Mo’ Better Blues de Lee Spike
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Mo' Better Blues
F de Spike Lee
FICHE FILM
fiche technique
USA 1990 2h10
Réalisateur :
Spike Lee
Musique :
Bill Lee
Interprètes :
Denzel Washington
Cyndia Williams dans Mo'Better Blues
Spike Lee
Wesley Snipes Résumé
Joie Lee
hommes de main de ses créanciers etBien qu’on ait dû un peu le forcer àCyndia Williams
Bleek, qui tentait de s’interposer, est trèsapprendre quand il était enfant, Bleek estRobin Harris
gravement blessé aux lèvres. Il ne pourradevenu trompettiste professionnel et il diri-
Giancarlo Esposito plus jouer de la trompette, mais il épouse-ge un quintette de jazz à New York. Giant,
ra Indigo, et leur fils Miles apprendra à sonun ami d’enfance, est le manager du grou-Bill Nunn
tour à jouer du bel instrument.pe; joueur invétéré et intarissable bavard,John Turturro
il est constamment sous la menace du
Daniel Sauvagermilieu qui gère les jeux clandestins. Bleek
La Saison cinématographique 90a une double liaison, avec Indigo, une
jeune universitaire, et avec Clarke, une
chanteuse débutante qui est également Critique
courtisée par Shadow, le saxophoniste de
Outre la musique interprétée par le groupel’orchestre. Bleek parvient à éviter les
de Branford Marsalis, on trouve dans ceembûches de cette situation jusqu’à ce
film de nombreuses références qui peu-qu’une succession de maladresses de sa
vent ravir les amateurs de jazz: portraits etpart pousse Indigo à rompre. Les musiciens
disques de John Coltrane (le film devaitde son groupe lui créent d’autres difficul-
primitivement porter le titre d’une de sestés, réclamant des augmentations que
plus fameuses compositions A LoveGiant est incapable d’obtenir des patrons
Supreme), nom du cabaret emprunté aude cabaret. Shadow décide de créer son
titre du livre de Charlie Mingus, clins d’œilpropre groupe, auquel il adjointClarke.
désignant certains lieux et quelquesGiant est sévèrement battu par les
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
mythes propres au jazz... L’intrigue, qui les exclut toutes les deux: il privilé- principe de la ligne brisée, de la trajec-
dans son universalité, dans sa banalité gie résolument sa carrière de trompet- toire en épingle à cheveux (la séquence
même, aurait pu se dérouler dans tiste de jazz et de leader de quintette, d’ouverture, où le héros enfant est initié
n’importe quel milieu. C’est par son ins- carrière qu’il mène avec une autorité à la musique contre son gré pour satis-
cription rigoureuse dans celui des musi- fortement teintée d’égoïsme et de vani- faire l’ambition paternelle, nous laisse
ciens de jazz et chez les Noirs de New té aveugle. La vieille amitié qui le lie à d’emblée pressentir qu’on aura affaire à
York que Spike Lee lui donne corps. En son agent, I’irresponsable et imprudem- une success story pipée, vouée à mal
cela, les préoccupations exprimées ment magouilleur Giant (joué par Spike tourner). Principe qui régit avec maes-
dans Do the righ thing trouvent ici un Lee, qui assume comme dans Do the tria le cinéma de Spike Lee, à l’instar de
prolongement: revendication de la cultu- right thing le statut de gobetween en celui d’un Scorsese.
re noire et désir de reconnaissance posture délicate) participe largement de Jacques Valot
(contrarié ici par les patrons de cabaret, cet aveuglement buté, le maudissant et La Revue du Cinéma N°452
les frères Flatbush, en juifs caricatu- l’humanisant dans le même temps.
raux). Comme dans le film précédent, Toute la force et la beauté du personna-
dont on retrouve ici beaucoup d’inter- ge de Bleek tiennent précisément à
prètes, la mise en scène, malgré une vir- cette ambivalence, qui caractérise aussi
Mood indigotuosité croissante, ne joue pas sur la le regard du cinéaste sur ses protago-
nuance. L’auteur perd une partie de son nistes: il les aime pour ce qu’ils sont,
ironie, et les stéréotypes affluent: dans avec leurs atouts aussi bien qu’avec Pour le maréchal Pétain, dont le dialo-
le montage, dans la manière de filmer leurs faiblesses, leurs failles leurs guiste était alors Emmanuel Berl, “la
les scènes d’amour, dans les excès, tares. Tous ont indéniablement "leurs terre, elle, ne ment pas”; façon de
aussi, de la démonstration visuelle. raisons “, y compris celles d’hésiter, de répondre, sans doute au Renoir/Octave
se tromper, de (se) mentir, de se perdre de La Règle du jeu (“On est à une
Daniel Sauvager (Lee filme notamment avec un rare bon- époque où tout le monde ment: les
heur les personnages en flagrant délitLa Saison cinématographique 90 prospectus des pharmaciens, les gouver-
de bluff et de mauvaise foi). nements, la radio, le cinéma, les jour-
Une fois encore, Spike Lee nous livre un naux...”). Mais les héros de Mo’Better
bel objet de cinéma. Sa mise en scène Blues sont des citadins attachés àNola darling n’en fait qu’a sa tête, le
est stylisée, constamment sensuelle, l’asphalte plus qu’à la glèbe; de telspremier film de Spike Lee, brossait le
pulsative, en un mot chorégraphique. repères leur sont malaisés. Les frèresportrait d’une jeune femme hésitant
Lee filme New York, ses rues et ses Flatbush, propriétaires du club de jazz,entre trois hommes. Mo’better blues
boîtes de jazz effervescentes comme un sont catégoriques: on ne peut fairenous conte (entre autres histoires, car le
studio géant où sa caméra ondoie avec confiance à personne. Tout le mondefilm, comme tous ceux de son auteur,
la grâce, le dynamisme et la ferveur ment, on ne peut faire confiance qu’à saest difficilement réductible à une
d’un Minnelli ou d’un Donen. Voir à cet mère de temps en temps. Les chiffres,"intrigue") les déboires sentimentaux
égard la superbe séquence de l’arrivée eux, ne mentent pas Les Flatbush sontd’un homme zigzaguant nonchalamment
des deux femmes au night-club, toutes des hommes de chiffre et de lettre, laentre deux femmes, et ne s’investissant
deux vêtues de rouge et constituant le lettre des contrats léonins par lesquelsavec aucune d’elles. L’hésitation, I’alter-
double pôle d’un brillant ballet de ils s’attachent les musiciens de jazz. Denative, I’irrésolution sont des
regards, de trajectoires et de désirs même, le saxophoniste Shadowsituations-clés dans la dramaturgie du
antagonistes. Il est vrai que depuis son explique à sa nouvelle amie que lescinéaste, gouvernée par l’idée d’une
premier film Spike Lee ne filme que hommes mentent la moitié du temps. Ilpluralité des possibles, de la diversité
cela: des personnages qui vont et vien- est clair que lui-même n’échappe pas àvoire de la collision des discours, des
nent, se croisent, se heurtent, s’attirent la règle et vit par conséquent dans ladésirs et des comportements face à une
et se repoussent. Même goût du heurt, crainte d’une autre amie qui, forte ensituation donnée. Une question lanci-
de l’entrecroisement et de la bifurcation arithmétique, tels les Flatbush, tientnante et capitale hante ses person-
dans le récit, qui zappe sans crier ,gare l’exacte comptabilité des capotesnages: quel est le bon choix, comment
de la comédie au drame, de la suavité à anglaises (French letters) de Shadow.faire the right thing ?
la violence, du film musical au polar et L’amie comptable a aussi du flair. MaisBleek, le héros de Mo’better blues,
au mélo romantique. s’aventurer sur le terrain du calcul deshésite donc entre I ‘amour de deux
Mo’ better blues illustre joliment ce probabilités et des martingales, lors-femmes. En réalité, il a fait son choix,
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
qu’on “compte” sur son seul flair, points sur les i, Bleek épèle son propre de coda, qui équilibre parfaitement
comme le personnage (nommé “Giant” nom, renvoyant Shadow à la lecture de l’économie du film, contrebalançant non
par antiphrase) qu’interprète Spike Lee, la marquise du club, ou encore invoque seulement la violence physique, mais
cela peut coûter cher, d’autant que le crûment le privilège polygyne du aussi l’exigence altière de la première
jeu hypocrite avec la lettre reprend ses mâle:”It’s a dick thing - a D - I - C K partie. Bleek, ange déchu, privé de sa
droits, les gros bras envoyés par son thing.” Autre manière de compartimen- musique, retrouve l’amour d’Indigo, lui
créancier assurant Giant que, Noirs eux- ter, de distinguer la tête, le cœu

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