La frontalité dans l art iranien et ses origines - article ; n°1 ; vol.119, pg 51-60
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1975 - Volume 119 - Numéro 1 - Pages 51-60
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Roman Ghirshman
La frontalité dans l'art iranien et ses origines
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 119e année, N. 1, 1975. pp. 51-
60.
Citer ce document / Cite this document :
Ghirshman Roman. La frontalité dans l'art iranien et ses origines. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 119e année, N. 1, 1975. pp. 51-60.
doi : 10.3406/crai.1975.13080
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1975_num_119_1_13080FRONTALITÉ DANS L' ART IRANIEN 51 LA
COMMUNICATION
LA FRONTALITÉ DANS L'ART IRANIEN ET SES ORIGINES,
PAR M. ROMAN GHIRSHMAN, MEMBRE DE L' ACADÉMIE.
A la mémoire d'Henri Seyrig.
Nos découvertes sur les sites de Bard-è Néchandeh et Masjid-i
Solaiman, que nous avons explorés dans les montagnes des Bakhtiari,
au sud-ouest de l'Iran, forment un ensemble unique de statuaire
provenant de villes parthes de l'Iran proprement dit. Tous les
monuments trouvés se conforment, sans aucune exception, à cette
loi qui régissait l'art parthe et qui consistait à présenter les per
sonnages strictement de face.
J'en montre quelques exemples parmi nos découvertes : un
personnage qui est de face bien que sacrifiant de côté devant un
thymiaterion ; un orant ; un personnage cuirassé ; encore un orant,
probablement un prince ; un autre orant qui tient un arc et une
masse d'armes ; un chapiteau du temple de Bard-è Néchandeh avec
le prince bâtisseur et son ancêtre ; une colonne historiée avec quatre
personnages, provenant du même temple ; un bas-relief découvert
sur le même site au pied d'un grand escalier qui menait au podium.
Tous les personnages sont représentés absolument de face.
Une étude sur la frontalité dans l'art parthe vient d'être publiée
par G. Kochelenko, spécialiste russe de l'époque parthe, qui passe
en revue toutes les hypothèses présentées par différents savants
sur cette question1. La plus ancienne de ces hypothèses est celle de
E. Herzfeld, qu'a soutenue aussi E. Will, et d'après laquelle la
frontalité, connue dans l'art grec et hellénistique, aurait passé de là
dans l'art parthe2 ; la seconde est celle R. Dussaud et de S. Hopkins,
qui la croyaient d'origine syro-hellénistique3 ; M. Rostovtzeff,
Millier et Moortgat, voyaient l'origine de la frontalité en Mésopo-
1. G. A. Kochelenko, 0 frontal' nosti v parflanskom iskusstve, dans Istoriko-
arkheologitcheskiy sbornik v cest A. V. Antikovskogo, Moscou 1962, p. 136-146.
2. E. Herzfeld, Am Tor von Asien, Berlin, 1920, p. 65 sq. ; Id., Revue des Arts
Asiatiques, vol. V (1935), p. 135 ; E. Will, Le relief culturel gréco-romain, Paris,
1955, p. 220-248 ; Id., Art parthe et art grec, dans Études d'archéologie classique,
t. II, 1959, p. 125-134 ; Id., L'art sassanide et ses prédécesseurs, dans Syria,
vol. XXXIX (1962), p. 45-63.
3. R. Dussaud, La renaissance du style oriental en Syrie aux IIe-IIIe siècles,
dans Artibus Asiae, vol. VI (1936), p. 131 sq. ; Id., c.r. de M. Rostovtzeff, Dura
and the problem of parthian art, dans Syria, vol. XVII (1936), p. 380-390 ;
S. Hopkins, Aspect of art in the light of discovery from Dura-Europos,
dans Berytus, vol. III (1936), p. 3 sq. ; Id., A note on frontality in near-eastern
art, dans Ars Islamica, vol. III (1936), p. 187-196. 52 COMPTES RENDUS DE i/ ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
tamie d'où elle aurait passé plus tard aux Iraniens4 ; l'hypothèse
de Kochelenko lui-même est basée sur les conditions sociales et
sur les mouvements idéologiques ; enfin celle de H. Seyrig, Roden-
waldt et Diez, qui considéraient que son origine était « iranienne »
orientale dont le centre d'irradiation ne pouvait être que celui des
Iraniens : les Parthes5. Ce point de vue est, selon moi, le plus juste.
Cette frontalité qui se manifeste avec tant de force dans l'art
parthe, serait-elle nationale ou le résultat d'un apport extérieur ?
Ou bien, l'art iranien connaissait-il déjà des réalisations semblables,
à des époques antérieures aux Parthes ?
Un exemple nous est offert par les bronzes du Luristan qui
datent des vme-viie siècles avant notre ère et qui sont des objets
d'art mède. La frontalité est fréquente parmi les œuvres des bron-
ziers iraniens de cette époque. Je montre une série de petits per
sonnages qui proviennent de tombes et sont interprétés comme des
pleureurs et des pleureuses ; des idoles ; très curieuse est la représen
tation du dieu Sraosha, l'un des trois juges des morts qui doivent
traverser le pont de Cinvat, large comme le fil d'une épée. Sraosha
était polycéphale, ce qu'on voit sur son corps. Il luttait contre les
forces maléfiques qui sont des démons qu'il étrangle sans les voir
du fait de sa frontalité ; son animal-attribut était le coq. Ces idoles
étaient posées sur des supports en forme de masse d'armes, l'arme
de ce dieu. Le mort, accompagné de l'image de ce dieu, pouvait
compter sur la bienveillance de celui qui le jugera. Sraosha et ses
multiples têtes sont toujours de face. C'est ainsi aussi que se pré
sente un être ailé qui sert de tenon à un vase en bronze. Plus parlant,
est un psalia avec une scène de lutte d'un être avec deux démons,
lui de face, ignorant ses adversaires ; tandis que sur une autre scène
pareille, tous les trois sont strictement de face, tout comme un
couple qui monte un animal, sans doute pour son dernier voyage.
En frontalité est représenté le dieu Zurvan, divinité androgyne
qui, sur une plaque en argent du Musée de Cincinnati, donne
4. M. Rostovtzeff, Dura and the problem of parthian art, dans Y aie Classical
Studies, t. V (1935), p. 157-304 ; Id., L'art gréco-iranien, Revue des Arts
Asiatiques, vol. VII, fasc. 4 ; V. Mûller, Zwei syrische Bildnisse rômischer Zeit,
dans 86. Winkelmannsprogramm, Berlin, 1927 ; A. Moortgat, Die bildene Kunst
des alten Orients und die Bergvôlker, 1932, p. 62 sq.
5. H. Seyrig, Bas-reliefs monumentaux du temple de Bel à Palmyre, dans Syria
vol. XV (1934), p. 185 sq. ; Id., Sur quelques sculptures palmyréniennes, dans
Syria, vol. XVIII (1937), p. 32 sq., 37 sq., 42 sq. ; Id., La grande statue parthe
de Shami et la sculpture palmyrénienne, dans Syria, vol. XX (1939), p. 180 ;
Id., Stèle d'un grand prêtre de Hiérapolis, vol. p. 188 ;
Id., Sculpture palmyrénienne archaïque, dans Syria, vol. XXII (1941), p. 31-33 ;
G. Rodenwaldt, Indische Kunst und Triumphalbild, dans Gnomon, vol. 7 (1931),
p. 292 ; E. Diez, Dos magische Opfer in Dura. Ein Denkmal synkretistischer Ma-
lerei aus Partherzeit (1. Jahrhundert nach Christus), dans Belveder, vol. 6 (1924),
p. 200. LA FRONTALITÉ DANS L'ART IRANIEN 53
Fig. 1. — Luristan. Psalia en bronze.
Courtesy Ashmolean Muséum.
naissance à Ohrmuzd et à Ahriman qui distribuent des barsoms ou
faisceaux de - brindilles employés - par - les prêtres de la religion
mazdéenne. Zurvan est le « Temps Éternel ». Les êtres qui reçoivent
les barsoms sont des jeunes gens et des adultes, qui sont de profil,
tandis que les vieillards sont strictement de face. Aucun lien n'existe
entre eux et Ohrmazd qui continue à tendre le barsom. L'image de
ces personnages des trois âges de l'humanité donna naissance au
mythe des trois Rois Mages qui étaient immuablement représentés
par un jeune homme, un homme d'âge mûr et un vieillard.
Héros ou démons, divinités ou simples mortels, le nombre des
présentations frontales dans l'art des bronziers du Luristan invite
à reconnaître que la f rontalité , ne leur était pas inconnue, mais
qu'au contraire, elle était déjà une tradition populaire dans la
production des ateliers des tribus iraniennes récemment installées
sur le Plateau.
Cependant, comment expliquer que cette convention dans l'art,
adoptée et pratiquée par, les Iraniens à l'aube de leur histoire,
semble disparaître totalement plus tard ? Car, de fait, un hiatus
de près d'un demi-millénaire sépare les monuments que nous venons
de voir, et sur lesquels nous avons reconnu un attachement à la
f rontalité, des plus anciens monuments parthes d'Iran sur lesquels
réapparaît la frontalité. Comment expliquer que l'art achéménide Fig. 2. — Luristan. Plaque en argent. Courtesy Cincinnati Art Muséum. LA FRONTALITÉ DANS L'ART IRANIEN 55
semble avoir ignoré la frontal

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