VERS UNE AUTONOMIE STRATÉGIQUE EN EUROPE

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VERS UNE AUTONOMIE STRATÉGIQUE EN EUROPE

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BULLETIN N∞ 51 f È vrier2001

DIRECTEUR Albert LEGAULT

R…DACTEURS Manon TESSIER Michel FORTMANN

Forum sur la sÈcurit È et la dÈfense

VERS UNE AUTONOMIE STRAT…GIQUE EN EUROPE

INSTITUT QU …B…COIS

DES HAUTES …TUDES INTERNATIONALES

a construction dÕune Europe de la dÈfense a davantage progressÈ au cours des dix-huit derniers L lÕUnion europÈenne en 2000, le socle de l ÕEurope de la dÈfense a pris forme et les structures mois quÕau cours des cinquante derniËres annÈes. Sous les prÈsidences portugaise et franÁaise de militairesdÕuneEuropepolitique,quiveutdevenirunacteurinternational‡partentiËre,ontÈtÈmisesen place. Plusieurs facteurs expliquent cette spectaculaire avancÈe : l Õengagement du Premier ministre britannique face‡ ce projet, les leÁons militaires tirÈes du Kosovo auxquelles sÕajoutent celles de la Bosnie, la maturitÈ du couple franco-allemand, les perspectives dÕune Europe monÈtaire forte, mais tout nÕest pas gagnÈ. Si lÕEurope est passÈe de la rhÈtorique aux travaux pratiques, de douloureux ajustements sturcturels et politiques sont‡ prÈvoir avant que lÕon puisse vÈritablement parler dÕune ´ Europe-puissanceª dÕici 2003.

LE CHEMIN PARCOURU

Sur le chemin institutionnel devant mener‡ une Europe de la dÈfense, deux voies se chevauchent, voire se font concurrence. En 1996, lors du Sommet de Berlin, les membres de lÕOTAN donnaient le feu vert‡ la crÈation, au sein de l ÕAlliance, dÕune IdentitÈ europÈenne de sÈcuritÈ et de d Èfense (IESD) laquelle´ permettrait ‡ tousles AlliÈs europÈens dÕapporter une contribution plus cohÈrente et effective aux missions et activitÈs de lÕAlliance ª et ´ ‡ agir par eux-mÍmes au besoin ª. ¿ cet effet, lÕOTAN crÈait un instrument militaire devant servir d'assise ‡ ce concept : le Groupe de forces interarm Èes multinationales (GFIM) destinÈ ‡permettre lÕutilisation des capacitÈs de lÕOTAN´ sÈparÈes mais non sÈparables ª lors dÕopÈrations autres que celles prÈvues ‡ lÕarticle 5 du TraitÈ de Washington. En 1998, le Sommet franco-britannique de Saint-MalofaisaitsauterleverrouposÈdepuisdesannÈesparlaGrande-Bretagnequant‡lÕexistencedÕune dÈfense europÈenne qui ne rel Ëverait plus de la seule compÈtence de l ÕOTAN. La disparition du veto britannique pavait ainsi la voie ‡ la crÈation, au sein de l'Union europÈenne, d'une Politique europÈenne commune en matiËre de sÈcuritÈ et de dÈfense (PECSD), projet remplaÁant la PESC (PolitiqueÈtrangËre et de sÈcuritÈ commune). Depuis, les deux dÈmarches suivent des cours parallËles mais similaires, dans la mesure o˘ lÕIESD englobe les 17 AlliÈs europÈens et que la PECSD regroupe 15…tats, dont 11 appartiennent aussi ‡ lÕOTAN.

Afin dÕÈviter que la PECSD entre en conflit avec lÕIESD, la Secr Ètaire dÕ…tat amÈricaine Madeleine ALBRIGHT aÈnoncÈ en 1999 les´ trois Dª : pas de diminution de lÕOTAN, pas de discrimination‡ lÕencontre des AlliÈs non membres de lÕUE et pas de doubles emplois inutiles. Le Secr Ètaire gÈnÈral de lÕOTAN, Lord ROBERTSON, a repris cette sÈquence en introduisant les ´ trois I ª : indivisibilitÈ du lien transatlantique, introduction dÕamÈliorations dans les capacitÈs de dÈfense et inclusion de tous les AlliÈs. Cette sÈmantique nÕest pas seulement un exercice de rhÈtorique diplomatique, mais illustre la gamme des craintesetdesvisionsquicaractÈrisentletriangleEurope-OTAN-…tats-Unis.¿uneextrÈmitÈduspectre,se trouve la vision europÈaniste dÕune Europe qui assurerait seule sa dÈfense ; ‡ lÕautre, se situe la vision ultra- atlantiste dÕune OTAN sousÈgide amÈricaine qui offrirait sa protection en retour dÕune ´docilit Ȫ europÈenne. Au centre, se profile la vision dÕune PECSD tantÙt perÁue comme une ´ police dÕassurance ª contre le refus dÕun engagement militaire am Èricain, tantÙt considÈrÈe comme un´ contrepoids‡ lÕhÈgÈmonie amÈricaine ª ou simplement envisagÈe comme une´ condition‡ lÕamÈlioration du partage des t‚ches ª au sein de lÕAlliance plus forte. La question fondamentale qui sous-tendtoutes ces perspectives est double :Èvaluer dans quelle mesure les EuropÈens se forgent, ou non, des illusions dans leur quÍte dÕautonomie stratÈgique et dÈterminer si lÕAlliance sortira affaiblie ou renforcÈe de cette quÍte.