Histoire et chronologie de la peinture romane du Musée national d Art de Catalogne - article ; n°4 ; vol.138, pg 821-848
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Histoire et chronologie de la peinture romane du Musée national d'Art de Catalogne - article ; n°4 ; vol.138, pg 821-848

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1994 - Volume 138 - Numéro 4 - Pages 821-848
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Javier Barral I Altet
Histoire et chronologie de la peinture romane du Musée national
d'Art de Catalogne
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 138e année, N. 4, 1994. pp. 821-
848.
Citer ce document / Cite this document :
Barral I Altet Javier. Histoire et chronologie de la peinture romane du Musée national d'Art de Catalogne. In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 138e année, N. 4, 1994. pp. 821-848.
doi : 10.3406/crai.1994.15411
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1994_num_138_4_15411- C ">
COMMUNICATION
HISTOIRE ET CHRONOLOGIE DE LA PEINTURE MURALE ROMANE
DU MUSÉE NATIONAL D'ART DE CATALOGNE,
PAR M. XAVIER BARRAL I ALTET
Pendant les trois années où j'ai dirigé le Musée national d'Art
de Catalogne, j'ai été amené, dans le cadre de la rédaction du pr
ogramme muséographique du nouveau musée, à proposer un cla
ssement de la peinture murale catalane dont le Musée barcelonais
conserve la plus importante collection1. Pour décider du class
ement de ces grands ensembles dans un ordre déterminé, j'ai dû
me pencher sur les questions de chronologie et revoir même
l'histoire d'un dossier qui est parmi les plus emblématiques de
l'art roman européen. Ce sont les conclusions de cette recherche
et la synthèse de mes propositions de mise en ordre des collections
que je présente aujourd'hui de manière abrégée, sous le patronage
de M. Robert-Henri Bautier à l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres de l'Institut de France.
Histoire de la découverte et de la dépose
Le Musée national d'Art de Catalogne est surtout connu par les
ensembles de peintures murales romanes, absides complètes ou
peintures sur support plat, dont la surface totale dépasse les
400 mètres linéaires. La récolte fut entreprise en 1919, comme
palliatif au danger que représentait le début d'expatriation de
certains ensembles2.
En 1918, lorsque J. Folch i Torres venait d'être nommé à la
direction de la Section d'art médiéval et moderne du Musée de
Barcelone, un collectionneur d'art barcelonais, Lluis Plandiura
1 . Le programme muséographique du musée national d'Art de Catalogne, dont la
rédaction fut achevée sous ma direction en 1994, est composé de 26 volumes dacty
lographiés. Deux larges bilans en ont été publiés. Pour l'ensemble du musée : Prefigu-
raciô del Museu Nacional d'Art de Catalunya, Barcelone, 1992, 560 p., et notamment
mon introduction, p. 13-113. Pour la collection romane et sa nouvelle présentation :
X. Barrai i Altet, « El Museu Nacional d'Art de Catalunya i l'art romànic català.
Histôria d'una gran collecciô », Catalunya romànica, I, Barcelone, 1994, p. 195-234.
2. Trois publications résument à l'heure actuelle ce chapitre de l'histoire des pein
tures romanes : X. Barrai i Altet, op. cit., 1994, p. 200-218 ; Elpalau nacional. Crànica
gràfica, Barcelone, 1992 et le catalogue de l'exposition organisée en 1993 au musée,
M. Guardia, J. Camps, I. Lorés, La descoberta de la pintura mural romànica catalana.
La collecciô de reproduccions del MNAC. COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 822
initiait une campagne de dépose et d'exportation de peintures
romanes, qui étaient connues alors par des publications de
l'Institut d'Etudes Catalanes. Le détachement proprement dit des
peintures fut réalisé par des Italiens de Bergame, alors les seuls en
Europe à dominer la nouvelle technique, sous la direction de
Franco Steffanoni. Le projet fut découvert l'année suivante par
Joan Vallhonrat, et la Junte des Musées empêcha l'opération de se
poursuivre ; malgré cela les peintures de l'abside centrale de Mur
partirent pour le Musée de Boston.
En décembre 1919, afin de prévenir tout autre type d'exploita
tion et d'exportation de ce patrimoine peint, la Junte des Musées
décida d'acheter et de faire détacher elle-même les peintures pour
les conserver au Musée de Barcelone. Cette décision n'alla pas
sans discussions ; J. Puig i Cadafalch, par exemple, qui était au
début partisan d'une conservation in situ pour des raisons patr
imoniales, ne se laissa convaincre que devant l'absence de tout
cadre légal pouvant protéger le patrimoine artistique de nouveaux
incidents, ainsi que face au mauvais état de conservation des pein
tures elles-mêmes et des édifices, menacés de destruction lente.
Finalement, la Junte, pour des raisons à la fois techniques et
financières, chargea celui qui avait organisé le commerce ment
ionné, I. Pollak, d'une mission qui débuta immédiatement sous
la direction technique de l'Italien Franco Steffanoni avec l'aide
d'A. Dalmati et de son disciple A. Cividini. On acheta alors les
peintures murales de Pedret, Boi, Esterri de Cardôs, Ginestarre,
Sainte-Marie d'Àneu, Saint-Pierre de la Seu d'Urgell, Sainte-
Eulalie d'Estaon, Saint-Clément et Sainte-Marie de Taûll, Saint-
Pierre del Burgal, plus tard remplacées par celles de Saint-Michel
d'Engolasters en Andorre.
J. Folch i Torres et l'architecte J. Danès se chargèrent d'une pre
mière inspection afin de faire des relevés et de détecter les ajouts
architecturaux postérieurs. On détermina alors que seules deux
églises (Saint-Jean de Boi et Sainte-Marie de Taùll) avaient été
complètement peintes (absides, murs latéraux, arcades et
colonnes), alors que les autres ne présentaient que l'abside
décorée ou, dans le cas de Saint-Clément de Taûll, les trois absides
peintes. En général, les églises présentaient à cette époque des états
altérés avec des murs reconstruits et des retables ajoutés devant
les absides, et souvent elles avaient été simplement blanchies. On
fit de nombreuses prospections sous ces ajouts à la recherche de
vestiges de peintures (fig. 1).
J. Folch i Torres a laissé des écrits qui retracent les grandes étapes
du travail de dépose. Le photographe du musée, J. Vidal i Ven-
tosa, resté dans la Vallée de Boi, écrivit huit lettres à J. Folch i
Torres qui sont une précieuse source d'informations sur l'équipe
italienne, sur la vie quotidienne des techniciens et sur le transport LA PEINTURE MURALE EN CATALOGNE 823
Fig. 1 . — Sainte-Marie de Taùll,
prospection et dépose des peintures murales.
des peintures, qui se fit à dos de mules de Boi à la Pobla de Segur,
en camion de la Pobla à Tàrrega, et finalement en train jusqu'à
Barcelone3.
Pour procéder à la dépose il fallait d'abord nettoyer la surface
peinte. On préparait ensuite une colle soluble à l'eau afin d'y trem
per les toiles. Avant l'entoilage, on délimitait les parties à découafin de ne traverser ni têtes ni figures, mais plutôt de les cer
ner et de prévoir les coupures dans les zones de fond ou, par
exemple, en suivant le contour des mandorles. Les toiles, de coton,
de texture et d'épaisseur variées, étaient alors trempées dans de la
colle chaude et appliquées de manière uniforme sur la surface pic
turale à détacher. On utilisait parfois jusqu'à trois épaisseurs de
3. J'ai publié cette correspondance avec celle qui se réfère aux relevés architectu
raux préalables à la construction des nouvelles absides, p. 228-231, n. 148 à 158, de
mon étude de 1 994 citée dans la note 1 . COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 824
Fig. 2. — Sainte-Marie de Taûll,
encollage des toiles sur la surface picturale.
toiles ; chacune étant posée après séchage de la précédente. On
obtenait donc une strate épaisse sur la surface peinte, consistante
et flexible, qui protégeait en même temps les peintures au moment
de la dépose. Celles-ci adhéraient plus fortement aux toiles qu'au
mur (fig. 2) .
L'arrachage proprement dit, connu sous le nom de strappo, était
en Espagne une première. Après séchage des toiles on découpait
toute l'épaisseur, avec les couches préparatoires, suivant des lignes
marquées au préalable. Puis, à l'aide d'une spatule, on soulevait
lentement en tirant sur les toiles et en séparant la couche pictu
rale du mur-support, en même tem

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