Mise en page 1 - Théâtre du loup
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Description

  • cours magistral
  • exposé
Du 5 au 7 mai 2011 Dossier de presse L'aventureestmortede Georges Simenon Adaptation et composition Philippe KollerNarration Thierry Jorandavec l'ensemble Strings&Wood
  • lien avec le sentiment de l'aven-ture
  • reste d'uneœuvre beau-coup
  • beaux arbres
  • ecole de jazz
  • aventure
  • aventures
  • foyer du théâtre vernissage
  • enseigne au conservatoire de musique de neuchâtel
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  • théâtre
  • théâtres

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Langue Français

Extrait

L’aventure est morte de Georges Simenon
Adaptation et composition Philippe Koller Narration Thierry Jorand avec l’ensemble Strings&Wood Du 5 au 7 mai 2011
Dossier de presse
L’aventure est morte
de Georges Simenon
Adaptation et musique dePhilippe Koller NarrationThierry Jorand
Ensemble musical Strings&Wood Nathalie Saudan & Philippe Koller, violons Philippe Ehinger, clarinettes Pierre-François Massy, contrebasse Sylvain Fournier, batterie & percussions
Dans le foyer du théâtre Exposition des œuvres d'Alain Monnier
Au Théâtre du Loup 10 chemin de la Gravière, les Acacias, Genève Les 5, 6 et 7 mai 2011 à 20h30 durée du spectacle 1h30 réservations 022 301 31 00
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Conférence de M. Georges Simenon Salle Pleyel, Paris, novembre 1938
En septembre 1938, les accords de Munich apportent à l’Europe, en proie à la peur, l’illusion que la guerre s’éloigne sans que les personnages de Simenon aient partagé l’une et l’autre. Il s’en explique deux mois plus tard dans la conférence prononcée à la salle Pleyel sous la présidence de Paul Hazard, membre de l’Académie française, pro-fesseur en Sorbonne et spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle. Le roman, dit-il en substance, c’est l’aventure de l’homme. Celle qu’il rêve ? Ou celle qu’il vit ?
Francis Lacassin, préface au recueil « Portrait-souvenir de Balzac » Christian Bourgois, 1991
Le terme de « conférence » ne doit pas rebuter, s’agissant de Simenon, car à l’instar de son fameux commissaire divisionnaire Jules-Amédée-François, étant homme d’intuition avant que d’être homme de raison, il n’a rien d’un théoricien de la littérature. En forçant le trait, on pourrait presque parler de surréalisme puisqu’il érige quasiment l’intuition, la force créatrice de l’inconscient, en méthode de travail : Pendant l’écriture du livre, il s’agit que j’écrive aussi rapidement que possible en y pensant le moins possible, de façon à laisser travailler au maximum l’inconscient. Au fond, un roman que j’écrirais consciemment serait probablement très mauvais (entre-tien in Médecine & Hygiène, juin 1968). L’écriture paraissant en outre constituer un moyen plutôt qu’une fin - J’ai toujours voulu écrire (…) mais, pour moi, c’était presque une recherche de moi-même -, on comprendra que Simenon conférencier ne va certainement pas don-ner à son exposé la tournure d’un cours magistral.
En 1938, il a trente-cinq ans et aligne sous patronyme trente-deux titres chez Fayard, vingt-six chez Gallimard, et plus de cent soixante-dix romans « populaires » sous des pseudonymes divers. Aussi lorsqu’on l’invite à prendre la parole à la salle Pleyel, va-t-il le faire à sa manière déjà bien rodée de romancier, qui n’est pas celle d’un lit-térateur : sa « conférence en forme de bavardage », comme il le pré-cise, est en effet une narration charpentée, sous l’apparente désinvol-ture de la causerie, comme un véritable récit de voyage, ou plutôt : un récit sur le voyage.
Car pour l’auteur liégeois, qui est à l’évidence de cette lignée d’écrivains-voyageurs dont l’origine remonte au moins à Hérodote, la notion d’aventure - thème de la conférence – est indissolublement liée à celle de voyage. Encore doit-il au préalable dissiper quelques malen-tendus, vu les turbulences du temps, en justifiant son apparente indif-férence à l’Histoire, lui qui fait pourtant profession de raconter des histoires : La mappemonde est en train d’accoucher de l’histoire. Et toi, insecte aveugle, sublime crétin, tu convies les hommes à lire tes
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petites histoires d’autres hommes, d’hommes de tous les jours, de tous les temps, d’hommes qui vont et viennent avec leurs senti-mentsmédiocres et leurs espoirs mesquins, comme s’ils ne partici-paient pas, de gré ou de force, à la plus prodigieuse des aventures. (…) Je me suis remonté en me persuadant que l’homme ne vit pas l’Histoire avec une majuscule, mais vit des histoires tout court. Ceci établi, il va pouvoir en venir à son propos et poser l’un après l’autre, sans avoir l’air d’y toucher, les jalons qui structurent son récit : l’aventure rêvée (Voulez-vous que je vous confie à quel moment j’ai vraiment connu le parfum de l’exotisme et le charme de l’aventure ? (…) Il y a déjà des années de ça, plus de dix ! A cette époque, j’écrivais des douzaines et des douzaines de ces romans aux couver-tures bariolées qui font la joie de la jeunesse. (…) Jamais je n’ai connu, comme en les écrivant, l’ivresse de l’aventure) ; l’aventure confrontée au choc du réel (J’avais encore la foi ! Jusqu’au moment de prendre place à bord du bateau qui allait m’emmener au Caire. (…) Je venais d’entrer de plain-pied dans la réalité ! Après avoir façonné l’univers à ma fantaisie, j’allais l’arpenter à coups d’indicateurs, de tarifs, de règlements de douane, de passeports et de pourboires) ; le dégoût de l’aventure et, très vite pourtant, sa nostalgie (N’empêche qu’il vaut mieux [quelques semaines après le retour d’un voyage éprouvant], si l’on tient à garder sa quiétude, ne pas prononcer, même tout bas, les mots : baobab, bananier, cocotier…).
Avec cette incroyable économie de moyens qui lui est propre(1), c’est donc à un véritable voyage que Simenon convie son auditoire, égratignant au passage le système colonial (Des colonies ! Donc des colons ! Des fonctionnaires qui sont venus administrer et qu’on appelle d’ailleurs des administrateurs ! (…) C’est tout ! Vous ne pou-vez décemment pas espérer que ces gens-là vont vivre dans des huttes poétiques, se vêtir de fleurs de tiaré et jouer toute la sainte journée du tam-tam ou de l'ukulélé !), poussant la digression sur la puissance d’évocation du langage, en lien avec le sentiment de l’aven-ture (Débarquez-vous dans telle île ? Si on ne vous le dit pas, vous ignorerez que les arbres magnifiques du quai s’appellent des flamboy-ants. Vous penserez seulement que ce sont de beaux arbres et vous vous habituerez aussitôt), pour finir sur l’opposition entre vie rêvée et vie vécue (Quand je saurai à quelle ligne précise ma vie aboutit, l’aventure déjà amputée de sa majuscule perdra tout à fait son nom. Elle s’appellera le Destin ! C’est moins gai que le rêve, certes, moins coloré, moins grisant, car le destin, c’est déjà du passé).
(1)Les résonances de chaque mot sont différentes selon les lecteurs. Alors mieux vaut employer le moins de mots possible et surtout le moins possible de mots abstraits. Dès le début je me suis astreint à écrire, autant que faire se peut, avec des mots concrets. C’est sans doute pour cela que mes livres sont traduits dans près d’une centaine de langues. Entretien avec Francis Lacassin inLe magazine littéraire, 1975
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Narratif et concertant Une conférence étant nécessairement adressée, ce texte se prête de fait idéalement à une mise en lecture dont la particularité, ici, réside en ceci qu’un orchestre de cinq musiciens (deux violons, clarinette, contrebasse et percus-sions) prend le relais de la scénographie. Car c’est exactement de ça qu’il s’agit : loin de se réduire à quelques interludes venant ponctuer le récit, la musique, comme une scénographie sonore, habille le texte, parfois le pro-longe ou au contraire l’anticipe, lorsqu’elle ne le commente pas en parallèle. Illustrative lorsqu’elle se fait l’écho de mélodies qu’il m’a plu d’entendre entre les lignes, cependant elle évite autant que possible de se poser en fond sonore, développant son contrepoint de manière autonome, « concertante », même si elle s’articule sur le fil rouge du récit. En somme j’ai voulu raconter à deux voix la même histoire, susciter un dialogue où les mots et les sons parfois se complètent, parfois se heurtent, parfois encore se retirent les uns aux profits des autres, le temps d’un déploiement strictement théâtral ou musical.
Quant à la matière musicale proposée, on dira qu’elle est en soi une invita-tion au voyage puisqu’elle puise à différents genres et traditions. Lorgnant du côté des B.O. de films noirs lorsqu’il s’agit de rendre la fameuse « atmosphère » simenonienne, pour autant elle n’hésite pas à s’aventurer, au détour d’une phrase, du côté de Cuba ou d’Appenzell, à se laisser emmener par une ligne de basse jazz, par une progression harmonique baroque, ou encore à s’en-gouffrer dans le groove trépidant d’une rythmique balkanique.
Pour le dire simplement : ce spectacle est à la fois une narration et un con-cert, où le comédien et les musiciens, en interaction et à parts égales, met-tent au service du récit leurs modes d’expression spécifiques. Philippe Koller
Thierry Jorand
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Simenon,
éléments
biographiques
Georges Joseph Christian Simenon(Liège 1903 - Lausanne 1989) est un romancier d'une fécondité exceptionnelle. L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beau-coup plus riche. On lui doit en effet 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom, ainsi que 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes. Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Georges Simenon est, selon l'Annuaire Statistique de l'UNESCO de 1989, le dix-huitième auteur toutes nationalités confondues, le quatrième auteur de langue française, et l'auteur belge le plus traduit dans le monde. Il a été choisi comme un des « Cent Wallons du siècle », par l'Institut Jules Destrée, en 1995. André Gide, André Thérive et Robert Brasillach sont parmi les premiers hommes de lettres à le reconnaître comme un grand écrivain. André Gide, fasciné par la créa-tivité de Georges Simenon qu'il avait souhaité rencontrer dès son succès policier, le questionna à maintes reprises, échangea une correspondance quasi-hebdomadaire pour poursuivre les méandres créatifs de cet écrivain populaire, et prit la sur-prenante manie d'annoter en marge tous ces romans pour conclure en 1941 : Simenon est un romancier de génie et le plus vraiment romancier que nous ayons dans notre littérature d'aujourd'hui. Menant une enquête encore plus intense, mais plus courte en convoquant l'auteur à Darmstadt pour trois jours et nuits de ques-tions ininterrompues, le philosophe allemand Hermann von Keyserling déclarait péremptoirement : C'est un imbécile de génie. Georges Simenon décède à Lausanne à l'âge de quatre-vingt-six ans.
Sources Wikipédia
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THIERRY JORAND, comédien Diplomé de l’Ecole supérieure d’art dramatique. Nombreux spectacles de théâtre, notamment avec les metteurs en scène Hervé Loichemol, André Steiger, Philippe Menta, Martine Paschoud, Frédéric Polier, Valentin Rossier, Anne Bisang, Brigitte Jacques, Raoul Pastor, Françoise Courvoisier, Michel Grobéty, la Compagnie Voeffray-Vouilloz ou encore le Théâtre du Loup, parmi d’autres. A tourné au cinéma et à la télévision avec Francis Reusser, Alain Tanner, Claude Champion, Nicolas Wadimov, Patricia Plattner, Nicole Borgeat, Claudio Tonetti, Pierre-Antoine Hiroz, Laurent Deshusses, Xavier Ruiz, etc.
NATHALIE SAUDAN, violon Etudes aux Conservatoires de Musique de Genève & Bienne. Diplôme postgrade en musique baroque avec F. Malgoire, 2005. Enseigne au Conservatoire de Musique de Neuchâtel et dans le secondaire (Ecole de Culture Générale). A travaillé à la Haute Ecole de Musique de Berne (responsable perform-ance & interprétation, 2006-2008). Participe ou a participé à des formations se dédiant au répertoire classique & romantique ( Quintette Opus 23, qu’elle a créé), baroque (Le Papillon du Parnasse, Côté Cour Côté Jardin avec le flûtiste F. Mutzenberg), électro-acoustique (Quatuor 3+1, avec notamment N. Sordet). Longue collaboration avec le pianiste Michel Wintsch (duo Stalker Blue) & l’accordéoniste Christophe Dufaux (CD « Quartier Cinq »). Signe également la musique de plusieurs pièces de théâtre, à la Comédie de Genève, Am Stram Gram, Théâtre de l’Orangerie, etc.
PHILIPPE KOLLER, violon Etudes partielles au Conservatoire Populaire de Musique de Genève. Ateliers d’improvisation de l’AMR. Enseigne le violon jazz au CPM Genève. Compose et arrange pour le théâtre, notamment avec les metteurs en scène Eric Jeanmonod, Bernard Meister, Dominique Catton, Pierre Dubey, Michel Rossy, Frédéric Polier, etc.. Incursion dans la chanson (prix SUISA au Concours International de la chanson francophone L’air du temps de la RTBF en 95). A l’origine de plusieurs formations dont le septette électrique Aujourd’hui Madame (B. Trontin, J.-L. Riesen, Ch. Graf, Y. Massy, Ch. Berthet, Ph. Ehinger), ou plus récemment BKMF Quartet, avec le pianiste Michel Bastet. C’est à l’occasion d’une carte blanche octroyée par l’AMR à l’automne 2008, qu’il créé l’ensemble Strings&Wood.
PHILIPPE EHINGER, clarinettes Prix de virtuosité au Conservatoire de Musique de Genève, 1984. Postgrade certificate au Royal College of Music de Londres, 1986. Enseigne au CMG. Compose et arrange pour le théâtre, notam-ment avec les metteurs en scène Bernard Meister, Guillaume Chenevière, Claude Vuillemin, Eric Jeanmonod. A collaboré avec Hélène Labarrière, Corin Curschellas, Jacques Demierre, François Lindemann, Michel Wintsch, Olivier Rogg, Jacques Siron, Bernard Trontin, Ohad Talmor ou encore Béatrice Graf, parmi d’autres. Joue actuellement avec Gotan Jazz (jazz & tango avec Stefano Saccon), Valentine Mercier Quintet (tango & compositions originales), Fred, Gloria & les autres (musique improvisée), Sarah Marcuse (chanson)…
PIERRE-FRANÇOIS MASSY, contrebasse Etudes au Conservatoire de Musique de Lausanne. Enseigne à l’Ecole de Jazz et Musiques Actuelles de Lausanne. Côté classique, contrebasse solo de l’Orchestre de Chambre de Genève. S’est produit également avec l’OSR, l’Orchestre de Chambre, le Sinfonietta et l’Ensemble Vocal de Lausanne, ainsi qu’avec l’Ensemble Contrechamps. Versant jazz, il s’est produit notamment avec Daniel Humair, Glenn Ferris, Greg Osby, Art Lande, Vincent Courtois, Franco Ambrosetti, Gabriele Mirabassi, Pierre Favre, Michel Godard, Wolfgang Puschnig, Jacques Demierre, François Lindemann, Michel Bastet, Michel Wintsch, etc.
SYLVAIN FOURNIER, batterie & percussions Autodidacte et éclectique, il joue ou a joué avec Les Biscômes (chanson), L’Authentique Duo N’importe Quoi (avec Koko Taylor, concerts en Suisse, Jordanie, France & Japon), Nabila Schwab (musique des Balkans), Skaros (avec Gilles Torrent, musiques de Grèce et d’Albanie), Libertango y Maria de La Paz (tango), Henri Dès (chansons enfantines – env. 200 concerts dont une vingtaine à l’Olympia, Opéra Garnier, tournées Zénith, etc.), Le Grupetto, BKMF Quartet ou encore Poupin Trio (jazz), Marina Pittau (musiques de Sardaigne), la Fanfareduloup Orchestra, etc. Nombreuses collab-orations théâtrales, avec le Théâtre Spirale, les Montreurs d’Images, la Fanfare du Loup & Jacques Probst, ou encore Las Decimas (Michele Millner chante Violetta Parra, 2005-2009).
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Exposition des œuvres d'Alain Monnier Dans le foyer du théâtre
Vernissage le jeudi 5 mai à 18h Pour visiter l’exposition : vendredi 6 mai de 19h00 à 20h30 samedi 7 mai de 15h à 20h30
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A bord d'une embarcation voilée, l'explorateur Alain Monnier et son saxophone dérivent. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la dérive était de courte durée… C'était en 1992, dans la rade de Genève, à l'occasion du spectacleViva la Musicacréé par le Théâtre du Loup et l'AMR, qui à leur manière, célébraient les 700 ans de la Confédération Helvétique. Mais revenons à notre protagoniste…
Voyageur assidu, ethnologue, brillant historien des religions orales, chroniqueur et musicien important dans le champ du free-jazz à Genève, Alain Monnier nous a quit-té au printemps 2009. Il laisse derrière lui une œuvre visuelle surprenante et forte sur le plan narratif, mais méconnue. Sa place n'est pas au fond des cartons. Ainsi, en marge du spectacle l'Aventure est morteet en collaboration avec Isabelle Anex-Monnier, Le Loup a souhaité monter une exposition posthume, afin de révéler au public l'esprit singulier de Monnier. Images détournées, montages surréalistes, col-lages, découpages et assemblages en forme de rébus révèlent alors la posture anti-cléricale et antihéroïque de notre héros à nous. Tant par sa vision du monde que par ses préoccupations, Alain Monnier fait écho aux problématiques et aux question-nements de Georges Simenon, à propos de l'aventure et du voyage. Philippe Koller lui-même, ne nous dira pas le contraire…
La
dernière
aventure
de
l'Ex-père Monnier par Philippe Koller
Je revois Alain nous accueillant en haut des escaliers, dans le hall des Délices, toqué de blanc et sanglé d’un immaculé tablier de cuisinier. Et j’en-tends encore, un peu plus tard, l’exclamation de ma compagne lorsque, plongeant une louche dans l’impressionnante marmite qu’il venait de poser sur la table, il en extirpa un poulpe bouilli ruisselant de tentacules !
Bien que d’une discrète urbanité, en dépit de sa prodigieuse érudition, Alain avait pourtant le sens de la mise en scène et de la théâtralité ! A ce titre déjà, le foyer d’un théâtre me semble se prêter idéalement à une exposition consacrée à ses objets et collages.
Pour autant, je ne crois pas qu’Alain appréciait particulièrement Simenon, contrairement à cet autre Belge illustre, en l’occurrence Hergé : à ce point qu’il avait adopté de fort longue date, me semble-t-il, la dégaine caractéris-tique du professeur Hippolyte Bergamotte, l’une des savantes victimes de la malédiction de Rascar Capac !
Voyageur intrépide, quêteur de mythes en Amazonie et Nouvelle-Guinée, dans le Gran Chaco argentin, sur l’Ile de Pâques ou en Papouasie, il n’aurait peut-être pas désavoué, cependant, le récit de Simenon, qui est une manière de Tintin au Congo – un Tintin autrement critique toutefois que celui d’Hergé, en 1938 déjà, et notamment sur la question coloniale.
De toute manière l’affaire était entendue lorsque sa veuve Isabelle, d’en-tente avec l’équipe du Loup, m’appela pour solliciter mon accord : d’abord par amitié, ensuite pour les raisons que je viens d’évoquer. Et s’il n’est pas nécessaire d’établir à tout prix d’autres correspondances, cependant Isabelle me faisait observer à juste titre que le titre même de mon spectacle se pro-longerait, en la circonstance, d’une singulière résonance…
Quoi qu’il en soit, et pour ne pas conclure sur une note trop mélancolique, je suis en tout cas très heureux, et même flatté, que l’occasion de notre pas-sage au Loup offre aussi l’opportunité de rappeler le lumineux souvenir de notre cher ami Alain Monnier.
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