Le mithréum de Marino (Italie) - article ; n°1 ; vol.118, pg 191-201
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1974 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 191-201
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Henri Lavagne
Le mithréum de Marino (Italie)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118e année, N. 1, 1974. pp. 191-
201.
Citer ce document / Cite this document :
Lavagne Henri. Le mithréum de Marino (Italie). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 118e année, N. 1, 1974. pp. 191-201.
doi : 10.3406/crai.1974.12986
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1974_num_118_1_12986LE MITHRÉUM DE MARINO 191
COMMUNICATION
LE MITHRÉUM DE MARINO (ITALIE),
PAR M. HENRI LAVAGNE.
C'est en 1962 qu'à Marino, à 25 km de Rome, dans les Monts
Albains, fut découvert fortuitement un mithréum1 peint remar
quablement conservé. Marino, l'antique Castrimoenium, petit muni-
cipe dont nous connaissons les magistratures locales par les inscrip
tions2, doit son importance aux carrières de « peperino » (le saxum
albanum de Tacite), pierre d'origine volcanique qui a servi à édifier
tant de monuments de Rome (temple de la Magna Mater au Palatin,
théâtre de Pompée, temple de Mars Ultor, reconstruction des quart
iers incendiés en 63 après J.-C, temple d'Antonin et de Faustine
en 141, etc.3. Ces carrières sont situées en face du mithréum, derrière
la gare actuelle de Marino (Lucus Aquae Ferentinae, dit « Bosco
Ferentino »).
Le mithréum (fig. 1) fut découvert en agrandissant une cave
creusée dans la falaise de tuf qui forme l'escarpement sur lequel est
placée la cité. Le sanctuaire se présente comme un étroit couloir
(3 m de large), long d'une vingtaine de mètres sous une voûte faibl
ement cintrée. Comme beaucoup de mithraea d'Italie, il est orienté
Est-Ouest de façon que la fresque qui occupe la paroi du fond du
spelaeum soit théoriquement face à l'Est4. La cave qui s'ouvre devant
la cella a été utilisée à l'époque moderne comme garage, mais il est
probable qu'il s'agissait, à l'origine, du pronaos ou de Y apparatorium
qui précèdent traditionnellement les sanctuaires mithriaques. L'entrée
dans la cella proprement dite se fait par une porte basse (la baie cin
trée à claveaux a été construite en 1972) suivie d'une pente en forte
déclivité menant à une cuvette naturelle le plus souvent inondée par
1. La publication de ce mithréum a été confiée à M. J. Vermaseren, directeur
de la Collection des Études préliminaires aux Religions orientales, qui a bien
voulu nous laisser en faire l'objet d'une communication. Des photographies
avaient déjà paru dans Y Illustrated London News, 23 février 1963, p. 263-264
et dans VEnciclopedia dell'arte antica, s.v. Mithras et nimbo. Le mithréum est
également mentionné par Santa Maria Scrinari, Restauri d'arte in Italia,
VIII0 settimana dei musei italiani, mai 1965, p. 41, n° 15; R. Bianchi Bandinelli,
Rome, le centre du pouvoir, Paris, 1969, p. 331 et fig. 372, 374 ; Le Roy A. Campb
ell, Mithraic Iconography and Ideology, Leyde, 1968, p. 88, n. 27 ; M. J. Ver
maseren, Mithriaca I, Leyde, 1971, passim; B. Andreae, L'art de l'ancienne
Rome, Paris, 1973, p. 235 et fig. 105.
2. CIL, XIV, 2454-2492.
3. Cf. la liste des principaux monuments en « peperino » dans G. Lugli,
Tecnica edilizia, Rome, 1957, p. 302.
4. Cf. Le Roy A. Campbell, op. cit., p. 51 qui rappelle les orientations privilé
giées des mithraea, et le texte de Porphyre à ce sujet (De antro, 24). 192 COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 1. — Marino, le mithréum.
les eaux d'infiltration de la colline. Ce bassin de décantation et la
présence d'un solin courant tout autour de la cella, l'enduit qui
recouvre les parois, font comprendre qu'il s'agit, en fait, d'une
citerne de grande capacité, réutilisée postérieurement en mithréum.
Cette transformation n'est pas pour surprendre, tous les lieux sou
terrains se prêtant naturellement à abriter les mystères de l'antre.
Rappelons seulement le mithréum de Capoue (dont les peintures,
à bien des égards, rappellent celles de Marino) qui n'est autre que
l'une des ailes du cryptoportique de Capoue, ou le sanctuaire de
Saint-Clément aménagé dans la cave d'une maison privée du Caelius.
Pas d'ouvertures percées sur les reins de la voûte, une atmosphère
confinée, peu d'espace vital ; si, par sa longueur exceptionnelle, le
lieu de culte pouvait abriter une communauté nombreuse, son étroi-
tesse devait en rendre l'usage assez mal commode.
Deux tableaux (80 cm sur 60 cm) peints sur les parois, à l'entrée
du souterrain, accueillent le fidèle. A droite, Cautes, la torche levée,
vêtu comme Mithra d'une tunique rouge et coiffé du pileus oriental.
La figure est un peu stéréotypée et très endommagée dans sa partie '
.

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LE MITHRÉUM DE MARINO 193
inférieure. Sur le mur de gauche, Cautopates lui fait face : travail
d'une qualité supérieure au premier, par la finesse du trait, le rendu
des couleurs (tunique bleue sous un manteau rouge), et le tracé du
visage, doué d'une véritable expression à la fois songeuse et tendue.
La présence des deux dadophores est bien attestée à cet emplace
ment dans l'art mithriaque1. Toutefois, on remarque que sur la
fresque principale, ils sont en position inverse, Cautes à gauche,
Cautopates à droite (fig. 2) par rapport au spectateur. Cette inversion
sur le tauroctone est contraire à la place qu'occupent normalement
les dadophores en composition. Le fait avait déjà été remarqué dans
le mithréum de Capoue2, et Le Roy A. Campbell en avait conclu que
le tauroctone était chronologiquement antérieur aux peintures des
panneaux individuels. M. J. Vermaseren3 a infirmé cette observation
en montrant que les deux groupes de peintures sont bien contempor
ains. Il en est de même à Marino, où l'utilisation des couleurs et
l'expressivité des visages ne sauraient dénoter deux « mains » diffé
rentes. S'il est vraisemblable qu'il faut attribuer une signification
à l'emplacement des deux hypostases de Mithra dans les composit
ions, il paraît excessif de prêter une valeur symbolique à leur dispo
sition particulière lorsqu'elle se présente dans un sanctuaire sous
une forme séparée quelconque (relief, peinture, ronde-bosse). L'orien
tation générale du mithréum, que l'on invoque parfois pour expliquer
cette anomalie, ne peut fournir un argument solide lorsqu'il s'agit,
comme c'est le cas ici, d'un réemploi d'édifice.
La peinture du tauroctone occupe la paroi du fond du spelaeum.
Elle constitue aujourd'hui la peinture mithriaque la mieux conservée
du monde antique touché par le mithriacisme4. Placée à 75 cm du
sol, elle mesure 2,96 m de long sur 2,25 m de haut. Le personnage
de Mithra est un peu plus grand que nature, et, se détachant sur la
cavité obscure de la grotte, produit un effet saisissant. La scène
est située dans un antre aux contours réalistes très accentués, fait
de gros rochers de couleur beige, avec des rehauts de brun, qui
donnent une sorte de profondeur illusionniste à la voûte de la
caverne, rendue en noir foncé. Ce cadre naturel est d'une facture
plus soignée que celui que nous voyons sur le tauroctone de Capoue
où les rocs de l'antre ont l'apparence un peu naïve de nuages en
chapelet5.
1. Surtout en ronde-bosse ; mais c'est aussi le cas à Capoue où les dadophores
sont peints sur les murs du sanctuaire.
2. Le Roy A. Campbell, op. cit., p. 36, 42.
3. Vermaseren, Mithriaca I, p. 11.
4. En douze ans, la dégradation des couleurs a déjà été considérable. On
souhaiterait que des mesures de protection soient prises pour sauver ce monu
ment remarquable.
5. Vermaseren, Mithriaca I, pi. III. 2. — Marino, peinture de la cella du mithreum. Fig. LE MITHRÉUM DE MARINO 195
Mithra est dans l'attitude canonique du taurodonos, le genou
gauche faisant pression sur l'encolure de l'animal, le pied droit
maintenant le paturon au sol, ayant enfoncé le poignard (lame
bleutée) au défaut de l'épaule de la bête, dont il tient, sans effort
apparent, les naseaux relevés. Il est vêtu de la tunica manicata
rouge, semée d'étoiles, et serrée presque sous les bras par un ban
deau blanc. Anaxyrides rouges soutachés d'un galon vertic

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