Gabbeh de Makhmalbaf Mohsen
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

GabbehF de Mohsen Makhmalbaf
FICHE FILM
Fiche technique
Iran - 1995 - 1h15
Couleur
Réalisateur :
Mohsen Makhmalbaf
Scénario :
Mohsen Makhmalbaf
Musique :
Hossein Alizadeh
Interprètes :
Shaghayegh Djodat
(Gabbeh)
Hossein Moharami
Résumé Critique(Le vieil homme)
Roghieh Moharami
(Roghieh) Dans le Sud-Est de l’Iran, les tribus Guetter le passage du temps et les mouve-
Abbas Sayahi nomades dont la spécialité est de tisser des ments du monde, s’étonner que la vie circu-
gabbeh disparaissent… un gabbeh est une le devant soi et la célébrer en retour sans(L’oncle)
forme très originale de tapis persan : les nier la mort qui va avec. Ce pourrait être
motifs sont très créatifs, toujours différents, l’une des définitions d’un vrai regard de
inspirés par la vie de la tribu, les paysages cinéaste. C’est, en tout cas, ce qui est ins-
traversés, les histoires d’amour… Au bord crit en filigrane dans le beau film de
de la rivière, une vieille femme, en train de Mohsen Makhmalbaf, dès l’histoire de son
laver un gabbeh, semble converser avec le tournage.
fabuleux tapis : de ses motifs, l’image d’une Le cinéaste voulait réaliser un documentaire
jeune fille, nommée Gabbeh, apparaît pour sur la vie des tisseuses de gabbeh : des
raconter son histoire d’amour… tapis artisanaux tissés par les femmes
d’une tribu nomade du Sud-Est de l’Iran, les
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Gashghai. Makhmalbaf a fait la route blé, on sent la gifle du vent, la fraîcheur laquelle leur histoire commune - car ils
avec elles. Séduit par leur histoire et par du fleuve. sont tout un - va pouvoir se dérouler,
le spectacle grandiose des paysages tra- Gabbeh, c’est aussi un bel hymne à la aussi merveilleusement, aussi douloureu-
versés, il s’est mis à rêver. C’est ainsi femme iranienne. Mine de rien, sement que se déroule, entre l’amour et
qu’une fiction a pu naître et se glisser Makhmalbaf fait l’apologie de son indé- la mort, la vie d’un être humain. S’ouvre
entre les mailles du documentaire. pendance et malmène I‘autorité patriar- alors une manière de symphonie chroma-
Un couple de vieillards au bord de l’eau. cale. Gabbeh est donc autant un conte tique, un hymne poétique et panthéiste à
Un gabbeh flotte à la surface. Sur ce poétique que social. Une déclaration la nature dont l’argument principal est
tapis coloré, des motifs simples retracent d’amour à l’art comme à la vie - l’amour contrarié de la sublime Gabbeh.
la vie errante de celle qui l’a tissé et qui, Jacques Morice Annoncé par le hullulement régulier du
aujourd’hui, le lave. Cette femme se sou- Télérama n°2424 - 26 Juin 96 loup, cet amour a la forme d’un cavalier
vient de la jeune fille qu’elle était et qui qui suit à bonne distance le clan dirigé
apparaît naturellement à ses côtés. Un par le père de la bien-aimée. Mais que
dialogue s’instaure. La jeune fille d’obstacles à franchir, que de
s’appelle Gabbeh. Elle parle de son désir, Au commencement, il y avait le désir de manœuvres de la part de ce dernier !
d’un cavalier mystérieux, du chemin par- Mohsen Makhmalbaf de tourner un docu- Gabbeh se laissera finalement ravir. Et
couru par sa tribu. Le plan suivant, on est mentaire sur une tribu semi-nomade du au passage, ce sera bien le diable si
au cœur de ce récit. Voilà comment tapis, sud-est de l’Iran,les Gashghai. Et plus Makhmalbaf n’a pas ravi l’âme du spec-
jeune fille et vieille femme se répondent particulièrement sur la vie des tisseuses tateur. En lui montrant cet instituteur
ici et ne forment plus qu’un. Une histoire de gabbeh, ces tapis dont motifs et cou- d’une classe itinérante enseigner à ses
de mémoire, de va-et-vient permanent leurs sont comme la chronique de la vie élèves que la vie - qui est couleur - est
entre passé et présent. de ceux qui les fabriquent. littéralement à portée de main. En décri-
Voyage imaginaire autant que réel, En cours de route, sans doute inspiré par vant le même, à l’hiver de sa vie, faire sa
Gabbeh saisit, de manière gracieuse et les histoires racontées dans ces tapis, cour à une jeune fille et l’épouser par la
très simple à la fois, paysages, couleurs, Mohsen Makhmalbaf (Le Temps de grâce de la poésie. En évoquant encore la
gestes du quotidien et sentiments. On l’amour, Salam Cinéma) s’est laissé naissance ou la mort d’un enfant, et la
découvre les étapes de la création - la tenter par l’imaginaire. Quelque chose teinture de la laine qui servira à inscrire
fabrication des teintures végétales, la d’assez simple, proche de la vie des gens l’événement au cœur des gabbeh, por-
danse des mains au moment du tissage - qu’il filmait, et dont le fil s’enchevêtrerait teurs de la mémoire collective.
et, parallèlement, on suit de près les épi- à celui des images documentaires initia- Magnifiquement filmée, Gabbeh raconte
sodes marquants d’une vie. Les retrou- lement tournées. Par exemple, I’histoire bien des histoires, de la plus particulière,
vailles réjouissantes avec un oncle long- d’une jeune fille qui s’appellerait celle de l’évanescence d’un amour ou de
temps parti et qui a bien du mal à recon- Gabbeh, de ses désirs et de ses peines, à la disparition d’une tribu nomade, à la
naître tous les enfants ; les cours d’école moins que ce ne soit celle de la fabrica- plus universelle, celle du temps qui
itinérante ; la naissance ou la tonte d’un tion du tapis dont elle porte le nom. Et passe égal pour tous, et devant quoi
mouton ; la chute mortelle d’une enfant ; sans y prendre garde, voilà que cette his- chaque homme est un nomade.
la fuite de Gabbeh avec son prince char- toire toute simple devient fabuleusement Jacques Mandelbaum
mant... compliquée, parce qu’on ne distingue Le Monde
Autant de motifs, au réalisme poétique, plus bien entre le temps de la légende et
qui finissent par composer une sorte de celui de la vie.
fresque naïve et émouvante, regorgeant Cela commence en tous cas par un gab-
de couleurs pures et vives. Du rouge beh qui dérive sous la surface d’une eau Parti d’un projet documentaire sur les tis-
coquelicot, du bleu ciel, du jaune blé... claire. Peu de motifs, si ce n’est l’image, seuses de Gabbeh - ces tapis dont les
Il y a bien quelques maladresses. sur fond bleu, d’un couple de jeunes gens motifs originaux s’inspirent des événe-
Makhmalbaf complique parfois la narra- chevauchant un cheval blanc. Au plan ments de la vie quotidienne des tribus
tion, rate quelques enchaînements. Mais suivant, une jeune fille au costume tur- nomades du Sud-Est iranien -, Gabbeh
les séquences, en elles-mêmes, sont quoise apparaît devant le tapis, une jarre veut montrer «comment la vie engendre
souvent magnifiques. Hymne contempla- sur l’épaule. Puis c’est le tour d’un les oeuvres», mettant ainsi d’entrée de
tif et panthéiste, Gabbeh capte la nature couple de vieillards qui se chamaille. jeu le cinéma sur le plan de l’artisanat.
et les saisons comme rarement. On est Jeune fille, tapis et vieillards forment De ce point de vue, Makhmalbaf ne sera
hypnotisé par l’ondulation d’un champ de dès lors l’instance narrative à partir de pas démenti. Il nous montre bien, avec
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
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Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
force détails, un gabbeh en train de se ment la vie à l’intérieur de l’œuvre, et puis c’est devenu une maison, mais pour
faire et de tisser - littéralement, quelle avec elle les prétentions d’un réalisateur avoir cette maison, il a perdu beaucoup
bonne idée - les fils de I’intrigue: une qui semble ne plus considérer le cinéma d’autres choses. Le retour aux sources
jeune femme, dans l’attente du beau que comme un art décoratif. n’est pas une réaction au sens du mot
cavalier qui viendra l’enlever, tisse le Laurent Roth réactionnaire, c’est plutôt une façon de
tapis qui raconte sa propre histoire, tan- Cahiers du Cinéma n°504 - Juillet-Août 96 retrouver l’essence d’une vie qui existait
dis que, sur une autre scène, la même au début. Je compare cette idée avec
narre à l’intention de son double vieilli de une boule de neige qui, en tombant du
quarante ans toutes les peines qu’elle a sommet de la montagne vers sa base, seEntretien avec le réalisateur
dû endurer - son oncle, un vieux barbon, transforme en une sorte d’avalanche.
empêche son mariage - avant de se livrer Mon film c’est le processus inverse,
Votre film est tissé au montage à la
à son amant. Temps du récit et temps de comme si l’avalanche remontait la pente
manière d’un gabbeh, subtil tissage
l’histoire sont donc finemen

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