Vygotski (Lev) – Conscience, inconscient, émotions, précédé de Vygostki, la conscience comme liaison par Yves Clot ; n°1 ; vol.150, pg 151-155

Vincent Charbonnier

Description

Revue française de pédagogie - Année 2005 - Volume 150 - Numéro 1 - Pages 151-155
5 pages

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 2005
• Nombre de lectures: 46
• Langue: Français

Extrait

plus que taxées d’incapacité ou désignées pour leur manque de volonté de participer pleinement au jeu social :ce sont les jeunes d’origine étrangère (p. 23)», une focalisation est ici effectuée sur ces populations. Le premier article de cette partie s’intéresse ainsi à la façon dont la littérature sociologique traite de la question « spécifique »de la construction identitaire du «jeune issu de l’immigration». Les auteurs soulignent que ces catégorisations, souvent pénétrées d’éléments d’ordre idéologique, ne sont pas sans poser problème… Toujours avec le souci d’interroger la production disponible, le second s’intéresse aux questions de ségrégation urbaine et aux quartiers dits « sensibles ». Le suivant traite de la problématique de la citoyenneté, en s’attachant notam- ment à dégager les diverses acceptions de ce terme et comment la notion se problématise quand on aborde la question des populations « immigrées ». Plus spécifique- ment, le dernier article décrit la situation des jeunes issus des populations «étrangères »dans le contexte «multi- culturel » canadien, qui présente des dimensions compa- ratives intéressantes au regard de la perception de la pro- blématique de « l’intégration ».

En conclusion, les trois auteurs, rédacteurs de l’intro- duction, abordent la question de la spécificité des « jeunes »par rapport aux «adultes ».Ils invitent en ce sens à une réflexion sur le statut épistémologique d’une « sociologiede la jeunesse» qui, telle qu’elle se définit actuellement, est «inévitablement une sociologie impli- cite de la vie adulte, dans le sens où l’âge adulte est soit considéré comme le référent et/ou l’aboutissement du processus de maturation sociale qu’est la jeunesse, soit comme un terme obligé de comparaison » (p. 221). Sou- tenant l’hypothèse que cette sociologie n’est pas forcé- ment très consciente des postulats sur lesquelles elle repose, ils en appellent à un travail d’approfondissement de ses concepts et de ses méthodes.

Dans tous les cas, soulignons que la présentation des travaux effectuée dans les différents chapitres est réelle- ment dialectique, les auteurs ne se contentant pas d’en faire une plate recension, mais interrogeant les problé- matiques auxquelles ils se référent les unes par rapport aux autres, au sein d’articles très instructifs, et ce à notre sens pour plusieurs publics: que l’on soit étudiant, en- seignant, chercheur, voire même travailleur social, ou parent… Bien entendu, ce faisant, cette perspective invite au débat, et, au cas par cas, on peut ne pas être d’accord avec certaines interprétations, rapprochements ou oppositions établis à partir des références mobilisées. D’autant plus que le format de la publication, imposant des articles courts, peut faire apparaître certaines ana- lyses comme un peu « rapides ». Plus fondamentalement peut-être, nous aurions personnellement tendance à

interroger la focalisation effectuée sur les questions liées auxproblèmesposés à certaines catégories de jeunes, qu’il s’agisse des phénomènes de marginalité, des phéno- mènes de violence, ou encore des questions spécifiques auxquelles sont confrontées les jeunes issus de l’immi- gration. Si on a bien compris que cette perspective reflète des «tendances »aussi bien perceptibles dans le débat social que dans l’évolution des problématiques de recherche, il nous semble que le trait est parfois accen- tué. Ainsi, on pourra s’étonner que, parmi les références mobilisées, peu concernent par exemple la jeunesse des « classes moyennes », dont le mode de vie — certes d’ap- parence plus «banal »— a malgré tout fait l’objet de plusieurs travaux, notamment dans le domaine de la sociologie de l’éducation et des établissements scolaires. Ce domaine est ici visiblement moins sollicité que d’autres (la sociologie de la famille notamment) et peut- être y a-t-il là un biais attenant à l’attache disciplinaire ou institutionnelle des différents auteurs ? Il nous semble que la prise en compte de cette dimension aurait à la fois permis de relativiser la perspective, parfois dénoncia- trice, développée par rapport au positionnement du « monde de la recherche » et aurait permis d’apporter aux lecteurs d’autres clefs de lecture, nécessaires pour com- pléter la dimension «état des savoirs» de façon plus rigoureuse. Quoi qu’il en soit, on l’a compris, cet ouvrage collectif s’avère être une lecture très stimulante.

Laurent Trémel

INRP, Musée national de l’Éducation

VYGOTSKI (Lev). –Conscience, inconscient, émotions/ précédé deVygostki, la conscience comme liaisonpar Yves Clot.Paris : La Dispute, 2003. – 165 p.

La publication de ce recueil de trois textes de Lev S. Vygotski est une heureuse initiative des éditions La Dispute, dont il faut ici saluer et remercier l’opiniâtreté à rendre accessible l’œuvre de Vygotski au public francopho- ne. Avec ce recueil, sont à nouveau accessibles deux textes précédemment publiés en traduction française dans la re- vueSociété française, en 1994 et 1995 mais depuis lors in- trouvables, dont un, le premier, maintes fois commenté, est désormais ce qu’il est convenu de nommer, un « classique ».

« La conscience comme problème de la psychologie du comportement », publié en 1925, est le texte d’une confé- rence donnée en octobre 1924 à l’Institut de psychologie de Moscou. «Psychisme, conscience, inconscient», fut quant à lui publié en 1930. « Les émotions et leur dévelop- pement chez l’enfant», qui date de 1932, et qui paraît

Notes critiques 151