Pierre Buteau 157 CHAPITRE VI MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS 158 Livre blanc du gouvernement de transition Pierre Buteau 159 MESSAGE DU MINISTRE En prenant investiture le 19 mars 2004, j’avais précisé dans mon discours de circonstance que mon action à la tête du ministère serait conforme aux principes civiques et moraux ayant guidé jusqu’ici ma vie. Et j’ajoutais que je voulais être un véritable serviteur de l’État. Au terme de près de deux années à la tête du MENJS, je pense avoir fait le maximum pour respecter mes idéaux. Certes, la tâche n’a pas été facile. Elle a été même compliquée par les turbulences politiques et de nombreuses incompréhensions. Mais, mes convictions profondes et l’appui de mes collaborateurs m’ont aidé à traverser des périodes extrêmement difficiles, et à remplir la mission qui m’a été confiée en servant la collectivité, plus précisément la gente scolaire, au mieux de ...
CHAPITRE VI MINISTÈRE DE LÉDUCATION NATIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
Pierre Buteau 159 MESSAGE DU MINISTRE En prenant investiture le 19 mars 2004, javais précisé dans mon discours de circonstance que mon action à la tête du ministère serait conforme aux principes civiques et moraux ayant guidé jusquici ma vie. Et jajoutais que je voulais être un véritable serviteur de lÉtat. Au terme de près de deux années à la tête du MENJS, je pense avoir fait le maximum pour respecter mes idéaux. Certes, la tâche na pas été facile. Elle a été même compliquée par les turbulences politiques et de nombreuses incompréhensions. Mais, mes convictions profondes et lappui de mes collaborateurs mont aidé à traverser des périodes extrêmement difficiles, et à remplir la mission qui ma été confiée en servant la collectivité, plus précisément la gente scolaire, au mieux de ses intérêts. Jai vu limmensité de la tâche à accomplir afin de parvenir à cette administration moderne où lon comprend le vrai sens du service public. Jai appris à mieux interpréter le sens du terme «Protéger les intérêts de lÉtat» avec les exigences qui simposent. Jai pu aussi apprécier les compétences et le souci du travail bien fait chez nombre dhommes et de femmes quon retrouve dans l administration haïtienne malgré ses faiblesses. Le Plan national déducation et de formation (PNEF) qui ma servi de guide dans mes actions, a permis la consolidation de certains acquis. Je me réjouis davoir pu notamment mettre en uvre lÉcole Fondamentale dApplication Et Centre dAppui Pédagogique (EFACAP). Cette école de référence, est prévue par le PNEF pour lamélioration de la qualité de léducation. Il en est de même du programme de formation des personnels de lenseignement fondamental qui a été aussi lancé, avec lappui de nos partenaires, et qui offre un cadre référentiel de base pour la formation des maîtres. Ces deux actions majeures représentent une étape-clé dans la recherche de la qualité de léducation, prônée par le MENJS et le cadre daction de Dakar. Je déplore cependant le fait que le programme déducation pour tous na pu progresser, faute de ressources. Malgré des efforts importants, les zones rurales particulièrement, nont pas pu bénéficier de tout le soutien quelles méritent. Le combat pour laccès à léducation doit donc se poursuivre. Il est quand même réconfortant quon ait pu finaliser la stratégie nationale déducation pour tous qui donne les pistes à suivre pour y parvenir. Par ailleurs, de grands dossiers entamés tels que limplantation du nouveau secondaire qui implique un réaménagement des examens dÉtat en fonction des orientations prévues par le PNEF, doivent malheureusement attendre dêtre finalisés. Mon autre regret est de navoir pas pu résoudre une fois pour toute la problématique des arriérés de salaires, car la limitation des ressources na pas permis de normaliser la situation, sans oublier les nombreuses écoles qui fonctionnent encore avec un personnel insuffisant. Or, ce problème constitue une véritable épine pour le MENJS qui devrait bénéficier dun budget beaucoup plus important pour le résoudre. A un autre niveau, le succès de notre campagne déducation des jeunes pour la lutte contre les IST et le VIH-SIDA à travers lUnité santé, nutrition et éducation figure dans la ligne des actions réussies qui apportent lespoir et donnent un sens à nos engagements. Il en est de même de la grande relance du
Pierre Buteau 161 HISTORIQUE DIAGNOSTIC DE DÉPART A lentrée en fonction du gouvernement, le 18 mars 2004, plusieurs problèmes majeurs affectaient le bon fonctionnement du système éducatif. A lanalyse des principaux facteurs de blocage des institutions éducatives, à ce moment-là, il était aisé de constater que les problèmes étaient dordre conjoncturel et structurel, à la fois. A- LES PROBLÈMES CONJONCTURELS Au moins cinq (5) problèmes majeurs liés à la conjoncture ont été identifiés par ladministration du ministère: 1. La paralysie de lécole : La plupart des établissements scolaires, surtout ceux de Port-au-Prince, qui avaient fermé leurs portes après les événements du 5 décembre 2003, navaient toujours pas repris leurs activités. Les parents hésitaient à envoyer leurs enfants à lécole, inquiets pour la sécurité de leurs enfants, lorsque la décision ne venait pas directement des chefs détablissements scolaires indécis. De plus, avec laugmentation du coût de la vie, certains ménages ont été obligés de garder leurs enfants à la maison, aggravant ainsi la déperdition scolaire; 2. Les conflits internes bloquant les activités des DDE : Les activités de plusieurs directions départementales déducation étaient considérablement affectées par des conflits individuels dordre politique et/ou administratif. Leur mission en tant que service public nétait pas convenablement accomplie quand elle nétait pas tout simplement négligée; 3. La collaboration inexistante entre le MENJS et les syndicats : Les pratiques dexclusion des décideurs dalors envers les syndicats et ladoption dune attitude dhostilité envers le MENJS par ces derniers, compte tenu de leur prise de position politique antérieure face à lancien régime, ont entraîné une véritable cassure dans la courroie de communication qui existait entre le MENJS et ces syndicats. Le partenariat dont on parlait tant nétait que théorique et navait aucune substance réelle dans la pratique. Or, les problèmes de taille auxquels se trouve confronté le secteur, nécessitaient lapport de tous les acteurs, directs et indirects; 4. Le blocage de certains projets : La situation politique, complètement détériorée au cours du mois de janvier 2004, entraîna le déplacement de certaines missions onusiennes et de responsables de projets, de sorte que les deux projets majeurs qui devaient consacrer lapplication du PNEF, savoir le Projet déducation de base (PEB) et le Programme dappui au renforcement de la qualité de lÉducation (PARQE), se trouvèrent pratiquement bloqués. Aucune mission de terrain ne pouvant seffectuer, labsence de décisions administratives clés rendait ces projets non opérationnels, à larrivée du nouveau gouvernement; 5. Un ministère affaibli et démotivé : Le conflit entre les plus hautes instances dirigeantes du ministère a contribué à affaiblir les structures de coordination et de contrôle des activités. Livrées à elles-mêmes ou opérant dans une certaine anarchie, les directions techniques observaient le « wait and see » et sombraient dans la léthargie, en faisant les frais de ce conflit larvé qui a également affecté limage du ministère,