1789, une révolution inachevée ?2
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1789, une révolution inachevée ?2

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Que Faire – Numéro 2 – novembre 2005/janvier 2006
De la lutte pour la défense du service public en 1995 à celle contre la loi de décentralisation et la casse des retraites en
2003 ; des Indigènes de la République, à la loi sur le port du voile à l’école, la République a pu paraître un enjeu des
récentes
mobilisations
sociales
et
s’est
retrouvée
au
cœur
de
nombreux
débats.
Christian Piquet, par exemple, propose dans son dernier ouvrage de reconstruire un projet politique émancipateur en
prenant pour point de départ la République « considérée non en ses formes instituées mais dans ses principes aussi
prometteurs que jamais aboutis »
1
1789, une révolution inachevée ?
2
William Vey
Fonder un projet politique qui prenne appui sur la République passe par le réexamen de son évènement
fondateur : la Révolution française. Le retour critique sur cette expérience majeure de l'histoire
révolutionnaire française est en fait une préoccupation constante des marxistes. Justification de la
politique des fronts populaires pour les staliniens, prélude de la lutte de classe moderne pour Daniel
Guérin ou encore modèle d'analyse de la montée du stalinisme en ex-URSS pour Trotsky, l'interprétation
même de la Révolution française aura toujours été un enjeu. Chaque période de polarisation de la lutte de
classe aura vu son analyse de la Révolution française pourrait-on dire
3
.
L'objectif de cet article est de décrire la dynamique révolutionnaire qui commence en 1789, pour pouvoir
discuter plus généralement des enseignements que nous pouvons en tirer aujourd'hui.
«L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de luttes de
classes.»
4
Le développement de l'économie française en 1789 est relativement semblable à celui de ses homologues
européens. Le commerce a augmenté de 400 % pendant les 60 années précédant la révolution et les productions de fer
et de charbon ont elles, respectivement augmenté de 300 et 700 %
5
. C'est à dire que « la France d'alors se caractérise
par la présence contradictoire d'éléments capitalistes en expansion dans un pays essentiellement agricole et aux
structures féodales (...)»
6
. Cette expansion ne se fait pas dans le vide mais en transformant qualitativement les relations
sociales préexistantes : de nouvelles façons de vivre apparaissent, ainsi que de nouvelles classes sociales. Aussi la
stabilité des institutions de l’Ancien Régime était-elle largement érodée de l’intérieur avant même la Révolution.
Les conséquences politiques et sociales de ces transformations économiques sont très bien perçues, 50 ans avant
Marx, par Barnave, représentant de la nouvelle bourgeoisie industrielle : « Dès que les arts et le commerce parviennent
à pénétrer dans le peuple et créent un nouveau moyen de richesse au secours de la classe laborieuse, il se prépare une
révolution dans les lois politiques ; une nouvelle distribution de la richesse prépare une nouvelle distribution du pouvoir.
De même que la possession des terres a élevé l’aristocratie, la propriété industrielle élève le pouvoir du peuple ; il
acquiert sa liberté... »
7
.
Par contre la société française d’Ancien Régime est toujours divisée en trois ordres : noblesse, clergé et tiers-état.
Le tiers-état est de loin l’ordre le plus nombreux et le plus hétérogène. Il englobe 99 % de la population en regroupant
depuis les grands bourgeois investis dans l’industrie, le commerce et la finance jusqu’aux journaliers, ouvriers agricoles,
paysans pauvres et petits artisans. Or seul le tiers-état paye des impôts et dans son écrasante majorité il n’a aucun
accès aux structures politiques existantes (Etat et armée notamment).
1
Christian Piquet,
La République dans la tourmente
, Syllepse, 2003, 4
e
de couverture.
2
La périodisation des évènements s'appui sur la lecture de Paul McGarr,
The Great French Revolution
, in : Marxism and The Great
French Revolution, International Socialism, 1993, pp. 124-127. Quant au titre, il fait référence à la thèse, selon nous discutable,
défendu par Christian Piquet dans son dernier ouvrage, notamment Chapitre 1 : De nouveau... le République, pp. 7-26 et le
Chapitre 5 : Changer de République, surtout les pages 137-141.
3
Voir le topo d'Alain Massalski lors du cycle sur la Révolution française à l'université d'été de la LCR en août 2005.
4
Karl Marx, Friedrich Engels,
Manifeste du Parti communiste
, Librio, 1998, p. 26
5
Paul McGarr, The French Revolution : Marxism versus revisionism, International Socialism Journal n°80, septembre 1998, disponible
sur :
http://pubs.socialistreviewindex.org.uk/isj80/france.htm
6
Jean-Marc Schiappa,
La Révolution française
, Librio, 2005, p.8.
7
Cité dans Albert Soboul, La Révolution française, PUF, 1965, p.9.
1
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