Othello de Welles Orson
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Othello
F de Orson Welles
FICHE FILM
Fiche technique
Maroc - 1952 - 1h35
Réalisateur :
Orson Welles
Scénario :
Orson Welles, d’après la
pièce de
William Shakespeare
Musique :
Francesco Lavagnino et
Alberto Barberis
Interprètes :
Orson Welles
(Othello)
Suzanne Cloutier Suzanne Cloutier et Orson Welles
(Desdémone)
Résumé Critiques
Michael McLiammoir
(Iago)
L’action se passe à Venise, puis dans l’île Le dialogue qui s’est établi entre Orson
Robert Coote de Chypre. Iago, enseigne de vaisseau, Welles et Shakespeare est celui de toute
veut se venger d’Othello, nègre mercenaire une vie. Une telle relation n’est étonnante(Roderigo)
devenu général de la flotte vénitienne, qui que si l’on se place, pour l’envisager, en
Michael Laurence vient d’épouser Desdémone, fille d’un dehors du monde anglo-saxon. Pour nous,
(Cassio) sénateur de Venise, et qui a pris Cassio, un Shakespeare n’est qu’un auteur prestigieux
florentin, comme second. parmi d’autres, car nous n’imaginons sa
Pour réaliser sa vengeance, Iago se sert stature qu’en la rapportant à celle de nos
d’un noble vénitien, Roderigo, qui aime classiques. Or il n’y en a aucun qui puisse
Desdémone. se comparer à lui. Dans l’espace culturel
de langue anglaise, Shakespeare est à la
fois un auteur et un mythe, un créateur
humain et un demiurge impersonnel. Il est
une source constante de réflexions et de
perplexités, un maître à penser, une réfé-
rence formelle, linguistique et idéologique
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
- et surtout une présence écrasante, un de l’Othello shakespearien, la critique se cependant aussi artificiel, aussi lyrique,
modèle qu’affronte, de façon consciente partageant entre ceux qui soulignent la aussi indéfini que les vers de
ou tacite, toute entreprise artistique. Se stature, la noblesse et les vertus du Shakespeare.
comparer ou se mesurer à Shakespeare héros, et ceux qui voient en lui un André Bazin
est une tentation à laquelle il est diffici- homme dont la fermeté n’est que faça- Radio Cinéma, 25 mai 1952
le de résister, car son œuvre est deve- de, et qui tiennent pour essentielle
nue une sorte de norme qui stimule ou l’étude minutieuse de sa dissolution. Le
qui brise - qui autorise ou interdit la parti-pris de Welles est évident : com- Entrepris il y a trois années, interrompu,
création. (...) mençant le film là où la pièce se termi- abandonné, détruit, recommencé, ce
Alors que Macbeth fut tourné en vingt- ne, c’est-à-dire après la mort du prota- film fut une longue attente. Mais on ne
trois jours, il fallut quatre ans pour réali- goniste, il montre en une séquence saurait s’arrêter aux seules difficultés
ser Othello (1952). Le film connut de admirable l’enterrement solennel du d’argent, de l’amour et même d’un cer-
nombreuses vicissitudes, trois actrices général et de sa femme - Iago, enfermé tain désespoir. Ni aux prétendues
jouèrent Desdémone (Lea Padovani, dans une cage, étant hissé alors au sautes d’humeur du chef de l’expédition,
Betsy Blair et Suzanne Cloutier enfin) et sommet des remparts et regardant entre préoccupé surtout du feu qui couve sous
il fallut chaque fois refaire les les barreaux ses victimes. Le monde de la cendre. Enthousiasme et angoisse ne
séquences, I’équipe se dispersait et se la tragédie est essentiellement un cessent de s’affronter. Entre Venise et
reformait selon l’état de la caisse. La monde qui n’est pas, mais qui a été : et Mogador, rendez-vous hasardeux d’une
manière dont il fut réalisé et que racon- pour que la chute du héros tragique soit maigre équipe itinérante, on perd une
te Michæl MacLiammoir est symbolique brutale et éclatante, il faut qu’il tombe demi-douzaine de Desdémone. Et l’on
de la carrière même de Welles - géant de très haut, ce qui ne serait pas pos- substitue d’authentiques palais aux
actif et puissant contraint à des gestes sible si sa vertu et sa foi étaient trop décors jugés trop onéreux.
qui ne sont pas les siens, et qui pourtant minées au départ. Welles a donc élimi- Empêtré de kilomètres de pellicules,
le définissent. né les transitions, Othello se casse plu- seul maître d’une multiplicité de plans
Ce film présente un contraste saisissant tôt qu’il n’évolue, mais on peut considé- rarement atteinte, mais désireux de
avec Macbeth. Alors que là le person- rer qu’une telle vision est parfaitement retrouver le rythme d’un drame vécu
nage frôle sans cesse des éléments de shakespearienne. (...) pendant mille journées, Orson Welles a
décor qui semblent exsuder l’humidité, Richard Marienstras le courage de monter Othello sur la
une viscosité froide - des porcs se vau- Positif n° 167, mars 1975 scène de Saint-James Theater. Des
trent dans la boue à l’entrée du château ; semaines durant, il s’astreint à la tâche
des brumes traversent un labyrinthe de étrange d’être chaque soir dans son
grottes, de rochers, de catacombes On peut dire ce qu’on veut contre la intégralité le personnage dont il recrée,
entièrement artificiels - Othello présen- mise en scène de Welles, on ne saurait dans la journée les postures morcelées.
te un monde aux lumières fortement lui contester une conformité essentielle Shakespeare est sauf - mais Welles est
contrastées, nombre de scènes étant au génie du texte. Ces images baroques, sans cesse présent : cet Othello est
tournées en extérieurs (en Italie et au d’une plastique inattendue et décevante leur bien commun, un film neuf, en
Maroc), le soleil jouant sur les pierres et qui se substituent souvent à un texte avance de dix années. Le spectateur
des remparts de Mogador ou pénétrant largement coupé, je crois que n’est plus un simple témoin : il choisit sa
en barres entre les colonnes, dans des Shakespeare ne les désavouerait pas. place dans le drame et s’y intègre.
salles immenses. La caméra passe libre- Toute une longue scène se déroule par Orson Welles l’aime et l’étrangle avec
ment des murailles au ciel, du ciel aux exemple dans un bain turc, avec des une même intensité.
visages, et, dans la scène célèbre de la acteurs nus. Je crois que Welles était le Maurice Bessy
tentation, plonge dans le gouffre vertigi- seul metteur en scène au monde à pou- Cahiers du cinéma n° 12, mai 1952
neux des flots. La scène «visqueuse», voir jouer Shakespeare dans ces condi-
I’une des meilleures du film, est celle, tions sans jamais frôler le ridicule ou le
improvisée, où Iago poignarde Roderigo grotesque. Quoi qu’il en soit, Grand Prix ou pas,
dans un bain turc, la décision de tourner Ensuite une réussite de mise en scène Othello me semble une œuvre assez
là ayant été prise parce que les cos- plus précise et capitale. Celle du décor. passionnante. Avant tout autre éloge il
tumes n’étaient pas disponibles ! Le Le film est presque entièrement tourné faut reconnaître à l’adaptation de
mouvement, comme à l’accoutumée, est en décor naturel, partie à Venise, partie Welles une qualité majeure : une
extrêmement rapide, de sorte que le dans l’admirable château de Mogador. conformité profonde, à travers les plus
regard hésite parfois entre les person- Or, grâce aux angles de prises de vues folles audaces, à la poésie dramatique
nages qu’il faut suivre et les plans qu’il et au montage, Welles a recréé de de Shakespeare. Je ne pense pas qu’il y
faut regarder. toutes pièces, à partir de cette architec- ait un autre metteur en scène au monde
Le jugement porté sur le film est sou- ture réelle, un univers dramatique origi- qui pourrait sans ridicule se permettre
vent commandé par l’idée qu’on se fait nal, univers concret par sa réalité, mais de couper autant de texte dans l’original
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
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8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
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Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
et de le remplacer par du spectacle sans le soleil. Othello se déroule donc en Entretien avec le réalisateur
que l’équivalence soit inacceptable. Il plein ciel mais non point dans la nature.
est évidemment absurde de prétendre Ces murs, ces voûtes, ces couloirs,
imaginer ce que Shakespeare aurait mis, répercutent, réfléchissent, multiplient Le montage paraît (...) essentiel dans
lui, à la place de son texte s’il avait fait comme des glaces l’éloquence de la tra- vos derniers films, mais dans Citizen
des films au lieu d'écrire des trag&

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