L ESPRIT FRAPPEUR
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Description

Ceci est la version 2002 concernant mon Père.
A la relecture, je me suis rendue compte de la constance de mes propos, puisqu'il y a des petites similitudes dans les deux textes, tout de même séparés par une période de 10 ans.

Informations

Publié par
Publié le 16 janvier 2013
Nombre de lectures 67
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

P a g e | 1


L’ESPRIT FRAPPEUR


Quand j'étais petite, ma mère et ma grand-mère ont eu vent par la meilleure amie
de la famille d'un fait divers qui annonçait la mort d'un certain Jackie Couchot dans un
accident routier qui avait eu lieu en Alsace-Lorraine.
Depuis ce jour sans s'être renseignées auprès des autorités concernées, il a été
décrété que ce ne pouvait être que mon père, et que par conséquent il était décédé.

En cours d'année 1986, venant en visite chez elles, toujours à la rue du Cannau je
me suis vite rendue compte que quelque chose clochait.
Ma mère était interloquée et ma grand-mère catastrophée.
J'ai vite compris la raison de ce chambardement.
Ma mère venait de recevoir une convocation un matin au commissariat principal
de police, dont les locaux par le plus grand des hasards, avaient été transférés dans ceux
de la Maternité 13 avenue du Professeur Grasset.

Jolie coïncidence, ne pensez-vous pas ?

Ayant eu moi-même peu de temps auparavant eu des convocations justifiées pour
avoir : " grillé le dur " avec le père de mon fils quelque temps avant, nous avons cru que
cette convocation me concernerait de près ou de loin, m’ont-elles dites.
Tout de même après mure réflexion, cette conclusion me paraissait bancale.

Je suis quelqu’un de très cool.
Donc, mine de rien, j'attendis avec patiente, de voir les résultats des courses une
fois qu’elle soit allée, évidement seule au rendez-vous.

Comme convenue, je vais manger chez elles le midi du fameux matin.
Déjà lors de mon entrée j'ai toute suite senti qu'il y avait anguille sous roche.
Je ne me souviens plus de la bourde à laquelle elles ont voulu me faire croire.
Je sais que j'y ai cru pendant plus au moins de temps.
Mais dans mon fond intérieur, j'avais des doutes.

Bien que les conciliabules entre-deux étaient monnaie courante, bien qu'elles
étaient plus complices qu'elles voulaient le laisser penser et le laisser croire, l'atmosphère
lourde, leurs tête-à-tête plus fréquents qu'à leur habitude, leur silence dès qu'elles
m'apercevaient, me confortaient dans la certitude, que l'on me cachait fait important.
Cette comédie dura bien une semaine.

Bien que je sois de nature curieuse, j'ai décidé de faire la politique de l'autruche,
de vaquer à mes occupations.
Comme si je me contentais de leur explication et d'ignorer leur petit manège bien
qu'à l'intérieur je bouillonnais d'impatience d'en savoir plus.

Puis un jour, au moment précis où je m'installais confortablement sur le lit pour
lire un bouquin, maman vint dans la chambre accompagnée de ma grand-mère.
J’ai vite constaté qu'elles n'étaient pas à leur aise et que les mots avaient de la
difficulté à sortir de la bouche de ma mère.

-" Voilà, ton père est incarcéré, à la prison de Reims, pour attentât à la pudeur sur
des mineurs et pour exhibitionnisme.
Et la convocation d‘il y a une semaine, devait servir à l'enquête judiciaire pour
donner des renseignements sur le passé de celui-ci ».

Le ciel me serait tombé sur la tête, cela aurait eu le même effet.
Heureusement, j'étais assise.

Après un court instant de flottement, j'ai vite reprit mes esprits.
Tout en réprimant une colère tout à fait légitime, je gardais mon calme, je P a g e | 2

m'enquérais de savoir pourquoi elles ne m'avaient rien dit de suite.

-" Parce que maman et moi n'étions pas d'accord pour te tenir au courant.
Nous pensions que cela ne te concernait pas."

Et c'est tout, ce que j'ai pu obtenir d'elles à ce sujet.
Les connaissant toutes deux jusqu’au bout des ongles, je me doute qu'il leur en
avait fallu, des discutions emprunt de désaccords et des disputes, pour en arriver enfin à
cette juste finalité.

Souvent quand j'étais petite et adolescente, pour répondre à la méchanceté des
propos blessants de ma mère au sujet de mon père, en tous points corroborés par ma
grand-mère, je menaçais maman de retrouver mon père.

Je m'étais rendue compte que mon père était considéré comme quelqu'un
d'insignifiant et concentrant dans sa personnalité tous les défauts dont moi-même j'étais
affublée.
A les en croire, tout ce que j'avais pris de mon père n'était que le côté négatif.
Elles le ressassaient inlassablement, au travers des reproches constants qu'elles me
faisaient, tellement leurs rancunes et leurs ressentiments étaient encore tenaces.

J’ai retrouvé le même schéma et les mêmes reflexes chez ma mère au sujet du Père
de mon Fils.
Elle a carrément rejeté Wilfried parce qu’il ressemblait comme 2 goutes d’eaux à
René.
Et elle ne lui a jamais pardonné de m’avoir connu.
Mais ça s’est une autre histoire à venir.

La preuve évidente que la blessure n'était pas fermée, est, que même après l'avoir
cru mort pendant plus de 20 ans, et qui plus est, étant majeure, il leurs aura fallu du
temps pour comprendre qu'elles ne pouvaient pas continuer d'imposer mon père comme
sujet tabou.

Même maintenant, lorsque je demande à maman de me parler de ce temps passé
avec mon père, elle refuse d'en parler feignant ne plus se souvenir.

Certes maman est âgée, mais pas plus que ça et personnellement je crois qu'elle
fait preuve de mauvaise foi à mon égard.
Comme elle a toujours fait lorsque j'amenais le sujet la discussion sur mon père,
me dispatchant au compte goutte le peu d'éléments d'informations qu'elle se devait par
respect pour moi et surtout par obligation de me donner.
Maman a une bonne mémoire, elle n'a pas eu une vie aussi mouvementée et
débridée que j'ai eue pour que le voile sombre de l'ignorance ne s'étende sur cette
période.

Comment ma mère peut-elle se souvenirs de faits marquants antérieurs à sa vie
commune avec mon père ?

Question de facilité et de défection face à une période douloureuse de sa vie,
qu'elle n'a pas pu digérer.
La conclusion est que ma situation personnelle étant désastreuse, je n'ai pas pu
saisir l'opportunité de joindre mon père.
Quelle malchance !

L’unique fois où ma destinée m'entrouvrait la porte interdite qui aurait pu me
permettre d'enfin connaître la partie cachée de mon être.
Ainsi que de pouvoir répondre à tant de questionnement resté sans échos depuis
des lustres.

La seule fois où j'aurais pu peut-être lever le voile du lourd mystère allant de
l'époque de ma conception et de mes premiers neufs et seuls mois de vie avec mon père P a g e | 3

me passa bien involontairement sous le nez.

J'ai bien essayé deux ans après, ma situation personnelle s'étant relativement
améliorée, de faire la démarche d'essayer une prise de contact en écrivant à la Maison
d'arrêt où se trouvait mon père.
Il m'a été gentiment répondu qu'il avait été transféré ailleurs, qu'il avait été
certainement libéré et qu'il devait depuis résider quelque part dans la région de Reims.
Cette réponse de non recevoir m'a faite réfléchir, et j'en suis arrivée à conclure
après moult et moult réflexions qu'il en était mieux ainsi.

Je me suis mise à la place de mon père qui aurait peut-être mal pris le fait qu'une
étrangère débarque comme un chien dans un jeu de quille, dans sa vie sous prétexte
qu'elle est sa fille, après tant et tant d'années d'ignorance de part et d'autre, et bouleverse
son existence, lui-même se trouvant dans une phase critique.

Comme ma mère il a tiré un trait définitif sur ce passé, cette erreur de jeunesse.
Il a refait sa vie, ailleurs.

Et puis, je me dis que si un jour nous devons nous rencontrer, si c'est écrit dans le
grand livre de la vie, vaut mieux que cela se passe dans les meilleures conditions autant
pour lui que pour moi.

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