Un diplomate sans secrétaire d État : le journal de Wladimir d Ormesson, ambassadeur de France près le Saint-Siège (1948-1956) - article ; n°2 ; vol.110, pg 629-641
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Un diplomate sans secrétaire d'État : le journal de Wladimir d'Ormesson, ambassadeur de France près le Saint-Siège (1948-1956) - article ; n°2 ; vol.110, pg 629-641

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 2 - Pages 629-641
Jean-Dominique Durand, Un diplomate sans secrétaire d'État : le journal de Wladimir d'Ormesson, ambassadeur de France près le Saint-Siège (1948-1956), p. 629-641. Parmi les sources diplomatiques, le journal de Wladimir d'Ormesson occupe une place particulière en raison de la personnalité de son auteur, de la qualité des informations contenues et de la période concernée : ambassadeur de France près le Saint-Siège de 1948 à 1956, il fut confronté à des années riches et difficiles au plan ecclésial comme au plan des relations entre l'Église de France et Rome, et à un fonctionnement délicat de la Curie en raison de l'absence du secrétaire d'État. L'utilisation de ce journal nécessite cependant une méthode rigoureuse afin d'en tirer des informations solides.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Jean-Dominique Durand
Un diplomate sans secrétaire d'État : le journal de Wladimir
d'Ormesson, ambassadeur de France près le Saint-Siège
(1948-1956)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 110, N°2. 1998. pp. 629-641.
Résumé
Jean-Dominique Durand, Un diplomate sans secrétaire d'État : le journal de Wladimir d'Ormesson, ambassadeur de France près
le Saint-Siège (1948-1956), p. 629-641.
Parmi les sources diplomatiques, le journal de Wladimir d'Ormesson occupe une place particulière en raison de la personnalité
de son auteur, de la qualité des informations contenues et de la période concernée : ambassadeur de France près le Saint-Siège
de 1948 à 1956, il fut confronté à des années riches et difficiles au plan ecclésial comme au plan des relations entre l'Église de
France et Rome, et à un fonctionnement délicat de la Curie en raison de l'absence du secrétaire d'État. L'utilisation de ce journal
nécessite cependant une méthode rigoureuse afin d'en tirer des informations solides.
Citer ce document / Cite this document :
Durand Jean-Dominique. Un diplomate sans secrétaire d'État : le journal de Wladimir d'Ormesson, ambassadeur de France
près le Saint-Siège (1948-1956). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 110, N°2. 1998. pp. 629-
641.
doi : 10.3406/mefr.1998.4584
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1998_num_110_2_4584JEAN-DOMINIQUE DURAND
UN DIPLOMATE SANS SECRÉTAIRE D'ÉTAT :
LE JOURNAL DE WLADIMIR D'ORMESSON, AMBASSADEUR DE
FRANCE PRÈS LE SAINT-SIÈGE (1948-1956)
Les diplomates accrédités auprès du Saint-Siège entre 1944 et 1958 ont
été confrontés à une situation inédite à l'époque contemporaine : l'absence
de secrétaire d'État.
Pendant quatorze ans en effet, de la mort du cardinal Maglione le 24
août 1944 à l'avènement de Jean XXIII, la fonction n'a pas été occupée.
Pie XII, qui lui-même avait été le secrétaire d'État de Pie XI, ne voulut pas
remplacer le cardinal Maglione. On connaît à ce sujet le témoignage du
cardinal Tardini : «In tale decisione entrò forse il dubbio che la sua t
imidezza lo esponesse troppo a subire l'influsso altrui»; il se faisait l'écho de
la formule : «io non voglio collaboratori, ma esecutori»1. Avait-il voulu,
comme le suggérait le chargé d'affaires américain, Harold Tittmann, être
son propre secrétaire d'État?2 Il organisa le partage de la fonction entre
deux substituts, en charge de chacune des deux sections de la Secrétairerie
d'État, Mgr Domenico Tardini, pour les Affaires ecclésiastiques extraordin
aires, pour les relations avec les États, et Mgr Giovanni Battista Montini,
chargé des Affaires ordinaires (rapports avec les nonciatures et les ambass
ades, nomination des dignitaires ecclésiastiques); chacun d'eux reçut le
titre de pro-secrétaire d'État, sans être créé cardinal, en 1952. Cette situa
tion fut prolongée après le départ de Mgr Montini, nommé archevêque de
Milan en novembre 1954 : tandis que Mgr Tardini conservait les mêmes
rang et fonctions, Mgr Montini était remplacé par Mgr Angelo Dell'Acqua,
qui avait travaillé auparavant avec Mgr Tardini comme sous-secrétaire,
1 D. Tardini, Pio XII, Cité du Vatican, 1960, p. 115-119. Sur l'exercice du pouvoir
par Pie XII, voir A. Riccardi, II potere del papa. Da Pio XII a Giovanni Paolo II, Bari,
1993, p. 42-49.
2 Harold Tittmann à James Byrnes, 25 juillet 1945, dans E. Di Nolfo, Vaticano e
Stati Uniti 1939-1952. Dalle carte di Myron C. Taylor, Milan, 1978, p. 462.
MEFRIM - 110 - 1998 - 2, p. 629-641. JEAN-DOMINIQUE DURAND 630
mais avec le simple titre de substitut. Cette organisation avait pu appa
raître à certains observateurs comme provisoire au lendemain même de la
guerre; en juillet 1945, Tittmann pensait qu'il s'agissait pour le pape de ga
gner du temps en attendant que la situation internationale se dégageât,
afin de nommer son ami l'archevêque de New York, Mgr Francis Spell-
mann3. En fait elle perdura pendant tout le pontificat.
Les diplomates confrontés à cette situation en ont bien souvent souligné
les inconvénients. Dans son rapport de juillet 1945, Tittmann notait déjà :
Les membres du corps diplomatique accrédités près le Saint-Siège jugent
souvent difficile de traiter des affaires ordinaires avec les sous-secrétaires, car
d'un côté ils hésitent à prendre le temps du pape pour chaque question en dis
cussion, de l'autre, ils ne sont pas toujours sûrs de l'autorité d'un sous-secrét
aire pour traiter le sujet en question.
Il manquait donc un «porte-parole autorisé», un interlocuteur valable.
À l'autre extrémité du pontificat, l'ambassadeur de France Roland de Mar-
gerie fit le même type de remarque dans son rapport de fin de mission :
À la Secrétairerie d'État elle-même, il est extrêmement difficile d'avoir une
conversation de politique générale. Le cardinal Tardini, Mgr Samoré, Mgr Del
l'Acqua écoutent, enregistrent, ne répondent guère. Rien de plus différent des
entretiens que pouvait mener, par exemple, mon prédécesseur M. Charles-
Roux avec le cardinal Pacelli, alors secrétaire d'État; et c'est pourtant ce der
nier, devenu pape, qui ne remplaça point son ministre le cardinal Maglione, à
la mort de celui-ci, et contribua à rétrécir ainsi l'horizon de la Secrétairerie.
Seul le Souverain pontife avait qualité pour parler désormais avec autorité.
Mais l'ambassadeur soulevait aussi un autre problème : non seulement
il n'y avait plus de secrétaire d'État, mais le pape avait traversé des périodes
d'incapacité pour cause de maladie :
On ne voyait Pie XII que deux à trois fois par an, et, depuis sa grande mal
adie, il devenait de plus en plus rare qu'il émît une opinion devant les r
eprésentants étrangers, se méfiant de l'impromptu et se réservant pour des dis
cours soigneusement préparés d'avance4.
Le journal de Wladimir d'Ormesson
La situation d'absence de secrétaire d'État, soulevait bien des pro
blèmes. Wladimir d'Ormesson nota dans son journal en arrivant à Rome en
3 Ibid.
4 Rapport de Roland de Margerie, Le Saint-Siège, la France et l'Église en France
en 1959, 30 septembre 1959, Archives du Ministère des affaires étrangères (AMAE),
Europe 1944-1960, Saint-Siège, n. 51. LE JOURNAL DE WLADIMIR DORMESSON 631
septembre 1948, que le non-remplacement du cardinal Maglione était «un
fait extraordinaire»5. Pour l'appréhender, on dispose des sources diplomat
iques classiques comme en témoignent les quelques citations de dipl
omates français et américains, et on pourrait encore diversifier les
exemples. On dispose également, du côté français, d'une source excep
tionnelle par son intérêt et sa qualité : le journal intime de Wladimir d'Or-
messon6. Il fut ambassadeur à Rome, près le Saint-Siège, du 1er septembre
1948 au mois d'octobre 1956 - après avoir déjà occupé ce poste du 25 mai
au 3 octobre 1940. Ce journal est un document important qui, tenu au quot
idien, renferme une foule d'informations mêlant l'intimité de la vie famil
iale et les problèmes domestiques à l'action de l'ambassadeur; on y trouve
toutes sortes de données, des plus futiles aux plus précieuses : les récep
tions officielles, avec les plans de table, les entretiens les plus discrets, les
jugements sur les personnalités rencontrées, les négociations en cours, le
temps qu'il fait, les problèmes de santé, ou encore les scores au golf, sport
dont le diplomate était un fervent amateur. Une conversation avec Paul
Guth permet de prendre la mesure de ce document :
Quand je lui ai raconté, note Wladimir d'Ormesson, que j'écrivais ce jour
nal depuis 38 ans et qu'il ne m'en manquait pas un seul jour, et que depuis
1930 surtout ce journal avait pris en quantité beaucoup d'importance, Paul
Guth s'est montré positivement ahuri. Je me suis même amusé à sortir ce ca
hier de mon tiroir pour qu'il constate que je ne lui racontais pas des histoires.
Il m'a dit : «mais savez- vous que c'est tout simplement monumental? Vous al
lez laisser

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