60_1_6832TOMBEAUX ANTIQUES DE SYRIE DU SUD
PAR
Annie Sartre
Au cours d'une mission de reconnaissance effectuée durant l'été 1982, j'ai pu me rendre
dans les mohafazat de Dar'â et Suwaydâ'. Une exploration de surface m'a permis de retrouver
les vestiges de quelques tombeaux antiques vus par les voyageurs du xixe siècle et du début du
xxel et de prendre connaissance des nouveaux édifices mis au jour ces dernières années par les
responsables des circonscriptions archéologiques, Monsieur Ghaleb Amer pour Suwaydâ',
Monsieur Sleiman Mougdad pour Dar'â.
Ces fouilles récentes ont révélé de nouvelles formes de tombeaux dans cette région du
Hawrân et du Djebel Druze. En effet, jusqu'à ces dernières années, se trouvaient privilégiées
les descriptions de tours-tombeaux, comme en témoigne l'article que leur consacrait Ernest Will
en 19492. Or, aujourd'hui, des hypogées, des mausolées et des tombes aériennes autres que des
tours ont été mis au jour et enrichissent le catalogue des architectures funéraires de Syrie du
Sud. Je voudrais présenter ici quelques-uns de ces tombeaux inédits et, à l'occasion, apporter
quelques compléments au sujet de monuments déjà connus.
I — TOMBEAUX DE QANAWAT
1. A Canatha (mod. Qanawat), au nord-est du village a été dégagé un édifice de forme
carrée (fig. 1). A l'extérieur, il se compose de trois assises de bloc de basalte bien taillés et bien
appareillés, disposés en escalier sur trois côtés et alignés en façade. Au-dessus de la dernière
1. Cf. notamment J. L. Burckhardt, Travels in Syria Syria, t. II, New York 1903-1930 (abrégé AAES II) ;
and the Holy Land, Londres 1822 ; W. H. Waddington, H. C. Butler, A Princeton archaeological expedition to
Inscriptions grecques de la Syrie, Paris 1870 ; R. Dussaud Syria, vol. II : Architecture, section A : Southern Syria,
et F. Macler, Rapport sur une mission scientifique dans Leyde 1907-1949 (abrégé PAES).
les régions désertiques de la Syrie moyenne, Paris 1903 ; 2. E. Will, La tour funéraire de la Syrie et les monu-
H. C. Butler, An American archaeological expedition to ments apparentés, Syria, 26, 1949, p. 258-312.
83 84 SYRIA [LX
Fig. 1 : Qanawat. Soubassement de tombeau carré.
Face ouest.
Fig. 2 : Qanawat. Tombeau carré. Inté
rieur. Arc et pilastre au fond du
couloir.
Fig. 3 : Qanawat. Tombe ronde à porche en plein
cintre. TOMBEAUX ANTIQUES DE SYRIE DU SUD 85 1983]
assise, on ne distingue aucune trace de bloc mais seulement de la terre. Sur la face ouest du
monument, au-dessous des assises construites, une porte large de 60 cm et haute de 82 cm
donne accès à un hypogée. La pierre de fermeture est encore en place. La porte est encadrée de
jambages et d'un linteau bien taillés, tandis que les blocs situés à gauche et à droite de la porte
sont grossièrement équarris et font saillie. Par cinq marches, on accède à un couloir voûté de
5,20 m de long sur 1,20 m de large. Au fond du couloir, un pilastre grossier, légèrement évasé
vers le haut à la manière d'un chapiteau, n'a d'autre fonction que décorative. Juste en avant se
trouve un arc à cinq claveaux (fig. 2). De part et d'autre du couloir se trouvent deux rangées
superposées de quatre loculi de tailles inégales : en haut, les deux premiers en entrant sont
voûtés et mesurent respectivement 90 et 80 cm de large pour 1,70 m de profondeur ; les suivants
sont séparés des premiers par un mur large de 76 cm et mesurent seulement 65 cm de large pour
1,65 m de profondeur ; la hauteur est inégale : 1,25 m pour l'un, 1 m pour l'autre. Dans la
rangée du bas, la même inégalité se retrouve dans la taille des loculi mais ils sont tous de forme
carrée. Tout l'aménagement intérieur est grossièrement exécuté et contraste avec l'apparence
soignée de l'extérieur.
On peut se demander s'il y avait dans ce tombeau une partie aérienne qui surmontait
l'hypogée et lui donnait l'allure des tours-tombeaux si nombreuses dans la région et à Qanawat
même. La partie subsistante du socle ne comporte aucune trace visible d'arrachement si bien
que rien ne permet de conclure à l'existence d'une construction au-dessus du soubassement à
gradins. On peut imaginer qu'il y avait là une simple plateforme pour déposer des sarcophages
comme Butler l'avait supposé pour Si'a3 ; mais ce tombeau peut aussi bien s'apparenter aux
hypogées d'Umm al-Jimâl, dépourvus de toute partie visible au-dessus du sol4. Dans tous les
cas, il s'agit d'un type de sépulture nouveau pour Qanawat qui n'avait livré que des tours à
étages.
2. Au nord du même village, un édifice circulaire, bien appareillé en opus quadratum, a été
mis au jour dans la cour d'une maison en construction (fig. 3). La façade, orientée à l'est,
s'ouvre par un arc en plein cintre à douze claveaux visibles. Un porche voûté en berceau, pro
fond de 1,62 m, précède la porte rectangulaire (largeur 71 cm) qui donnait accès à l'intérieur de
la tombe. La chambre funéraire est totalement inaccessible en raison des détritus et de la terre
qui l'encombrent, mais à l'extérieur, près du porche, des ossements (humains ?) jonchent le sol.
Il s'agit peut-être ici de l'une de ces sépultures de forme ronde comme on en connaît à Si'a
d'après les relevés de Butler qui signalait la présence de tours rondes avec des vestibules voûtés5.
Sans un dégagement systématique de la partie arrière de l'édifice, il est impossible de se pro
noncer.
3. La plupart des tours rondes visibles à Qanawat, sur la rive droite du wadi notamment,
3. Cf. H. C. Butler, PAESIIA, p. 402, ill. 351. 5. Id., ibid., p. 399, ill. 347, 348 et 349.
4. Id., ibid., p. 205, ill. 185. 86 SYRIA [LX
Fig. 4 : Qanawat. Mausolée.
Fig. 5 : Qanawat. Intérieur du mausolée. L'arcoso-
lium et les loculi sur le côté.
Fig. 9 : Shaqqâ. Tombeau octogonal à exèdres. TOMBEAUX ANTIQUES DE SYRIE DU SUD 87 1983]
ne sont sans doute pas des tombeaux. La rusticité de leur architecture, ainsi que l'aménagement
intérieur, ne les apparentent en rien aux autres constructions funéraires. Toutefois, au nord de
la ville, en contrebas d'un chemin se dirigeant dans la campagne, on peut voir les restes d'un édi
fice rond enterré, ouvert par un porche voûté en plein cintre. L'intérieur est constitué d'une
vaste salle à toit plat soutenu par un pilier central rond surmonté d'un chapiteau à échine droite.
Je serais tentée de voir là une similitude de construction avec l'extérieur du tombeau décrit sous
le n° 2, quoique en plus grossier, et avec celui qui figure sur l'illustration n° 348 de Butler6.
4. A Qanawat encore, j'ai pu revoir certaines des tours décrites par l'expédition de Prin
ceton au début du siècle puis par Ernest Will en 19497, en particulier l'édifice qui se trouve à
environ 300 m du rempart ouest de la ville, sur la droite de la route en sortant du village (fig. 4).
Conservé sur près de 2 m de haut, l'ensemble se compose de trois assises en gradins, surmontées
d'un mur en bel appareil et d'une corniche. L'intérieur est voûté en berceau. Face à l'entrée,
située à l'est, dans le mur du fond, est aménagé un arcosolium de 2,03 m de haut. Il est constitué
par un arc surbaissé par rapport au plafond. Il abrite une banquette de pierre haute de 87 cm,
large de 2,40 m et profonde de 1,34 m. Sur les côtés du tombeau, se trouvent deux rangées de
quatre loculi voûtés en berceau pour ceux du haut, carrés pour ceux du bas ; chaque loculus est
profond de 2,24 m et large de 96 cm (fig. 5).
Ceci me semble résoudre le problème que posait Ernest Will de savoir si l'intérieur possé
dait des loculi ou des arcosolia. Les deux aménagements coexistaient dans cet édifice où existe
en outre un caveau souterrain, accessible en deux endroits par des trappes aménagées dans le
dallage. Il n'y a en revanche aucune ouverture dan