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UNIVERSITE DE NANCY II LA DEMOCRATIE ET LES REALITES ETHNIQUES AU CONGO Thèse de Sciences Politiques soutenue Par Xavier Bienvenu KITSIMBOU Sous la direction de Monsieur François Borella, professeur émérite Le 26 octobre 2001 à Nancy Membres du Jury François BORELLA, Professeur Emérite des Université Etienne CRIQUI, Professeur des Universités Michel BOURGI, Maître de Conférence Auguste MAMPOUYA, Professeur des Universités 1 RESUME Depuis l’accession du Congo à l’indépendance en 1960, la question ethnique a toujours été au centre de toutes les mutations qui se sont opérées aussi bien sur le plan politique que sur le plan social. Déjà en 1959 alors que le pays était encore sous contrôle de la puissance coloniale, de violents affrontements opposèrent les ressortissants de la région du Pool à ceux des régions du nord. Ce conflit qui fît de nombreuses victimes posa les bases de l’institutionnalisation d’un parti unique en 1964. A cette époque, le parti unique était présenté comme le symbole de l’unité nationale. En 1990, la vague de démocratisation qui secoue une grande partie des pays de l’Afrique noire francophone n’épargne pas le Congo qui, dès 1991, redéfinit son système politique en optant pour le pluralisme politique. Durant toute cette période, le Congo s’est inscrit dans un cycle de violence entre les différentes composantes de sa population. Aussi dans cette réflexion, nous tenterons : ...

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UNIVERSITE DE NANCY II










LA DEMOCRATIE ET LES REALITES
ETHNIQUES AU CONGO




Thèse de Sciences Politiques soutenue
Par
Xavier Bienvenu KITSIMBOU


Sous la direction de Monsieur François Borella, professeur émérite

Le 26 octobre 2001 à Nancy


Membres du Jury
François BORELLA, Professeur Emérite des Université
Etienne CRIQUI, Professeur des Universités
Michel BOURGI, Maître de Conférence
Auguste MAMPOUYA, Professeur des Universités


1


RESUME

Depuis l’accession du Congo à l’indépendance en 1960, la question ethnique a toujours été au
centre de toutes les mutations qui se sont opérées aussi bien sur le plan politique que sur le plan
social.
Déjà en 1959 alors que le pays était encore sous contrôle de la puissance coloniale, de violents
affrontements opposèrent les ressortissants de la région du Pool à ceux des régions du nord. Ce conflit
qui fît de nombreuses victimes posa les bases de l’institutionnalisation d’un parti unique en 1964. A
cette époque, le parti unique était présenté comme le symbole de l’unité nationale.
En 1990, la vague de démocratisation qui secoue une grande partie des pays de l’Afrique noire
francophone n’épargne pas le Congo qui, dès 1991, redéfinit son système politique en optant pour le
pluralisme politique. Durant toute cette période, le Congo s’est inscrit dans un cycle de violence entre
les différentes composantes de sa population. Aussi dans cette réflexion, nous tenterons :
-de faire une analyse sur l’impact de la réalité ethnique dans la vie politique en général et sur
le processus de démocratisation en particulier ;
-de mettre en lumière à travers des exemples, les conséquences de cette réalité sur le plan de la
cohabitation interethnique ;
-et enfin d’analyser l’ensemble des mesures politiques et institutionnelles prises pour la
résolution de cette question.
Le processus de démocratisation engagé avait –au- delà des considérations purement
politiques- pour but principal de jeter les bases d’une authenticité historique en reconnaissant les
particularismes et la diversité socioculturelle des communautés ethniques d’une part et en
reconsidérant la « Nation congolaise » non pas comme une juxtaposition conflictuelle des ethnies mais
comme un ensemble homogène dont les composantes s’enrichissent de leurs différences d’autre part.
Moins d’une décennie après son instauration, les flambées de violence qui suivirent sa mise en
place posaient la problématique du type de système politique qui convenait le mieux dans cette société
pluriethnique. La remise en cause en fin de compte des attributs de cette démocratie et la reprise du
processus démocratique ont mis en lumière l’inadéquation structurelle d’un système avec les réalités
locales et l’incapacité du facteur humain (l’homme politique) à s’inscrire aux changements.

TERMES CLES
Réalités ethniques, Pratique du pouvoir, Démocratie, Multipartisme, parti unique, pouvoir, conflit
interethnique.

2













INTRODUCTION


























3I – GENERALITES
Depuis les années 1960, la question ethnique est au centre de la problématique des conflits qui
secouent le continent africain, la cause de l’échec des Etats – Nations en afrique. Mais cette question
aussi sensible soit-elle, n’est pas une exclusivité africaine. En effet, l’humanité entière a encore en
mémoire toute la conflictualité contemporaine qui a généré à travers le monde des expressions telles
que la purification ethnique, le nettoyage ethnique, l’homogénéité ethnique au point que toute
conflictualité est désormais interprétée en termes ethniques, régionalistes et même tribalistes.
Ainsi, doit-on conclure que l’hétérogénéité ethnique rime avec conflictualité ?
Que la différence ethnique aboutirait-t-elle immanquablement au conflit ethnique ?
Que par nature l’homme manifeste-t-il des attitudes inhumaines lorsqu’il est confronté à une
trop grande difficulté ?
En fait l’approche du phénomène ethnique est très complexe en ce sens qu’elle est souvent
dénaturée du fait des confusions qu’en font les chercheurs.
Complexe aussi en ce que bon nombre de travaux d’historiens et d’anthropologues se réfèrent
à ce phénomène censé, pour beaucoup, tout expliquer de l’Afrique passée, présente et future.
Ainsi Jean-Loup AMSELLE et Elikia M’BOKOLO étaient – ils excédés de voir les débats
qui animent les sociétés africaines ramener, sans cesse, à un tribalisme lui-même conçu comme
l’expression politique de l’ethnie. Une manière, notent-ils, d’abaisser les sociétés africaines au rang le
1plus bas dans la hiérarchie des sociétés humaines( ).
Or une étude rigoureuse du phénomène ethnique doit tenir compte des données socio-
historiques propres à chaque société et dans le cas particulier du Congo, cette étude ne peut-être isolée
de la pratique politique.
En Afrique, s’il est en effet établi que la question ethnique est une réalité vivante, celle-ci ne
peut en aucun cas être détachée dans son analyse des considérations socio-politiques qui la sous-
tendent. Autrement dit, une analyse des conflits ethniques en Afrique en général et au Congo en
particulier serait vouée à l’échec si elle n’intègre pas des considérations politique et socioculturelle.
Au Congo, le problème ethnique s’est posé et se pose encore de manière cruciale.
L’interpénétration entre la politique et l’ethnie est telle que Thomas SOTINEL, correspondant du
journal « le Monde » a affirmé qu’<<Au Congo, la politique ne se conçoit pas hors des bases
2régionales et ethniques>>( ). Ceci est d’autant plus vrai que de 1959 à 1997, le Congo a enregistré
plus de trois grands conflits ouverts avec plus de 10.000 morts. Une situation que l’historien
3Théophile OBENGA a appelée <<l’histoire sanglante de la violence politique congolaise>>( ).

1 -Jean Loup AMSELLE et Elikia M’BOKOLO, Ethnie, tribalisme et Etat en Afrique, Ed. La découverte,
1985, 228 pages.
2 -La guerre du Congo-Brazzaville, in le Monde diplomatique du 15 juin 1997
3 -Du titre de l’ouvrage de Théophile OBENGA, Présence africaine 1998.
4Si les manœuvres politiques sont souvent à l’origine de ces conflits, les considérations
ethnorégionales occupent une place très importante dans leur généralisation.
L’histoire du Congo est enfin très complexe en ce sens que l’étude des réalités ethniques pose
le binôme ethnie-politique car, à tout bien prendre, il n’est jamais apparu dans toute l’histoire des
communautés congolaises, une certaine haine viscérale entre les différentes ethnies.
La population congolaise formée de plusieurs ethnies, regroupe celles-ci au sein des grands
groupes dans lesquels toute la société se retrouve au travers des caractéristiques communes à savoir les
langues, les coutumes, les traditions, le patrimoine culturel….
Si des origines jusqu’à la moitié des années 1950, une certaine harmonie régnait au sein des
groupes ethniques, cette cohérence a été mise à mal de manière ouverte depuis l’application de la loi
4DEFERRE( ) qui consacrait la nécessaire décentralisation administrative et la participation des
indigènes à la gestion de leurs propres affaires donc la participation des congolais à la vie politique.
Cette nouvelle organisation par le jeu des formations politiques, a mis en place au cours de
cette période les bases de la différenciation ethnique entre groupes et plus tard, favorisé une
hiérarchisation entre eux dans la conquête du pouvoir. Cette situation a eu non seulement des
répercussions entre groupes ethniques mais, a aussi développé une certaine opposition au sein d’un
même groupe ethnique. La manipulation du référent ethnique par le politique a expliqué par elle-
même tous les débordements qui ont jalonné la vie politique du Congo, débordements que les hommes
politiques ont pudiquement qualifié de « bétise humaine ».

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