Une base de statue portant la signature de Lysippe de Sicyone à Thèbes - article ; n°1 ; vol.143, pg 7-20
15 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1999 - Volume 143 - Numéro 1 - Pages 7-20
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 77
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Ducrey
Une base de statue portant la signature de Lysippe de Sicyone
à Thèbes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 1, 1999. pp. 7-20.
Citer ce document / Cite this document :
Ducrey Pierre. Une base de statue portant la signature de Lysippe de Sicyone à Thèbes. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 1, 1999. pp. 7-20.
doi : 10.3406/crai.1999.15958
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1999_num_143_1_15958COMMUNICATION
UNE BASE DE STATUE PORTANT LA SIGNATURE DE LYSIPPE DE SICYONE
À THÈBES, PAR M. PIERRE DUCREY
La Béotie continue à nous réserver d'heureuses surprises. Grâce
à la bienveillance de Mme Angeliki Andreiomenou, responsable de
l'Ephorie des Antiquités préhistoriques et classiques de Béotie
jusqu'en 1993, nous avons pu accéder à trois documents d'un inté
rêt exceptionnel. Le premier, et le plus ancien, provient de la
nécropole d'Akraiphia. Il s'agit de la stèle funéraire, intacte, d'un
jeune homme tenant un coq aux ailes déployées. La stèle porte la
signature du sculpteur, Philourgos, et la dédicace du généreux
donateur: Mnasitheios. Les deux textes sont gravés dans une
élégante écriture de la fin du VIe siècle av. J.-C. La stèle est aujour
d'hui exposée au musée de Thèbes. Elle sera prochainement
publiée par Mme Andreiomenou elle-même. Il n'est pas exagéré
de parler à propos de cette œuvre d'un chef-d'œuvre de l'art
archaïque grec.
Le second document provient d'un autre site de Béotie, le
sanctuaire de Délion, connu par la bataille qui opposa en
424 av. J.-C. une troupe athénienne et l'armée béotienne. Le n'avait livré jusqu'ici aucune inscription significat
ive. A l'occasion d'une fouille d'urgence, Mme Angeliki Andreio
menou a découvert une plaque de marbre portant un long texte
assez bien conservé. Il s'agit de comptes, datant vraisemblable
ment du IIe siècle av. J.-C, établis par les responsables du sanc
tuaire. Bien que les cités béotiennes nous aient laissé plusieurs
documents analogues, ces comptes [apologià] apportent de nom
breux éléments nouveaux à notre connaissance du sanctuaire de
Délion. La stèle sera publiée par moi-même avec le rapport des
fouilles de Mme Andreiomenou dans un avenir aussi proche que
possible.
Nous présentons aujourd'hui un troisième document, lui aussi
d'un grand intérêt, puisqu'il s'agit de la base d'une statue por
tant la signature du sculpteur Lysippe de Sicyone. Déposée
depuis juillet 1990 au musée de Thèbes, la base est encore
inédite. Je dois à la libéralité de Mme Andreiomenou de pouvoir la
présenter ici. Je précise que cette communication n'est qu'une 8 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
présentation provisoire de la pierre. La publication finale est en
préparation. Elle sera cosignée par Mme Andreiomenou et moi-
même.
La pierre
Base de calcaire gris1. Hauteur : 32,5 cm ; largeur : 51 cm ; pro
fondeur : 43,5 cm. La pierre est brisée à droite et à la partie posté
rieure. A la face supérieure, empreinte partielle d'un pied et d'un
orifice circulaire. Inscription de six lignes sur la face principale.
Provenance : région de Thèbes (?)2. Lieu de conservation :
musée archéologique de Thèbes. Inventaire n° 21393.
Traduction du texte
« La patrie, qui l'emporte à la pointe de la lance sur la Grèce
entière, a choisi cet homme comme son chef dans la guerre, lui qui
naguère au milieu d'innombrables dangers dans les épreuves
d'Ares a fait grandir la gloire de Thèbes, l'intrépide.
Hippias fils d'Érôtion a dédié (cette statue) à Zeus Sauveur.
Lysippe de Sicyone a créé (l'œuvre). »
Le commentaire philologique sera rédigé par Claude Calame.
Nous ne reproduirons pas ici le texte grec. Il s'agit d'une inscrip
tion dédicatoire, rédigée en distiques élégiaques ; elle concerne un
officier, sans doute thébain, qui s'est illustré à la guerre.
La base du musée de Thèbes pose des questions archéolo
giques et historiques. Commençons par les aspects
giques. La pierre, apportée au musée de Thèbes, provient
d'un lieu non déterminé de la ville, de ses environs ou d'un
autre site de Béotie. Elle ne s'impose aujourd'hui ni par l'i
mportance de sa taille, ni par la qualité de sa pierre, ni par la
beauté de l'écriture.
1. Nous exprimons notre reconnaissance à M"" Angeliki Andreiomenou, à Denis
Knoepfler, Bernard Holtzmann et Claude Rolley pour leurs observations sur Lysippe et
la nouvelle base de Thèbes, à Paola Ceccarelli, Michel Cottier et Cédric Brélaz pour l'aide
qu'ils nous ont apportée dans l'étude de ce texte. Notre gratitude va à M. François Cha-
moux et à M. Jean Marcadé, qui nous ont fait part d'utiles remarques au cours de la di
scussion qui a suivi la présentation de cette communication à l'Académie.
2. Sur la provenance de la pierre, voir infra. BASE DE STATUE SIGNÉE PAR LYSIPPE
La provenance
La de la pierre est attribuée à Akraiphia de manière
erronée dans deux rapports de fouilles récents3. En fait, elle est
inconnue. On sait seulement que le bloc a été apporté au musée
de Thèbes en juillet 1990, sans que son origine ait été annoncée,
relevée ou consignée. Les hypothèses sur la provenance de la
pierre, et donc sur l'endroit où se dressait la statue, ne peuvent par
conséquent se fonder que sur le texte de l'inscription.
Le poème fait allusion à la « patrie » du personnage honoré,
en précisant que c'est cette patrie même qui a choisi pour chef
à la guerre l'homme dont la statue se dressait sur la base. Le
poème ajoute qu'il a « fait grandir la gloire de Thèbes, l'intré
pide ». On peut donc admettre que la « patrie » de l'officier n'est
autre que Thèbes et par conséquent que notre inscription est
thébaine.
La statue pourrait cependant avoir été dressée à Thespies, dans
le sanctuaire de Zeus Saôtas. Le fait qu'une statue de Zeus Saôtas
se dressait à Thespies indique bien que ce dieu y bénéficiait d'un
culte1. Il ne serait donc pas surprenant que notre base provienne
de Thespies. La présence à Thespies d'une autre statue due à
Lysippe, un Éros5, constitue un indice supplémentaire à l'appui de
l'hypothèse que notre statue ait pu se dresser à Thespies. Il fau
drait alors imaginer qu'Hippias, dirigeant béotien, peut-être thé-
bain, ait dédié la statue d'un chef de guerre thébain à Zeus Saôtas,
dans le sanctuaire de ce dieu à Thespies.
Le dédicant
Les autres indices qui soutiennent cette hypothèse sont ténus.
La dédicace précise que « Hippias fils d'Érôtion a dédié (cette sta
tue) à Zeus Saôtas ». Le dédicant, Hippias fils d'Erôtion n'est pas
connu à ce jour. Toutefois, un Hippias, béotarque, est mentionné
3. Archaeological Reports for 1992-1993, p. 35 (supplément au Journal ofHellenic Studies
113, 1993) et « Chronique des fouilles », BCH 117, 1993, p. 884. Cette indication erronée a
été reprise dans le catalogue de l'Exposition Lisippo, L'Arte et la Fortuna, progetto di
P. Moreno, Rome, 1995, p. 20 sq., 32, 42 et 46, avec une erreur sur la date de la trouvaille
(1992 au lieu de 1990). A. Schachter, Cuits ofBeotia, III (Bulletin of the Institute of Clas-
sical Studies, 38/3), Londres, 1994, p. 149, est trop affirmatif en attribuant la provenance
de la base à Thèbes. Elle pourrait aussi bien provenir de Thespies ou même d'ailleurs
encore.
4. Pausanias, IX, 26, 7-8, avec la remarque de A. Schachter, art. cit. (n. 3), p. 152.
5.IX, 27, 3. 10 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
dans deux décrets thébains6. Quant au nom Érôtion, il est fr
équemment attesté à Thèbes, mais en d'autres sites de Béotie
aussi7.
La fonction et les compétences des béotarques sont connues. Ils
étaient notamment responsables de la conduite de la guerre et le
plus souvent c

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