Un diplomate gascon au XIVe siècle : Raymond de Piis, nonce de Clément V en Orient - article ; n°1 ; vol.44, pg 35-90
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1927 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 35-90
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1927
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ch. Perrat
Un diplomate gascon au XIVe siècle : Raymond de Piis, nonce
de Clément V en Orient
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 44, 1927. pp. 35-90.
Citer ce document / Cite this document :
Perrat Ch. Un diplomate gascon au XIVe siècle : Raymond de Piis, nonce de Clément V en Orient. In: Mélanges d'archéologie
et d'histoire T. 44, 1927. pp. 35-90.
doi : 10.3406/mefr.1927.8551
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1927_num_44_1_8551DIPLOMATE GASCON AU XIV« SIÈCLE UN
RAYMOND DE PUS
NONCE DE CLÉMENT V EN ORIENT
On pouvait voir encore, au milieu du xvie siècle, dans l'église
Saint-Dominique de Nicosie, à côté des sépultures royales d'Hugues II
de Lusignan, de sa femme Isabelle et de son cousin Boémond, le tom
beau d'un simple chapelain de Clément V, Raymond de Pus1, mort
le 1er janvier 1311, au cours d'une mission qu'il remplissait à Chypre
pour le Saint-Siège. Cette église fut détruite par les Vénitiens en
1567 a, et le nom de celui dont elle renfermait la dépouille serait au
jourd'hui tombé dans l'oubli, si les chroniques d'Amadi et de Florio
Bustron ne l'associaient à l'un des principaux épisodes de l'histoire
de l'Orient latin au début du xive siècle : la dépossession d'Henri II
de Lusignan par son frère Amauri de Tyr3. Les deux chroniqueurs,
très riches en détails sur la dernière année de la vie de Raymond de
Pus, sont muets l'un et l'autre sur son existence antérieure. La valeur
1 Nous adoptons cette forme avec M. Bémont, Recueil d'actes relatifs à
l'administration des rois d'Angleterre en Guyenne au XIIIe siècle (Recogni-
ciones feodorum in Aquitania), pubi, dans la Coll. de doc. inéd. sur l'hist.
de France en 1914, de préférence aux formes des Pins ou de Pis, em
ployées par MM. L. et R. de Mas-Latrie et par M. Bémont lui-même dans
certains de ses ouvrages précédents. Pus est une localité du département
de la Gironde, arr. de Bazas, cant. d'Auros.
2 Enlart, L'art gothique et la Renaissance en Chypre, t. I, p. 70-71.
3 Chronique de l'île de Chypre, par Florio Bustron, édit. parR. de Mas-
Latrie au t. V des Mélanges historiques de la Coll. de doc. inéd. sur l'hist.
de France, 1886, p. 193-243; Chronique d'Amadi, édit. par le même dans
la même collection, 1891, p. 326-391. UN DIPLOMATE GASCON AU XIVe SIÈCLE 36
même des renseignements qu'ils nous donnent sur sa nonciature à
Chypre et en Arménie, recueillis plusieurs siècles après les événe
ments, échappait jusqu'ici à tout contrôle par suite de la disparition
des pièces originales relatives à cette affaire. Plusieurs de ces docu
ments sont aujourd'hui rangés dans la série des Instrumenta miscel
lanea des archives du Vatican, et leur découverte justifiera peut-être
quelques recherches sur la carrière mouvementée de ce petit clerc
gascon, ambitieux et avide, dont l'origine comme la valeur person
nelle assurèrent la fortune auprès de l'ancien archevêque de Bor
deaux.
Le 28 juin 1249, une émeute ayant éclaté dans la capitale de la
Guyenne, le parti des Colon, écarté de la mairie, s'empara du pou
voir et chassa les représentants du groupe rival des Rostein. Le mou
vement se répercuta jusqu'à la Réole, mais Simon de Montfort, beau-
frère d'Henri III d'Angleterre et son lieutenant en Aquitaine, le
réprima avec sa brutalité coutumière. Il contraignit les bourgeois à
lui remettre un certain nombre d'otages et, parmi eux, deux notables
dont les ancêtres apparaissent dès le xie siècle, dans le Cartulaire de
Saint-Pierre et les Coutumes de la Réole ' , mêlés à l'administration
de la ville, Peytavin et son neveu Doat de Pus2.
Cette famille, qui se trouvait alors en rébellion ouverte contre le roi
1 En 1115, Guillaume de Pus est témoin de la donation faite à Saint-
Pierre de la Réole des chantreries de Notre-Dame de Villeneuve et de
Saint-Vivien de Cuja : Arch, histor. de la Gironde, t. V (1863), p. 162. En
1201 et 1207, un Raymond de Pus était maire de la Réole, passait à ce
titre un accord avec le seigneur de Castets et rendait une ordonnance sur
les notaires de la ville. On rencontre à la même époque un Monin de Pus
et un Arnaud de Pus, jurats; un Raymond de Pus, prud'homme : Ibid.,
t. I (1859), p. 192; t. II (1860), p. 263-264 et 282. En 1220, on trouve en
core six prud'hommes portant le nom de Pus : Ibid., p. 271.
2 Bémont, Rev. histor., t. IV (1877), p. 249-252; Simon de Montfort,
comte de Leicester. Paris, 1884, p. 29-32; pièce justif. n° XXIII, p. 310. —
Rymer, Foedera, à la date du 13 juin 1252. RAYMOND DE PUS 37
d'Angleterre, lui fournit dans la suite quelques-uns de ses auxiliaires
les plus dévoués sur le continent. Guillaume, prieur du Mas-d'Age-
nais, frère de Doat de Pus, après avoir organisé par vengeance le
guet-apens de 1252 qui livra la Réole à Gaston de Béarn, allié du roi
de Castille, et soutenu pendant deux ans un siège héroïque contre les
Anglais, négocia lui-même la reddition de la place'. Henri III lui
pardonna, lui confia plus tard une ambassade à la cour de France2
et ne l'empêcha pas d'arriver à l'évêché de Bazas qu'il conserva jus
qu'à sa mort3.
Malgré les démarches de Guillaume, il fallut cependant une inter
vention du roi de Castille pour faire sortir Doat de Pus de sa prison4.
Assagi ou rendu plus prudent par une captivité de cinq années, il
prêta en 1256 serment de fidélité au prince Edouard5, et s'éteignit
paisiblement aux environs de 1289, laissant au moins, trois fils,
Guillaume, Bonet et Raymond, qui ne revinrent jamais sur la parole
de leur père6.
Bonet de Pus, qualifié de clerc dès 1254, fut probablement juge
des appels royaux en Gascogne à l'extrême fin du xine siècle7. Ray-
1 Le prieur Guillaume appartenait au groupe desRostein : Bémont, Si
mon de Montfort, pièces justif. nos III, XI et XIV. Sur le siège de la Réole
et ses conséquences, voir Bémont, Rôles gascons, dans la Coll. de doc.
inéd. sur l'hist. de France, supplément au t. I, 1896, p. lxii-lxx et xcvi.
2 Rymer, Foedera, à la date du 22 février 1262.
3 L'identité de Guillaume II de Pus avec le prieur du Mas-d'Agenais,
qui n'est signalée ni par le Gallia christiana, t. I, col. 1200, ni par M. Bé
mont, Recueil d'actes, p. 406, résulte d'une mention du Chronicon Vaza-
tense : « Electus fuit in episcopum Vazatensem Guillelmus de Pinibus,
prior de Manso » (Arch, histor. de la Gironde, t. XV (1874), p. 33).
* Rôles gascons, t. I, nog 3929, 4137, 4291, 4293; Bémont, Simon de
Montfort, p. 51, note 4. — Henri III promit à Simon de Montfort 500 marcs
esterlins pour la rançon de Doat et celle de son oncle : Rôles gascons, t. I,
n° 4136.
5 Arch, histor. de la Gironde, t. III, p. 5; Bémont, Recueil d'actes,
n° 427.
6 La parenté de ces divers personnages est établie par les Rôles gas
cons, t. I, n°" 4291, 4293; t. III, nos 4414, 4415.
7 Rôles gascons, t. I, n° 3678; t. III, n° 4509. UN DIPLOMATE GASCON AU XIVe SIÈCLE 38
mond, clerc lui aussi, reçut une solide instruction et une certaine
culture juridique qui lui valut d'être choisi tout d'abord comme dé
fenseur dans des procès intéressant le roi d'Angleterre1. Ce n'est pas
avant 1289 qu'il prit part à des négociations de caractère politique.
Au mois de juin, Edouard Ier nomma six commissaires pour fixer,
avec six autres délégués du clergé et de la noblesse, les droits de la
couronne, des communautés d'habitants et des seigneurs en Agenais
et réprimer les abus qu'avait entraînés dans cette région le départ
d'Alfonse de Poitiers pour la croisade. Raymond de Pus fut chargé
d'enquêter entre le Lot et la Dordogne2 et s'acquitta si bien de cette
tâche qu'Edouard Ier le dépêcha six mois plus tard aux conférences
dont il avait provoqué la réunion à Perpignan en vue d'aplanir les
difficultés qui s'étaient élevées, durant la trêve conclue en 1286,
entre Philippe le Bel, le roi de Majorque et Alfonse d'Aragon, apro
pos des infants de La Cerda. Il ne se contenta pas d'assister à toutes
les séances qui se tinrent du 3 au 13 février 1290 au couvent des Do
minicai

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