BAC-L-2017-LITTERATURE-SUJET2-CORRIGE
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avec Corrigés bac 2017 Bac 2017 Littérature Série L SUJET 2 (12 points Pourquoi peut‐on dire que la question de l’identité est placée au centre des œuvres de Sophocle et Pasolini inscrites à votre programme ? Pistes possibles pour construire un plan : 1. La question de l’identité s’inscrit dans celle de la connaissance, qui concerne au premier chef le héros tragique Œdipe. A. Œdipe : héros problématique, maintenu dans une ambiguïté essentielle. Il croit savoir (c’est une des étymologies de son nom propre, «je sais») et il ignore qui il est vraiment. Il se croit fils du roi de Corinthe et ne connaît pas ses vrais géniteurs. Il se targue d’être le seul à avoir résolu le mystère de l’énigme de la Sphinge. Il s’estime le sauveur et bienfaiteur de Thèbes alors qu’il en est la «souillure » quil’infeste. Il se croittyrannos deétranger »la cité (roi « monté sur le trône à la faveur d’un exploit) alors qu’il en est bien lebasileus(roi légitime héritier du trône), il pense être simplement le mari de la reine Jocaste alors qu’il en est le fils. Il s’imagine avoir maudit lepharmakosla ville, à la demande générale, mais il ne sait pas qu’il s’est lui‐même de désigné à la vindicte (le texte de Sophocle abonde en ces formules à double sens, figures de l’amphibologie). 2. Le motif de l’aveuglement est dès lors crucial.

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Publié le 20 juin 2017
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Langue Français

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Corrigés bac 2017
Bac 2017 Littérature Série L SUJET 2 (12 points Pourquoi peut‐on dire que la question de l’identité est placée au centre des œuvres de Sophocle et Pasolini inscrites à votre programme ? Pistes possibles pour construire un plan : 1. La question de l’identité s’inscrit dans celle de la connaissance, qui concerne au premier chef le héros tragique Œdipe. A. Œdipe : héros problématique, maintenu dans une ambiguïté essentielle. Il croit savoir (c’est une des étymologies de son nom propre, « je sais ») et il ignore qui il est vraiment. Il se croit fils du roi de Corinthe et ne connaît pas ses vrais géniteurs. Il se targue d’être le seul à avoir résolu le mystère de l’énigme de la Sphinge. Il s’estime le sauveur et bienfaiteur de Thèbes alors qu’il en est la « souillure » qui l’infeste. Il se croittyrannos de étranger »la cité (roi « monté sur le trône à la faveur d’un exploit) alors qu’il en est bien lebasileus(roi légitime héritier du trône), il pense être simplement le mari de la reine Jocaste alors qu’il en est le fils. Il s’imagine avoir maudit lepharmakosla ville, à la demande générale, mais il ne sait pas qu’il s’est lui‐même de désigné à la vindicte (le texte de Sophocle abonde en ces formules à double sens, figures de l’amphibologie). 2. Le motif de l’aveuglement est dès lors crucial. Il entre dans une dialectique entre voir et savoir qui sous‐tend tout le texte de Sophocle, et que Pasolini, dans son adaptation filmique, a tout loisir d’exploiter. Œdipe refuse d’entendre les paroles prophétiques et oraculaires (Tirésias comme l’oracle), encouragé, dans une certaine mesure, par Jocaste à se défier de ces vérités illusoires. L’Œdipe de Pasolini est souvent montré comme ébloui par des contre‐jours aveuglants qui traduisent, en « caméra subjective indirecte » (un des procédés de prédilection du cinéaste dans le film), la quasi‐ cécité du personnage (cf. la séquence avec la Pythie). Selon un paradoxe concerté, Œdipe est celui qui a ses yeux et ne voit pas – il s’oppose ainsi au vieil homme aveugle mais lucide et voyant, doué de la clairvoyance (Tirésias). 2. La question de l’identité engage un mouvement de quête/enquête, qui se répercute sur les structures fondamentales des deux œuvres. A. La devise socratique inscrite au fronton du temple delphique « Connais‐toi toi‐même » est une injonction qui domine toute la pièce de Sophocle et que Pasolini reprend à son compte dans son film.
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Ce désir de savoir (Pasolini parle même d’un « devoir de savoir ») va s’emparer du héros dès lors que lui ou sa ville sont en crise. L’enquête est initiée par Œdipe après la réponse oraculaire : elle va consister, dans un premier temps, à rechercher le meurtrier de Laïos puis s’oriente, dans un second temps, vers l’élucidation de la naissance mystérieuse d’Œdipe. À la piste (fausse) du complot politique va donc succéder celle de la recherche des origines : la quête identitaire l’emporte alors. B. Une progression irrésistible. – Toute la tragédie de Sophocle est rythmée par ce mouvement d’investigation : elle a la structure d’une enquête policière avec interrogatoires, parfois tendus, convocations et dépositions de témoins (le berger). Ce mouvement entretient le suspens et mène au dévoilement progressif de la vérité. La montée de la tension dramatique accompagne la survenue des doutes et des craintes qui assaillent le héros, comme Jocaste, au fur et à mesure qu’on se rapproche de la vérité, bien ponctué par les chants du chœur qui s’interroge aussi. – Tout le film de Pasolini se construit sur ce même mouvement de progression, tant il privilégie les déplacements, voire les errances du héros, suivi le plus souvent par de longs travellings latéraux à travers les paysages désertiques marocains. Le cinéaste veut donner à son film la forme d’un parcours, et même d’un parcours initiatique. Il fait déborder l’histoire de l’Œdipe sophocléen au‐delà de la tragédie, englobant tout le mythe, et débordant surtout au début et à la fin, dans le prologue et l’épilogue, sur la naissance et le retour du héros en des lieux situés cette fois en Italie, et représentatifs de la propre enfance du réalisateur. Ainsi, c’est tout un itinéraire existentiel qui se donne à voir dans le film aussi, par une progression chronologique plus étendue. C. Un renversement. La tragédie de Sophocle comme le film de Pasolini s’achèvent sur la révélation brutale de la vérité, de l’identité recherchée. Le dénouement est spectaculaire chez Sophocle : lorsque Œdipe comprend, un peu après Jocaste, qu’il est en fait non seulement le responsable du fléau pestilentiel mais aussi un fils parricide et incestueux, il se crève les yeux. Le renversement est brutal et le châtiment horrible. Pasolini ajoute à ce schéma un épilogue qui montre, selon la pièce suivante de la trilogie (Œdipe à Colone), le retour au pays de l’enfance, lié à la mère, dans une sorte de rédemption du héros. III. La question de l’identité dépasse le protagoniste tragique, Œdipe, et intéresse plus généralement le lecteur‐spectateur, invité à se reconnaître dans le héros exemplaire. A. Chez Sophocle, le héros est emblématique de tout être humain. C’est le sens de la moralité tirée par le coryphée à la toute fin de la pièce. L’histoire d’Œdipe illustre celle de tout un chacun et son destin est exemplaire de toute la condition humaine. Il doit faire réfléchir tous les spectateurs. B. Chez Pasolini, le questionnement du héros rejoint les interrogations propres du réalisateur lui‐ même. Il avoue clairement une ambition autobiographique (cf. le procédé de la camera subjective indirecte) et travaille à la lumière de la psychanalyse. C’est donc lui‐même qu’il cherche à comprendre à travers la figure d’Œdipe, et ce sont ses doutes et ses ambiguïtés qu’il entend explorer : il fait dire à la Sphinge qu’elle ne voit en Œdipe qu’un « abîme » à explorer. Il refuse d’ailleurs de l’écouter et s’en débarrasse violemment, se démarquant ici, par ce refus de savoir, de la passion de connaissance irrépressible, et fatale, de son modèle sophocléen.
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