La peinture éthiopienne à l époque axoumite et au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.144, pg 35-71
38 pages
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La peinture éthiopienne à l'époque axoumite et au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.144, pg 35-71

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2000 - Volume 144 - Numéro 1 - Pages 35-71
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Mercier
La peinture éthiopienne à l'époque axoumite et au XVIIIe siècle
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 35-
71.
Citer ce document / Cite this document :
Mercier Jacques. La peinture éthiopienne à l'époque axoumite et au XVIIIe siècle. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 35-71.
doi : 10.3406/crai.2000.16096
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2000_num_144_1_16096COMMUNICATION
LA PEINTURE ÉTHIOPIENNE À L'ÉPOQUE AXOUMITE
ET AU XVIIP SIÈCLE, PAR M. JACQUES MERCIER
L'art éthiopien ancien, soit jusqu'au XVe siècle, se situe dans la
périphérie de l'Orient méditerranéen. Mais durant ce dernier
siècle, apparaissent des influences occidentales qui vont grandis
santes. Les complexes apparentements de l'art ancien ont été pour
l'essentiel identifiés par le regretté abbé Jules Leroy1 et M. Claude
Lepage2, deux familiers de l'Académie. Pour ce qui est des
influences occidentales reçues par l'art moderne, c'est également
à l'abbé Leroy que l'on doit une contribution majeure3.
L'étude de la documentation réunie dans le cadre de l'inventaire
en cours des églises éthiopiennes permet quelques avancées tant
pour les périodes les plus reculées que pour les plus récentes.
Ce projet, commandité par les gouvernements respectifs des
régions Tigray et Amhara, et patronné par Sa Sainteté l'abouna Pau-
los, patriarche de l'Église orthodoxe éthiopienne, est financé par la
Commission européenne. Il consiste à photographier, inventorier et
publier les principaux trésors afin de mettre en place une politique
de protection ciblée et de faire connaître ce patrimoine4. Cet heu
reux parrainage, joint à de substantiels crédits, a permis d'avoir accès
à des objets jamais montrés jusqu'à présent, et à tout le moins de
faire un saut quantitatif dans le corpus photographique des œuvres
1 . Notamment « L'évangéliaire éthiopien du couvent d' Abba Garima et ses attaches avec
l'ancien art chrétien de Syrie », Cahiers archéologiques XI, 1960, p. 131-143 ; « Recherches
sur la tradition iconographique des Canons d'Eusèbe en Ethiopie », Cahiers archéologiques
XII, 1962, p. 173-204 ; « Un nouvel évangéliaire éthiopien illustré du monastère d'Abba
Garima », Bibliothèque des Cahiers archéologiques 2, 1968, p. 75-87.
2. Parmi les plus marquants : « Histoire de l'ancienne peinture éthiopienne (Xe-
XV s.) », CRAI, 1977, p. 325-376 ; « Reconstitution d'un cycle protobyzantin à partir des
miniatures de deux manuscrits éthiopiens du XIV siècle », Cahiers archéologiques 35, 1987,
p. 159-195 ; « Contribution de l'ancien art chrétien d'Ethiopie à la connaissance des autres
arts chrétiens », CRAI, 1990, p. 799-822 ; « Première iconographie chrétienne de Palestine :
controverses anciennes et perspectives à la lumière des liturgies et monuments éthio
piens », CRAI, 1997, p. 739-742.
3. « L'évangéliaire éthiopien illustré du British Muséum (Or. 510) et ses sources icono
graphiques », Annales d'Ethiopie IV, 1961, p. 155-181.
4. Deux ouvrages seront publiés respectivement sur le pays Tigray et le pays Amhara .
Un troisième ouvrage, grâce à un budget complémentaire, sera consacré, avec la participa
tion de Claude Lepage, aux églises de Lalibàla et à leurs trésors. J'ai la tâche de coordon
ner ces recherches et ces publications. 36 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
connues. La visite de deux cent vingt-cinq églises de la région Tigray
depuis 1997 a permis de photographier, entre autres, plus de trois
cent manuscrits illustrés antérieurs au XIXe siècle. Soit quatre à cinq
fois plus que ce qui avait été photographié par la communauté scien
tifique jusqu'à présent. La progression quantitative est surtout manif
este pour l'art du XVïïT siècle, un champ délaissé depuis le travail
pionnier de E. A. Wallis Budge à la fin du XIXe siècle5. Un nombre
appréciable de manuscrits inédits des XIV^-XV6 siècles a été également
photographié. Pour les périodes les plus reculées, quelques textes
ont été découverts6, mais pas d'images.
Nous nous proposons de présenter ici quelques apports de cette
entreprise à la connaissance de la peinture éthiopienne d'une part
pour l'art le plus ancien, d'autre part pour l'art « moderne », c'est-
à-dire postérieure à 1700.
Note 1
Enluminures d'époque axoumite
Les deux manuscrits illustrés les plus anciens connus demeur
ent les deux tetraevangiles conservés au couvent d'abba Gàrima à
Màdàra, près d'Adoua, et étudiés pour la première fois par Jules
Leroy7. Tous deux, à l'origine, débutaient par une série d'arcades
ornementées encadrant la lettre d'Eusèbe (fig. 1) et les tables de
correspondance, suivie de l'image d'un temple (fig. 2). Et, dans le
second des manuscrits étudié par Leroy du moins — manuscrit
que nous appellerons Gàrimcû. — chaque évangile, était précédé
du portrait de son auteur8 (fig. 3). Actuellement ils sont incomplets
et leurs feuillets sont quelque peu mélangés. F. W. Macomber, en
les cataloguant, a pu rendre les arches à leurs volumes respectifs9.
5. Première étude historique de l'art de l'enluminure en introduction à The Lives of
Mabâ Seyon and Gabra Krestos, Londres, 1896.
6. Un recueil des Règles apostoliques {Sinodos) dont la rédaction n'est pas postérieure au XIT
siècle a été confié pour étude à M. Alessandro Bausi, de l'Université de Naples, qui avait fait
l'édition critique de cet ouvrage [CSCO, 552-553, 1995). Selon lui, alors que le texte édité par
ses soins était traduit de l'arabe, nous sommes en présence d'une traduction d'après le grec.
Ce texte, dont certains passages sont perdus en grec et en toute autre langue, jette une lumière
sur l'organisation de l'Eglise axoumite. Un Octateuque contemporain de ce Sinodos a été égal
ement trouvé. Son étude est également en cours par Alessandro Bausi.
7. Art. cit. (n. 1), 1960 ; art. cit. (n. 1), 1968.
8. Un portrait d'évangéliste, réalisé par l'auteur - ou des auteurs — des portraits du
second manuscrit, est relié au début premier manuscrit. Il est peu probable qu'il en ait fait
originellement partie.
9 . Catalogue ofEthiopian Manuscriptsfrom the Microfilms ofDr. Donald Davies and the hill
Monastic Microfilm Library, Saint John s University, Collegeville, 1979, p. 1-11. FlG. 1. — Deuxième page de la Lettre d'Eusèbe. Tétraévangile Garimà2. 2. — Temple. Tétraévangile GarimaZ (photographie Jacques Mercier et Girma Elias). FlG. _£ooo _ wrp bo -y]
FlG. 3. - Evangéliste Luc. Tétraévangile Garima2 (photographie Jacques Mercier et Girma Elias). tO
40 COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Dans le premier tétraévangile — appelé « premier » car étudié
— la lettre occupait trois pages et les tables de d'abord par Leroy
correspondance sept. Et dans le second10, respectivement deux et
huit, ce qui est rarissime pour l'Ethiopie11.
La stylistique des décors de ces arcades tranche avec tout ce que
l'on connaît en matière d'art éthiopien, et évoque fortement l'art
de la Méditerranée orientale. Jules Leroy avait eu quelque peine à
faire admettre qu'elles étaient beaucoup plus anciennes que les
arcades les plus anciens jusqu'alors connues produites au XIVe
siècle. Il avait proposé les Xe-XIe siècles, puis, après réexamen, les
Xf-Xir. Tout récemment Marilyn Heldman a avancé leur product
ion au VIe siècle12. A l'occasion de la photographie de ces deux
manuscrits, il nous a paru opportun de prélever deux fragments de
parchemin sur le second d'entre eux, complet de son image du
temple et de ses quatre portraits d'évangélistes, et dont les décors
sont les plus originaux13, dans l'espoir d'apporter quelque élément
nouveau dans ce débat sur leur ancienneté.

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