Outreau, L Autre Vérité, réalisé par le journaliste Serge Garde
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Dix ans après le début de l'affaire Outreau, ce documentaire de 90 minutes, nous plonge dans les coulisses de cette affaire judiciaire surmédiatisée. En reprenant le déroulement des deux procès, ce film nous révèle des éléments inconnus du grand public

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Publié le 27 février 2013
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Langue Français

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Fiche 1060 20 –26 mars 2013 sore : 6 mars 2013 http:// cinemateur01.comdurée: 1h30 OUTREAU, L'AUTRE VERITE Serge Garde réalisé par le journalisteDix ans après le début de l'affaire Outreau, ce documentaire de 90 minutes, nous plonge dans les coulisses de cette affaire judiciaire surmédiatisée. En reprenant le déroulement des deux procès, ce film nous révèle des éléments inconnus du grand public. « Erreur judiciaire », ou « Fiasco judiciaire », tels sont les éléments dont la majorité des médias et ci-toyens se souviennent. Et pourtant, il est une vérité occultée de tous :ces enfants qui ont été reconnus victimes par la justice française.Qui sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils vécu ce revire-ment médiatique à leur égard, ce basculement de victime à fabulateur ? Dans ce film, la parole est donnée à des magistrats, des avocats, des experts, des ministreset lespre-mières victimes de ce drame : les enfants qui depuis ont grandi et qui sont devenus de jeunes adultes.  Affaired'un fiasco L'affaire d'Outreau (du nom de la commune du Pas-de-Calais où se sont déroulés les faits), entre 2001 et 2005, est une affaire d'abus sexuel sur mineurs. C'est l'un des plus grands fiascos judiciaires à ce jour, 13 des 17 accusés ayant été acquittés et reconnus innocents après avoir pour la plu-part passé plusieurs mois, voire plusieurs années en prison. Cela a débou-ché, en 2006, sur une enquête parlementaire, et sur une réforme de la jus-tice quant à la responsabilité des magistrats et à l'équilibre de la procédure pénale notamment.  Untravail de reporterSerge Garde qui a d'abord été enseignant avant de devenir reporter, a con-sacré trois ans à l'élaboration de ce documentaire. Au départ, il lui a fallu étudier les 30 000 pages du dossier d'instruction propre à cette affaire ! Avec ce film, le réalisateur espère"contribuer à un débat citoyen sur l’exercice de la Justice et le rôle des médias."
 Réticencedes témoinsRendre justice aux enfants Il a été très difficile pour le cinéaste Serge Garde deL'un des objectifs de ce documentaire est de rendre réunir les témoignages des différents protagonistes :justice aux enfants victimes d'Outreau, comme l'ex-"Au début, aucune des personnes contactées ne vou-plique le producteur Bernard de la Villardière : lait s’exprimer devant la caméra. (...) Finalement,"Pourquoi vouloir raconter cette histoire des années c’est le récit de Chérif Delaydes enfants vic- [l'unaprès ? Parce qu’il y a une jurisprudence d’Ou-time d'Outreau, ndlr]treau : des témoignages d’enfants abusés que l’onqui a convaincu d’autres ac-teurs et témoins du drame d’Outreau de témoigner.classe sans suite pour insuffisance de preuves. Com-(...) Il a fallu convaincre 26 personnes de témoignerbien d’enfants abandonnés à leurs agresseurs par malgré les pressions. Au-delà du récit bouleversantcrainte d’une nouvelle affaire Outreau ? Or, Ou-de Chérif et Dimitri [Delay], leur participation atreau et ses dysfonctionnements, c’est d’abord une donné au film une nouvelle tournure", révèle-t-il.injustice faite aux enfants."Chérif Delay a publié, en 2011 (en collaboration avec Serge Garde), un livre autobiographique.
ENTRETIEN AVEC SERGE GARDE
J’ai 66 ans et j’ai eu la chance d’exercer suc-Ce dogme me choquait. En tant qu’ancien en-cessivement deux métiers passionnants. J’aiseignant, je savais que des enfants pouvaient été enseignant, instituteur puis professeur de fortbien mentir, mais pas avec la sophistication collège, avant de devenir grand reporter à l’Hu-des adultes et avec la possibilité de raconter manité. J’ai mené des enquêtes et des contre-dans le détail des actes sexuels. enquêtes notamment sur les sectes et sur lesJ’ai commencé par prendre connaissance du mafias. Lorsque je me plongeais dans une en-dossier d’instruction complet. Il faisait 30 000 quête criminelle ou de dimension politico-pages. Quel est le journaliste qui a pu prendre financière, je travaillais avec des spécialistes, le temps de l’étudier en entier ? Du coup, les qu’ils soient médecins légistes, toxicologues ouavocats de la défense leur ont souvent mâché experts comptables. (…) J’ai mené mes deux le travail ! Un service lourd de conséquences. premières enquêtes pédocriminelles en 1986. Laparole de la défense, la seule à être médiati-Elles n’ont guère suscité de réactions. Mais sée,a été confondue avec la réalité du dossier lorsque j’ai révélé en France, en février 2000,d’autant que le Parquet s’est muré dans le si-l’existence d’un CD-Rom trouvé à Zandvoort enlence et que les petites victimes ne pouvaient Hollande, contenant 8 500 images pédocrimi- s’exprimerdevant les médias. L’équilibre de nelles, tous les médias en ont parlé. En 14 ans,l’information est l’une des questions soulevées on est passé sur ces questions d’un profond par le film. Alors que l’histoire judiciaire fran-silence au grand buzz, car entre temps l’affaireçaise a été marquée par de nombreux procès Dutroux a traumatisé les médias et l’opinion qui ont divisél’opinion publique, concernant publique. Outreau,le bon sens avait été anesthésié. Il n’y Un jour, Karl Zéro m’a proposé de reprendre avaitqu’une vérité. l’affaire du CD-Rom de Zandvoort pour sa sérieFinalement, c’est le récit de Chérif Delay qui a « les faits Karl Zéro », sur 13ème Rue. J’ai ac-convaincu d’autres acteurs et témoins du cepté. Mais lorsqu’il m’a proposé par la suite dedrame d’Outreau de témoigner. Entre temps, travailler sur Outreau j’ai commencé par dire Innocenceen Danger, l’ONG présidée par Ho-non. Je gardais de cette affaire, comme simplemayra Sellier, a décidé de nous aider financiè-citoyen, un grand malaise. Les adultes étaientrement via une généreuse donatrice suisse. Le présumés innocents et les enfants présumés projetprenait de l’ampleur. coupables de mensonges.Au total, la réalisation de ce film m’aura deman-Cela me choquait. Et puis, j’avais trouvé scan-dé près de trois ans de patience. Il a fallu con-daleuse l’audition du juge Burgaud devant la vaincre26 personnes de témoigner malgré les Commission d’enquête parlementaire. Il avait pressions.Au-delà du récit bouleversant de été interrogé et traité comme un délinquant, enChérif et Dimitri, leur participation a donné au direct sur les télévisions nationales, par ceux film une nouvelle tournure. Il devenait un dé-qui votaient le budget famélique de la Justice.cryptage de l’affaire, au-delà du simple recueil Le film montre à quel point ce manque dede la parole des victimes. Parmi les avocats de moyens a pesé sur le dossier. Mon refus de ladéfense, seule Me Pouille- Deldicque, l’avo-m’engager sur cette enquête venait aussi de catede Myriam Badaoui a accepté d’être inter-ma propre expérience sur les dossiers de ce viewée.Les autres, Me Berton, Dupont-Moretti, type : on ne se plonge pas dans un dossier deLejeune, Delarue, etc. ont refusé de répondre à pédocriminalité sans une certaine souffrance. mesquestions malgré plusieurs demandes (…). écrites. Au début, aucune des personnes contactées J’aiessayé de me mettre à la place de tous les ne voulait s’exprimer devant la caméra… Dix protagonistesde cette affaire, celle des enfants ans après, le traumatisme était toujours là. Ou-comme celle des avocats, celle des accusés, treau ? C’était devenu le drame d’adultes injus-celle de ceux qui recevaient également cette tement accusés et emprisonnés avant d’être histoirevia sa médiatisation. C’est une position finalement acquittés. Les victimes, c’était eux, difficile à vivre. Pour autant, je ne regrette pas les adultes! C’était devenu une sorte de « véritéd’y avoir consacré trois ans de ma vie. J’espère officielle », un tabou qui pesait depuis dix anscontribuer à un débat citoyen sur l’exercice de sur tous les tribunaux comme une « jurispru- laJustice et le rôle des médias. dence officieuse » : il ne faut pas croire les en-Propos recueillis par Sophie Wimer fants car ils mentent. La preuve par Outreau !
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